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Apres l'incendie de Stamboul:un des quartiers en ruines

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(1)

APRÈS

L’ INCENDIE

DE STAMBOUL :

L E S I N C E N D I E S D E C O N S T A N T I N O P L E

Une fatalité impitoyable semble s’acharner depuis quelque temps sur la ville de Constantinople. Après l'incendie de 1908. qui détruisit le quartier de Tchirtchir, le feu anéantissait en janvier 1910 le palais de Tchéragan, Stvg ■ du Parlement/'qui a>ait cté uniié jauis aecu psde millions. Il y a quelques mois à peine, c ’est la Sublime Porte qui devenait la proie des flammes et maintenant, à vingt-quatre heures d ’intervalle, deux incendies ter­ ribles ont [brûlé plusieurs quartiers de la ville, laissant peut-être 100.000 habitants sans abri.

*

* *

Le dimanche 23 juillet, pendant que tout le monde célé­ brait la fête nationale, le feu se déclarait dans une cham­ bre garnie d ’ un grand bâtiment en bois situé au

cœur du quartier des affaires, à Stamboul ; les boutiques et les maisons de commerce étant fermées à cause de la fête, on ne s’aperçut de l’ incendie que lorsque le bâtiment entier était déjà en flammes ; un violent vent du nord ac­ tiva le feu et les flammèches, incendièrent plu­ sieurs autres maisons du voisinage, de sorte que le feu se propagea de plusieurs côtés à la fois et rendit d’autant plus difficiles les secours.

Cependant, les maisons de ce quartier de Stamboul étant presque toutes en pierres, on pouvait espérer circonscrire le fléau et limiter ses ravages, d ’autant plus que la direction du vent conduisait le feu vers le ministère de la Ouerre, lequel est situé au milieu d ’une vaste place qui isole les quartiers voisins. Mais il devait en être autrement. Tout d’ abord, ce furent les bureaux de l’état-major général de l'armée, situés dans un bâtiment spécial en pierres, isolé de toutes parts, qui furent en­ tourés par les flammes et que l’ on ne parvint pas à préserver, malgré tous les efforts qui furent faits. Le ministre de la Guerre, Mah­ moud Chefket pacha, qui travaillait au pre­ mier rang pour activer les secours, reçut sur la tête une poutre enflammée qui lui fit une pro­ fonde blessure, et fut emporté sans connais­ sance. De ce nouveau foyer, des flammèches, emportées par la violence du vent, franchirent un espace de 500 à ti00 mètres en ligne droite, et allèrent mettre le feu aux toitures de quel­ ques maisons situées loin de là, dans un quar­ tier dont les habitants pouvaient parfaite­ ment se croire à l’ abri.

C’est ce nouveau foyer, tout à fait accidentel et imprévu, qui devait causer les plus grands ravages. Le feu, tou­ jours activé et couché par un vent très vif. s’avança dans plusieurs directions à la fois et dévasta tous les quar­ tiers qui se trouvèrent sur son chemin. Deux mille cinq cents maisons, disent les uns, quatre à cinq mille, disent les autres, furent ainsi la proie des flammes et le feu dura jUsqu’a une LetUo i ... avr.xïcee L la ..Uxt peur ne s ar­ rêter que devant l’espace vide formé par les jardins maraîchers de Vlanga Bostan qui s’appuient à la mer.

On se lamentait sur l’étendue du fléau, on cherchait à se renseigner sur le sort des parents et des amis, lorsque, le lendemain 24 juillet, un nouvel incendie, tout ausi violent, éclatait dans le quartier d’ Awan Sérail, au fond de la Corne d’ Or, et s’étendait sur Balatte, réduisant encore en cendres près d ’un millier de maisonnettes habitées par une population pauvre, composée de juifs en majorité.

Enfin, d’ autres petits foyers isolés se déclarèrent dans divers quartiers de la ville et furent rapidement étouffés.

