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Le Torrent:Drame en 3 actes

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Academic year: 2021

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Tam metin

(1)

^ - u k b

L E T O R R E N T .

Drame en J actes .

Ch. Martain .

Professeur au Lycée de Oralata-Saray . Stamboul

(2)

P R E F A C E .

Les lecteurs et les spectateurs de ce drame sont priés de n'y chercher ni une page d'histoire ni un tableau de moeurs minutieusement véridique . Le public des théâtres n'est pas composé que d ’érudits et de moralistes: la vé­ rité et la nature qu'il veut y trouver sont une vérité générale et une natu­ re choisie.

L'auteur de cette pièce a simplement voulu, dans un spectacle inspiré en substance par les faits, peindre à gros traits quelques aspects de l'âme turque, à l'heure récente de son héroïque guerre d'indépendance. S'il y a réussi, il aura un peu mérité de ce peuple qu'il aime pour ses qualités de droiture et de cheneherie. N'est-ce pas surtout par la qu'il s'apparente au peuple français, qui a appris à le connaître et à l'estimer, dès le Moyen Age, sur les champs de bataille où la foi les a mis face à face ?

(3)

P E R S O N N A G E S : Hadji Noureddin : mufti, " 0 ans Hafiz efendi ! muhtar , ans

Adil ? fils de Hafiz, ?.5 ans

Hilmi : ,, > . 3 0 ans

Siid i 9 ans

Arif : chef de bataillon

Tevfik ) ) Refet ) : capitaines Aziz Un courrier Un paysan : voisin de Hafiz

Azize : femme de Hafiz

Emine t fille de Hadji Noureddin

Vieillards, femmes, officiers, soldats, oerviches, serviteurs

A Agapazar ( Anatolie ) , en 1?2... , au plein de la guerre d'Indépendance

(4)

( 1 )

Acte 1 s La digue.

Riche salon turc.Le soir. Scène 1 .

Hadji Noureddin, Hafiz ( accroupis à l'orientale )

Hafiz Allah est très grand t

H.Noureddin : Et le sultan de Stamboul est son calife >

Hafiz : Obéir au Padischah est le devoir de tous les croyants.

H.Noureddin : Et quiconque lui résiste sera brisé comme roseau par AJ.lah et son Prophète.

Hafi z : De Stamboul,rien de nouveau ?

H.Noureddin : Rien depuis un mois.Mais notre consigne tient toute dans le message

qui nous tomba alors d'un avion anglais. Hafiz s Message du ciel.avez-vous dit.

H.Noureddin : Et je le maintiens. Il nous annonçait que le Padischah allait débar­ quer en Anatolie pour fermer la bouche aux agitateurs.que les Puissances Allises.de coeur et d'âme avec le Chef des Croyants’,satisferaient nos re­ vendications nationales dès que les bandes d'anarchie auraient déposé les armes; que les Crées.désespérés de l'abandon de 1'Angleterre.désertaient en masse pour rentrer dans leurs foyers; enfin, que la tète du révolution­ naire Moustafa Kémal était mise à prix .

Hafiz : Et depuis, rien ? H.Noureddin : Qu'importe ?

Hafiz ; Et au lieu du Calife qui devait paraître à la tête de l'arme'e régu­ lière pour châtier les perturbateurs, c'est un bataillon...

H.Noureddin : Une horde...

Hafiz : ..de troupes dites nationales... H.Noureddin s A mines de bandits...

Hafiz : ..qui nous somme de lui livrer passage pour aller repousser les Grecs, qui seraient, disent-ils, à ^ lieues à l'est d'Eski-Chéhir.

(5)

( 2 )

H.Noureddin : La plaisanterie est un peu forte. Pourquoi pas aux portes d'Ankara ? Hafiz ; Si c'était vrai, on le saurait.

H.Noureddin : On devrait pendre toutes ces têtes brûlées qui affolent les popu­ lations .

Hafiz ; Mais d'où vient que le Calife nous dicte sa volonté par la voix des Anglais plutôt que par celle...

H.Noureddin : De qui ? Du chef des rebelles ? AH ? si je le tenais, je croirais mé­ riter le Paradis en l'expédiant au fond de l'Enfer.

Hafiz : Cependant, son but est l'indépendance de la Turquie.

H.Noureddin : Dit-il. Il est plus Turc que le Padischah peut-être ? La vérité est qu'il veut détrôner l'héritier du Prophète..

Hafi z ! Vous croyez ?

H.Noureddin : Pour prendre sa place. Hafiz : J'ai peine à le croire.

H.Noureddin- : Ne savez-vous pas qu'il mange du porc et boit du vin ?

Hafiz s Horreur ?

H.Noureddin : Qu'il veut fermer les médresséa .tekkés et mosquées ?

Hafi z î Non f

H.Noureddin :

//

Il est plus chien qu'un giaour. Malédiction sur lui . Hafiz : Pourtant, son pouvoir s'étend.

H.Noureddin : Qu'en sais-tu ?

Hafiz : A ce congrès national qu'il a convoqué à Sivas,1'Anatolie entière , Stamboul même a envoyé des délégués.

H.Noureddin : Du bruit pour rien. Mouvement mort-né, puisque le Padischah le con­ damne. Mais ton zèle pour la cause sainte se refroidirait-il, Hafiz efendi ? Hafiz : Chef des anciens d'Agapazar, Hafiz efendi s'est toujours incliné de­

vant les volontés du chef de la réligion, Hadji Noureddin hodja, comme de­ vant celles d'Allah.

H.Noureddin : Tu obéis, mais tu discutes. Le doute s'est insinué dans ton âme : comment ?

(6)

( 5 )

Hafiz Dieu le sait.

H.Noureddin ; On veut tout comprendre : quelle maladie ! Les ministres d'Allah sont,comme Allah lui-même.mystère. Le croyant n'a qu'à les suivre, les yeux bandeSs.

Hafi z ; Mais alors, pourquoi Allah a-t-il allume en nous ee petit flam­ beau qu'on appelle la raison ?

H.Noureddin : Pour nous consoler par l'illusion. A propos, que devient ton cadet Hilmi ? Toujours au Lycée de Oalata-Saray ?

Hafiz Il en est sorti depuis deux mois. Il y a quelques semaines, de Si- nope, il m'annonçait une surprise.

H.Noureddin : Et c'est tout ?

Hafiz : Tout. Que soupçonnes-tu ?

H.Noureddin : Ton coeur est un puits profond, Hafiz efendi. Sache que la défense de la religion veut des coeurs simples et forts, c'est-à-dire prêts à tous les sacrifices.

Hafiz ! Et la défense de la Patrie ? H.Noureddin : Notre patrie, c'est l'Islam.

Hafiz i Quel est ce bruit ? On cause avec ma femme. H.Noureddin : Ton petit Séid peut-être.

Hafiz t

. O Non, il joue au jardin. Il est heureux, lui !

H.Noureddin s Je reconnais la voix de ma fille. Que nous veut Eminé ? ( Entre Eminé ï

Emine :

Scène 11 . Mêmes, Eminé .

La main d'Allah soit sur vous, mon père, et sur vous, mouhtar efendi H.Noureddin ; Et qu'il te pardonne de paraître sans le voile de la pudeur devant

un étranger t

Emine ; Hafiz efendi est-il un étranger ? D'ailleurs moi, j'ai étudié en Eu­ rope, à Stamboul.

(7)

( 4 )

H.Noureddin • Emi ni H.Nour et Hafiz Emine H.Noureddin : Emine H.Noureddin : Emine? : Hafiz s Emini H.Noureddin s Emi ne( génie ) : H.Noureddin : Emini : H.Noureddin î Hafiz s H.Noureddin : Emi ni : H.Noureddin : Emi ni t Hafiz : H.Noureddin : Emini : Si j'avais su ! L'heure est grave. Que se passe-t-il ?

