Xja Souveraineté M ritirae de l'Empire Ottoman
et ses limites vers la fin du X V ème siècle
a u X V ème siècle ,après avoir conquis Constantinople ,
les Turcs avaient combattu les Vénitiens et les Génois ainsi
que les chevaliers de Saint deun, alliés de ceux-ci à plusieurs
reprises, pour assurer leur suprématie dans la Mer Noire et
la Méditerranée •
Au XVI ème siècle, les Turcs étendirent leur domination
sur l'Europe Centrale jusqu'è Vienne à l'ouest, le Caucase ,
1- Perse, la Mésopotamie, la Syrie, l'Egypte, l'Algérie , la
Tunisie ,l'Arabie et le Yemen à l'Est et au Sud. Ainsi ils
prirent des intérêts d-ns plusieurs mers différentes . La Mer
Noire était devenue un lac turc, tandis que le littoral méri -
dional et oriental de la Méditerranée avec presque toutes ses
Le mouvement cie libération et ce révolution entrepris
par Atatürk produisit en 1923 l'effondrement de l'Empire Ottoman
et amena la fondation d'un Nouvel Etat Turc ayant pour capitale
-nkara •
Le nouveau régime républicain se mit à avancer dons le
domaine scientifique avec le même élan vaste et positif que dans
tous les autres domaines* Il mit aussi au jour les richesses his
toriques éparses dans le pays, jusque-là laissées dans l'oubli ,
enfouies sous terre ou tenues sous clé • Dans ce but, les palais
d'Istanbul furent convertis en musées et en centres scientifiques.
Tous les trésors du vieux palais de Top-Kapou, qui s'étève
à la pointe du Sérail et porte les marques caractéristiques des styles
de chaque époque depuis le X V ème siècle jusqu'au XIX ème ,ont été
aménagés en riches musées ouverts aux recherches scientifiques •
Le palais de Topkapou contient en effet des trésors d'une
valeur inestimable .Le lieu qui ,jadis, était une petite Mosquée de
les plus précieux • Au coure des travaux de triage et de classement
des livres destinée à cette bibliothèque ,Bay H.Eldem ,qui était «
encore & cette époque (1929) directeur des Musées ,découvrit parmi
ces ouvrages u. e Ccu*le ou plutôt u n portulan extrêmement précieux *
Ce portulan a été étudié ,dès lors , par plusieurs savante turcs •
P l u s i e u r s études ont été publiées à la suite de cette découverte .
Pu.r l'ordre d'Atatürk ,1a Société de l'Histoire Turque a édité
cette carte en f&c«ejfflilé •.
Voici cette reproduction . Le portulan date de 1613. Il porte
lu. signature de Piri liais ,neveu de Kemal Heis .
Le traité Ba.h r iye (De La Marine) ,que le Gouvernement de
la république a fait publier après la carte par les soins de l'Im -
piimerie de l'Etat, et qui est l'ouvrage le plus considérable de
Piri Reis , constitue une preuve capitale des aptitudes et des
capacités des Turcs en matières de sciences maritimes comme de
navigation.
Ln vous adressant cet ouvrage et ce portulan ,je m'éfforcerai
Lci vie de P ri Reis illustre lumineusement les phases
d^une ascension dans une carrière où , débitant auprè: de son
oncle Keraal Reis comme simple matelot, il devint peu à peu un
corsaire redouté et enfin atteignit le rang d'amiral vainqueur de
ilottes entières. Piri Reis, qui se fit connaître non seule ent
p«r les glorieuses victoires dont il fit bénéficier son pays ,
mais aussi par les services qu'il a rendus aux sciences maritimes,
peut être considéré comme une des figures notables de l'Histoire
Maritime Universelle .
Pour pouvoir mesurer la valeur scientifique du traité Bahrive
(De La Marine) il conviendrait de le confronter avec un autre ouvrage
ae même ordre . Cette confrontation devrait nécessairement se faire
avec un ouvrage étranger datant de l'époque où fut écrit le B a h r i v e .
Or, la chose est impossible . Car le Bahrive est le premier des ouv
rages de cette sorte .
