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Yahya Kemal Beyatlı, 1884-1958

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Tam metin

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1~

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Du tem p s où Jaurès avait une voix d'airain Un dieu vivifiait le bronze, c’était Rodin La poésie était un plaisir m agique

Dans l'absinthe de Verlaine et l'opium Beaudelairien Ainsi ai-je passé m on tem p s à Paris

Au ve n t de l’idéal libre fu t ma vie

YAHYA KEMAL BEY ATLI

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Y A H Y A KEMAL B E Y ATLI

1884-1958

C élèbre poète tu rc, un des d ern ie rs à avoir u tilisé la p ro ­ sodie de « l’arouze » en lui d o n n an t une im pulsion nouvelle p ar la purification de la langue et le renouvellem ent des im ages.

Il fit ses p rem ières études en T urquie puis, à p a r tir de 1903, en F rance, au collège de Meaux d ’abord, à l’école des Sciences p o litiques ensuite. Il suivit passio n n ém en t les cours d ’Albert Sorel et p artic ip a à la vie litté ra ire de la capitale. C'est à la Closerie des Lilas q u ’il re n c o n tra Jean M oréas et bien d ’a u tre s célébrités de l’époque.

Il revint en T urquie en 1912 où il se consacra à l’enseigne­ m ent universitaire. Ses poèm es élarg iren t rap id em en t le cercle de ses ad m ira te u rs.

En 1922, il p articip a, en ta n t que conseiller, à la Confé­ rence de Lausanne, en 1923 il fu t élu député, p a r la suite il fut nom m é a m b assa d eu r à Varsovie, M adrid, K arachi, puis il devint dép u té de sa ville préférée, Istan b u l.

Les d ern ières années de sa vie fu re n t consacrées à l’éla­ b o ratio n poétique de ses œ uvres d o n t le re te n tisse m e n t fut considérable.

Son œ uvre com plète a été publiée après sa m ort. Ses essais et m ém oires on t égalem ent connu de n om breuses édi­ tions.

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UN

POÈTE

TURC

A PARIS

O rfèvre en la m atière des re to u rs aux sources, nul doute que le poète Yahya K em al Beyatli a u ra it été ém u p a r la com ­ m ém o ratio n de ses années parisiennes, et to u t p artic u lière­ m en t p a r l’hom m age qui lui sera ren d u à la Closerie des Lilas, h au t lieu de son in itiatio n à la poésie française de 1902 à 1912. Il m e revient donc d ’esq u isser ici les co n to u rs d ’une vie et d ’u n e œ uvre m a rq u a n te dans la longue et prestigieuse h isto ire de la litté ra tu re tu rq u e.

D escendant d ’une fam ille aisée d ’U skûp (S k o p je), Yahya Kemal Beyatli, h ab ité p a r la poésie, s ’installe dès l’âge de dix- huit ans à Istan b u l. A l’époque, la litté ra tu re turque, ta n t su r le plan poétique que su r le plan rom anesque, s ’était éloignée de sa tra d itio n ancienne et se redéfinissait sous l’influence française. La poésie trad itio n n elle se com posait de deux uni­ vers bien d istin c ts avec, d 'u n côté, la poésie « savante » et, de l’au tre , la poésie populaire. La prem ière, élaborée sous l’in­ fluence persane, u tilisait une langue hybride, m élange de p ersan et de tu rc. Elle était destinée à l’élite et gravitait a u to u r du sérail. La seconde s ’écrivait en tu rc et s ’a d ressait au peuple.

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Les le ttré s de la capitale, férus de la poésie « savante », affi­ chaient un d ésin térê t to tal à l’égard de la poésie populaire.

Q uant à la nouvelle litté ra tu re en g estatio n à Istan b u l, elle s’é ta it désolidarisée de ces deux trad itio n s. Les poètes « d ’avant-garde », à la recherche d ’une rép o n se à la volonté d ’occidentalisation, croyaient tro u v e r le salu t dans l’im itation de la poésie française. D’où la gran d e querelle des anciens et des m odernes. C om m ent allait-on déco u v rir le ton poétique p ro p rem en t tu rc qui serait en m êm e tem p s m oderne ?