En face de notre vigne, de l'autre côte de la rivière, une troupe na­ tionale bivouaque.

Ne l'appelle pas troupe nationale, mais bande rivolutionnaire.

Par dessus le torrent , un soldat a jeti, enrouli autour d'une pierre, ce papier, qu'un serviteur vient de nous apporter.

Donne, mon enfant.

( Il prend le papier et le parcourt en silence. Pendant ce temps, Emine s'approche de Hafiz efendi et lui parle, tout bas .^

( bas à Hafiz ) Avez-vous des nouvelles de Hilmi ? ( bas à Emini ) Non. J'attends la surprise.

( bas à Hafiz ) j'espère que... Emini, tu as lu ce chiffon ?

J'y ai jeti un coup d'oeil, en courant .

Je t'interdis absolument d'ouvrir la bouche à ce sujet, même devant

ta mère.

Les femmes ne sont pas Turques, mon père ? ( à Hafiz ) Voilà l'esprit de l'Occident ! ( qui ne veut pas se compromettre ) Eh ! ( à Emini ) Je le veux. Il suffit. Laisse-nous. Tu sais que la...bande des... comment dis-tu ?

...des rivolutionnaires. ...s'agite.

Ah ?

Que veux-tu dire ?

On a remarqui des patrouilles, sur divers points, le long-de la rivière, particulièrement vers les extremitie, vers la montagne et vers la digue.

(8)

(

"5

)

H.Noureddin : Qu'ils explorent. Et la rivière déborde toujours ? Eminé : Notre jardin est presque inondé.

H.Noureddin : A ce torrent d'hommes sans foi nous opposons le torrent de la na-ture, de Dieu .

Hafiz : ( à part ) Lequel vaincra ? H.Noureddin : ( à Eminé) C'est bien. Va.

( Elle sort ) H.Noureddin : Hafiz ! H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin s Scène 111 . Hadji Noureddin, Hafiz .

La bande est bien campée en face du pont ? Oui. Pourquoi ne s'y engagent-ils pas 9

Se douteraient-il s qu'il est miné ?

En tout cas, les nôtres ont défense de s'y aventurer, Adil, mon fils, a posé la mine, mais a gardé pour lui son secret.

C'est plus sage. Nous allons renouveler le miracle du prophète Moussa : les hordes du Pharaon englouties sous les flots.

CeB soldats sont des Turcs, pourtant.

Homme de peu de foi ! Ecoute les rodomontades de leur matamore

( Il lit ) " D'ordre de Moustafa Kemal Pacha.président du Conseil national,

" tous les chefs de la religion, muftis,ulémas, imams, du haut des jubés " des mosquées, devront proclamer la querre sainte contre les Infidèles

0

" qui ont envahi et ravagent le territoire de la Turquie ", Voilà pour moi. Et voici pour vous:

" Tous les mouhtars ,cadis .Anciens des Villes et villages, tous " les cheikhs de tribus devront accorder libre passage et protection ,four- " nir subsistance et subsides aux troupes nationales ".

Et voici pour le peuple, dont nous avons charge :

(9)

H.Noureddin : Hafiz ; H.Noureddin ; Hafiz H.Noureddin ; Hafiz : H.Noureddin : Hafiz ; H.Noureddin : Hafiz H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin : :

" s'enrôler dans l'armée nationale et d'y servir jusqu'à ce que les en- " nemis aient été exterminés ou chassés du sol de la Patrie ",

Et après l'ordre, la menace i

" Quiconque entravera l'exécution de la volonté nationale sera " considéré comme traître à la Patrie et passé par les armes. Le salut " du pays avant tout ".

" Signé : Arif, commandant "

Oe billet doux vous plaît-il, mouhtar d'Agapa?;ar ? Et à vous, mufti ?

Voilà '.. ( Il jette à terre le papier, le foule aux pieds et crache dessus ) De telles insolences nous encouragent à remplir notre de­ voir jusqu'au bout.

S'il était vrai, pourtant, que la Turquie soit en danger 9

Le Calife n'aurait-il paB proclamé la guerre sainte ? De quel droit cet idolâtre ose-t-il usurper les pouvoirs de Padischah 9

C'est un péché. Un sacrilège.

Mais s'il avait reçu du Sultan une mission ?.. Lui ! . .11 le dirait.

Qui sait si le Padischah est libre ? Stamboul est occupée. Tes hésitations m'intriguent et m'inquiètent, Hafiz efendi.Oue sais-tu que j'ignore 9

( embarassé ) Moi ? Rien.

Alors,notre devoir est clair.Nous ne connaissons qu'un chef,le 0ommandeur des Croyants.il n'y a en Turquie qu'une armée, celle du Calife Ces bandes irrégulières sont des bandes de rebelles. Nous devons leur bar rer le passage, dussions-nous y laisser la vie. De combien d'hommes ar­ més dispose votre Adil ?

Plus de mille.

( 6 )

(10)

(

7

)

H.Noureddin : Et nos adversaires sont à peine cinq cents.

Haf i z t Mais à leurs fusils-baïonnettes qu'avons-nous à opposer ? des fusils de chasse.des revolvers et des poignards.

H.Noureddin ; Comptes-tu pour rien la foi, qui fait des miracles ? Hafiz : Le torrent débordé est un rempart.

H.Noureddin : Il s ne traverseront pas.

Hafiz 5 Et s'il s passaient ?

H.Noureddin : Ils ae briBeraient à un second rempart; nos poitrines.

Hafiz : Ta confiance me glace.

H.Noureddin : Heureusement, ton Adil vaut mieux que toi. Hafiz s La vie de mille âmes est dans mes mains. H.Noureddin s Entre les mains d'Allah.

Hafiz î Pourvu qu'Allah soit avec nous !

H.Noureddin : Ah ! l'on me somme d'aller à la mosquée proclamer la guerre sainte ! C'est fait î «île est prêchée contre eux, les Infidèles î II faut que je m'assure moi-méme qu'Adil a bien pourvu à la défense de tous les points

Hafiz !

vulnérables. Adieu.

Si le pont ne sautait pas ?

H.Noureddin : ( après réflexion ) Tu as raison. Il faut tout prévoir.Je vais em­ busquer, tout près, une poignée de mes séides, mes bons derviches.

( Il sort ) Scène IV .

Hafiz .

Hafiz s Pouvais-je ne pas trahir mon anxiété? Mais il n'en a pas deviné le motif.Relisons la lettre de mon Hilmi. ( Il lit )

H Débarqué à Sinope le P Avril ( parlé: Il y a juste quinze jours ) " je me suis enrôlé aussitôt dans un détachement qui partait pour le front " de Beylikflprü "

Beylikflprfl î La route qui travers»le pont des pèlerins,et le bourg d'Agapazar est la route de Beylikflpn'l ! Pourvu que ce bataillon ne soit pas

(11)

celui de Sinope ! (Entre Azize ) Azize • Hafiz • Azize • Hafiz : Azizi s Hafiz • Aziz6 ; Hafi z : Azize • Hafiz : Azize j Hafiz : Azize : Hafiz : Azizi ! Azizi : Adil s Hafiz • Adil : Azizi : Adil : Azize s Adil (sombre) : Seine V . Hafiz, Azizi .

( regardant de tous côtes ) Nous sommes seuls ? Ne crains rien. Il est parti.

Hilmi est là. Où ?

Parmi les nationaux. Qui te l'a dit ?

Eminé vient de l'apercevoir.. Le coeur a des yeux !

..pris du pont.

Près du pont ! Et ce pont va sauter. Sauter !

G'est Adil qui l'a mini. * Hilmi tue par Adil ! Horreur t Il faut chercher Adil.

Dieu soit loui. Le voici !

Scène VI . Memes, Adil . Adil, il faut sauver Hilmi. Hilmi !

