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3.5. Analyse du temps

3.5.3. Temps du récit

D’un autre côté, nous assistons à beaucoup d’originalités dans ce roman. Par exemple, méprisant l’indicatif dans les romans «réalistes», Georges Perec utilise beaucoup le Conditionnel Présent. Dans la première partie, au premier chapitre, il fait la description de l’appartement de rêves au Conditionnel Présent et grâce à ce temps, il présente aux lecteurs un monde complètement fictif:

Alors, l’hiver, rideaux tirés, avec quelques points de lumière- le coin des bibliothèques, la discothèque, le secrétaire, la table basse entre les deux canapés, les vagues reflets dans le miroir- et les grandes zones d’ombres où brilleraient toutes les choses, le bois poli, la soie lourde et riche, le cristal taillé, […](p.11)

Une première cigarette. Ils sortiraient. Leur travail ne les retiendrait que quelques heures le matin. Ils se retrouveraient pour déjeuner, d’un

sandwich ou d’une grillade, selon leur humeur; ils prendraient un café à une terrasse, puis rentreraient chez eux, à pied, lentement.(p.15)

Après l’usage brièvement le Conditionnel Passé au deuxième chapitre, Perec raconte l’essentiel du récit en utilisant Imparfait İtératif:

Ils auraient aimé être riches. Ils croyaient qu’ils auraient su l’être. Ils auraient su s’habiller, regarder, sourire comme des gens riches. Ils auraient su le tact, la discrétion nécessaires. Ils auraient oublié leur richesse, auraient su ne pas l’étaler.(p.17)

Ils vivaient dans un appartement miniscule et charmant, au plafond bas, qui donnait sur un jardin. […]Ils ouvraient par les fenêtres, et pendant de longues minutes, parfaitement heureux, ils regardaient leur cour.(pp.18-19)

Trop souvent, ils n’aimaient, dans ce qu’ils appelaient le luxe, que l’argent qu’il y avait derrière. Ils succombaient aux signes de la richesse: ils aimaient la richesse avant d’aimer la vie. (p.25)

Dans la deuxième partie, nous voyons une rupture par le changement des temps.

Par exemple, le couple quitte Paris pour vivre à Sfax et Perec relate cette période au Passé Simple (mêlé d’imparfaits d’état):

Ils partirent donc. On les accompagna à la gare, et le 23 octobre au matin, avec quatre malles de livres et un lit de camp, ils embarquaient à Marseille à bord du Commandant-Crubellier, à destination de Tunis.(p.123)

Ils vécurent sans doute à Sfax les huit mois les plus curieux de toute leur existence. (p.128)

Un épilogue est normalement d’exposer des faits postérieurs à l’action pour en compléter le sens ou la portée. Dans la partie Epilogue, Perec nous étonne et il écrit

ironiquement cet épilogue en utilisant le Futur Simple alors qu’il souhaite raconter des faits passés et, de plus, nous nous apercevons nettement la rupture avec l’Imparfait:

Le temps, encore une fois, travaillera à leur place. L’année scolaire s’achèvera. La chaleur deviendra délicieuse. Jérôme passera ses journées à la plage et Sylvie, ses cours finis, viendra l’y rejoindre. Ce seront les dernières compositions. Ils sentiront venir les vacances. Ils se languiront de Paris, du printemps sur les berges de la Seine, de leur arbre tout en fleur, des Champs-Elysées, de la place des Vosges.(p.149)

De plus, quand nous analysons notre roman, nous voyons une autre originalité: La partie Epilogue répond au premier chapitre écrit au Conditionnel Présent. Au premier chapitre, nos héros, ils rêvent de leur avenir, ensuite, ils se confrontent malheureusement la réalité et le Futur Simple signifie à ce point «c’est ce qui ne peut maintenant marquer d’arriver à Jerôme et Sylvie:»

L’œil d’abord glisserait sur la moquette grise d’un long corridor, haut et étroit. Les murs seraient des placards de bois clair, dont les ferrures de cuivre luiraient.[…]Ce serait une salle de séjour, longue de sept mètres environ, large de trois. (p.9)

La seconde porte découvrirait un bureau. Les murs, de haut en bas, seraient tapissés de livres et de revues… (p.13)

Ils auront les pièces immenses, et vides, limunieuses, les dégagements spacieux, les murs de verre, les vues imprenables. Ils auront les faïences, les couverts d’argent, les nappes de dentelle, les riches reliures de cuir rouge.(Epilogue, p:156)

