• Sonuç bulunamadı

¡VINGT ANNEES EN EUROPE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Share "¡VINGT ANNEES EN EUROPE"

Copied!
10
0
0

Yükleniyor.... (view fulltext now)

Tam metin

(1)

120

Trois jours plus tard nous donnions dans notre nouvelle demeure la récep­ tion si impatiemment attendue par nos amis. Il y avait cette nuit-là 35 person­ nes chez nous.

Les lumières et les fleurs sont les deux choses Qui donnent le plus d’attrait à une soirée. Si les lumières sont bien placées, les in­ vités semblent plus jeunes et plue beaux. Leylâ et moi étions très attentives sur ce point et les com­ pliments que nous adressaient toul le monde montraient qu’en somme nous avions réussi.

Du reste, les belles paroles et les compliments sont des cadeaux qu’on fait avec le plus de profusion» Nous étions littéralement écrasés^ sous les compliments, s . .

A c a m i 4

Ani|44Pauer regardant la Ion - gue robe d’irnprimé de Leylâ ei dont l'arrière était en éventail dit:

— Ma chère vous portez la plus belle robe de la saison. De qui est ce modèle ?

— C’est un modèle de la Mai­ son Sadi>répliqua Leylâ. On n’est

pas obligé de copier toujours les autres !

Le mari de Nermin Mr, V. qui était un ami bien plus sincère que Nermin dit en regardant K :

— Mon cher, je n’avais plus con fiance en aucune femme au mon­ de. Ces deux turques : Leylâ et Rebia ont fait que j ’ai changé d’ opinion. Montrez • moi une seule Européenne capable de se former elle - même, de travailler et de vivre comme elles le font. Nous sa­ vons tous sur quoi s’appuient cel­ le dont nous baisons les mains sous prétexte qu’elles sont renom - mées.

A ce moment. l’Autrichien von H qui s’entretenait dans un coin avec la femme de A. S. pacha, N hanim dont il admirait la beauté dit à Leylâ sans éprouver la né - cessité de cacher sa rancune :

— Mme A. S. pacha et S. Hanim représentent ce soir la beauté' Antamu. Et vous madame que re présentez - vous à Paris ?

Leylâ répondit pendant qu’une] grande fierté se lisait dans ses re­ gards

— Si UlWreprésentent« la

beau-Feuilleton de “ La République

¡VINGT ANNEES EN

E U R O P E

Par REBIA TEVFIK BASOKCÜ

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

lé turque, nous représentons, nous,

l’intelligence et la capacité tur - ques.

L ’insolent Autrichien fut un peu ’décontenancé, mais le mari de S hanim qui avait entendu Leylâ dit :

— Bravo madame, vous avez ré­ pondu admirablement.

Et les Français de renchérir : — Merveilleux. C’est très bien dit.

Vers le tard, alors que les invi­ tés s’en allaient le mari de S. ha­ nim dit :

— Ma parole, madame, nous a- vons passé une nuit délicieuse. Si vous le voulez bien on. va essayer de prolonger cet entrain après - de main à la « Tour d’Argent » (1) où on prendra du canard aux oran ges.

Les invitations à dîner les partis de bridge, de cocktail ne man - quaient pas. Nous participions é- galement aux ventes de charité et autres de Paris. En outre nous

é-tl) Restaurant de Paris vieux de quatre cents ans.

tions obligés de répondre à nos a- mis en les invitant tous ensemble à quelques reprises chaque année.

Mais la vie bruyante de Paris ne nous empêchait pas de désirer voir d’autre pays et faire la connais - sance d’autres personnes. A vrai dire, les réceptions données à Pa­ ris étaient très fatiguantes et nous paraissaient fort vaines.

Ro^jr nous écrivait toujours de Londres et chaque fois elle nous demandait d’y aller pour quelques jours. Elle s’était mariée, pour la seconde fois avec Mr. SilVqffcdU Foreign Office. M. silvejrQÉùait etf outre un écrivain connu. Elle vou-i lait nous montrer son appartement au Parc Lane de May fair. Nous avions fait la connaissance de son second mari lors de leur arrivée à Paris, l’année passée.

En outre, Mme Mac Donald, mil lionnaire canadienne et grande a- mie de la reine - mère Mary Qui nous avait commandé plusieurs ro bes, nous avait dit en partant :

— Je suis extrêmement conten­ te de vous et je voudrais beaucoup que vous veniez au Canada. Si vous y consentez, je vous aiderez

--- - - ' r " le plus possible. Rien que mes a- mies suffiraient à fajre de vous des millionnaires.

— Mais, chère madame, dis - je, il nous est impossible d’aller là - bas. C’est trop loin. En outre il nous faut fermer cette maison, nous installer là - bas... Mon a- mie comme moi ne voulons pas nous trouver trop loin de l’Euro- pe.

— Alors venez me voir quelques jours à Londres. J’y resterai pen­ dant un mois et pourrais vous re­ commander à quelques unes de mes amies.

— Nous vous en remercions beau coup. Nous voulions d’ailleurs al­ ler à Londres. Mais nous irons pendant les vacances.

Mme Mac Donald ayant mis ’ e dernier jour tous ses robes pour les examiner une à une devant le mi­ roir, elle finit par nous embrasser toutes les deux :

— J’aurais voulu, dit - elle, m’ habiller toujours chez vous. Vous avez des doigts de fée. Personne ne m’avait donné tellement satis faction jusqu’à présent.

(2)

— 121 —

En sortant, elle se retourna et nous jeta :

— Goodbye\beau coin. Celles qui viennent ici doivent sûrement en sortir aatisfa te .

Et pendant que nous l’accompa­ gnions à l ’ascenceur elle nous sa­ luait en agitant les mains et en disant :

—> Vous êtes bonnes, très bon -

nés.

Nous étions tellement fatiguées de courir dernière ces robes de - puis des jours et des jours...

— Leyla, dis - je, allons prendre un thé au Bois. Ça nous reposera.

Mais Leyla disait toujours : — Il y a des gens tellement ai­ mables au monde ! Du reste, sans cela, ces chiffons seraient insup - portables.

Lorsque le soir nous fûmes de retour à la maison. Claudine nous remit une grande boîte attachée a-

vec des rubans :

— C’est, ajouta - t - elle, Mme Mac Donald qui vous a envoyé ce­ la. Elle vous transmet ses remer- eiments et ses sympathies avec sa carte.

La boîte ouverte, douze orchi - dées magnifiques se montrèrent dans leurs robes de mousseline, délicatement posées sur un lit de velours pourpre. s Leylâ dit en le plaçant dans un vase :

— Mon Dieu que cea étrangè - res nous gâtent.

Puis elle ajoute :

— J’y songe : Que dirais - tu si on renonçait cet été aux vacances pour aller passer quelques semai - nés à Londres ?