Il est de l'autre côté de la rivière. Avec les révolutionnaires t

Devant le pont.

Comment le savez-vous ? Eminé,..

Eminé sait-elle que le pont est miné ?

(Entre Adil )

(12)

( ° ) Adil : Donc,nul ne le sait, que le mufti et nous. Soyez

ne sautera que quand je voudrai et par mes mains.

tranquilles. Le pont

Azize; Ah ? je respire !

Hafiz: Mais en deçà, du pont, il y a...

Adil : Qui ?

Hafiz: Les sicaires du mufti.

Adil • Quel langage, mon père ! Est-ce nous les bandits s'engagera sur le pont ?

?...Qui vous dit qu'Hilmi

Azize; S'il s'y engageait pourtant ?

a Hafiz; Il faut le prévenir, Adil.

Adil : Moi, trahir notre causei.Où est Kmini ? Azize: On sonne. C'est elle.

Adil : Voulez-vous me laisser seul avec elle 7

Hafiz: Toi, mon fils, en tête à tête avec une Musulmane »

Adil : Il le faut.

Azize; Tu sauveras Hilmi ?

Adil : Si Emine...( Il se tait, voyant entrer Emine )

Sc*n. V U . Mêmes, Emini .

Hafiz: Erairie, mon enfant, consens-tu à causer un instant avec Adil 7

s

Emine: Seule ? Jamais.

Azize: Il s'agit d'Hilmi.

Emi ne: Oui.

Scène Vlll . Emini, Adil .

( sortent Hafiz et Azizi )

Adil : Emine, tu sais que ton Hilmi est là 7

Emini: Ton frère.

Adil : Ton amoureux.

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(

10

)

Adil Emi ne • Adil ; Emi ne Auil Emine : Adil : Emine Adil : Emine : Adil : Emine Adil s Emin«? * Adil Emin^ : Adil : Emin«? s Adil : Emine : Adil : Emine : Adil : Emine : Adil i Pour m o i , oui.

Oe n est pas ma faute s'il est là. Y serait-il si tu ne l'aimais pas ?

Est-ce moi qui lui ai dit de s enrôler dans .. Dis, comme eux, toi aussi : dans 1'armée nationale. Sais-je,moi ? Je ne suis qu'une femme.

La fille du mufti ? Et je suis sûr que, de coeur, tu pactises avec

1 1 ennemi.

Pourquoi ce ton agressif, Adil ? Que t'ai-je fait ? Tu le sais bien.

( Elle rougit ) Ecoute, Adil. Ce n'est pas l'heure de parler de ces choses-là.

Puis-je n'y pas songer, moi, quand il est là, tout près de toi , mon rival ?

Ton frère, Adil.

Et quand ce rival est devenu mon ennemi. Ton adversaire, Adil.

Ecoute à ton tour, Eminé. Je t'aime trop pour creuser entre nous deux un abîme...de sang.

Que veux-tu dire ?

La vie d'Hilmi est entre mes mains. Oui, tu peux faire sauter le pont. Comment le sais-tu 9

Les murs ont des oreilles. S'il passait le pont... Que ferai s-tu ?

Mon devoir.

Je n'ose comprendre.

Hilmi n'est plus mon frère; ton père, le mufti l'a dit; c'est un traître à l'Islam.

(14)

(

11

)

Emin£ Et si je te disais, à toi, que tu es un traître à la Patrie ? Adil Toi, aussi, il t'a ensorcelée. C'est bien.

Emine Que vas-tu faire ?

Adil Rien pour le sauver.

Emine Monstre !

Adil Je ne le serais pas, si j'étais aimé..

( Silence )

Emine : Tu étais bon, Adil .

Adil : Je voudrais l'être, mais...

EmineJe t'aimais un peu...

Adil *

Un peu ! par amour pour lui t

EmineEt je t'aimerais encore, ai...

AdilOJL • * • {

Emine : Si tu voulais être un homme.

Adil ! C'est à dire' ?

Emine : Sauve Hilmi. Après...

Adil : Apres ?. . . o .

EmineC'est la guerre. Dieu est grand !

AdilJure-moi que tu ne l'épouseras pas.

( Silence )

EmineS il ne tient qu à moi, j^épouserai celui de vous deux qui sera le

plus grand.

Adil : Je ferai ce que je pourrai.

Emine * Merci, Adieu, A.dil.

( Adil lui baiae la main Adil

«

* Ecoute ton père, Eminé.

Emine Et toi, Adil, écoute ton coeur, (

( Rentrent Hafiz et Azize) Scène IX .

Hafiz

Mêmes, Hafiz, Azizé .

(15)

( 12 ) Eta i ne : Azizé : Etain«? : Tous Hilmi : Azize : Hafiz : Hilmi : Adil : Hilmi Adil : Hilmi : Adil : Hafiz : Azizi : Hilmi : Adil : Hafiz : Hiİmi : Adil : Hilmi : Adil ; J'espère. On frappe.

Il faut que je rentre : maman serait inquiète.

( Entre Hilmi. Surprise générale ) Scène X .

Mêmes, Hilmi. Hilrai !

Vive Allah ? C'est moi. Mon cher enfant ?

Mon fil s ! ( Embrassade. Adil se tient à l'écart ) Papa et maman permettent que je pose un baiser sur le front de

"*s.

ma fiancée ? ( I l baise au front Erainé ) ( à part ) Il s'est condamné.

Et le cher Adil n'embrasse pas son petit frère ? ( Refus )

Viens-tu ici en ami ou en ennemi 7

Je viens vous sauver.

( ironique ) Nous sauver ! Que veux-tu dire 7

Dis-nous d'abord comment tu as pu passer.

A la nage. Je sui3 du club nautique de Qalata-Saray.

( à part ) Nous sommes bien gardés'. ( haut ) Ne crois-tu pas que les femmes sont ici de trop ?

Ta mère f

Eminé f Les femmes turques ont leur place dans les rangs de l'armée nationale.

Cela vous juge. Nous avons, je crois, à parler d'affaires ur­ gentes et confidentielles .

Oui, il faut que je voie immédiatement celui qui prétend arrêter le s troupes libératrices.

(16)

( 15 )

ili liai : Adil s Hafiz ; Hilmi Emine Hilmi Adil Azize Hilmi : Adil î Hilmi : Hafiz : Hilmi Adil Hilmi : Adil : Hafiz Adil : Hilmi : Adil : Hiİmi : Adil : Hilmi s

Toi, mon frèret Moi, ton frère ?

Azizé, Eminé, retihez-vous . ( bas à Eminé ) De tout ce que tu as vu et entendu, pas un mot à ton père .

A bientôt, raa chère Eminé ,

Qu'Allah vous inspire et vous garde tous deux. Un seul est un danger.

Tu l'as dit.

Qu'Allah me conserve mes deux enfants !

( Azizé et Eminé sortent ) Scène XI .

Hafiz, Adil, Hilmi .

Qu'est-ce que je viens d'entendre, Adil ? La vérité.

Et vous, mon père, vous êtes aussi contre nous ? Agapazar est fidèle au Calife.

Meme s'il abandonne la Nation ? C'est impossible.

Même s'il la trahit 7

Traître toi-même '

( Regard menaçant d'Hilmi ) Mes enfants !

Je ne laisserai pas insulter le Vicaire du Prophète.

Je n'ai pas le temps de discuter. Il faut sauver Agapazar. Ses instants sont comptés.

Vraiment !

Dans une demi-heure, nos troupes seront ici. Tu crois ?

Je sais. C'est bien.

(17)

t 14 )

Haf iz Adil Haf iz Adil Hafiz Hilmi Adil Hilmi Adil Hilmi Adil Hafiz Adil Hafiz Hilmi Adil : Hilmi : Adil î Hilmi : Auil : Hilmi : Adil : Hilmi : Adil : Hilmi : Où vas-tu ?