Etant donné qu'aucun guide maritime de ce genre n'avait été
composé dans les pays occidentaux avant la date à laquelle le B«hTMVf>
Amiral Turc , qui , le premier , posa les bases du pilotage et
de cette catégorie d'ouvrages que constituent les guides maritimes
et que , par la suite , ce traité se répandant peu è peu parmi les
peuples navigateurs , des guides furent élaborés en Italien , Espagnol
Hollandais , Français et Anglais , qui se complétèrent d'emprunts
faits les uns aux autres , d'expériences et d'études personnelles
ainsi que d'investigations et de données officielles et se perfec -
tionnèrent ainsi de siècle en siècle .
Piri Reis naquit en 1468 à Galipoli . L'Historien turc
ibni Kémal s'exprime de cette ville en ces termes :
’’Les enfants qui naissent à Galipoli grandissent dans la
mer , comme les alligators . Les navires qui sont des vaisseaux
de la mort , sont leur berceau. Matin et soir ils sont bercés par
possession* Le drapeau turc n'avait pas seulement paru dans la
Mer uouge et la Mer d'Oman, mais la flotte turque 1*avait meme
porté jusqu'au littoral des Indes .
l'iri Reis, sujet de ma conférence ,est un des grands
amiraux turcs, qui
h.
l'exemple des Burak ,Kemal , Barbaros ,Turgut , Kilig Ali et autres avaient , à la fin du XV ème et
au seizième siècles , conduit la flotte turque de victoire en
victoire, établissant ou sauvegardant la supr rnatie turque
III
Biographie de Piri Reis
Piri Reis naquit en 1468 à Gulipoli , L ' K i s t o M e n turc îbni
Kémal s'exprime de cette ville en ces termes»"Les enfants qui naissen
à Galipoli grandissent dans la mer. comme les alligators. Les navires
qui sont des vaisseaux de la mort, sont leur berceau . Matin et soir
ils sont bercés par les sifflets de ces navires ,
C'est dans la vie même de Kemal Reis, son oncle, qu'il
faut rechercher les lignes directrices de la vie de marin de Piri
Reis. Car, entré dans cette carrière à l'âge de douze ans,il vécut
quatorze années de suite près de son oncle, prit part à toutes
les campagnes navales de celui-ci, et cela jusqu'à la mort du
grand amiral Turc.
Très jeune encore, Piri Reis parcourut à bord des vais -
seaux de Kemal Reis presque toutes les côtes méditérranéennes ,
s'arrêta à différentes occasions dans les ports espagnols,tunisiens
algériens, français et adriatiques, recueillit au cours de ces
sur les conditions géographiques et maritimes de ces régions. Après
quatorze ans de vie libre passée avec son oncle en combats et en
attaques contre ports et villes fortifiés, Piri Reis vit son oncle
entrer au service de l'Etat sur l'invitation du Sultan Ottoman
Beyaaid II. Il suivit Keraal Reis dans ses nouvelles fonctions. Le
gouvernement Ottoman venait de décider la guerre contre la Répub -
lique de Venise (1495). Kemul Reis, ayant reçu une haute charge
dans la murine ottomane, partit, accompagné de son neveu, pour
la guerre. A partir de ce moment, Piri Reis prit part à toutes
les campagnes entreprises par l'Etat .
La première bataille navale à laquelle Piri Reis participa
loin de son oncle et en qualité de chef responsable fut la rencontre
qui opposa les forces navales ottomanes et vénitiennes entre les
golfes de Navarin et de Lépante. Au cours de cette action qui
se compose de quatre batailles distinctes, Piri Reis exerça le
commandement effectif d'une escadre et força, grâce à la victoire
qu'il remporta, les portes de la citadelle de Lepante. Cette victoire
vénitienne. Et l'élève du grand, amiral turc assura à l'Empire Ottoman
grâce à son courage et à ses mérites, la possession des points stra
tégiques les plus précieux de l'Adriatique et des mers de Grèce ,
tels que Lépante, Modon, Coron et Durazzo .
Pur la suite Kemal Reis fut chargé d'une action contre les
chevaliers de Saint-Jean. Piri Heis accompagna son oncle dans cette
nouvelle campagne. Mais le vaisseau amiral, pris dans une violente
tempête, fit naufrage et Keaal Reis y trouva la mort.