Les quartiers les plus éprouvés sont ceux qui s’ éten­ dent des hauteurs du quartier ( .‘hahzadé, près de la place Bajazet, vers la mer de Marmara. Avant le sinistre, ces quartiers étaient habités par des familles aisées et même riches, qui se trouvent aujourd’ hui presque toutes dans la misère, dans le plus aosolu ciénüment; tout leur avoir, consistant en une maison d’habitation et en quelques boutiques ou maisons de rapport, a été détruit en quel­ ques heures, et on peut, sans risquer de se tromper, déclarer que 95 % de ces immeubles n’étaient même pas couverts par des assurances : en effet, il n’ est pas encore tout à fait entré dans les mœurs des Turcs de se faire assurer contre un fléau, et, d ’autre part, les difficul­ tés que l’on rencontre du fait des compagnies étrangères, dont quelques-unes se retranchent parfois derrière les privilèges que leur confèrent les capitulations pour se dérober à leurs obligations, ne sont pas faites pour encourager la population à contracter des assurances, de sorte que presque toujours un incendie en Turquie entraîne la ruine complète pour le sinistré.

* * *

J ’ai visité ces quartiers le surlendemain du désastre ; les cendres et les décombres sur les­ quels on marchait étaient toujours brûlants ; des brasiers ardents subsistaient encore dans les caves des maisons incendiées ; les petites ruelles étroites et tortueuses, aux maisons basses munies de grilles mystérieuses, parais­ saient maintenant larges et claires : les mai­ sons ayant disparu, aucun obstacle n’arrêtait, plus la vue ni la lumière ; on se trouvait dans un champ immense, indéfini, désert, où les débris chancelants des murs de briques ayant servi de séparation aux bâtisses de bois consu­ mées, les cheminées de cuisine toutes droites, montant vers le ciel, prenaient des aspects bizarres et menaçants ; parfois un minaret dé­ coiffé, mais toujours debout et dominant les ruines, semblait commander la résignation et la foi en l’avenir. Une vieille femme, oubliant son propre malheur, emportait dans ses bras un chat à moitié roussi pour lui faire partager le pain qu’ elle recevait elle-même de la charité publique ; par-ci par-là, des groupes d ’ hommes ou de femmes étaient accroupis sur des décom ­ bres fumants, devant ce qui avait été tout leur bien ; ils restaient là anéantis, consternés, mais sans proférer aucune plainte ; j ’ai entendu un Les incendies des 23 et 24 juillet, à Constantinople (les parties sinistrées

sont indiquées en grisé).

Le premier foyer a pris naissance le 23 juillet vers midi ; le feu s’est rapidement propagé et a entouré le bâtiment de l’état-major général de l’ armée qui n’a pu être préservé. Malgré qu’ il y eût là une immense place vide formée par la cour du ministère de la Guerre et la place Bajazet, des flammèches, franchissant cet espace de 600 à 700 mètres, communiquèrent le feu aux toitures de maisons en bois et formèrent le second grand foyer de l’incendie. La mosquée Laléli (mosquée aux Tulipes), quoique entourée par les flammes, a été préservée, ainsi que la mosquée Validé. — L’incendie du 24 juillet s’est déclaré vers 2 heures de l’ après-midi et a détruit les quartiers d’Awan Seraïl et Balatte, habités surtout par des juifs.

UN DES QUARTIERS EN RUINES

homme qui disait : « Tout ce que j ’ avais a brûlé, mais ai-je le droit de me plaindre plus qu’un autre ? Regardez autour de vous, des milliers de personnes ont subi le même sort, j ’ ai ma part de cette calamité publique... » Je crois bien qu’ il n’y a encore qu’en Turquie que l’on puisse trouver cette résignation et cette haute philosophie devant le malheur.

*

* *

Pourquoi les incendies sont-ils si fréquents et surtout si terribles à Constantinople ? Il y a trois réponses à cette question : 1° la plupart des maisons de Constan­ tinople sont en bois ; 2° les rues sont étroites et empê­ chent l’organisation des secours ; 3° les moyens de com ­ battre le feu sont absolument insuffisants pour une ville aussi étendue et aussi dispersée.