Où le devoir m'appelle.

Tu vas faire sauter le pont ? Pourquoi pas ?

N'y vas pas, mon fils, c'est un crime. Tu vas tuer nos frères. Inutile, te complot est éventé, On a des yeux.

Qui a vu ? Que t'importe ?

Alors, par où entrerez-vous ?

Attends que je te le dise ! Nous vous tenons. En ce cas, tu es notre otage.

Mon fil s •

C'est la cjuerre .

Une guerre fratricide, quelle abomination !

Mon père et mon frère, voulez-vous m ‘écouter un instant ? Si je suis passé seul de ce côté de la rivière, c'est par amour pour vous et pour notre chère cite

Et pour Eminé '

Pourquoi pas ? Oet amour te dèshonorerait-il ? Non, mais.,.

Mai s ?..

Rien. Je t'écoute.

Il y a, de ci de là, dans notre Anatalie, quelques îlots perdus, comme Agapazar, où n'a pas encore soufflé le vent de la Révolution.

Grâce à Dieu t

Qu'Allah te pardonne ce blasphème, mon frère, car.tu ne sais pas ce que tu di s .

Merci ! Le soleil ne se lève que pour Stamboul !

Non pas, mon frère; mais Agapazar est malheureusement aveuglé par le fanati sme.

(18)

(

15

)

Hafiz j Hilmi : Adil s Hilmi ; Hafiz : Hilmi • Adil . Hilmi : Adil : Hilmi : Hafiz : Adil (ir®niqu«)t Hilmi : Hafiz ; Hilmi ; Hafi z : Adil î

Je suis un fanatique, moi, ton pore ! Il y en a à la mosquée et au telcké. O 1est cela, blasphème la religion. Le fanatisme exploite la religion. Où veux-tu en venir ?

Savez-vous que la moitié de l'Anatolie est sous le joug grec ? Tu mens.

Savez-vous que la Nation s'est levée en masse , que, déjà, 100.000 Turcs sont aux prises avec les Grecs, et ne les lâcheront qu'après les avoir jetés à la mer Egée ?

Et le Padischah n'en sait rien, peut-être ? Il le sait.

Et que fait-il 7

Il se croise les bras »

Il est prisonnier des Ailiés.prisonnier des Grecs,à qui Sainte Sophie a été promise, peut-être même Stamboul.

O'est vrai ?

Je le sais, peut-être. C'est pour cela que moi aussi, après tant d'autres, je me suis évadé de Stamboul, que j'ai répondu à l'appel du Sau­ veur de la Patrie, de Celui que déjà nous acclamons du nom de Gazi.Car la Victoire commence à déployer ses ailes au dessus de nos armées. Pendant

que Moustafa Kemal Pacha ressucite l'âme nationale, ses lieutenants, - et le plus grand d entre eux est Ismet Pacha - contiennent l'envahisseur en at- tendant de le refouler.il attend î nous y courons. Et c'est à cette heure d'angoisse nationale que des Turcs, au lieu de se joindre à nous, de nous porter au front sur leurs épaules, veulent nous barrer la route, la route du devoir, de l'honneur, de l'indépendance. La voyez-vous, la trahison ?

Si nous nous trompions, Adil ?

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( 16 )

Hilmi : Adil Hilmi : Adil Hilmi Hafiz ? Hiimi : Hafiz : Adil : Hilmi : Adil Hilmi : Adil : Hilmi :

Entre Agapazar et la Nation je n'hésite paq,moi î je suis avec la Nation.

Et moi, avec le Oalife, interprète du Coran» voix d'Allah. Prouvez-moi que le Calife est contre noua ?

Il a condamné à mort votre héros.

Non pas lui, mais ses ministres, vendus à l'Angleterre, comme les juges de Jeanne d'Arc,

Il a promis de venir se mettre à la tête de ses fidèles.

Est-il venu ? S'il pouvait s'échapper, c'est à la tête de l'armée natio­ nale qu'il marcherait, derrière 1*Etendard du Prophète, contre les Infidèles . Mais, je vous le répète, l'Etat turc a laissé tomber ses rênes aux mains de l'Etranger, surtout de l'Angleterre, patronne de la Crèce.

Il faudrait dire tout cela au mufti.

..Qui répondrait : le Calife règne en maître à Stamboul, sous l'égide amicale des Puissances, qui protègent sa liberté; la Grèce ,ayant outrepassé le mandat des Alliés, est lâchée par eux , et se retire, le nez bas; la Tur­ quie gagnera par la diplomatie ce qu'elle perdrait sûrement par la guerre.

Et qu'avons-nous à gagner par la diplomatie, qui nous a déjà dépossé- dés des plus belles régions de l'Anatolie, et qui a rivé plus rudement que jamais à nos fronts vaincus le joug de l'esclavage économique et politique, les odieuses capitulations ?

Et qu'espérez-vous gagner par la guerre ? L'armée turque a été dés­ armée .

Elle a retrouvé et repris ses armes. Mais elle n'est pas avec vous.

Non,ce n'est plus l'armée d'hier, l'armée des Sultans abâtardis et des pachas impotents, c est la Nation entière, jeune et libre qui se lève en

armes.

(20)

Hilmi : Adil . Hilmi • Hafiz : Adil ; Hilmi : Adil : Hilmi : Hafiz : Adil : Hilmi : Hafiz : Adil : Hilmi • Hafiz : Adil : Hafiz : Hilmi : Adil

Elles affluent du Nord et du Sud. Telle puissance qui sourit offi­ ciellement à l'Angleterre, nous soutient sous main.

Tu veux parler de la France.

Quelques années d'inimitié n'ont pas pu effacer quatre siècles d ' ami ti é .

Il faut aller voir le mufti.

De quelle mission t'es-tu chargé ?

De faire appel à votre raison, à votre patriotisme, de vous persuader que cette résistance est inutile, criminelle, dangereuse, .

Une poignée de brigands pense faire peur à 10.000 citoyens.

Oui, 10.000, y compris les vieillards, les femmes et les enfants . Ayons pitié de nos concitoyens. Fpargnons-leur une boucherie abominable.

Hilmi a raison, Adil. Bravo ? Mon père déserte '

Et tout Agapazar déserterait s'il connaissait la vérité.

N'y compte pas trop, Hilmi. Ce peuple est troupeau, et son berger, ce n'est pas moi, c'est le mufti.

Et pour Allah et son Prophète, tout Agapazar se laisserait conduire à l'abattoir.

Les yeux fermés.! Mais tu sais bien, toi, que la religion ne défend pas la raison. Qu'avons-nous fait pour qu'Allah veuille notre asservisse­ ment ? L'indépendance de la Turquie, c'est l'honneur de 1'Islam. Notre

cause est donc la cause de Dieu.

Oui, Hilmi a raison. Oui, mon fils, tu as réveillé ma conscience en­ gourdie,.Je vois mon devoir, maintenant. Adil, il faut..

Quoi ?

Que demandes-tu, Hilmi ?

Libre passage à nos troupes, d'abord.Car suspendre notre marche, c'est retarder la victoire.

Ensuite 9

(21)

( IB ) Hilmi s Vous avez reçu notre ultimatum. Voua en savez les clauses ?

Adil Les accepter serait reconnaître une autre autorité que celle de notre souverain, le Calife.

Hilmi : Au dessus du Sultan, il y a la Nation. Adil Aii dessus du Sultan il n'y a qu’Allah.

Hiİmi j Assez de paroles. Que dois-je repondre à notre chef ? Je vous préviens qu’il s'impatiente,

Hafiz : Que je vais tenter de convaincre le mufti. Toi, de ton côté, tâche de retenir quelques heures encore les armes de tes camarades.