Le d ésir d ’o ccidentalisation s ’exprim ait le plus explicite­ m ent dans le dom aine politique. Les Jeunes T urcs asp ira ie n t à m e ttre de nouveau en vigueur la C onstitution avec le con­ sentem ent sinon c o n tre la volonté du S ultan, lequel n ’h ésitait pas à les co n d am n er à l’exil dans des coins p erdus de l’Em pire. Ceux qui ne voulaient pas se faire p re n d re p re n aien t la fuite p our l’E u ro p e et de p référence p o u r la France. A l’époque, on ne venait pas en E urope, on s ’y réfugiait.

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Dans u n de ses textes de souvenir, in titu lé La passion

p o u r Paris, Yahya K em al Beyatli nous d éc rit sa vision d ’alors

selon laquelle la T urquie lui ap p a ra issa it com m e une prison tandis que l’E u ro p e in carn ait u n univers enchanté. Il serait in tére ssa n t ici de ra p p o rte r une anecdocte : lors d ’un e n tre ­ tien avec les dirig ean ts des Jeunes T urcs qui résidaient en F rance, Jean Ja u rè s leu r avait dem andé la raison principale du conflit qui les opposait au S ultan. Q uand il lui fut répondu que le m al venait de ce que le m o n arq u e o tto m a n considérait la civilisation occidentale com m e p o u rrie, il leu r a u rait déclaré q u ’il éta it to u t à fa it d ’accord avec le S ultan su r ce point. E p ris de l'E u ro p e qu'il avait connue à p a r tir des rom ans tra ­ duits en français, Yahya Kemal Beyatli voulait s ’y re n d re à to u t prix.

Une fois arriv é en F rance, installé à Paris, Yahya Kemal Beyatli se m et à é tu d ie r la poésie française m oderne. D’a u tre p art, il étend ses relations au sein du groupe des Jeunes Turcs. Q uand ses pensées se re to u rn e n t vers Istan b u l, ce qui lui revient à l’esp rit, c ’est su rto u t une tra d u c tio n de l’Iliade qui l’avait beaucoup ém u. Au collège de Meaux où il étu d ia p o u r am élio rer sa connaissance du français, il découvre H ugo et se passionne p o u r les ro m antiques. V ers 1905, l’a ttra it q u ’exer­ çait s u r lui la politique com m ence à faiblir. D orénavant, il se co n sacrera en tièrem en t à la poésie. Les poèm es des im itate u rs de l’a r t français d ’Ista n b u l lui p araissen t com m e des écrits dénués de goût, m alad ro its, sans racines aucunes. « P ar quel m oyen a b o u tir à une poétique p u re et au th en tiq u e qui soit la trad u c tio n en nouveau tu rc de n o tre p ro p re sensibilité ? Je cherchais à le d éc o u v rir en vain », écrira-t-il dans ses m é­ m oires.

Il ne fa u t p as s ’éto n n er à ce q u'il y soit parvenu en F rance. Car, com m e un individu qui se reconsidère avec un ce rtain recul, il a u ra l’o p p o rtu n ité de pouvoir co n fro n ter les deux civilisations, de voir son image avec les yeux de l’au tre. O r ceci est d ’a u ta n t plus stim u lan t q u an d le souci de sa p ro p re id en tité n ’est jam ais p erd u de vue.

O utre V ictor Hugo, les préféren ces de Yahya Kemal Beyatli iro n t vers Théophile G au tier et T héodore de Banville. P o u r un certain tem ps, il fera des poèm es de V erlaine sa bible. Mais celui qui le m a rq u e ra le plus p ro fo n d ém en t sera

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laire. Le ja rd in du Luxem bourg, où il s’é ta it livré à de longues discussions avec ses am is Jeunes T urcs, lui deviendra cher, éta n t le lieu où avait jo u é B audelaire, en fan t. Il est capable de c ite r p a r cœ u r presq u e tous ses poèm es. La lectu re de B audelaire l'in itie ra aussi à E d g ar Poe et lui fera voir V erlaine sous une nouvelle lum ière.

