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Mevlana

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Tam metin

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TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE

M E V L Â N A

Depuis quelques an n ées, la v ille de K o n y a a pris l’ heureuse in itiative de fêter « LA SEM A IN E DE M EV- LÂ N A » , le Sultan des Coeurs dont le m ausolée est un ch e f-d ’oeuvre de l'a rt. En cette sem aine notre grande v ille du Centre ne désem plit pas de visiteurs du pays et é trang ers. J ’ai saisi cette occasion pour raconter en son temps la vie de ce grand m ystique depuis le départ de son père de l’A sie C e n tra le . Je donne ici un résumé de cette re latio n .

Le père de M e v lâ n a , B ah a V e led , était au dou­ zièm e siècle le cheik le plus aim é dans la v ille de Belh au H orassan entre K aboul et B o u h ara, villes du Tur- k e sta n .B e lh était renommée d 'alo rs p ar la multitude de savan ts et d'hommes de sciences qui en fa isa ie n t un centre de culture.

B ah a V eled par son ab n ég atio n in fin ie , sa modes­ tie discrète, sa p a ro le bénéfique et sa science, mon­ trait à ses fid è le s les voies de la vérité , de la droiture et de la bonté; il a id a it les m alheureux et com patissait à toutes leurs m isères. O n le nommait « S u lta n ’ ul- U lem a» (le sultan des s a v a n ts ). Il a v a it deux fils ; le plus jeune «M uham m ed C e lâ le d d in e » devint p ar la suite M evlân a C e lâ le d d in e Roumi.

B ah a V e led qui d evant l ’invasion des M ongoles a v a it quitté B elh , a rriv a à K o n ya ap rès être passé p ar plusieurs v ille s sur son chem in, v ille s où on le con­ n aissait d é jà , sa renom m ée s’ étant rép and ue dans les p ays lim itrophes.

Il trave rsa N ich apo u r où le g ran d m ystique mu­ sulm an de l'épo qu e Feridedd ine A tta r ap p ré cia tout de suite le jeune C e lâ le d d in e et lui rem it l'oeu vre qu'il v en ait de term iner intitulée «Esrarn em e» (la M ystique) qui servit à M ev lâ n a lo rsqu’il écrivit bien plus tard son « M esn evi» . B ah a V eled et sa fa m ille trave rsa B a g ­ d a d , M édine, Jé ru sale m , D am as, A le p , M a la ty a , Er­ zin ca n , S iva s, K a y se ri, N iğ d e et Lârende (K a r a m a n ). Il s'y arrê ta pendant sept ans a ccé d a n t au désir de l ’Emir de cette v ille . C 'est aussi à K aram an que le jeune C e lâ le d d in e se m aria a v e c G e v h e r H atun, fille d ’un fid è le disciple de son père ( 1 2 2 5 ) , .dont il eut deux fils.

C 'é ta it l ’époque la plus p ro sp ère de l'é ta t Sel- tchoukite dont K o nya é ta it la c a p ita le . Le Sultan A la - eddine Keyko u b ad grand am i des sciences et des arts intervint auprès de l'Em ir de K a ra m a n et fit venir dans sa c a p ita le Baha Veled et s a 'fa m ille ( 1 2 2 8 ) , et à l ’exem ple de ce qu’il fît d a n s toutes les v ille s tra ­ versées, il d é d aig n a les m aisons som ptueuses mises à sa disposition p référan t s ’in s ta lle r dans un vieu x sé ­ m inaire où ses adeptes de p ius en plus nom breux

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Konya’da İnce Minare

ven aient l’écouter, car son lan g ag e cla ir et simple était à la portée de tout le monde. Baha Veled y mou­ rût en 1231 et fut enterré dans les lieux où le célèbre m ausolée fût élevé p ar la suite.

Son fils M evlân a s’opposa lorsqu'on voulut élever un monument pour couvrir sa tombe, d isan t: « N e p re­ nez pas la peine de co nstruire,une voûte, car vous ne pourriez jam ais en fa ire de plus b elle que cette voûte célèste qui em brasse et englobe notre univers».

M evlân a C e lâ led d in e Roumi a v a it à peine trente ans à la mort de son père. Les fid èles l’acceptèrent tout de suite comme son successeur. Il sentit alors le besoin de com pléter son érudition, se p laça sous la tutelle de S e yyîd B urhaneddin, qui l’incita à se rendre à Dam as où il s'a ch a rn a à étudier les sciences mys­ tiques dans le sém inaire «M ukkad em iye». D éjà en che­ min il a v a it eu l'occasion de compléter à B agd ad ses connaissances sur le rite « H a n e fi» .