Adil : Mon père a parlé pour son compte, mais non pour le mufti ni pour moi . Si noue capitulons, ce serait sous certaines conditions.

Hilmi ; Dis-les,

Adil : La première ne regarde que nous deux.

Hafiz : Pas tant de mystère, mes enfants.J1ai lu dans vos coeurs. Le proverbe occidental a raison : Cherchez la femme ! Vous êtes rivaux en amour.!

Hilmi : Adil aimerait Eminé ! Adil s Elle n'est pas ta femme. Hilmi : Et elle t'aime !

Adil : C'est mon affaire.

Hafiz : Mes enfants, mes pauvres enfants, à la guerre nationale, à la guerre civile, allez-vous ajouter une guerre fratricide ? Ayez pitié de noue ! pitié de votre mère et de votre vieux père !

Hilmi : Je ne quitterais pas Agapazar que cette affaire n'ait été vidée.

Hafiz s ( Appelant ) Azizé !

Hilmi : Pourquoi ?

Hafi z : Parce que, sur ces questions, mes enfants, les mamans ont des lumières qui manquent aux enfants, même aux pères.

( Entre Azizé ) Scène Xll

Mêmes, Azizé .

(22)

Hafiz : Azize ; Hafiz • Azize : Hafiz : Adil : Hilmi s Adil : Hilmi : Hafiz Hilmi î Hafiz s Aziz6 s Hi İmi : Adil s Hilmi : Hafiz ; Hilmi i Azizé : Hafiz : Azize : Hilmi : Adil :

C'est sur notre maison qu'il éclaté. Sur notre maison ?

Nous l'avions devine s nous deux fils se disputent Eminé.

Voilà ce que c'est que ces moeurs occidentales. Si on n'arrachait pas le voile aux jeunes filles, ces malheurs n*arriveraient pas. Votre père et moi, nous nous sommes aimés après le mariage. Ainsi le veut la Loi Sacrée.

Et nous nous aimons toujours. Le mal est fait.

j'ai vu Eminé^ le premier. Le premier, je l'ai aimée. J'ai pour moi le droit d'aînesse.

Le droit d'aînesse en amour !

Et le droit des parents, qu'en faites-vous ? N'en ont-ils aucun ? Sur nos coeurs, aucun.

Voilà que la Révolution a pénétré jusque dans les âmes t La Turquie est perdue.

Ecoutez, mes enfants. Vous vous marierez selon la loi sacrée.C'est votre mère qui voue choisira vos femmes.

J'ai choisi la mienne, et elle m'a choisi. C'est nous qui nous marie­ rons, non pas vous. C'est la loi de la nature, donc la loi de Dieu.

Et la loi du Prophète, qu'en fai s-tu ?

Si le Prophète revenait parmi nous, il parlerait comme moi . Pauvre Turquie '

Ne plaignez pas notre Patrie. Elle est en marche vers la Lumière, la Civilisation, la Vérité. Et nous avons un guide sûr, à l'oeil d'aigle, au coeur de lion !

On frappe.

Pourvu que ce ne Boit pas le mufti ! C'est lui. Cache-toi, mon H.ilmi,

Au contraire. Je suis bien aise de le voir. Moi aussi.

(23)

Scène Xlll .

( 20 )

H.Noureddin : Hilmi : Adil ; H.Noureddin ; Hilmi : H.Noureddin • Adil : H.Noureddin : Hilmi : H.Noureddin : Hilmi : H.Noureddin : Hilmi : H.noureddin •. Adil : H.Noureddin : Adil : H.Noureddin : Hilmi : H.Noureddin : Hilmi : H.Noureddin : Hilmi :

Mêmes, Hadji Noureddin. Hilmi ici »

Pour recevoir votre bénédiction, hodja. Il vient du camp des révolutionnaires.

Lui ! Que faisait-il parmi les ennemis de la religion ?

Les vrais ennemie de la religion,ne sont pas hors de la ville. Quoi ! tu ne viens pas tious défendre ?

Il vient pour enlever Erainé.

Qu'il la mérite d'abord en participant à notre guerre sainte.

Qui ose appeler sainte une guerre contre les Turcs ? Il n'y a de sainte que la guerre contre les ennemis de la Turquie et de l'Islam, les Grecs.

Mon f ils, je le vois, l'air d'Europe t'a infecté des miasmes révolution­ naires. Reste parmi nous et tu reviendras à la foi de ta famille et de ta cité natale. D'ailleurs, tu es avec nous} nous te garderons.

Si je veux. Je l'ordonne.

Si je reste ici, malheur à vous ! Que signifie...?

Je vous expliquerai.

Que fais-tu ici, toi, quand les défenseurs d'Agapazar attendent les ordres de leur chef ?

j ‘y cours. Mais promettez-moi que votre fille n'appartiendra pas à ce renégat.

Ma fille sera à celui qui sauvera la cité. Je la sauverai malgré vous.

Hafiz efendi, ton fils est notre prisonnier. Tu en réponds sur ta tête. Qui ose commander ici, chez moi ? Pere, debarrassons-nous de ce tyran. Nous nous reverrons demain.

Je le crains, pour vous.

( Hadji Noureddin sort ) R I D E A U .

(24)

( 21 ) A C T E 1 1 .

( Le torrent passe )

Devant la mosquée. A quatre heures du matin. Scène 1 .

Hadji Noureddin, Hafiz .

( Pendant yette scène, on entend la voix du muezzin qui, du haut du minaret appelle à la prière :

Allshü ekber ! ( ouater )

Allah ilah ilahe illallah ( bis ) Eşhedıl ennemuhameder resulüllah (bis ) Hayyale8selah ( bis )

Hayyalelfelah ( bis ) Allahû ekber ! ( bis ) La ilahe illallah t

H.Noureddin î Donc,tu l'as laissé fuir ? HafizQue pouvait un vieillard ?

H.NoureddinPère sans énergie et croyant sans foi !

Hafi z « A chaque vase Dieu verse sa mesure.

H.NoureddinPourvu qu'il n'ait pas repassé la rivière !

Hafiz : C'est une anguille : il aura glissé, encore une fois, entre les main H.Noureddin des nôtres .

H.Noureddin Et tu t'en réjouis f

Hafiz C'est mon fil s .

H.Noureddin Ah ! si je le tenais !.. Hafiz S'il était ton fils...

H.Noureddin S'il était mon fils, il serait mort.

Hafi z Pourtant Eminé...

H.Noureddin Eminé n'est qu'une fille. Les femmes n'ont pas de raison.

(25)

! V H.Noureddin : Hafiz H.Noureddin : Hafiz H^Noureddin : Hafiz H.Noureddin : Hafiz H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin : Hafiz(à part): H.Noureddin : Hafiz H.Noureddin : Hafiz H.Noureddin Hafiz H.Noureddin Hafiz H.Noureddin Hafiz

Pas toi. C ‘est naturel. Donc, inutile de compter sur toi. Tu te re­ tires sous la tente.

Je fais ce que je puis, ce que je dois. J'ai organisé là, à 1 école, un poste de secours pour les blessés. Je reste ici.

Les bras croisée ?

Non, les yeux au ciel, en prière. Héros !

Il y a peut-être plus de courage à te résister qu'à te suivre. Je ne donnerai pas d'ordres.. "

Je l'espère bien . ..Ni même de$ conseils. "Jous n'en avons pas œsoin.

Puisque même mon Adil y reste sourd. Adil est àm homme.

Son esclave ! ( haut ) Ou est-il ?

Il a passé la nuit sur le front de bataille à galvaniser ses troupes. Nous somme prêts.

Et en face ?

On semble hésiter. Et pourtant tout est contre nous. La digue d'en bas a crevé; et les bandits ont profité de la nuit pour en élever une autre, en amont, au pied de la montagne.

En sorte que la rivière est à sec : le torrent de Dieu s'est écoulé. L'autre ne passera pas.