Mais une nouvelle conception p oétique va ré o rie n te r toute sa p ro d u ctio n poétique fu tu re . L’histo ire de cette optio n se déro u lera dans ce café, à La C loserie des Lilas. Un beau jo u r qu'il rejo ig n it ici son m aître et am i Jean M oréas, Yahya K em al Beyatli se h asa rd a à lui faire l’éloge de M allarm é et de Ver­ laine. Or, il se tro u v ait que le gran d sym boliste avait déjà renoué avec la tra d itio n gréco-latine, il expliqua à Yahya Kemal Beyatli que les v éritables grands poètes sont R acine et Sophocle. Il est fo rt probable que ce soit à p a r tir de ce jo u r que Yahya K em al Beyatli se re to u rn e vers la poésie classique grecque et latine.

S im ultaném ent, il se sen tira p roche de cette voix p u re ­ m ent tu rq u e qui était de tout tem ps sa p réoccupation p rin ci­ pale. D orénavant, p arm i les poètes français, son poète préféré et José-M aria de H eredia. Si Yahya Kemal Beyatli fréq u en te encore le ja rd in du Luxem bourg, c ’est cette fois p o u r y con­ tem p ler la sta tu e d ’H eredia. « G râce à de H eredia », écrira-t-il « je ne pouvais p lace r le tu rc m oderne à côté de la poésie ancienne grecque et latine. Le tu rc v éritab le m e p araissait aussi p u r que le grec de Sophocle et le latin de Tacite. »

Yahya Kemal Beyatli a vécu to u te l ’av e n tu re de la poésie française de son époque p o u r a d o p te r finalem ent le classi­ cism e. P référan t la raison aux sen tim en ts, la form e au conte­ nu, le passé au p résent, la b eauté externe à la b eauté interne, il fut à la base d ’un trad itio n alism e nouveau qui p erm it une co n tin u ité à la poésie tu rq u e. G râce à la p oétique q u ’il élabo­ re ra après son re to u r en T urquie, la cu ltu re o tto m a n e vieille de sept cents ans re tro u v e ra une expression m oderne. T oute cette civilisation, avec son histoire, son a rch itectu re , sa m usi­ que, son m ode de vie re p re n d ra la place qui est la sienne au sein de la c u ltu re co ntem poraine tu rq u e.

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LE SOIR DES SAGES

N ous so m m e s à l’horizon d ’un soir sans retour. Il se fa it tard ; O ma vie, voici le dernier acte, fais-en à ta guise !

Im aginerait-on m êm e de revenir en ce m onde, Que nous ne voulons pas d ’une pareille consolation.

De larges b a tta n ts s'ouvrent su r l'obscur néant E t passé le portail d ’où ne m o n te aucun soleil C om m encera, infinie la nuit silencieuse.

Face au soleil couchant, dans ces derniers jardins, à ta guise, Consume-toi, m o n âme, d ’ardeur ou d ’am our !

Que s ’épanouisse en nous la tulipe ou la rose.

Y A H Y A K EM AL

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HAUTE MER

C'était là une nostalgie sans cesse éprouvée co m m e une fla m m e,

quand m on enfance s ’écoulait dans les villes balkaniques.

Je portais en m on cœ u r la tristesse qui rendit B yron m alheureux,

et j ’errais à cet âge-là su r les m ontagnes, silencieux dans m on rêve.

J ’ai respiré l’air libre des cam pagnes de R akoftcha, et j ’ai éprouvé les passions des conquérants, m es ancêtres.