— - Nous ne saurions mieux fa i-( re, car autrement nous n’aurons pas de loisirs.

Un mois plus tard, nous rece - vions une lettre de Lady Abin - ger de Londres. Elle nous disait que les robes de Mme Mac Donald lui avaient beaucoup plu et qu’ elle viendrait à Paris pour nous faire confectionner des robes a - vant son départ pour la Chine où elle se rendrait en hiver. Elle nous

Feuilleton de “ La République

¡VINGT ANNEES EN

E U R O P E

Par REBIA TEVF1K BASOKCU

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

priait de fixer la date à laquelle

elle devait venir nous trouver. Je dis à Leyla

— Si nous essayons de demeu - r^r à Paris en ce mois d’août pour ces robes, nous nous tue -ron

— nous lui répondrons immé -

diatement pour lui dire que nous somme en train d’aller à Londres est que nous aurons avec,nous u- ne foule de robes - modèles. Nous pourrons au besoin faire confec­

tionner les robes là - bas. Nous a- vons là - bas Colette, notre ancien­ ne vendeuse. Elle nous disait tou­ jours qu’elle nous trouverait des ouvrières et des mannequeins pour nous monter un atelier. Eh, bien, nous allons essayer et voir si ça marche.

*

Ce premier voyage à Londres laissa en nous un souvenir inou - bliable. Le jour où Lady Abinger vient chez nous à l ’appartement que nous avions loué au Claridges

Street et qu'elle vit les robes, el­ le dit en nous prenant les mains :

— Je vous suis extrêmement re­ connaissante en m’épargnant la fa­ tigue du voyage à Paris. Je n’ou - blierai jamais cela.

RosH se réjouit comme une en­ fant lorsqu’elle nous vit. Nous sur­ veillions chaque jour les ouvrières jusqu’à 4 heures et demi tandis que nous écoutions les potins de Lon­ dres que nous racontait Colette :

«Ce matin, disait - elle, un fou d’Irlandais a tiré, heureusement sans l’atteindra, sur le roi Edouard VIII qui allait à une cérémonie m1 litaire au Hyde Park. On a arrêté le fou».

En outre, il parait que la prin - cesse Marina s’était plainte de la disposition de sa place à la vente de charité organisée à l’hôtel Dor- chester. Cela n’avait pas fait bon­ ne impression...

Dès les quatre heures, R os^ té­ léphonait :

— Je sors, disait - elle, soyez prête on ira au thé chez Barclay.

Rosit était si habituée au thé que lorsqu’elle n’en prenait pas à 4 heu

res et demi, elle se croyait maboule Avant même d’avoir fini sa tasse elle ajoutait

— Demain soir on dînera à 1’ Hôtel Savoy. On verra du monde chic. Nie prônez aucun engage •- ment pour dimanche : vous êtes invitées à déjeuner chez nous. Nous irons ensuite faire un tour en voiture au jardin des plantes. Nous allons également vous mon­ trer le Palais de Richemond. Nous

vous montrerons chaque semaine des Palais, des parcs...

Malgré toute" ces promenades nous ne pouvions négliger Hyde Park. On aurait dit que l ’humidi­ té de la nature lavait chaque jour ce vaste tapis vert qui a vécu P histoire de je ne sais combien de siècles, et qui ne perd sa fraîcheur en aucune saison de l ’année mal­

gré tout Londres venant s’asseoir n * * .

sur le gazon, malgré les troupeaux de moutons. Les frayons du soleil ^

*

(3)

Feuilleton de “ La République ”

tmmf '*utm *tf0**+*+*+0*m0**+jm m * * \t

VINGT ANNEES EN

E U R O P E E N

Par REBIA TEVF1K BASOKC

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

80*10

_j_ 122 —

Les dimanches matins, les aris­ tocrates anglais de retour de l ’égli­ se allaient se promener à pied ou à cheval sous les arbres magmfi - dues de ce beau parc.

De l ’autre côté on voyait un homme sur une tribune prononcer des discours politiques à son audi­ toire improvisé et brandir son point aux lords en promenade. Mais cela n’irritait personne. Les lords comme l ’agent figé un peu plus loin et l ’auditoire ne fai­ saient que sourire devant ces me­ naces.

Ailleurs, un pâtre étendu sur l ’herbe faisait paître ses moutons. Cette liberté, cette culture qu’on ne pouvait voir nulle part ailleurs en Europe nous semblaient très atti­ rantes et agréables.

On avait pris un soin religieux de conserver aux parcs et aux jar­ dins leur caractère naturel. Du res­ te n’est-ce pas ce naturel qui assu­ re la plus grande admiration à l ’Angleterre et aux Anglais ?...

Ils sont naturels en tout : en pa­ roles comme en actions. Le mot

«emprunté» n’existe pas dans ce pays...

Plutôt que les lois, c’est le sens profond de la «responsabilité» que possède le peuple anglais qui a fon­ dé cette liberté et ce bonheur dans ce pays. Je n’ai pas vu une autre nation faisant si bien et de soi- même la police.

* **

Les travaux de couture qui au­ raient dû être achevés en 15 jours ont duré trois semaines parce que nous ne pouvions pas toujours sur­ veiller les ouvrières. Mais lady A- binger était très contente. Le der­ nier jour elle me dit :

— J’ai une prière à vous adres­ ser. Vous vous êtes donnés beau­ coup de mal pour moi. Je vais vous emmener dans ma propriété du Surrey où vous* serez mes hôtes pendant un ou deux jours. Je vous prie de ne pas refuser. Vous êtes de vieilles connaissances pour moi. Comme je vous l’avais déjà dit mon père fut pendant long­

temps ambassadeur de Grande-Bre tagne à Istanbul sous le règne du Sultan Abdul Hamit. Nous aimons beaucoup les Turcs et vous, tout particulièrement. »

Le Surrey est à une distance de trois heures de Londres. La de­ meure de lady Abinger était un grand château et la voiture mit une demi-heure à en traverser le parc.

L’intérieur du château rappelait un musée de la civilisation médié­

vale. La lady habite ici avec les enfants de son fils et quelques ser­ viteurs. Le fils est colonel de la garde du roi. Il vient avec sa fem­ me passer les week end chez sa mère.

Lady Abinger avait fait prépa­ rer à notre intention les Chambres à coucher de ses deux filles actuel­ lement en Chine. Elle avait fait mettre dans ces chambres des li­ vres en français et de fleurs à no­ tre intention. En face de nos lits

se trouvaient des tableaux repré­ sentant des vues d’Istanbul et de la pointe du Sérail.