Si Allah est avec vous.

Tu peux en douter, toi, âme de mouton ' Si nous entrions dans la mosquée ?

Ma place, ce matin, est au milieu de nos héros, et,s'il le faut, de nos martyrs.

( Fusillade )

La fusillade commence. Pour Allah et son Prophète, à la victoire f Ou à la mort ! Mes pauvres enfants ! Ma pauvre cité !

9.2

)

(26)

Scène 11

(

3

?

)

•v

•\ • ‘ ■ X, ,*J 1. Vieillard:

( fendant cette scène et les suivantes, fusillade continue ) Hafiz .

Turcs contre Turcs ? Frère contre frère î Et c'est cet homiae nui veut ce massacre ! Et je suis son complice J . . .11 n'était plus en ma puissance de freiner le mouvement que j'avais aidé à déchâiner. Horreur f Malheur à lui ! Malheur à moi !

( Passent deux vieillards ) Entends-tu ?

2. Vieillard* Qu'Allah garde mes deux fils ! 1. Vieillard; Le mien est en face des Grecs.

2. Vieillard: Tu es heureux, toi. Les miens aussi voulaient y aller. 1. Vieillard: Et pourquoi sont-ils là, contre des Turcs ?

2. Vieillard: Allah l'a voulu. Le mufti me les a pris.

Hafiz : Et les deux miens qui sont là, l'un contre l'autre ! 1. Vieillard: Ton Hilmi est revenu ?

Hafi z : Pour notre malheur !

2. Vieillard: Qui sait i Dieu est grand !

1. Vieillard: Entrons dans la mosquée et prions Allah de désarmer les frères ennemis. Hafiz : Allah est tout puissant et tout miséricordieux : qu'il vous entende !

O

( Les deux vieillards entrent dans la mos- ( quée. ) ( Entre Eminé )

Scène 111 . Hafiz , Eminé .

Hafiz : Toi, Eminé 1 N'étais -tu pas enfermée ? Eminé : Où est mon père ?

Hafiz : Pourquoi as-tu quitté la maison ? Eminé : Où est mon père ?

Hafiz : Il va revenir, mon enfant

Eminé : Il est dans la mosquée ? ( Silence ) Non ? Malheur f On va me le tuer ! ( Elle va pour partir, puis revient ) Et Hilmi ?

(27)

(

24

)

Hafiz • Emi né • Hafiz ; Emin é : Hafiz ;

Où veux-tu aller ? On se tue par là. Je ne veux pas qu'ils meurent.

Où vas-tu ?

Sais-je, moi 7 Voir, les séparer, les désarmer, mourir ! Eminé ! Eminé ! ( Elle sort )

Elle aussi ! Si j ‘étais jeune, que ferais-je, moi ? ( Entre Séid) Seid • Hafiz : Seid Hafiz • S<£id * Hafiz • S£id ; Hafiz j Seid ; Hafi z ; Seid t Hafi z : S6id : Hafiz ! Seid : Hafiz (l'embrasse ): S<Sid : Hafi z : Seid : Hafiz : Seid ; Scène V . Hafiz, Séid . Papa, que fais-tu là ? Et toi, mon petit ?

Maman a peur. Où sont mes frères ? Allah le sait.

Crois-tu qu'ils vont se tuer l'un l'autre, papa 7

Pourquoi ?

Ils étaient si fâchés, hier soir t Lequel des deux a raison ? Allah le sait.

C'est la guerre, ça ? Que c'est méchant ! Oh ! oui.

Pourtant, je voudrais être grand, moi aussi. Pour tuer ?

Pour défendre mes frères. Lequel ?

Tous les deux . Cher ange !

On dirait que la fusillade se rapproche. Oui, ils avancent.

Qui, papa ? Les Grecs 7

Non, mon fil9.

Alors, qui ? Les bandits ?

(28)

Seid j Hafiz •

Regarde, papa. Ces deux femmes, qu'est-ce qu'elles portent ? Un blessé.

( Passent deux femmes, transportant un blessé ) ( R*5 Séid : Hafiz : Une femme : L'autre : Voix du blessé Seid Hafiz • Seid : Hafiz : S^id : Hafiz : S^id • Hafiz : S^id : Hafiz : Seid : Hafiz (a part) Scène VI .

Mêmes, deux femmes, un blessé .

Il est tout sanglant, papa. C'est dégoûtant. Pourquoi qu'on l'a tué ? Femmes, déposez ce blessé là, à l'école. Le docteur y est, avec des infirmières. Qui est-ce ?

Mon fila ! Mon frère !

Malédiction sur ce mufti !

( le cortège passe ) Scène Vil .

Hafiz, Se'id .

C'est Hadji Noureddin qui l'a tué, dis, papa 9

Rentre auprès de ta maman, Séid. Ce n'est pas pour les enfants, cela. Je veux voir, papa. C'est drôle f Ça me fait froid dans le dos.

Cache-toi làî¡derrière la colonne. Pourquoi 9

On pourrait te tuer.

Mais je ne fais pas de mal, moi ! Et eux ?

Alors, pourquoi qu'ils se battent ? Tu ne peux pas comprendre, mon enfant. Et toi, papa, est-ce que tu comprends ? Voix de l'enfance, voix du Ciel.

( Des femmes passent en courant )

Séid :

Scène Vlll . Hafiz, Séid, Femmes .

Oh ! papa, des femmes qui courent. Où vont-elles ? Demande-leur si elles ont vu mes frères.

(29)

( 26 ) Hafiz . 1 . Femme : 2. Femme • iß. Femme • 2. Femme ; 1. F emme • Hafiz 1 . Femme 2. Femme : 1. Femme ' • Hafiz : Séid : 2. Femme : Hafi z : Seid Hafiz Seid Hafiz Séid Hafiz Seid Hafiz Seid

Femmes, où courez-vous ? Où nous cacher ?

Les balles transpercent nos jalousies.

Une m'a sifflé aux oreilles. Je crois que je suis blessée. i

Non.

Et mon mari qui est là-bas î

i

Où se bat-on ?

Ils ont franchi la rivière en trois endroits. Ils avancent de partout, et en ordre, vous savez. C'est épouvantable.

Nous sommes perdus.

Qu'est-ce qu'ils vont nous faire ?

Oe sont des Turcs. Réfugiez-vous dans la mosquée. La maison d'Allah est sacrée. Pour y entrer, il faudra qu'on me tue.

Tuer papa ! Ah f mais n o n .. Je suis là. Il y a beaucoup de morts.

Taisez-vous et priez Allah.

( Elles entrent dans la mosquée ) Scène IX .

Hafiz, Séid .

Pourquoi que tu les as grondées, papa ? Comme si elles savaient quelque chose *

Ecoute, papa. C'est de plus en plus fort. Et c'est tout près, Ce que maman doit avoir peur !

Et toi ?

Oh ! moi,non ; je s\jis près de toi.

( La fusillade cesse ) Tiens !

Plus rien. J'ai peur. Dieu soit loué ! C'est déjà fini ?

(30)

( ¿7 )

Hafiz : Ça t amusait ?

Séid ; Oh ! non, mai s...tout de même » Hafiz ; Oh ! Dieu, fais que ce soit la fin ! Séid ; Adil et Hiim i vont revenir, dis ’

Hafiz ; Dieu veuille !

'•

Scène X . Hafiz, Séid, Blessés,

Seid : Papa, encore un blessé ! Deux 1 Trois, quatre, cinq ah i Hafiz : Pauvres gens ? Mon Dieu, pardonnez-moi.

Séid - Tu pleures, papa !

Hafiz : A l'école, mes enfants î C'est fini ?

Voix : Grâce à votre Hilmi.

Seid : Grâce a Hilmi, papa ?

Hafiz : Et Adil ?