La rém iniscence des m arches entreprises chaque été vers le N ord,

pendant des siècles est restée dans ma poitrine tu m u ltu eu se co m m e un écho.

Quand l’arm ée était vaincue et la patrie en deuil,

une croyance conquérante a hanté chaque nuit m on rêve.

Les tristesses, om b res chagrines des ém igrations, les eaux qui coulent au-delà des fro n tières désolées,

Ont reten ti dans m on cœ u r avec cette croyance,

et j'ai su la douceur de l'infini qui règne su r l’horizon.

Je ne veu x plus de ce lieu, m e suis-je dit un jo u r et je suis parti en exil, allant de pays en pays.

Je suis allé en ce pays qui est aux confins de la terre, m ais j ’ai encore su r la langue le sel des hautes mers.

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A l'extrém ité de l’O ccident, su r le dernier rivage, à l'heure la plus tu m u ltu eu se du -flux, sous un ciel couvert de plom b,

J ’ai vu le dragon aux m ille têtes q u ’on appelle la m er ; j ’ai vu la peau d ’ém eraude qui couvre son beau corps

Se m ouvoir d 'in sta n t en insta n t d ’un tressaillem ent profond, et j ’ai co m p ris que c’était le dragon lui-m êm e qui bougeait.

Quel rem ous exalté venait de l'horizon sans fin, et co m m e il avait mugi,

en se roulant soudain su r lui-même.

N avires et voiliers s'étaient réfugiés dans les ports. A lui seul appartenait l’im m en se paysage.

Il régnait seul sous ce ciel, rebelle et la poitrine découverte, hurlant longuem ent, m ille g rottes à sa surface.

J ’ai senti, fam ilier, sa tristesse m ajestueuse, je suis resté, en cette heure de flux, face à face avec son âme.

J'ai écouté ta plainte, m e r éternellem ent désolée et j'ai sen ti que dans cet exil

nous so m m es avec toi dans notre âme.

Je l’ai com pris, aucun rivage, si beau soit-il,

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LA PRINCESSE MEHLIKA

Les sep ts jeu n es gens épris de la princesse M ehlika O nt franchi de n u it la porte de la ville.

Les se p t jeu n es gens épris de la princesse M ehlika E taient sep t am oureux p assionném ent épris.

Depuis que la Belle pa rm i les belles

E ta it entrée co m m e un fa n tô m e dans leurs rêves, Tous sont p artis ensorcelés vers la m ontagne K af Afin de voir l’énigm atique beauté.

Leurs m anteaux su r l’épaule, jo u r après jour Ils ont m arché le cœ u r plein de nostalgie,

E t lorsque la n u it enveloppait le crépuscule de chaque jour, Ils se so n t d it : « Ce soir est peut-être le dernier. »

Mais l’exil du Désir n'a pas de lim ites,

Les routes s ’allongent sans cesse, le cœ u r se désespère. Le voyageur m arche tant que la vie ne le q u itte pas, E t m e u rt su r la route avant d'arriver au but.

Les jeu n es gens épris de la princesse M ehlika A rrivèrent devant un puits.

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Les jeunes gens épris de la princesse M ehlika Regardèrent dans l’eau avec des yeu x effarés.

Ils virent dans le m iro ir un m onde secret : Seul, des cyprès fu n èb res entouraient l’horizon. E t il leur sem bla un insta n t y voir apparaître C ette fée aux longs yeux, aux longs cheveux.

Le plus jeune des tristes voyageurs C ontem pla un m o m e n t le p u its en ruines Puis retirant de son doigt un anneau d ’argent Le jeta à l'eau.

L'eau d isparut co m m e en un rêve.

Ils atteignirent la dernière heure de leur voyage ;

Un m onde de rêve apparut,

E t dans ce m o n d e de rêve ils p én étrèren t tous. Les sept jeunes gens épris de la princesse M ehlika N e sont pas revenus m algré les ans.

E t l'on a dit qu'ils ne reviendraient pas de là-bas, Les sep t jeunes gens épris de la princesse M ehlika.