Q uelque temps après il rentra à Ko nya où Seyyid Burhaneddine continua de l'instruire. N euf années s’écoulèrent pour p a rfa ire son initiation grâce à un ascétism e qui com prenait des journées entières de jeûne très rigoureux.

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MARS 1962

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Comme Cheik Burhaneddine se sentait v ie illir il quitta K o nya (1 2 3 9 ) après avo ir annoncé à son élève l'a rriv é e prochaine de Seyyid $em seddine Te- brizî.

M evlân a était resté seul. M ais à présent il co n ­ n aissait à fond toutes les sciences occultes, les litté ra ­ tures a ra b e , persane et hindoue. Il a v a it aussi appris le grec et lu les oeuvres classiques des philosophes de cette lan g ue.

Entouré d ’égards pas les riches seigneurs de la v ille et par une multitude de fid è le s, le cercle de son auditoire s’é la rg issa it de jour en jour. Sa paro le s'in s­ p irait souvent de l’oeuvre de son père, le « M a a rif» . Il a v a it l'hab itud e d ’agrém enter ses sermons par de petites histoires et des citations en vers, ce qui les ren­ dait encore plus a ttra ya n ts. Ces sermons sont à la base du «M esn evi».

M evlân a vivait très modestement avec les siens, do nnait un exem ple de patien ce, de modération et de désintéressem ent. Si la cime et les branches d'un arb re sans fruit restent droites et pointent en l ’a ir, e l­ les se recourbent en un geste de m odestie dès que les fruits poussent. C'est ainsi que M e vlân a, prophète de la bonne p a ro le, a v a it l’âm e modeste car il portait en lui tous les fruits anciens et nouveaux de la science. Il a v a it l'h ab itu d e de d é clare r: « Je suis m andaté pour me soumettre au peuple et pour le traiter avec dou­ ceur».

Contrairem ent à l ’habitude de son temps où la polygam ie était en fave u r, il eut toujours une seule épouse, jam ais de courtisanes ou d 'esclaves et ne se rem aria qu’à la mort de sa prem ière fem me. Il s’ h a ­ b illa it comme tout le monde et s'em pressait d ’o ffrir sa tunique dès qu'il v o y a it un pauvre.

La mystique le pénétrait de plus en plus et rem plis­ sait sa vie, tel un métal précieux en ébullition qui a t­ tend son heure pour déborder, éclater et brûler de son feu, non seulement son contenant mais aussi le monde entier.

Le 25 O ctobre 1244, un sam edi alors qu'il rentrait chez lui il rencontra un derviche sur son chemin qui tomba en e xtase devant lui. Ce derviche était $emsed- dine Tebrizî dont l’app aritio n dans la vie de notre illustre mystique fût l ’événement le plus im portant pour lui. Cette rencontre est passée dans l'histoire comme «I union de deux m ers». Et en effet les deux plus grands mystiques de l’époque ven aient de se retrouver; une am itié lég en daire naquit entre eux et à partir de ce jour la vie de M evlân a fût transform ée. On aurait dit que les deux philosophes se cherchaient depuis longtemps.

Au contact de ce nouvel ami notre M evlân a se

Hazret-i Mevlâna’mn tiirbesi Le Mausolée de Mevlâna

rendit compte de ses im perfections et comprit qu'il devait tout recom m encer. Les principes de §em seddine étaient clairs et évidents: de l'am our et de l'a tta c h e ­ ment; plus de cheiks, plus de derviches; rien que celui qui aim e et celui qui est aim é.