Lady Abinger nous montrant ces tableaux dit :

— J'aime beaucoup ces lieux. Ils évoquent ma jeunesse et de beaux souvenirs. Ils se trouvent d’habitude au salon car j ’aime les regarder souvent. Mais j ’ai pensé que c e la ^ x ^ i^ ^ o u h ^ t^ u s s i de

Nous étions dans l ’admiration devant la délicatesse de sentiment "cIs~cêtÎ^ Anglaise qui avait 70 ans. C’est là un bel exemple de la «Ho­ me life» britannique. Il est diffi­ cile de se faire recevoir dans le «home». Mais lorsque l’Anglais re­ çoit un étranger dans son «home» il connaît toutes les délicatesses capables de lui faire oublier son caractère d’étranger.

Peu après nous prenions le re­ pas dans la salle à manger rappe­ lant les décors des films histori­ ques, à une table de chêne de cou­ leur foncée éclairée par des bou­ gies. Le service est fait dans de

la porcelaine anglaise merveilleu­ sement belle par des serviteurs qui agissent comme des automates sans faire le moindre bruit. On di­ rait que ces hommes sont le «res­ pect» personnifié.

Dans les salons on remarque des portraits de sept ou huit siècles, représentant les ancêtres de lady Abinger. II y a une forêt de fleurs de toutes couleurs qui se montrent entre ces meubles historiques. Les Anglais ont une façon inimitable- ment belle d’arranger les fleurs variées. Il y a même en Angleterre des écoles où on apprend l’art d’ar­ ranger les fleurs. L ’humidité du pays, la pluie qui tombe souvent font croître dans cette île les plus belles fleurs.

Lorsque malgré son âge avancé Lady Abinger toujours gaie nous conduisit dans nos chambres avec autant de simplicité que d'amabi­ lité elle nous dit .

(4)

— 123 —

— Mes enfants, le déjeuner est toujours prêt de 7 h. 30 à 9 heu­ res du matin dans la salle à man­ ger. Mais si vous le désirez son­ nez , on vous l'apportera ici.

— Nous vous remercions beau­ coup chère madame mais nous dé­ sirerions déjeuner avec vous.

— Il sera fait comme vous le voudrez. Après le déjeuner nous irons faire un tour au parc. Vous verrez la meurte de mon fils. Mon fils et sa femme seront ici dans 1’ après - midi. 11 y aura en outre quelques amis au thé.

Nous vécûmes pendant trois jours dans ce château où tout est d'une délicatesse, d’une courtoisie merveilleuse. Lorsque nous prî - mes congé de la maîtresse de mai­ son pour rentrer à Londres, mal­ gré son insistance à ne pas vou - loir nous laisser partir, lady Abin- ger nous disait :

— Je vous prie de bien vouloir venir ici toutes les fois que vous serez à Londres. Vous pourrez vous

y reposer pendant quelques jours même si je suis absente. J’ai don- ré des ordres pour qu’on fasse tant ce qu’il faut pour vous assurer le confort nécessaire. Faites souvent cela si vous voulez me réjouir. Et, si vous venez l ’hiver, je vous pré­ senterai à la princesse Alice, la tante du roi. Elle vous sera très utile.

Au retour. Leylâ disait :

— Que ces Anglais sont heu - reux : leur richesse, leur existen­ ce, et surtout leur savoir - vivre n’ ont subi aucun ébranlement. Je suis persuadée que dans la vie mil­ lénaire de ce château il n’y a pas autant d’amertume que dans no - tie existence à nous. C’est là d’ ailleurs le secret de cet enracine­ ment.

* $ *

De retour à Londres, nous trou­ vions Colette en train de nous at- • tendre :

— Oh, dit - elle, j ’ai eu peur de ne pas vous voir rentrer aujour­ d’hui. Mrs. Cliff veut absolument voir les robes. Nous viendrons

de-FeuiUeton de “ L a République ”

ÎVÏNGT

ANNEES

EN

E U R O P E fr/wAt:

Par REBIA TEVFTK BASOKCU

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

main dans la matinée s’il n’y a pas tin. Nos modèles lui plurent beau- d’empêchement. coup et elle nous acheta cinq toi

-— Rien ne nous empêche de le lettes. Seulement ces robes avaient recevoir n’est - ce pas Leylâ ? A besoin d’être arrangées. Leylâ pro propos qui est M.H<t Cliff ? mit de le lui envoya le lende

-,— C ’est la femme du célèbre raain'

acteur de cinéma américain Cliff. La dame américaine était très Elle jouait aussi mais elle a aban- délicate. Elle dit en partant : donné l ’écran depuis son divo7-ce. — J’attends quelques amis de- II y a un mois qu’elle habite St. main. Je vous prie aussi de bien James street à Londres. vouloir venir prendre le thé chez

Mrs. Cliff vint le lendemain ma moi Vous ferez leur connaissan

-ce...

, Le lendemain, Mrs. Cliff mettait une à une ses robes après le thé. Elle semblait surprise que nous so yons arrivées à arranger en 24 heures ces robes qui avaient bier des imperfections. Elle dit cer taines choses en anglais puis s’em parant d ’un dictionnaire elle écri- vit_gur un bout de papier certains ~mots)et le tendit à Leylâ. Nous lû­

mes les mots que voici :

— Je n’ai vu personne qui fut aussi capable que vous. Si vous ve nez à Hollywood , je vous enver -rai tous les artistes de cinéma.

* * *

Nous consacrâmes les autres jours à voir Londres. Nous avions en outre de nombreuses visites à faire.

Nous téléphonions chez le Colo­ nel Lahy pour leur annoncer que nous étions à Londres. Ils habi - taient Cheltenhaq**. à trois heures de voyage de Londres.

Le vieux colonel accourut le len­ demain :

— Je suis venu vous prendre

dit - il, ma femme a fait préparer vos chambres et elle vous attend. Nous nous fâcherons si vous ne restez pas une semaine chez nous.

C’est seulement après avoir don­ né notre parole de descendre chez eux l’été suivant que le colonel n’ insista plus.

— Mais alors dit •• il, on va se promener dans la journée et le soir on ira au théâtre.

Nous visitions ainsi la fameuse Tour de Londres. Nous vîmes les endroits où l’on exécutait les rois et les reines, ainsi que les plus gros brillants du monde apparte - nant au trône d’Angleterre.

Dans le jardin un gros canon de^ à w « » sur lequel des versets é

taient écrits en relief retint notre attention. Le colonel Lahy nous dit que ce canon qui avait été fabri - que sur les ordres de Mehmed II le Conquérant avait été donné en cadeau à la Reine Victoria d’An­ gleterre par le Sultan Aziz.

Leyla qui caressait de ses mains le canon dit :

(5)

LE PARAPET DU PONI DE KARAKOY EST REPEINT a o«. suca.