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RENCONTRE

A g u etter les routes, j'ai épuisé la lum ière de m es yeux.

« Qui est-elle ? ai-je dem andé au vent, « co m m en t est-elle ? »

J ’ai vu qu'elle avait les clairs ye u x d'une panthère. I l y a en elle, disais-je, une magie qui retient m on rêve.

Etait-ce toi, dis-je, celle avec qui, au banquet qui se tient de [to u te éternité, Une rose de sang à la bouche et la coupe à la main,

N ous bûm es à la m ê m e table, anim és tous deux des m êm es [désirs ? Elle m e regarda co m m e si elle sortait d'un som m e, et pâlit.

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CHANSON

Afin de célébrer le prem ier jour de nos am ours, j'ai fait à ton beau pied une chaussure de baisers.

Pour la noce qui se déroulera à Saad-Abad, j ’ai convié en secret le clair de lune,

afin q u ’on la puisse voire défaire sa chevelure, tout en tenant une rose entre les doigts,

Une rose pareille à une coupe ardente,

tandis que soupire dans la n u it l'oiseau du printem ps.

Pour boire à la joie en ce soir m élancolique, j'ai convié le clair de lune.

("In A nthologie des Ecrivains

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LA POÉSIE

EN

FRANCE

YAHYA KEMAL BEYATLI

Je venais d ’avoir vingt ans lorsq u e je découvris la poésie au Q u a rtie r Latin, en 1904. La prem ière phase du sym bolism e était révolue depuis quelques années. Les pères fo n d ateu rs de cette p re m iè re p ériode s’étaie n t to u rn é s vers d ’a u tre s horizons ou bien ils s ’étaie n t com plètem ent d éto u rn é s du sym bolism e tel M oréas, ou bien ils s ’en étaien t éloignés dans une très large m esure, à l’exem ple d ’un H enri de R égnier. D’a u tre s enfin, tel V erharen, etc., avaient en p a rtie p ris leu r distance et s’étaie n t to u rn és vers des o rien ta tio n s nouvelles. Si le néo­ phyte é tra n g e r qui d éb u tait dans la fréq u en tatio n des cercles litté ra ire s d ’avant-garde des cafés du boulevard Saint-M ichel, cédant à son zèle de novice, allait a b o rd e r le su jet des sym ­ bolistes, il a u ra it vite été taxé de re ta rd a ta ire .

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Je m e souviens com m e si c ’éta it h ie r d 'u n soir de 1910, m oi et m on am i H ippolyte S tam os avions re jo in t Jean M oréas dans son café h abituel. L’inexpérience et la d istractio n aidant, nous avions p rononcé les nom s de V erlaine et de M allarm é. Le m aître, sans y p rê te r a tten tio n , avait poursuivi ses propos au su je t de R acine et Sophocle. E t nous nous dem andâm es si son a ttitu d e face aux grands nom s que nous avions cités provenait de quelque in advertance ou ignorance. Après avoir p ris congé du m aître, nous fûm es éclairés s u r sa position p a r un am i qui connaissait à fond les m œ urs de ces m ilieux. Il nous expliqua que, ce faisan t, M oréas avait souligné le peu d ’in té rê t q u ’il a tta c h a it à V erlaine et à M allarm é, et, en banis- san t de ses causeries m êm e leurs nom s, il avait voulu dém on­

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tre r l’abîm e qui le sép a rait de ses am itiés d ’il y a vingt ans et que l’évocation de leurs nom s en sa présence é ta it faire preuve de ferv eu r de néophyte et de d éb u tan t. Nous en fûm es co n trits.