Les voies des deux amis se confondaient en une même inspiration divine. Pareils aux mondes que l ’a t ­ traction du soleil fa it tourner autour de lui, nos deux grands mystiques tournaient autour de leur but unique qui était l’interprétation des textes sacrés. M evlân a proclam ait a lo rs: «Tom ber en e xtase c'est quitter le monde des vivants, se soustraire à la vie pour pénétrer dans le néant. Dieu se m anifeste alo rs d a va n ta g e et sa crégture se trouve à ce moment dépouillée de tout ce qui est m atière». Son grand am i, §ems ajo utait alo rs: — L'homme é cla iré est celui qui accepte la prière d'un

ami comme étant sa m eilleure nourriture à laq u elle il l'asso cie . La divinité et l’au -d e là ne se q u alifien t pas et n ’ont aucun élém ent de com paraison . . . Les héros font l'o ffra n d e de leur vie tandis que l ’ honnête homme donne son coeur . . . La dignité du savant réside dans sa modestie . . . La tolérance et la générosité doivent être les principaux é lé ­ ments qui protègent la relig io n .» Il exp liq u a it a in ­ si l’am itié:

— La véritab le am itié doit rester cachée et résider en nous-mêmes. Il nous fau t savo ir supporter les cô ­ tés déplaisants et vilain s d ’un am i. L'am itié de Dieu est sans rancune et sans m archand ag e.

M evlân a buvait ces paroles pleines de sagesse, et sa form ation se com plétait de jour en jour.

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TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE

sa présence n 'était plus n écessaire, il quitta K o n y a , se rendit à Dam as pour fa ire sa retra ite. M evlân a le fit chercher p ar son fils, mais à son retour il tom ba dans un piège que les fid è le s jalo u x de l'am itié des deux grands hommes av a ie n t p réparé et fut tué, à l'insu de son ami qui continua à le chercher jusqu'à la fin de ses jours. M ais, entretem ps, M evlân a a v a it acquis tout son b ag ag e scientifique, était devenu le plus grand mystique de son siècle et sa forte p erso nnalité était é tab lie . «La goutte était devenue MER, de gran d , il devint immense et finit par trouver en lui-même ce qu'il a v a it cherché a ille u rs» .

A quelque temps de là , un jour en traversant le marché de la ville , M evlân a entendit un bruit de coups scandés, celui que fa isa ie n t des ouvriers avec leurs m arteaux en tra v a illa n t des feuilles en or. Ces coups cadencés arrivèrent à son o re ille comme une musique divine et l'harm onie était si douce qu’ il sentit tout d'un coup une joie, un bonheur fuser en lui. Son propre monde s’anim a comme les astres et les satellites tour­ nant autour du so leil. O béissan t alo rs à son instinct, il se mit à tourner sur lui même, acco rdan t ses pas à l'harm onie des sons. Le propriétaire de la boutique se joignit à lui, après avo ir intimé à ses apprentis l’ordre de continuer à fra p p e r. Lorsque les ouvriers, fatig ués s'arrêtèren t, les deux tourneurs revenus de leur e xta se, s’em brassèrent. Le rite «M EVLEV İ» était né. Il existe une miniature fam euse représentant cet instant histo­ rique de la prem ière exhibition des derviches tour­ neurs, entre leur grand chef M evlân a D jelaled d in e Roumi et son premier ad epte, l’o rfèvre S a lâ h a d d in e Zerku nî. Cette m iniature se trouve reproduite dans l'oeuvre de W . A rn o ld , «Painting in Islam ».

L'âme sensible et vibran te de M evlân a qui a vait été frustrée de l'am itié id é ale qu'il portait à Şemsi Te- b r i z î ( l ) , ne ta rd a pas à s'attach e r à son nouvel am i. Cette am itié dura une d izain e d'années et, à la mort de S a lâ h a d d in e ( 1 2 5 8 ) il fut rem placé p ar un chef de tribu «H usam eddine A h i-Tu rko ğ lu». M evlân a le considérait comme une incarnation de Şems; il disait: — Ils forment un centre autour duquel les autres tour­

nent comme le jeu d'un com pas.

A in si, Şems a v a it formé M e vlân a, l ’a v a it porté jusqu'à la cime de l'am our divin; S a lâ h a d d in e avait contribué à la création du rite « M EV LEV İ»; et Hüsam- eddinc fut celui qui l'en co u rag ea à compléter l'oeuvre fam euse du grand M aître, son «M E S N E V İ» , oeuvre im ­ m ortelle en six volum es, pleine de m axim es, de con­ seils, d ’anecdotes, de m orale, d'enseignem ents et des inspirations du grand homme que son disciple notait sous sa dictée. Ce recueil de pensées sans p areil cons­ titue même de nos jours, une nourriture de l'esprit et

de l'âm e. T ra ité de p hilo so phie qui g a rd e toute sa v a ­ leur même après sept siècles, du fa it qu'une bonne partie de son texte est de nature à être retenue, a p ­ préciée et aim ée de nos jours.