A i — 124 —

— Tu vois Rebia, tout cela mon­ tre qu’il fut un temps où nous é - tions aussi les maîtres du monde. Y a - t - il de par le monde un mu­ sée ou il n’existe aucune oeuvre due aux Turcs,

Le même jour nous allions voir une operette après un thé magnï - fique à l’hôtel Mayfair. Au souper de l’hôtel SanypiMle colonel nous informa du deparr de son fils pour les Indes. Sa fille venait de se fi - anctr.

— Mes enfants, dit - il, j ’ai été bien malade il y a quatre mois. J’ai été opéré à ¿’estomac, et dé - puis lors c’est la première fois que je descends à Londres. Veuillez lonc m’exuser si je n’ai pu - être pour vous un compagnon plus jo - yeux. Je suis toujours faible.

Nous avions remarqué en effet que le colonel avait maigri et qu’- ,,il avait l’air fatigué.

C/1£A<^ Colonel, lui dis - je, pourquoi êtes - vous sorti ? Nous avons fait une longue course et vous devez

vous sentir très las.

— Comment, comment saluer simplement de loin des amis si chers venus de si loin!... Vous n’au riez jamais cru à notre amitié.

Très reconnaissantes nous remer cions de tout coeur

**

Nous fîmes de fréquentes pro - menades pendant les jours suivants Nous allions voir les musées, les galéries de peinture, bref toutes les curiosités de la ville. Le soir on se retrouvait régulièrement a- vec RosS4 dans une maison de thé dont elle nous donnait le nom dès le matin. Certain soir, M. S^vegAsc nous invitait au restaurant chi

• 7n<

Feuilleton de “ La République

¡VINGT ANNEES EN

E U R O P E

Par REBIA TEVFIK BASOKCU

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

nois. T _

M. Sflve'jifs tait un homme trèi agréable ayant de vastes aatruairr teæae. Il savait le français et l’al­ lemand comme sa langue mater - nelle. Ros)Ç nous racontait qu’il se plaisait beaucoup à se livrer à des dissertations littéraires avec Ley - lâ.

R osjf était très heureuse. Elle

n’avait qu’un seul but, son mari et embellir

lie nous avait juré de ne plus ous voir si nous n’allions pas dé- ieuner tous les^dimanches chez

el-leyfeffiia tc i- eAcHutuu

EueVvoulait toujours être avec nous comme naguère à Berlin. El­ le nous racontait tous les potins de Londres et invitant les amis de son mari elle nous les présentait.

satisfaire sécretaire de l’ambassade de Ber- sa maison, lin. Inayet Bey était maintenant consul général à Londres. Inayet Bey était un homme distingué et très hospitalier. Plusieurs fois par kemaine il réunissait chez lui tous Tes Turcs, donnait des fêtes ; bref il avait fait de sa maison un véri­ table foyer pour ses concitoyens.

Nous retrouvions ainsi dans les salons d’Inayet Bey cette société Nous avions un autre excellent turque dont nous étions sévrées à

ami à Londres : l ’ancien premier Paris. Un soir nous fûnes la con- que je vous fasse faire demain une naissance de M. Sedat Zeki Ors, conseiller à l’ambassade. Sedat Bey crut d’abord que nous étions des femmes de fonctionnaires et nous demanda quelles étaient nos attri­ butions.

Inayet Bey ayant dit :

— Ces dames twatTis sont les seuls qui font le commerce en Eu­ rope et arrivent à gagner.

...Sedat Bey ouvrit tout grand les yeux et arrangeant ses lu - nette, il dit :

— Comment cela ?

Nous l’avions extrêmement in­ trigué. Toute la soirée il nous de­ manda de détails sur notre vie. Il- nous disait sans cesse :

— C’est vraiment étonnant. Mais cela me réjouit beaucoup. Souhai­ tons que beaucoup de nos femmes vous prennent pour exemple.

Le lendemain était un diman - che. Sédat Bey proposa :

— WajwbQMmiioui Fétlÿdbay u»t à-iiJgraiispBBitia«. Voudriez - vous

promenacïeV&ux environs de Lon­ dres et que je vous conduise par e- xemple au palais du Windsor ?

Nous acceptions en le remer - ciant. Cette promenade du diman­ che fut des plus joyeuses. Sedat bey était très intelligent et il semblait servir par coeur l ’encyclopédie universelle. Il est rare de voir quel qu’un qui connaissa aussi pariai - tement le français, l ’anglais et l ’allemand. iMti-C- ü c. §Ç0

Ayant vu le palais de Windsor, nous allions le même jour^dans un vieux château, le Great Fojtter qu’ on avait transformé en hôtel. La reine Elizabeth venait y chasser jadis. Nous examinions de près la chambre à coucher et ses meuble. Tous ces ouvrages dus à la civilisa­ tion de Moyen. Age étaient admi - râbles. Nous prîmes notre thé a- près avoir vu les coins historiques du château. ( à suivre )) - r r r W p ' V f

(6)

— 125 -2*1

autre jour,«, nous fîmes la connaissance de la comtesse d’Ar­ mel à un thé donné par Inayet bey Cette dame Qui était membre de

presque fousi les clubs .féminins, nous conduisit aux dîners de nom­ breux clubs, de sorte que nous pû­ mes nous faire une idée des orga­ nisations féminines de Londres. La discipline et l’ordre qui régnaient dans ces clubs ne devaient nulle­ ment être inférieures ,à ceux du Palais.

Le Club américain nous sembla plus sympathique d’entre tous. Un jour la comtesse d’Armel nous me­ na è. un thé donné par l’Américai­ ne Mrs Griffen chez elle. Je goû­ tais beaucoup la compagnie de cet­ te dame de 80 ans qui gardait tou­ jours la beauté de ses traits sous ses cheveux blancs.

Mrs Griffen nous invita un

au-tre jour chez elle, puis elle nous fit visiter le Club Américain.

Le local du Club était un palais historique qui avait appartenu au roi Jacques Ier. Il y avait des sal­ les à manger, des salons de danse, des bibliothèques, des salles de gymnastique et des chambres à coucher pour les Américains dési­ rant y séjourner. Il y avait aussi des salles où on se livrait aux tra­ vaux manuels pour les pauvres , un bureau de comptabilité et beau­ coup d’autres choses encore. On avait songé à tout, jusqu’aux moin­ dres détails...