Voix s Oh ! celui-là ?

Seid : Papa, il y en a un qui a montré le poing : tu as vu ?

Hafiz : Et le mufti ?

Voix ! Il fuit avec ses derviches du diable.

Seid : Regarde, papa, ils viennent. Ils n'ont pas l'air contents

Hafiz : Les malheureux '

Séid ! Il s ne se sont peut-être pas battus, eux ?

Hafiz î Pourquoi ’

Séid : Puisqu'ils ne sont pas morts.

Hafiz : En tout cas, ils ont été battus. Dieu est bon.

Séid : Il est méchant, dis ?

Hafiz : Qui ?

Seid : Le papa d'Eminé.

Hafiz : Qu'Allah le juge !

( Passent Hadji Noureddin et quelques derviches . )

(31)

Scène XI .

(

28

)

Hafiz : H.Noureddin ; Hafiz : H.Noureddin • Hafiz : H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin • Hafiz(à lui-même) : H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin : Hafiz ; H.Noureddin : Hafi z : H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin : Hafiz : H.Noureddin.:

Mêmes, Hadji Noureddin, Derviches. C'est fini ?

Non pas. Pourtant..

Noua noua replions, oui. Allah le veut. Mais nous avons lutté en lions. Qui ? Vous ?

Nou s , les soldats d'Allah. Où sont vos armes ?

Notre arme à nous, c'est la prière. Il

Plut au Ciel ! ( haut ) Vous n'avez pas été blessé ? Pas encore.

Qu'allez-vous faire maintenant ?

Entrer dans la maison d'Allah, pour le défendre. Puisse-t-il vous défendre, vous !

Je ne te demande pas de nous accompagner. J'attends mes fils.

Lequel ? Les deux .

Le héros et le traître !

Le vainqueur et le vaincu. Oe sont mes enfants. Allah est grand \

( Ils entrent dans la mosquée )

Hafiz

Séid Hafiz

Scène Xll . Hafiz, Séid .

De quel ton lugubre, il m'a dit, les yeux au ciel : Allah est grand ! Un malheur plane sur nous.

Qu'as-tu, papa 9 Tu trembles t Est-ce que tu as peur ?

L'épée de l'ange des ténèbres est suspendue sur nos têtes. Prions , mon enfant.

( Il se prosterne. Séid aussi) ( Entre Aziz )

(32)

( 29 )

Scène X111 .

Mêmea, Aziz . Aziz (accourant) Le mouhtar ?

( Hafiz et Séid se relèvent ï

Hafi z Qu'y a-t-il, voisin ?

Aziz J'aime mieux vous trouver ici que là dedans.

Haf iz Pourquoi 9

Aziz C'est Hilmi qui m'envoie.

Hafi z Il est vivant 9

Aziz S'il est vivant ! C'est lui, notre sauveur.

Hafi z Et Adil ?

( Silence )

ilafiz Adil ?

Aziz Enfin !

Hafiz Parleras-tu ?

Aziz Pendant que ça pétardait des deux parts, il a file dans la vigne de Hadji Noureddin.

Hafiz Il a fui ?

Aziz On ne l'a pas revu.

Hafiz Allah le miséricordieux '

Aziz Où est le mufti ’

Hafiz Dans la mosque'e.

Aziz Et ses derviches ?

Hafi z Avec lui .

Aziz Bien. Qu'ils y restent. Voici l'ordre.

Hafiz De qui ?

Aziz D'Hilmi, enfin, du chef national : 11 Que personne n'entre là, ni

t , ,

n'en sorte. Tous ceux qui sont dans la souricière sont flambes.

Hafi z Et moi ?

(33)

Aziz C'est bien entendu, hein ’ Ils sont en gage. S'ils échappaient, Hafiz Azi z Seid Hafiz Seid Hafiz Seid Hafiz Aziz Hafiz Aziz

vous paierez pour eux.

Mais il y a là des vieillards, des femmes. Si je les prévenais " (lardez-vous en bien. On pourrait vous prendre avec les coupables. Qu'est-ce que ça veut dir-e, papa ? J'ai peur.

0our3 à la maison. Dis à maman que noua sommes -sauvés..par Hilmi, et que tes deux frères,,sont vivants, ( à Aziz ) n'est-ce pas ?

( Aziz hausse les épaules ) Oui, papa. Mais qu'as-tu à pleurer ?

Il C'est...de joie.

Ah ! ce que maman va être contente !

( Séid sort ) Scène XIV .

Hafiz, Aziz .

Et maintenant’, "dis-moi la vérité : Adil est mort ?

Qui vous dit cela ’ Il a disparu. C'est tout ce que je sais. Que s'est-il donc paesé, que la fusillade s'est tue comme par miracle ?

Je vais vous dire, mou'ntar efen.di . Il y avait déjà du flottement parmi les nôtres. Pensez donc : des paysans, à peine armés, efle défendre contre des soldats, des vrais, et des Turcs. Des moutons contre des loups quoi !0n reculait, en tirant mollement. Et il en tombait du monde, de nôtre côte, je dis. Tout à coup, sur notre droite, on ne sait d'où, âônne un cri formidable : " Cessez le feu ? "

Presque instantanément, l'ordre est obéi, dans les deux camps. On regarde autour de soi, stupide. Quelques secondes, et, devant nous paraît devinez qui ? Votre Hilmi, en uniforme de l'armée nationale, kalpak en tête, superbe. Ahurissement général. On écoute.

(34)

( ?ı )

vous a jamais eu a se plaindre du père, qu'il tue le fils ! "

Vous pensez si on était ému. Pourtant une voix s'éleva pour crier: " Tuez-le ! »

Hafiz : Qui a osé ?

Àziz : Le mufti.

Hafiz(soupirant) : Ah !...Alors 7

Arif : Alors ,une tempête de hou ! hou ! de cris $ " Assassin ! Sauvage ! “ accueillit cet ordre barbare. Et le mufti a dû s'enfuir sous les huées, avec

ses sbires les derviches. Hilmi a continué à peu près comme ceci :

" Ceux qui sont en face de vous sont vos frères, Turcs comme vous, musulmans comme vous. Allah et son Prophète leur ont commandé d'aller chas­

ser les Grecs infidèles du sol sacré de la Patrie. Et au lieu de leur ouvrir les bras, de les couvrir de fleurs, ces patriotes à qui le Calife a envoyé sa bénédiction..."

Au nom du Calife, quelques rumeurs ont couru parmi nous . Hilmi a re­ pris plus fort :

" Oui, camarades, le Calife est avec nous. Et la preuve, c'est que le prince héritier a demandé l'honneur de servir dans nos rangs. Je le sais , moi qui viens tout droit de Stamboul "

Cette déclaration a eu un effet magique. Les armes nous sont tombées des mains.

Ceux qui ont eu le sang-froid de réfléchir ont compris qu'il y avait là un coup concerté entre ton Hilmi et le chef du bataillon. Un coup de maître, où je vois le doigt d'Allah. Car, dans le camp d'en face, l'ordre a

été répété et obéi. Je l'ai entendu.

Voilà. Hilmi, nous voyant désarmés, est allé vers son commandant. Puis il eBt revenu vers nous, m'a aperçu et m'a chargé de ce que je vous ai ait.

Hafi 7. :

Etes-vous content, mouhtar efendi 7

(35)

(

52

)

Aziz : Hafi z Aziz Voix d'Eminé ! Hafiz :

Tiens ? Encore un blessé qu'on apporte. F1est-ce pas Eminé qui l'accompagne ?

Pourvu que ce ne soit pas lui ! C'est lui ! Qui ?

Il n*est pas mort I Merci , mon Dieu ?