Voilà Piri Reis privé ae son grand protecteur. Mais les
connaissances qu'il a acquises à l'école de son oncle, les expé -
riences accumulées au cours de longues années de navigation lui
assurent une situation privilégiée. Il était parvenu à l'âge mur
et devenu un marin célèbre. Retiré désormais à Galipoli,il s'occupa
de composer son traité "de la Marine” et de préparer comme il le
dit lui-même, sa fameuse carte.
Le trône Ottoman était alors occupé par Yavuz Sélim.Lors
que celui-ci entreprit en 1516-151/ la campagne d'Egypte,Piri Reis
Egyptien». C #est par cet exploit que Piri Reis se fit connaître
a Yavuz Sélim, auquel il présenta la carte qu'il venait de compléter.
La campagne d'Egypte terminée, Piri Reis retourna à Galipoli
où il se remit à consigner sur le papier la masse de ses connaissances
et de ses expériences. Marin d'une rare habileté, il était aussi un
vrai savant en matière de navigation. La période de calme et de repos
qu'il vécut à Galipoli lui permit d'achever la rédaction de son traité
»De la M a r ine” demeuré jusque-là incomplet. Comme il n'avait ni pro -
tecteur ni -ani qui put faciliter son accès à la Cour, Piri Reis ne
trouva point l'occasion de présenter son ouvrage au nouveau Sultan
Süleyman le Législateur (Le magnifique).
Sur ces entrefaites, il fut invité à se joindre en qualité
de guide à un corps d'expédition chargé d'apaiser les troubles sur
venus en Egypte. Le mauvais temps empêcha les marins de s'approcher
de la cote égyptienne et ils durent se diriger sur Rhodes. Après «
quelques jours d'attente, on fit une nouvelle tentative, qui ne
fut pas plus heureuse . Piri Reis mit à profit ce contretemps pour
prendre connaissance de son livre. Ibrahim facha qui savait appré
cier le mérite, saisit sans peine toute 1'importanee qu'offrait
l'ouvrage de Iiri Reis et demanda que des copies en fussent faites
peut être présentées au Sultan. Piri Reis se mit au travail, et
présenta en 1626 son livre au souverain, qui l'apprécia grandement}
sur quoi l'auteur dessina une nouvelle carte qu'il offrit au Sultan.
E n 1541 les Portugais pénètrent dans la Mer Rouge, se liv -
rèrent à une action militaire pour s'emparer de Puess et deux ans
plus tard (1543) s'attaquèrent à la citadelle d'Aden. Ces attaques
furent repoussées; mais à quelque temps de là, Aden fut prise par
un Cheih arabe de la région, qui sachent bien que les Turcs-Ottomans
ne t rueraient pas à reprendre un point stratégique et un centre
commercial qussi important, conclut une alliance avec les Portugais.
Ces uerniers, profitant de cette occasion entreprirent de faire venir
sur les lieux leur flotte des Indes* Comme Aden commande les commu i-
cations dans le détroit de Babel-Manaeb et par là est considérée comme
la clef du Yémen, le Gouvernement Ottoman accorda à Piri Reis le
titre de "Capitaine des Indes",et le chargea de reprendre la
Le 25 Février 1548 Piri Heis langa une attaque et reprit
la citadelle d ’aden* Cette victoire ue Piri Heis était d ’une
importance capitale du point de vue de la sécurité du Y é m e n et
de la mer Bouge ; à cette époque il était déjà un vénérable vieillard
de quatre-vingts ans»
Piri Heis avait organisé une flotte pour chasser définiti
vement les Portugais de la mer Bouge et eri général des eaux turques.