Pendant que nous lui exprl - mions notre admiration, Mrs Grif­ fen nous montrant une délicieuse broche faite avec de nombreuses pierres précieuses avec quelques armoiries, qu’elle portait sur la gorge, nous dit:

— Vouyez-vous cette broche ? Elle porte les armoiries des Etats- Unis et celles du Club et m’a été offerte par les membres à l ’occa­ sion du 25e anniversaire de notre Club. C’est qu’en effet, j ’ai fondé ce club à moi seule, il y a un quart de siècle, et j ’ai travaillé pendant des années pour lui donner son as­ pect actuel. J’en suis très heureuse

Feuilleton de “ L a République

VINGT ANNEES EN

E U R O P E

Par REBIA TEVFIK BASOKCU

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

outre, je mais>je dire la que jeV>ense. que j ’ai\ort, à me donSer C’est gr fort simple a tort simple >tomufCTrce à e me retientv'ja- érité et iya Y ce aucuns/trouvent is on né tarde pas finale^ent raison, cette discipline s membres ont d'ailleurs.

Notre club compte deux mille membres. Mais tout marche à mer­ veille. Nous n’avons aucune autre subvention.

— Se vous félicite de tout coeur Mídame, djs-je. Mak/fmis- je vous demanden com m et vous avez fait pourH^t trésor si étroite- lac m pm h^^./eette oeuvre? '^=^ 7 ’ai réussi

et à une disci n’allez pas/éroir des règles pour res.yWon. Mai;

ooipts essentiels explique pour

aTtmrrdt?«, rigdHçeux. Mais qu’il nxiste ici linsi dire scolai - il y a certains dur une société. Commencer ai se. îmarc taierfb^oujoi vers toujours prî prévenir ce' Tous ceux qui s'attendent e: térêt \ t ày f sy: coneitoVaKs. G nous artèndre à une^dide de leur ,r ouvrons pas mutuellement foiSnn moi.C’est notreSJub réus- ispérer rieh^lu’a- que payent ancien« ru d e/en - £si ai-je teaux pour jloses. C’est «oiîT^a l’étranger :miepr^u à l’in- ipatnie as leurs Imment dèssJors le llqmour eWà. part si nous ni bras ? D’ailleurs Xs or pourquo/au resf Bit à /i v r e et pp veo/la cotisatior lembres.

Mrs Griffin ayant terminé nous regarda attentivement, puis ajou­ ta:

— Je suis très contente de l’in­ térêt dont vous témoignez envers notre club. Ne voudriez-vous pas dîner chez nous ce soir ? Mais je vous préviens que ce sera très fru­ gal. Je veux aussi vous écouter.On parlera d’Atatürk et de vous à ta­ ble.

Lorsque nous retournâmes chez Mrs Griffen, elle nous attendait au salon :

— Je vous prie de m’accorder cinq minutes, dit-elle.

Elle sortit et Revint quelques minutes plus tard revêtue d’une longue robe en velours noir légè­ rement décolletée

— La ehèTO ne sera pas bien bon­ ne ce soir. J’ai tenu à mettre une robe longue pour vous témoigner de ma considération.

Après le repas elle nous montra les portraits de ses parents, ser - vant dans la marine américaine et celui de son frère amiral de la flotte.

— Si, dit-elle, un jour vous al­ lez en Amérique, je pourrai vous donner des recommandations. On pourrait même commencer immé­ diatement. Nous sommes vraiment de vraies amies.

Lorsque vers onze heures nous baisâmes la main de cette femme- modèle afin de prendre congé, el­ le nous dit en nous caressant les épaules:

— Les Turcs sont vraiment très agréable. Dommage que je les ai Connus un peu tard. Si je n’étais pas si vieille, j ’aurais voulu aller en Turquie et être présentée à vo­ tre grand J0rtt A T A T Ü R K '

XI

De retour à Paris dans le com­ partiment du ferry-boat, Leyla me dit1

— Le voyage a été tellement in­ téressant que je n’oublierai jamais ces deux mois. ( à suivre ))

(7)

126 —

Peut - être ceux qui résident à Londres depuis deux ans ne con - naissent • ils pas cette ville au - tant que nous. Ce pays est vrai - ment formidable. Veux - tu que nous y revenions l ’année prochai - ne ?

L ’hiver apporta de nouveaux changements dans la vie dynas - tique de l’Angleterre.

Le gouvernement força à ab - diguer après 8 moi de règne le roi Edouard VIII qui voulait se marier avec Mme Simpson. C’était son frè­ re Georges VI qui était monté sur le trône. Toutes les nations du mon de se préparaient à envoyer à Lon­ dres des délégations à la cérémonie superbe qui allait se dérouler à l ’occasion de couronnement du nou

veau roi.

Le Président du Conseil Ismet I- nonü devait représenter la Turquie à cette cérémonie.

colonie tel jour.

/Iâ et moi étions dans Feuilleton de “ La République

grande J01e

tre ambassade, disior nous ne\va sûremait pas maiyfuer de faire ît même chose. E ll/n ou s donnera l’ôccasionîde saluer hîw

Un jour ïtes joéirnauÆ de Pa - ris annoncèrem ljarrb/le du Pré­ sident du Conseil de Turquie et de Mme Ismet Iradım à Paris. Nos h fJlé» J lud T T t r a ^ ^ ib w;) ^ sade. Mme Ismet Inhnü devait de­ meurer à ParisAorsquk le Président ğ du Conseil iwnt à Lonares.

Nous noufi empressâmes de cou- Lqvla s'approcha d’un des y - şaul ■ri'é&ip>--celtîr~de~ le—yoit* vivit^. rir chez le fleuri ;te deM ’avenue gentsWignés le Ppng de l’avohue

Victor Hngc. Nous fûmes préparer et lui akmanda duel étaienL/eeux Lbs jours s’écoulaient sans <nae une cojroeille où il y avait c^s li - qui passaS^pt. J / l’ambassade de Ti rquie songent à

VINGT ANNEES EN!

E U R O P E

Par REBIA TEVFÏK BASOKCfj

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

même alors qi rifcus dans l ’autre bre?

No\s ne nous ce que Suât be;

d’un intérêt pare l, mais il Aurait tout deYneme pu ne pas nous pn-ver de 1\ vue dq ceux quf nous aimons...

Nous coKnaissidns Necd&t Al -

Vip.-ftt.sa a p u is-w 4 o J ig u e s J¡> /"année, de Berlin, beaucoup ce qpup et nout aimïdns e dijfne de ser­ vir d ’exemple Vux Tuœs à l

’étran-e nous d’étran-em’étran-ej maison si sorn-attendons p /s à nous témoigne étions incitées Lili Jacobson, r du service itUfínguí / aimiSr étaient plus in - par une

sim-du mo presqi Fs journaj

que

pays/én rout 1res recevaient lea^memb

las tÿancs et mauv bs ainsi qu\ des L ’agent àfrtond rossç rouges et ro: es que nous\n- tesse coutumritfes vwâmes avec not: e carte à Mme — Madame,

•met Inonü. nour^gal

retour du fleuriste nous seil de Turquie. sions^m Ja place de l’Etoile./iious lèbre. Il va à^a vîmes souHiûn qe nomhfefîx au - Inconnu. Passez

avec/la poli - organiser une réception poui/Ia co aux/Parisiens : Ionie. NoVrs en ét ons tr è s /a ffli - Vis/sommes ici gées.

d on W h » C on « Leylâ, émuV^cofrim/ a u jour de un homme cé ı iıtı i ilwpwi I ' İTI'1 UÎlJliI,““ îlit «lors

mbe du Soldat à M. Necdet Al km attaché de Com l ’autre côté si merce turc et àrs Vf emme.

