VE OTOMOBİL KURUMU ... -...
P A R T I E F R A N Ç A I S E :
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La Marine Turque sous Mahmud II,
S’il est vrai que le Sultan Abdül A ziz peut être considéré comme le créateur die la marine turque contemporaine, sa tâche-, dans ce domaine, fu t grandement facilitée par les e f forts d ’un précurseur, le Sultan Mahmut II, celui-là même qui, par la destruction des ja nissaires, avait établi la base sur laquelle de vait être formée la nouvelle armée ottomane.
Ce monarque éclairé s’était rendu compte que les établissements à terre sont le fondement sur lequel doit s'élever une marine puissante: sans de bons chantiers, sans un entraînement et une formation méthodiques des équipages et surtout des officiers, il n’y a pas de véritable marine. /Des souverains ultérieurs qui, souvent, crurent avoir tout réglé en achetant des cui rassés tout faits en Angleterre et en confiant à des officiers étrangers le commandement de ces navires et jusqu’aux moindres détails de leur fonctionnement, témoignèrent, à cet égard, de moins de clairvoyance que Mahmud I I et leur œuvre fu t éphémère.
Pendant des siècles, au fond de la Corne d ’Or, les chantiers de construction navales avaient voisiné avec une somptueuse résidence impériale: Aynali Kavak. Mahmud I I eut le mérite de ne pas hésiter à sacrifier le palais aux riches glaces de Venise et ses jardins pour agrandir les arsenaux et fa ire creuser une nouvelle forme de radoub sur Remplacement où rêvaient les Sultanes. Au cours d ’une des visi tes que le souverain fit sur les lieux, pour contrôler la marche die ces importants travaux, il eut l ’occasion de constater combien l'immeu ble occupé par l’école navale — on l’appelait encore Mühendis hané ou école des Ingénieurs, suivant l ’appellation qu’elle avait reçu lors de sa fondation en 1784 — était insuffisant; c ’est
alors que l’établissement en question fu t trans féré provisoirement à Heybeli Ada, dans une ancienne caserne datant du règne de Selim III.
Mais en 1832 le Sultan ayant fait acheter la villa de l ’Algérien Haşan paşa, l ’un des marins les plus énergiques et les plus audacieux, dont les fastes de la marine ottomane aient enregis tré le souvenir, et qui se trouvait au sommet d ’une colline dominant la Corne d ’Or (sur l’em
placement actuel de l ’Hôpital de la Mariné) l ’école navale y fut ramenée à nouveau (U .
Rappelons enfin que Mahmud I I désirant visiter en 1830 les /Dardanelles et les îles qui en commandent les abords, il s’embarqua avec sa suite à bord d’une de ses frégates le Şereftesin,
bâtiment de 64 canons construit deux ans au paravant à Sinop .(On notera Tiimportance de cet armement, qui peut sembler excessif pour une simple frégate, mais qui était usuel, à l ’é poque, peur cette catégorie de bâtiments, dans la marine ottom ane). La figure de proue du na vire honoré ainsi par un séjour impérial, repré sentant un aigle aux ailes déployés, a été long temps conservée au Musée de la M arine et nous l’avons retrouvée récemment, au cours d ’une visite organisée par le Président du T.T.O.K., dans un des hangars dépendant de la Direction des Voies M aritim es de l ’ Etat.
L a guerre de l’indépendance grecque, qui avait éclatée sous le règne de Mahmud II, de vait imposer un rude e ffo rt à la marine otto mane. Mais, en revanche, elle n ’a pas été sans lui apporter certains avantages au point de vue de la formation et de l’entraînement des équi pages. Les anciens Turcs, continuateurs des traditions chevaleresques qui fleurirent en Occident à l ’époque du Moyen Age, avaient longtemps nourri une sorte de mépris pour tous les services proprement techniques se ratta chant au fonctionnement des flottes et des ar mées. Et c’est ainsi qu’à bord de leurs navires ils fournissaient exclusivement le personnel combattant proprement dit, artilleurs et gens en armes occupant le pont et les gaillards, déta chements d ’abordage et de débarquement, etc... Mais ils ne voyaient aucun inconvénient à uti liser comme matelots, gabiers, calfats etc... des éléments recrutés parmi les populations m ariti mes du littoral égésn, presque entièrement grecques, de confession orthodoxe. U y avait là une sorte de survivance de l’esprit des galères, le navire de guerre turc par excellence, où les rameurs formant la chiourm? étaient toujours des prisonniers capturés à l’ennemi et enchaînés à leur banc. Après le sou lèvement de la Morée, faute de pouvoir compter désormais sur le loyalisme des «levendi» grecs, tous plus ou moins gagnés par la propagande de l’ «hétairia», on fu t contraint d’ utiliser dans une plus grande mesure des gabiers, timoniers
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i-et autres matelots purement turcs, soit en fa i sant appel plus largement que par le passé aux vigoureuses populations musulmanes du littoral de la M er Noire, soit en formant et entraînant des équipages fournis par les populations de Z’intérieur. Après les innévitables difficultés de tout début, la marine ottomane y gagna en ho- mogénité.
