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Littera
Martin Stern
*« IL FAuT Au TuRC DES AIRS TuRCS »:
LA quESTIOn Du PATRIOTISME CHEZ ROuSSEAu Au REgARD DE LA MuSIquE OTTOMAnE Du XVIII
ESIèCLE
SUMMARY
Nothing is more far away from Rousseau’thought that music considered as a universal language, able to bring the peoples together. Instead of mellowing habits and customs, music expresses « peoples’national character ». We will first examine the reasons of this « musical nationalism » in Rousseau’s musical thought, in relation with some political texts about conservation and encouragement of homeland’s feeling. In that way, Rousseau’s opposition to musical styles’mixing and to cosmopolitism belongs to the same theoretical work. We will secondly compare this theoretical unity with musical styles’evolution, and with the 18th Century’s ottoman musics in particulary. By using different testimonies, we will see that the question of patriotism in music raises also the people identity’s one.
Keywords: musics, politics, national caracter, nationalism, patriotism Mots clefs : musique, politique, caractère national, nationalisme, patriotisme
R
ien n’est plus éloigné de Rousseau que l’idée, à la mode aujourd’hui, de la musique pensée comme langage universel capable de rapprocher les peuples, voire de les réunir au-delà de leurs différences dans une espèce de communauté auditive universelle… N’en déplaise aux apôtres de la mondialisation, la musique n’est pas une sorte de métalangage capable de réaliser l’uniformisation des cultures, qu’on nous présente par ailleurs comme inéluctable à défaut d’être vraiment souhaitable. Chez Rousseau, comme chez la plupart de ses contemporains, la musique, loin d’adoucir les mœurs, les endurcit ; loin* Docteur et maître de conférences en philosophie, membre de la Rousseau Association, Directeur de l’Ecole francophone de musique d’Istanbul (EFMI)