’avis tio n s / des

de

ger. Nos rappoqs times que ceux

arenté.

Leyla ""bül’"avaiJrhorreur^de l ’é— goisme nepouvai/ qiuvrir qu’a eux dans ces circoys a aces. Elle vou­ lait que tous Tes Tprcs se rendis­ sent compte Au satriotisme inex­ tinguible qui av iient\ ces deux

êmmes tusques îont ÎW sort vou- laTls^aii’ollfr; vécussent a. l ’étran - ger ,

tte nosta ?ie, disait est toujours une lessure au coeur p ou » nous. Rien ] ’arriva à Vn

at-2r la douleur

to§“sc dii Vous v o t / z voir/ \ L’ambassad^url Sïfcqd bey est

dat inconnu .J ^ k s T u n c h o c î t t r N ou s/liion s nous placer sous peut è t r / n diplomate de va -coeur : l’Arc / e Triomphe et nousVpar - leur, m /s il a tpujours jiris une

— hfirfia dis A je, ce*S Uüt être vînmes à voir la/ tête blancfie du attitude négativé. L ’anciei^am - ni / e voyage, rien les aim es. Allons aussi au SoîQ»t Pr/ident. Et pendant que le public bas/deu r Muniri bey et sa feSame

Îonnu. * applaudissait, nojus n’avions qu’iH^ Wâient tenu à ious rendre vii

ni les succès, Cela devient u-véritable mala lie chronique^ rLeyla avait ses raisons pour

re «lu l ’ambassadeur qu’il adc tait\une attitude (toujours né^a - tive.

UnXsoir où noi

à dîner chez M: femme Vlu direc

transatlantique suédois, noJs fi mes la connaissance de l’attaché de commerce de la Légation du Pérou Cet hommeVout ejn noua racon - tant commensales qureaux de vo -

y âge à Paris réussissaient à at­ tirer des tourismes qany leurs pays respectifs, nous Mit

— La Bulgarie >fl bure^___

exception. Sa1 vous perdez en agi:

Plus tard, cet tre-tien avec Mm:

des renseigne: compte. 11 vien(t e:

ver et nous jafopcfca officiellement l ’ouverture / u n pureau \ous le nom d’Agoiïce Turque de wiyages. Les trois/u a rts Mes frais seraient support/par una société qu’Vl con- n a is s a / et le quart par la vur - quie.yMais il avait une condition: si l/T u rq u ie acceptait l’ouverture de Jce bureau, npus devions être

ncpîmées chef cje tourisme à

rjl

l

(

à

suivre )) meme a un urquie seuls ‘ ce* 4uë t ainsi ? e eut un en- céfcson et prit s Vur notre uiteVous

(8)

trou-127 —

Mme Jaco Dson, dit-il, m’a rfe claite que vous réussissiez en Jfcut. Je crWis que vo is donnerez ^ m tre pays N)ccasionlde ga gn e)/ beau­ coup dlurgent eV accep tâ t cette proposition. Cesserait / d ’ailleurs une belle «Üiarge pour yous.

Je promiVà cefc homme de voir l'ambassadeut et Vie lui répondre au bout de qXelqmear jours. Leyla et moi étions »erMadées qu’il s’a- gissa^iud-’uTTrnl^fféprise des-

Srtantes.

Il n’aurait p a /f té difficile d’atti­ rer à notre burea tou ristiqu e des centaines d J co inVissances que nous avions/lepu: 5 1 ^ deux Amé­ rique ju sq /a u x ] aysScandinaves et Je les /ncoura: er à \aire le vo­ yage d’Is/mbul. E r outiV mettant à p r o fi/l’influencfc de no\ amis se trou vâ t dans le.4 différées pays où n/us allions si souvent\ nous aurtpiis parlé à ld radio etVncité le /u b lic à faire lel voyage

deVTur-nLili Jacobson, qai était mon1 aie depuis les maillais jours

flin, me disait/ d’un ton pl^ fii vous me faites don robe \ ferai mettre à votre position une cabine dans 1’ bateaux\de notre compagnie se rendant e\ Amérique du S/d. Vous y ferez de\a propagandeJ

Deux joule plus tard, /yant pris un rendez-v&us c ie l’ambassadeur. Su ad bey meYreçat iris, courtoise­ ment. Mais ilYne diy

Madame, \ ramît que vos af­ faires marchent\ iyf ouhait. Pour-

inin rntrnr drn—^ | altaires marchent

confection de ro- ibus\atisfait pas. Nous v o u l o / fa)re c^elque ch ose

pour être toiles que n o u s / avons connaissances et nons

breu

o n t/prise avec succès.

11 me faut /ous dire poiJr com rIncer que le gouvernement ne mrait vous ai 1er en aucune \aa- nière. Si, malgré cela vous ouvrez

Pfiuilleton de " La Républiqn« «jtini, rinno ces entreprises? — Certes, n très bien, m a i/1 bes seules i

¡VINGT

ANNEES EN

E U R O P E

Par REBIA TEVFIK BASOKCl

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

la patrie. Le fait de Nombreuses que no\s entrete- rapports avec \de nom-i pays nous fera meXer cette

vtljre bureau, e vous ferai meNçhef touri: tique à Par

ne nous demafide pas grand’cHSse... juelque/Çhose com ­ me huit oY db : mijle livres. Mais songez par atontr?' aux touristes

Turquie et gent qui y e/irh

— M ais/pen lezSiPUs qü’il y ait des hôtels en nombre suffisant pour oéser tous ces toSnstes? H nousytaut d’aboi d des hôw

La pays, cc nscient de là'^éces- iKé d’aménagey des hôtels ne

ja%ra pas de Ici faire. Ces entres d’argent formidables augmenteront Faisante dans le pvays. N#us en vo­ yons lesNçpnséqvences/& Paris

En 1933^1^34,\ le franc fran

dojLajg-fnfrù stj îvée de ternies te; état de chdses pri portior/m enaçan

dus trie tourist.ique\ français' ne Voyait personne Vans les

ours élevé du évàldât'iô!* du empêchait l ’ar- France. Cet bfêhiôt des pro- de tHçr l ’in- On tels les magasins et chômeurs se comptai! nombre \es par millioi

us comprîmes alors que c’éi toDlàsme qui faisait vivre ~

L’ajpbassadeur fui m’écoyfait ré- pondit

— CePb^s, voà cpfisidérations .sont des pNs judiç/uses, mais le gouvernemen^fisfmgera lorsque le pg>aMaea^»8agP«y^ggiiJGiqiir''*V mu*

ment c’est in.