C’est parce qHC Constantinople a été souvent éprouvé par des tremblements de terre — celui de 1894 est encore présent à toutes les mémoires —• que les maisons y ont ét é de tout temps bâties en bois. A la suite de plusieurs grands incendies, notamment celui de Péra en 1870, la munici­ palité a essayé d ’imposer les constructions en pierres ou en briques; mais outre que ces décisions n’ont pas tou­ jours été respectées, les constructions en briques elles- mêmes n’ont jamais présenté une bien grande garantie contre le feu, l’épaisseur dos murs étant dérisoire et les combles ainsi que toutes les cloisons intérieures étant presque toujours en bois.

Pour combattre les incendies, à Constantinople, il existe, comme partout, un corps de sapeurs-pom­ piers, à côté desquels prennent place les pompiers irréguliers ou volontaires. Les sapeurs-pompiers sont constitués par des compagnies d’ infanterie de l’armée active, commandés également par des officiers d ’ infante­ rie ; les hommes comme les officiers sont bien entraînés et pleins d ’ardeur et de dévouement devant le feu, mais le matériel qui est mis à leur disposition est absolument insuffisant, de même que les canalisations d ’eau sous pression ne suffisent pas toujours à alimenter les pompes dans tous les quartiers. Les pompiers irréguliers ou tou-

loumbadjis, sont une des curiosités de Constantinople.

Chaque quartier de la ville compte une ou plusieurs brigades de pompiers volontaires, placés sous la direc­ tion d’ un chef ou réiss ; ces hommes possèdent une pompe à bras minuscule, avec laquelle ils s’entraînent eux-mêmes assez souvent. Ils exercent, d ’ailleurs, cha­ cun un petit métier qui les fait vivre en temps ordi­ naire; mais, dès que le feu est signalé quelque part, cha­ cun quitte sa besogne, enlève ses vêtements et, pieds et jambes nus, avec simplement un caleçon bouffant et un tricot de coton, court au lieu de ralliement où il trouve les camarades, et, de là, tous se dirigent vers le lieu du

sinistre en emportant la pompe sur leurs épaules ; des cris perçants et impérieux, poussés par un avant-coureur qui tient la lance, préviennent de leur approche les pas­ sants qui s’empressent de se garer pour leur livrer pas­ sage, sans quoi ils sont impitoyablement bousculés et renversés.

Arrivés sur les lieux du sinistre, les pompiers irrégu­ liers commencent souvent par débattre le prix avec lys propriétaires des maisons en flammes ou avec ceux des maisons qu’ il s’ agit de préserver ; d ’autres fois, ils se mettent immédiatement au travail, et, presque tou­ jours, montrent beaucoup d’intrépidité dans leur be­ sogne. Il leur arrive bien parfois de piller un peu la maison qu’ils ont sauvée, mais le fait est de plus en plus rare devant la surveillance de la police.

Somme toute, ces pompiers irréguliers peuvent rendre des services, surtout pour les premiers secours au début d’un incendie, mais ce n’ est pas avec ces moyens primi­ tifs que Ton peut songer à combattre sérieusement le feu dans une ville comme Constantinople. Le problème, du

reste, ne laisse pas que d ’être assez compliqué, car il ne suffirait pas de doter les sapeurs-pompiers d ’un matériel perfectionné et nombreux, il faudrait encore améliorer la voirie pour permettre à ce matériel de circuler et de prendre position, améliorer les canalisations d ’eau, créer des espaces vides, des places publiques dans tous les quartiers, et améliorer enfin le système de construction des maisons. Ce n’ est pas chose facile à réaliser.

En attendant, malgré les secours qui ne manqueront pas d ’arriver de toutes parts aux incendiés de Constanti­ nople, il est douteux que d ’ici longtemps ces malheureux puissent retrouver leur ancienne situation. Tout ce que l’ on pourra faire pour eux ce sera d ’atténuer leur misère et de pourvoir à leurs besoins les plus pressants. A cet effet, des comités de secours s’ organisent partout, car ces milliers de malheureux, ruinés du jour au lendemain, qui campent aujourd’ hui en plein air, dans les cours des mosquées et sur les décombres de leurs maisons, bientôt, quand viendra la saison des pluies, auront besoin d’un asile moins précaire pour abriter leur misère. Y . R.

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