L a nature même des opérations qu’ il fallait mener, ce blocus d’un littoral immense, si nueux et tourmenté, les 'débarquements fr é quents, les embuscades de tout genre à déjouer, offraien t d ’ailleurs la meilleure école pour la formation des hommes et du commandement. Instruits par de cuisantes leçons qui leur fu rent infligées par les 'brûlots ennemis, les ma rins ottomans apprirent rapidement à éviter les longues escales, qui prennent les défenseurs à l’ improviste, >et à se tenir le plus possible sous voiles. On f i t aussi accompagner les escadres par des flotilles d'embarcations légères prêtes à se porter à la rencontre des petits bâtiments ennemis, porteurs de poix, de souffre et d ’au tres matières incandescentes — précurseurs lointains et frustes des torpilleurs d'aujour d’hui — pour les détourner des unités otto manes et les envoyer se consumer sur quelque point du littoral, comme autant de torches mofifensives. Graduellement, on introduisit dans les rangs des flottes ottomanes un nombre croissant de frégates, plus prestes et plus ma- nœuvrières que les vaisseaux de haut bord.
L a maîtrise de la mer était passée v ir tuellement aux escadres turcc-égyptiennes qui se disposaient à aller attaquer les marins grecs dans leur repaire d’IIydra, lorsque se produisit le coup de tonnerre de Navarin. L a marine ottomane perdit, en une seule journée, du fait de l’intervention des flottes anglo-franco-russe contre lesquelles elle n'était pas en état de guerre, 3 vaisseaux, 15 frégates, une quinzaine de corvettes, indépendamment des bâtiments égyptiens et des transports également détruits. Tous les historiens s’accordent d ’ailleurs à re connaître qu’au cours de cette sanglante jour née, les marins turcs et leurs camarades égyptiens avaient combattu avec la vaillance du désespoir. Plus d’un vaisseau européen se trou va en fo r t mauvaise posture sous le feu des navires et des batteries de terre turcs. L ’amiral Jurien de la Gravière ( 2) note le sentiment de soulagement avec lequel les amiraux anglais et français. Codrington et de Rigny, déjà engagés
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TÜRKİYE TUR1NG
contre des forces turco-égyptiennes d ’ailleurs inférieures en nombre et en puissance à celles qu’ils commandaient eux-mêmes, virent leur collègue russe Heyden embouquer la passe de Navarin pour leur apporter un renfort dont ils commençaient à -sentir vivement le besoin.
Un des résultats de la bataille de Navarin fut que la Turquie se trouva hors d ’état d ’oppo ser des forces navales d ’une certaine impor tance aux flottes russes, lorsque le tzar, met tant bas le masque, ouvrit officiellem ent les hostilités centre la Porte. Mais ces tragiques circonsances ne découragèrent pas l’intérêt que portait le Sultan à sa marine. Elles le fouettèrent au contraire. Il f it engager dé nou veaux techniciens étrangers et notamment l’Américain Ross, ingénieur distingué. L ’année même de sa venue en Turquie (1832) F. Ross f it poser, en Corne d'Or, la quille d ’un vaisseau de 64 canons, le Nusretiyte, dont le lancement eut lieu en grande solennité le 26 Mai 1834, en présence du souverain et de ses deux fils. A cette occasion le «Kapidan paşa» Cenğeloğlu, Ahmet paşa, l ’héroïque vaincu de N ava rin, qui avait quitté son vaisseau en flammes peu de minutes avant qu’il f i t explosion, présenta l'ingénieur améri
cain au Sultan. En 1837, Ross achevait la construction dans les chantiers d'A ynali Kavak, d ’une frégate, d’un brick, et de deux bâtiments de charge qui furent lancés le même jour, — le 20 Août — afin de mieux souligner l ’impor tance de l’évènement. ’
Enfin c’est à F. Ross et à un technicien turc, Mehmet Kalfa, que revient l ’honneur d ’avoir construit le premier navire à vapeur qui ait été livré par les chantiers de l ’Am irau té, l’Eseri Hayir, assez gros bâtiment
— il déplaçait 571 tonnes — dont un modèle nous a été conservé par le Musée de la Marine. Ce navire avait été lancée en 1837. Mahmud II n’avait pas attendu cette date pour ordonner, (dès 1828, suivant le chroniqueur L u tfi) la formation d ’officiers et de matelots capables de diriger les «pyroscaphes» qui, à l ’époque, ve naient de fa ire leur apparition sur les mers.
G. PRIMI
(>) Ce n’est qu’aux abords de 1849, que l’Ecole Na vale, transférée encore une fois à (Heybeli Ad,a, y fut. installée définitivement. Elle y (retournera l’année pro- dia-ine, après une «'Emigration» temporaire à Mersin, pendant la (Deuxième Guerre Mondiale.
( 2) "L a station du Levant".