De retoiyrà Ja mÈK^n, je dis à Leyla . . ,

me semble que cNde offre n a Jfàs eu l ’heur de plaire ïL l’am- lÿiifsadeur qui jcraint d’avoii\. de

cuveaux tracas,

L'Exposition d’Art Moderne ou­ verte à Paris en 1937 provoqua l’invasion de cette ville par les ressortissants de toutes les nations du monde. De nombreux amis d’Is­ tanbul, de Londres et de Berlin arrivèrent à Paris. Les invitations, les excursions durèrent pendant des semaines. Nous passions encore à Londres le mois d’août de cette année. En août nous étions à Mon­ te-Carlo. On aurait vraiment cru que tout Paris, Londres et la Fran­ ce s’étaient donnés rendez-vous sur les rives de !a Méditerranée. On

a-Nvait élevé cette année à Monte-Car­ lo un Sporting d'Eté. Dans la jour­ née un grand radeau amarré au beau milieu de la mer était exposé aux rayons brûlants du soleil et les passants auraient cru qu’il n’y avait là qu’un casino de second or­ dre. Maiâ la nuit !...

La nuit, ce radeau prenait un aspect éblouissant. On aurait dit qu’une fée faisait surgi^fïiSSflBW^ ■«►de ces parages d’un coup de sa baguette magique.

Les gens les plus polis, les plus courtois, les plus beaux du monde semblaient s’y être rassemblés C’étaient pour la plupart des An­ glais. Il n’y avait là rien qui fut laid, aucun son qui choquât, les oreilles. Quels gens heureux !

Mais pourquoi chez tous ces hu­ mains heureux cette passion qui leur faisait rechercher les émo­ tions? Il me semblait que tous ces hommes riches et ayant tous leurs aises ne sentaient plus aucune é-

notion dans la vie.

(9)

128

Lord Hatchfield qui ignorait le chiffre de sa fortune n’attendait pas achever de manger le fi'et qu’ il avait dans son assiette : il se le­ vait souvent pour aller dans la

salle de jeu vet ¡lançait Quelques liasses de plusieurs miiUft^U de francs sur la table de baccara. Les regards fixes sur les cartes il sem blait mendier un peu d’émotion.

Ailleurs, la jeune Lady Asly qui avait divorcé deux mois plus tôt pour se marier avec Douglas Fair- banks jouait aussi et se tournait de temps à autre vers son mari qui se tenait derrière elle. Lorsqu’elle ga­ gnait elle indiquait d’un signe de ses lèvres l’argent qui s’amonce - lait devant elle et souriait.

A l'autre table, une dame forte et d’un certain âge avait laflpiej^» recouverte de diamants et des per" les à rendre jaloux un bijoutier. Les brillants de 25 carats ornant ses doigts frappaient tac, tac sur la table chaque fois qu’elle prenait ou rendait les cartes.

Près d’elle Mme Mac K$y les yeux à demi - fermés à force de re­ garder (les cartes (s’efforcait dis dépenser en ces lieux les quinze sent mille sterlings qui lui .avait

laissés son mari. »

Il y a 15 ans, elle habitait 1’ tel Balzac avec son m a ri/'t” étaTï alors une jeune argentine très a- gréable et avenante.

— Vous le voyez ma chère amie turque me disait - elle, c’est là tou­ te ma vie depuis la mort de mon mari. J’ai acheté une villa à Mon­ te - Carlo : je passe mon temps devant ces tables de deux heures de l’après - midi à deux heures du matin. Je ne rentre çhez mois qu’ aux heures des repas.

Je vous attends sans faute de - main chez moi pour le thé. Mais je vous prie instamment d’être là bien avant l’heure du thé, car je (serais (malade si je ne commen­

çais pas à jouer à 6 heures. Vous me pardonnerez n'est - ce pas ?

Dehors, dans le jardin féerique, le jazz jouait sans discontinuer. Les yeux, les traits bronzés, les

Feuilleton de “ La République

»*,.**1

VINGT ANNEES EN

“ E U R O P E

Par REBIA TEVFIK BASOKCIi

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

cheveux des danseurs brillaient

merveilleusement sous l’éclat des lumières venant d en haut\et d’en bas tandis que les toilettes large - (ment décolletées paraient mer - veilleusement les corps sveltes.

La trompette annonçait un dé­ filé : un défilé Je mannequins exhi bant: des brillants... Ce ne sera pas grand chose si Cartier et van Cliff gagnent quelques millions ce^ soir...

La danse est suspendue pendant!

quelques minutes. Toutes les têtes sont tournées vers les manne - quins : ces belles filles, des pari - siennes portent les toilettes de nuit des maisons les plus célèbres ; el­ les sont parées des bijoux les plus précieux du monde. Elles se pro­ mènent entre les tables, reines, sou riants très fières de cette fortune

u ’elles portent provisoirement. brillants, les émeraudes et les rubis sont d'une beauté, d’une ri­ chesse d’une magnificence inima­

ginables. Toutes ces pierres expri­ ment les goûts les plus fins, les plus artistiques.

De nombreux millions iront cet­ te nuit dans les caisses de ceux qui savent si bien faire parler ces pierres précieuses.

Peu après la danse, les dîners re­ prennent. Des feux d’artifices sont lancés d'un radeau et retombent sous forme de pluie d’étoiles ver­ tes, rouges, blanches..

Le lendemain, nous sommes au thé de Mme Mac ; une super­ be table sur laquelle il y avait un

lourd service en argen terie*«-^ belle - soeur son beau - frè re e t .flty»ifre bomme sont invités Nous ne parle ns .quo ue politique. On ra­ conte l'agression italienne de 1935 contre l’Abyssinie, mais on dit que les Italiens paieront un jour bien cher cette audace. Les relents de la guerre sont un peu partout.

Mme Mac Key est très contente de retrouver des amies du temps de son mari.

Lorsqu’à six heures on se lève, elle dit :

\ fU fO U

4

— Je vous en prie, allons - dî­ ner vendredi soir au Sporting d’é­ té. Entendu ?

Nous acceptons son invitation à condition qu’elle viendra avec son leau - frère ei sa belle - soeur dé­ jeuner avec nous au Monte.- Carlo

BeachJuU **"t*4W : i t ' Uç.

Vendredi soir Mme Mac KHy F9

court jouer avant même d’avoir a- chevé son repas. Nous étions six à table :

— Mes chers amis, dit - elle, veuillez m’excuser. J’irais tenter ma chance avant d’avoir achevé ma glace, mais je reviendrai. Je vous prie de manger sans vous inquié­ ter de moi. Ma belle - soeur me remplacera.