Le sym bolism e tom bé en désuétude à la fin de sa p rem ière phase re p re n a it un nouvel élan en 1905 grâce à la volonté de Jean R oyer et de ses am is. Ce que j ’essaye de re la te r peut p a ra ître incom préhensible ; com m ent de telles d isp arités pou­ vaient-elles su rg ir au sein d ’un m ilieu aussi re stre in t, confiné à quelque cent individus en tassés dans quelques cafés du bou­ levard ? C om m ent accep ter com m e sincères et au th en tiq u es ces ru p tu re s, ces reculs ou p rogressions au sein des groupes réunis p resq u e a u to u r des m êm es tables où l’on se coudoyait ? Exposez ces co n tra d ictio n s devant nous, il y a u ra de quoi s ’étonner.

Prenez l ’exem ple de H enri de R égnier. C om m ent celui qui fut le p re m ie r et le plus aim é des disciples de M allarm é, celui qui co n n u t sa p re m iè re gloire en ta n t que sym boliste et a in tro d u it cette poésie au p rès d ’un vaste public, celui qui n ’a jam ais desservi l ’am itié de M allarm é ju s q u ’à sa fin, en 1898, pouvait-il re jo in d re le P arn asse d é tru it ou presq u e p a r Mal­ larm é et com m ent pouvait-il c h a n te r les poèm es de José-M aria de H eredia ? C om m ent pouvait-il a b a n d o n n er l'ésotérism e du sym bolism e p o u r a tte in d re l’o uverture, la clarté de l’ancienne poésie ? E t com m ent pouvait-il, lors de cette re tra ite , p u b lier cinq revues poétiques ?

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La m êm e co n tra d ictio n est beaucoup plus éto n n an te encore en ce qui concerne l’existence de Jean M oréas. Bien q u ’il fut le p a rra in du sym bolism e au p o in t de lui tro u v er son nom , bien q u'il fu t celui qui provoqua le plus de rem ous en en fo u rn issan t les exem ples les plus audacieux, il avait fini p a r choisir la poétique de la fin du XVe siècle, et on en était arrivé à ne plus pouvoir p ro n o n cer le nom de M allarm é en sa com pagnie. On p eu t c o n tin u er à exposer les contradictions. C ependant, nous en arriv o n s à la plus é to n n an te de celles-ci.

T andis que la prem ière phase du sym bolism e était ache­ vée, ses poètes épuisés, dém odés, la revue Phalange, annonçait la ré su rrec tio n de la poésie de M allarm é et inaugurait la seconde phase. Elle avançait à nouveau que la poésie est l’a rt des seuls m ots. En o u tre, dans les pages de cette revue, on re n c o n tra it une p a rtie des a d o ra te u rs de la poésie qui était avant to u te chose m usique.

T oujours dans les m êm es années, on voyait Paul Claudel a p p o rte r du nouveau, jaillissan t du génie d ’A rth u r R im baud, de ce génie visionnaire, in te rp rè te des songes, lancé à l’assau t d 'u n a u tre univers.

P resque sim u ltan ém en t a p p a raissait C harles Péguy, de la m êm e trem pe, m ais enco re plus influent grâce à sa foi et à son p atrio tism e p u isan t sa force dans l’histo ire et la piété nationale.

YAHYA KEMAL BEYATLI

(M ém oires, Istanbul 1973) (T ra d u i t p a r Aydın UGUR)

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C ette bro ch u re, éditée à l’occasion de la pose d ’une plaque de bronze à la m ém oire de Yahya Kemal Beyatli à la Closerie des Lilas, lieu de p rédilection et de re n co n tres litté ra ire s po u r le poète du tem ps de sa jeunesse, est un m odeste tém oignage des am itiés cu lturelles franco-turques.

Nous tenons à re m e rcier vivem ent Mme Jacqueline Milan et M. Jean-P ierre M ilan, qui d irigent la C loserie des Lilas, p o u r leur aim able accueil, ainsi que M. Taha Toros dont les docum ents ont re n d u possible la publication de ces quelques pages.

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E dité p a r le s A ffaire s C u lt u re ll e s près l'A m b a s s a d e de T u r q u i e à Paris

«

Société L.G. - Paris

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