SOMMAIRE.
B. A. Murad-EITendi. — Retue politique de la semaine. — Courrier de voyage. — Le» monuments du camp de f.hnlon» en IS64. — Arrivée de S. A. H. le prinre Humbert à Cherbourg. — Obsèques de M. le Sénateur Ygîsse. — L ejeune Anglais (nouvelle), On. — Exposition des œuvres d'Eugène Dela croix. — Causerie dramatique. — Le mon u s inent d’Ancyre. — La Finance autrefois et aujourd’hui. — Un café à Constantinople. — Publication* nouvelles.
Gravures: S. A. Murad-Eflendi, neveu du Sul tan. — Les monuments du camp de Chîi- lons en 18t>4 (5 gravures). — Arrivée de S. A. R. le prince Humbert dans la rade de Cherbourg. — Funérailles de M. lo Sénateur Ysïsse, administrateur du département du RhAnc. — Un cavalier arabe, dessin d'Eit- peno Delacroix. — Les victimes de la mode, par Bertall (suite) : Essai sur les beautés de la crinoline (15 gravures). — Testament politique de l’Empereur Auguste, texte latin de l’Augusteum d’Ancyre (3 gravures). — Le mois de septenibro. — Echecs. - Rébus.
S. A. MURAD-EFFENDI. Les fréquents voyages de princes européens appartenant à des fa milles régnantes font un singulier contraste avec les habitudes séden taires des princes ottomans. A la vérité, ceux-ci ne sont plus tenus en état de réclusion comme autrefois, mais la liberté dont ils jouissent ne peut être appelée liberté. Elle consiste à pouvoir aller du palais impérial à quelque habitation de plaisance située dans les environs de la capitale. Mais il ne leur est pas permis de choisir leur entourage. 11 en résulte que souvent leur bon naturel est altéré et abâtardi par le contact de ceux qu'on leur donne pour gouverneurs ou pour compa gnons. Grâce à ce système, ils a r rivent au trône dépourvus de lu mières et d’expérience : ne connais sant ni les affaires de leur pays ni celles de l’Europe , ils sont
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S. A. MURAD-EFFENDI, HÉRITIER PRÉSOMPTIF DU TRONE OTTOMAN.
souvent les dupes de flatteurs cor
rompus qui sacrifient la gloire du 1 souverain et le bonheur du peuple
à leur propre ambition.
Ce n’est qu'il partir du règne de Soliman le Législateur qu'on a te nu les princes enfermés, ou qu’on leur a fait une destinée bien pire. Aussi cst-cc de ce règne que les au teurs turcs font dater la décadence de l’empire ottoman. Les sultans les plus célèbres ont vécu en liberté, et plusieurs d'entre eux, avant de monter sur le trône, ont occupé des postes élevés dans l’administration des provinces : c’était un utile ap prentissage pour gouverner l’É tat.
Si l’instruction était nécessaire aux sultans à une époque où leur pays était, en quelque sorte, isolé du reste du monde, elle l’est bien davantage, aujourd’hui que la Tur quie se trouve étroitement liée à l'Europe par la politique, les finan ces et le commerce. C’est ce qu’a parfaitement compris le prince Murad-Eflendi, héritier présomptif du trône ottoman.
Ce prince est dans sa vingt-qua trième année. Nous ne donnerons pas beaucoup de louanges aux pre miers temps de son adolescence; il pouvait mieux employer son temps. Mais il est juste de dire qu'il n'a jamais été libre de choisir le per sonnel de sa maison. D'ailleurs, quels exemples avait-il devant les yeux ? Prodigalité au-dessus de lui, dilapidation au-dessous.
Aujourd’hui, le jeune prince est un homme réfléchi. Il cultive son esprit et cherche à se rendre digne des hautes destinées auxquelles sa naissance doit un jour l’appeler.
S. A. 1. Murad-Eflendi se distin gue par beaucoup de pénétration et de finesse : il s’exprime avec une rare élégance en turc, et le français lui est familier. Sa phy
sionomie est' pleine de distinction, et l’on vantera géné rosité de son ,earactère. Les idées de progrès n’ont pas, en Turquie', de plus chaud partisan que lui : à ses yeux, les habitants de l’Empire ne sont plus des esclavesaveu-jjlémcot fournis à la volonté du maître, mais des hommes
qui ont-dès droits. 11 se considère comme prince euro péen, et'son v’teu le plus cher serait de faire un voyage en,Eqrppe. Maiç quel est celui des ministres actuels qui pîàppseraicevqiage au sultan? H. Marand.