M evlân a savait qu'il devait se h âter pour terminer l'oeuvre de sa vie. Et en e ffe t, déjà m alad e et v ie u x, il d é c la ra it:

«Toute ma vie je n 'a i eu honte de personne. M ais en ce moment, j'a i.h o n te de ce corps m aigre et chétif qui m'a rendu beaucoup de services et que je n 'a i pas soigné comme il le m éritait.»

En décem bre 12 73, après q u aran te jours de m a la ­ die, M evlân a rendit son âm e à Dieu, laissan t dans la tristesse et la prosternation tout un peuple qui l'a v a it vénéré, aim é et respecté durant toute sa v ie .

B. de SIA V ES (1) Şamseddine Tebriz! est un ancêtre de notre grand érudit et écrivain, Reşit Saffet Atabinen.

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Pont d'Espagne

La pluie s’arrêta vers six heures. Dehors, un silence ouaté a v a it pris possession de la m ontagne. O n n ’e n ­ tend ait que le ruissellem ent des e a u x. Elles suintaient des fe u illa g e s, tom baient goutte à goutte des b ra n ­ ches et, atteig n an t le lit du torrent, se perd aien t dans des tourbillons o paqu es. Le g a ve , s 'a b a tta n t dans le vid e, c rach a it des aigrettes tran sp aren tes, se v a p o ri­ sait en poussière: Le soleil déjà n 'é c la ira it plus que la neige des cimes; il la velo u tait, y créait des ombres bleues, b lan chissait les crêtes.

Trois pins morts se dressaient seuls contre le ciel, sem blables au x mâts d'un vaisseau fan tô m e. A leurs branches pend aient de longs filam ents grisâtres ou des lam beaux de v o ile . Leur im age s'en fo nçait dans l'eau obscure d'une m are. Autour réso nnait le tintement de plusieurs clochettes: c'é ta it l'a p p e l flû té, doux comme un soupir, des petits ducs.

Sous bois régnait une lum ière verte et d iffu se, é m a ­ née de grosses touffes d'euphorbe d'une couleur si crue q u 'elle les a u ré o lait de lueurs phosphorescentes. Au loin, dans des cavités sonores, se répercutait le chant de la grive m usicienne. Elle répétait ave c insis­ tance la même note, puis, ch an g ean t soudain de ton et de registre, la n ça it une autre m élodie, l'a rro n d is­ sait, la polissait pour l'ab an d o n n e r encore, e ssayan t toutes les com binaisons possibles avan t de revenir à son premier a ir, le perfectio nn an t, s’e ffo rçan t ain si d 'atte in d re à la pure sonorité qui la d é livrerait, la rendrait im m atérielle, la fe ra it entrer dans l'éternité.

Jacques BROSSE

İstanbul Şehir Üniversitesi Kütüphanesi Taha Toros Arşivi

Referanslar

Benzer Belgeler

Disposant d’un reste de présence d’esprit, Cons- tance a quand même craint de s’asphyxier dans cette boîte mais ses nouveaux amis avaient dû y penser aussi, s’étant

Jean-Pierre et Christian se sont montrés évasifs, dilatoires, ont fait comme si de rien n’était cependant que, toujours pas plus mal qu’ailleurs malgré cette installation

nuisance et leurs profils psychologiques compatibles, on les a installés ensemble dans un appartement occu- pant tout le dernier étage d’un aimable building, donc assez vaste

De temps en temps, quelqu'un venait, et Mondo le saluait, mais on le regardait avec étonnement parce qu'il avait les cheveux et les cils blanchis par le sel et le visage bruni par

Quand Mondo avait fini de lire l'histoire, il cachait le journal illustré dans un buisson du jardin, pour la relire plus tard.. Il aurait bien voulu acheter un autre illustré, une

-Au XVIIIème siècle, on ne trouve plus de grands écrivains parmi les hommes de l’Eglise et les défenseurs de la religion.. -Montesquieu et Buffon sont des chrétiens mais leurs

• The first book of the Elements necessarily begin with headings Definitions, Postulates and Common Notions.. In calling the axioms Common Notions Euclid followed the lead of

Where, PAYOUT (Y) = Dividend per share I Stock Price at end of the year, LEVERAGE = Debt I Total Assets, TAX = Tax I Net profit, SIZE I = Log of Total Assets, MARKET TO BOOK VALUE