Puis jetant un regard sur son beau - frère, elle dit :

— Roland faites danser mes a- mis turcs.

Nous achevons de manger, et nous dénigrons les diplom ates/haX danse, les feux d’artifice conti - A« nuent. Mais Mme Mc Key ne vient

toujours pas. A

( à suivre )

*4 7 )

é

t

(10)

129 — ns. Leylâ est belle ce soir. Sa robe de tulle blanc sur noir lui donne une grâce très distinguée. Ses yeux brûlent et semblent jeter des flam­ mes dans sa figure bronzée depuis trois semaines. Et toutes les fois qu’elle danse avec Sir Hudson (dé­ puté anglais, beau - frère de Mme

les Anglais assis à des ta voisines se la montrent en de­ mandant qui cela peut être.

Leylâ n’en est pas au courant, mais elle tellement sûre d’être b*b-J’entre dans la salle des jeux pour chercher Mme M*L«K/ky. La pauvre elle s’est oubliée. Je prends une chaise et m’assieds près d’el­ le. EUe arrive enfin à s’apercevoir de ma présence.

— Oh, dit - elle, j ’ai toujours perdu jusqu’à présent. Encore dix minutes. Peut - être que la chance tourne. Ne voulez - vous pas jouer

aussi ? ,

— Moi dis - je, j ’ai joué à quel­ ques reprises en vous ' cherchant Si je me laisse prendre au jeu, je n’aurai plus de quoi rentrer à

Pa-— Ma chère, je vous ai vue tou­ jours bien habillée depuis que je vous connais II faut une fortune pour s’habiller et pour mener une viïte pareille en Europe. Les ro­ bes que vous portiez ce soir étaient merveilleuses. Voulez - vous me donner l’adresse de votre coutu - rière ? J’irai chez elle lorsque je rentrerai à Paris.

Je ris de bon coeur aux propos de Mme M*.K*y qui m’avait con­ nu à l’IIôtel Balzac pendant que j'attendais Nejat Nazmi. Elle cro­ yais que j ’avais une fortune assez

rondelette. ^

— Ma chère /a m f ^ u i dis - je, mon amie et moi faisons nous - mê­ mes nos robes et notre fortune. Nous n’avons pas d’autres ressour-

CGS.

Mme MqfcKIfy s’efforçant de sou­ lever ses paupières qui tombaient dit :

— Je n’ai pas bien saisi. Com - ment faites - vous vos robes et vo­ tre fortune ?

— C’est bien simple. Nous tra­ vaillons à Paris. Je travaille de - puis qu’ayant quitté l’hôtel Bal

-Feuilleton de “ La ttépnbliqne

¡VINGT ANNEES EN

E U R O P E

Par REBIA TEVF1K BASOKCü

Traduit du turc par MAZHAR KUNT

2ac je suis allée à Berlin. Je vous

montrerai mon atiler si vous ve­ nez à Paris.

Mme McfcJ^y surprise s’excla - niait une main sur la poitrine :

__Oh mon Dieu ! Vous tra -vaillez, vous ? Voilà qui est in­ croyable. C’est bien difficile de travailler. Comment avez - vous pu faire cela depuis tant d’années? Pourquoi ?

__ Nous l’avons fait pour gar -der notre liberté et notre fierté. Cela nous a délivré de toute obli­ gation de gratitude envers les au­

tres et nous a gagné de la consi - dération.

— Mais là, toutes seules dans un pays étranger, ce devait être dur.

— Ce qui a été le plus dur, ce fut l’obligation de me mettre tou­ te seule à travailler à l’étranger. Mais heureusement ces temps dif- fiicles sont passés. Il faut de la for ce de volonté en tout.

— Oh que vous êtes heureuses mon Dieu. Je vous envie vrai - ment, moi, l'esclave de ces cartes. Je n’ai pas la force de m’arracher

à cette table.

Puis se levant elle me prit le bras :

— Venez chérie, venez je vais raconter cela à mon beau - frère. Il verra quelles femmes il y a dans le monde.

Nous traversions la salle de jeux pour nous approcher de la table:

— Regarde Roland, dit - elle à son beau - frère, les femmes tur - ques que nous comparions hier à des fantômes et qui étaient des es­ claves au harem font la concurren­ ce aux maisons de mode de Paris. Le député anglais arrangeant son monocle se rassit et Mme McfcK/ty commence :

•— C’est Mme Tevfik. Nous a- vions fait connaissance il y a 16 ou 17 ans à l’Hôtel Balzac alors que mon cher Allen vivait...

* **

A Paris, nous trouvions une let­ tre de la femme de M. Münir Er- tegün, ambassadeur de Turquie à Washington. L’ambassadrice nous encourageait à nous rendre aux Etats - Unis et disait : “ Si vous venez ici vous ferez des affaires

\

formidables et je ferai tout pour faciliter votre établissement ici..

Je dis à Leylâ. :

— Que penserais - tu d’un voya­ ge aux Etats - Unis pour cet hi - ver ? Notre ambassadeur est ex­ cellent. En outre nous avons les a- dresses et les recommandations qui nous ont été donnée par Mr. Griffen... Il y a beaucoup d’A­ méricaines de nos clientes là - bas, sans compte que nous avons une excellente amie : Nora Morgan. Je crois que nous ne regretterions pas

4 *

Referanslar

Benzer Belgeler

Elle est tellement riche qu’elle ne perdra rien pour attendre encore quelque temps.. Où trouver ces soixante dollars qui représentaient alors de quoi acheter une

simple. Cet enfant d’Izmir plei nde franchise me ra­ contait son amour et me proposait le mariage.. Ça tombe juste. Ses parents lut envoient très peu de chose. La

admettait la moxt, si 1 amour voir rudement lutté pour échapper Le jour où ayant rompu mes pouvait tuer, mais elle ne pouvait à la tourmente qui vous

Il habitait dans le konak légué par son père Fahreddin bey qui avait été ambassadeur, en compagni... J’eus bientôt douze ans et cette histoire d’enfants fut

Nous travaillions beaucoup avec quelques ouvrières Que nous avons déniché au prix de mille difficul­ tés pour terminer les robes que nous avions. Nous allons

Mais si nous voulons que la pauvre Hélène nous fasse cela, nous deviendrons ridicules.. Du reste, nous ne resterons pas

dblTprofesseur avait demandé na%pour que nous allions demeurer guère la main de Christine, mais&#34;quelques jours dans sa villd L de au moment où elle allait

Nous allons nous rencontrer ce soir au Kurfürstendam avec les Süleyman Sirri, et nous prendrons notre repas ensemble.. Il paraît qu.Emin est très occupé avec