Dans les ouvrages postmodernes, le temps n’est pas précis. Le lecteur ne connaît ni le moment, ni l’endroit précis dont il est question. De la même façon, dans notre roman, le lecteur peut s’apercevoir facilementl’absence du cadre spatio-temporel:

“Contrairement aux romanciers réalistes du XIXe siècle, et à la suite des

“nouveaux romanciers” qui ont remis en cause les données traditonnelles d’écriture, Perec a supprimé de ses premières pages toute indication spatio-temporelle.” (Schneider, 1991, p.46) En général, le narrateur donne des informations aux lecteurs sur l’époque (l’année, la saison… etc.) et l’endroit dans la première page du roman et puis, il présente le personnage principal du roman mais dans Les Choses, Georges Perec nous étonne et il nous expose une écriture très originale et il ne donne aucune indication «spatio-temporelle», c’est pourquoi, le lecteur ne connaît ni le moment, ni le lieu où se situe l’action.

QUATRIEME CHAPITRE

THEMES PRINCIPAUX DANS “LES CHOSES”

Le thème représente le sujet dominant dans les œuvres littéraires comme l’argent, l’angoisse, le bonheur… etc. et il a un lieu important dans l’analyse d’un roman.

En ce sens, les thèmes fréquemment rencontrés dans notre roman Les Choses sont l’argent, la richesse, le bonheur et la solitude.

4.1. Argent

L’argent est le principal thème du roman Les Choses et le lecteur s’aperçoit distinctement les traces de ce thème pendant tout le roman. Par exemple, les personnages principaux du roman, Jérôme et Sylvie, veulent posséder les objets de luxe tels qu’une pipe, un fauteuil, une valise… etc. et ce couple qui est sans nouvelles d’être entraînés dans le tourbillon de désirs attendent seulement d’avoir de l’argent:

Mais, le plus souvent, ils n’étaient qu’impatients: ils se sentaient prêts;

ils étaient disponibles: ils attendaient de vivre, ils attendaient l’argent.

(p.28)

En plus, nos héros qui travaillent en faisant des enquêtes, pour la première fois, gagnent un peu d’argent mais à mesure que le temps s’avance, l’argent suscite d’autres besoins et ils commencent à transformer à cause de l’argent:

Mais l’argent – une telle remarque est forcément banale – suscitait des besoins nouveaux. (p.38)

Quand le narrateur donne des renseignements sur les amis de Jérôme et de Sylvie, il partage une information importante avec nous au sujet de l’argent:

Les uns et les autres, ils étaient aisément identifiables. Ils avaient de l’argent; pas trop, mais suffisamment pour n’avoir qu’épisodiquement, à la suite de quelque folie, dont ils n’auraient su dire si elle faisait partie du superflu ou du nécessaire, des finances vraiment déficitaires. (p.44)

Dans le 6ème chapitre du roman, Perec expose la nécessité d’avoir de l’argent dans la vie réelle et le poids de l’économie nous montre à nouveau l’aspect sociologique de ce roman. Par exemple, quoiqu’il arrive, Jérôme et Sylvie rencontrent les difficultés financières et à cause du manque d’argent, ils se disputent souvent. En un mot, l’argent est leur seul sujet de conversation. S’ils ont de l’argent, ils sont très heureux mais s’il n’y en a pas, ils sont très tristes:

Ils s’affrontaient pour un rien, pour cent francs gaspillés, pour une paire de bas, pour une vaiselle pas faite. Alors, pendant de longues heures, pendant des journées entières, ils ne se parlaient plus. Ils mangeaient l’un en face de l’autre, rapidement, chacun pour soi, sans se regarder.

Ils s’asseyaient chacun dans un coin du divan, se tournant à moitié le dos. […] Entre eux se dressait l’argent. C’était un mur, une espèce de butoir qu’ils venaient heurter à chaque instant.(p.76)

Encore une fois, le narrateur nous relate que nos héros aiment beaucoup l’argent.

Pour eux, l’argent est si importante que c’est comme une clé pour accéder à la richesse, au bonheur, au luxe… etc:

Ils ne méprisaient pas l’argent. Peut-être, au contraire, l’aimaient-ils trop: ils auraient aimé la solidité, la certitude, la voie limpide vers le futur. (p.96)

Même si Perec finit le roman, il touche de nouveau à l’importance de l’argent pour Jérôme et Sylvie:

Ce ne sera pas vraiment la fortune. Ils ne seront pas présidents-directeurs généraux. Ils ne brasseront jamais que les millions des autres.

(p.155)