( Entre Adil, porté sur un matelas par deux hommes. Emiine à côté . ) Hafiz(se penchant Adil : Hafiz : Adil : Emine : Hafiz : Adil : Hafiz s Emine : Hafiz s Adil 5 Hafiz : Aziz : Hafiz s Scène XV . Mêmes, Adil, Eminé, Porteurs .

) : Ce n'est pas trop grave, mon enfant ? Tu souffres beaucoup ? A peine, mais...

Ou es-tu blessé ?

Qu'importe ?...Je suis un criminel...Hilmi...un héros !.. .Pardonnez-moi, mon père, et vous , Eminé.

Pauvre ami !

Mais tu ne vas pas mourir, mon enfant. Je veux...mourir. Tuez-moi I

Que dit-il, Eminé ?

Il délire !.. Où voulez-vous qu'on le transporte, à l'école ou chez vous? Mieux vaut à l'école. Que sa mère ne le voie pas en ce moment. A tout a l'heure, mon cher enfant ! Je dois rester ici.

Pourvu que vous viviez, vous !

Moi ? C'est vrai, je suis responsable. Aziz, accompagne mon enfant. Pour vous faire plaisir, à vous.

Eminé, je voudrais te dire deux mots.

( On emporte Adil . Aziz sort avec le convoi )

Eminé

Scène XVI . Hafiz, Eminé . OÙ est mon père ’

(36)

(

55

)

Hafi z : Emine ; Hafiz : Emine : Hafiz : Emine : Hafiz : Emin£ î Hafiz : Emini : Hafiz : Emine : Hafiz : Emine : Hafiz : Emine : Hafiz : Emine : Hafiz : Emi ne s Hafiz : Emine : Là, en sûreté.

Gomme vous dites cela ! Il est sous ma garde. Prisonnier ?

Je ne l'ai pas dit. Je vais le voir.

Sur ta tête, n'y vas pas.

Vous m'effrayez. Il est en danger ?

Pas plus que moi. Mais n'y vas pas, je t'en conjure. Pour lui et pour toi Quel mystère ? Il est vivant ’

*

Oui, mon enfant. Mais, dis-moi. C'est dans votre vigne nu'Adil a été blessé ?

Oui, pour me sauver. Gomment ?

L'inquiétude, la curiosité - on est femme i - m'avaient conduite là-bas. D'un kiosque de notre jardin, j'observais. Des balles, de temps à autre me sifflaient aux oreilles. Je puis dire que j'ai vu la guerre : ce n'est pas beau. Un moment, j ai mis la tête à une fenêtre. Mes yeux rencontrent ceux d'Adil..D'un bond, il est dans notre verger. Il se précipitait vers moi,quand une balle l'a atteint entre les épaules.

Pourvu que le coeur soit intact ?

Il est tombé aussitôt. C'est alors que le feu a cessé, vous savez com­ ment .

Je sais, Hilmi...Tu 1'as entendu ? Oui, Qu'il était beau !

Et tu as entendu aussi le cri : " Tuez-le " ? Oui.

Tu sais qui l a poussé, ce cri ? Non; quel est le monstre ?

Il vaut mieux que nous l'ignorions, mon enfant. Hafiz :

(37)

( 5* ) Emi ne • On ne vous 1 1 a pas nomme

( Silence ) Hafiz ; Emine : Hafiz : Eminé : Hafiz : Eminé : Hafiz s Eminé :

Ce n'est pas mon père, au moins ? Tu supposerais ’

Pauvre père * Il est si aveuglé par le fanatisme. La foi lui étouffe le coeur. Jurez-moi que ce n'est pajlui.

Mon enfant, il ne faut juger personne. Dieu seul lit au fond des coeurs.

il a dit cela ! Et je suis sa fille ! Et j'aime.,.j'aimais Hilmi ! Que je spis malheureuse !

( Elle pleure ) Ne pleure pas,mon enfant. Nous t'aimerons bien. Pourquoi dites-vous : nous t'aimerons bien ?

Ne fais pas attention à mes paroles, ma pauvre Erainé. Tous ces évé­ nements m'ont troublé au point que je ne sais plus ce que je dis. Ce coup de folie nous a coûté tant de vies !

Et sans le dévouement héroïque de notre cher Hilmi...Il est tombé au milieu de la mêlée comme un ange du ciel !...Pauvre Adil !...Pensez-vous

Hafiz : Erainé : Hafiz î Eminé : Cris : Voix de femmes : Cris : Erainé : Cris : Voix d'Hilmi :

qu'on pardonne à la ville ?

A la ville, peut-être, mais... Pauvre papa ! Pauvre papa ! Quels sont ces cris ?

C ’est iïilmi.qui arrive comme porté par le peuple. Vive notre sauveur !

Qu'Allah bénisse son père et sa mère ! Mort à l'assassin ! Au diable le hadji ! Mon père ! Mon père !

Où est'il ? Qu'on le tue !

Voilà sa fille ! La fille, où est ton bourreau de père ?

Amis, soyons humains. Cette enfant souffre plus que vous. Retirez-vous, Justice sera faite.

Eminé : Justice !

(38)

(

55

)

Scène XVI1 Memes, Hilmi .

Hafiz( embrasse Hilmi ): Mon fils, je suis fier d'avoir donne à la Turquie un fils tel que toi, Hilmi : Emi Hilmi : Emi ne s Hilmi :

Ce n ‘est pas toi, hélas ! qui m'as donné à la Turquie. Hilmi, si j'osais, je te baiserais les pieds.

Pourquoi n'es-tu pas auprès d 'Adil ?

Que tu es dure, Hilmi, pour une pauvre malheureuse ? Son père est là ?

Eminé ; Hi lmi : Hafi z

( Hafiz s'indine ) Hilmi, tu ne m'aimes plus ?

Adil n'est pas mort ?

Aziz efendi va nous le dire. ( Entre Aziz ) Aziz Hafiz Hilmi Hafiz Hilmi Aziz Hilmi Hafi z Hilmi Hilmi Hafi z Scène Xvlll Memes, Aziz .

Il va mal. Le docteur dit que la balle a troué le poumon. Mon pauvre fils.

Mieux vaut cette mort-là. Que dis-tu ?

Q Je réfléchis.

Il réclame son frère Hilmi. Moi ? Pourquoi pas Eminé ?

Tais-toi, Hilmi. Tu vas tuer cette enfant. C'est sa fille !

( il montre la mosquée ) ( Eminé tombe à terre )

Aziz, transporte cette enfant chez 8a mère..Il faut que je voie Adil pour savoir si je puis leur pardonner, à tous deux.

Q u ’as-tu à pardonner à cette martyre qui t’aime de toute son âme ?

(39)

Hilmi • • » Hafiz Hilmi Hafiz Hilmi Hafiz Hilmi(

Entre elle et m o i , il y a déjà trop de sang. Qui sait si ce soir Entre elle et moi, tout est fini.

Tu parles en soldat, mon f’ils. En Turc.

Sois un homme.

s ^

Des leçons, de toi * Ecoute, pere. Apprête-toi a recevoir comme il con vient, en père d'Hilmi, les soldats de la Patrie. Les entends^tu qui viennen Moi, je vais voir les blessée, et je reviens.

Aie pitié de ton frère.

lui-même) ! Pauvre Eminé ! Ah ! si le doute ne me rongeait pas le coeur ?... ( Il sort )

chantant )

Scène XIX .

Hafiz, seul ( écoute la marche des soldats qui défilent en

Marche.

Tant qu'un toit, qu'une chaumière Chez nous fumera,

Le Croissant dans la lumière Des cieux flottera. Etoile de la Patrie, Jamais la folle furie

Ah ! ( ter )

Des intrus yle t'eteindra.

A notre race héroïque

Souris, 6 Croissant ! Car c'est pour toi que, stoïque,

Je verse mon sang.

J'ai bien le droit d'être libre ? Qui pour la Vérité vibre

Ah T ( ter )

Referanslar

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