En 1552 il s ’empara de la ville fortifiée de M^scate occupée par
les portugais •
Cette ville, qui ét>it la place forte la plus rapprochée du
détroit d ’Qrmuz, constituait un point stratégique extrêmement impor -
tant en raison du fait que sa position lui permettait de contrôler
les transports commerciaux ou militaires dans le golfe de Basra
(Golfe Persique) •
Les documents historiques sur cette campagne de Piri Heis
nous apprennent q u ’au cours de la bataille navale qui eut lieu
devant l ’êle d ’ürmuz, la flotte de Piri eut à subir des pertes
supérieure. Mais elle n'en parvint pas moins à mettre l'ennemi en
fuite et à assiéger la citauelle d'Ormuz. Piri Reis ne leva le siège
que lorsqu'il eut appris l'arrivée de tous les vaisseaux portugais
se trouvant aux Indes. Piri Reis se rendit alors à Basra. Ainsi
donc cette grande flotte qui avait, sans relâche,fait cinq ou six
campagnes, subi des pertes assez graves en hommes et en unités ,
revenait pour la première fois dans un port national après avoir
parcouru des distances considérables. Mais Piri Reis fut, pour des
raisons futiles, mis dans l'obligation de s'éloigner de ce port
turc. Devant la menace de graves mesures qui le visaient il se vit
dans la nécessité de se mettre en route avant que le détroit d'Ormuz
ne fut bloqué par la flotte portugaise venant des Indes. Il partit
donc avec trois vaisseaux qu'il avait pu armer. L'un d'eux fit
naufrage en cours de route et Piri Reis réussit en 1553 à atteindre
Suez, avec les deux navires qui lui restaient •
Il mourut en 1554.
Piri Reis dont nous venons de résumer la vie de marin,possé
matière de science navale, de navigation et de géographie. Nul ne
saurait d'ailleurs dénier la science navale la plus approfondie à
un marin d'élite comme Piri Reis, qui conduisit ses flottes dans
les mers les plus lointaines et leur fit remporter de brillantes
victoires. Pour peu qu'on se souvienne que Piri Reis avait débuté
dans la carrière de murin comme corsaire, on pourrait se demander
si cet homme était lettré « O r , la carrière de corsaire, à cette
époque ,était en quelque sorte le début de la carrière de marin .
On suit aussi qu'il y a eu des corsaires aussi habiles, aussi
savants dans l'art de la navigation que les plus grands amiraux •
A l'époque où vivait Piri Reis, le mot "Corsaire" signifiait, comme
l'écrit un autre amiral Turc, Seydl Reis ,dans son livre intitulé
"Mirattil Memalik" (Miroir des continents),"un capitaine habile dans
la science de la navigation" .
Piri Reis était donc de ces marins extrêmement compétents
dans leur métier .11 avait été formé sur le navire même, par un des
plus grands marins de son temps, Kemal Reis, dont il avait reçu le
1* espagnol assez pour traduire en sa langue matex*nelle ,11 écrit
que pour mener à bien sa fameuse carte du morde ,il avait étudié
un grand nombre d'ouvrage et de cartes rédigés en grec, italien ,
espagnol et portugais et en avait profité . Ces indications suffisent,
à elles seules, à mettre en évidence le degré de connaissance qu'il
possédait •
Les oeuvres de riri Reis :
De Piri Reis,nous possédons un livre intitulé "De la Marine"
et deux fragments de cartes •
1— "De la Marine « *
Ce traité est considéré comme un chef d'oeuvre dans le
domaine des sciences navales. C'est au cours des campagnes qu'il
a faites avec Kem^JL Reis que Piri Reis a rassemblé les éléments
essentiels de ce traité. A la lecture de ce livre on embrasse
sans peine l'étendue des facultés d'analyse et d'observation
de son auteur .
Maintenant laisaons-le exposer lui-même les raisons qui
"Moi, Piri Reis, qui suis le neveu de Kemal Reie, j'ai
élaboré cet ouvrage dans le désir de présenter au seuil du Souverain
à titre d'hommage, un souvenir des connaissances navales et de
l'art de la navigation. Nul, jusqu'ici, n'a rédigé un ouvrage
aussi utile. Ce livre est basé sur les études et observations que
j'ai faites avec Kemal Reis et d'autres marins sur les côtes et
îles de la Méditerranée, ses régions prospères ou en ruines ,ses
ports et ses eaux -insi que sur les rochers dispersées dans ses
mers. Il était impossible de faire figurer tout cela sur la carte.
Les personnes habiles en science cartographique peuvent dessiner
les choses que je décris à l'aide de compas et de c-lculs sur un
cuir bien lisse et peuvent p r exemple désigner sur la carte par
trois points seulement une étendue d'une largeur de 10 milles .
Mais il est impossible d'indiquer sur une carte les lieux prospères
ou en ruines se trouvant sur les côtes et les îles ; les ports et
les e-ux, la nature des rochers dans les mers, la position des
ports, et quels sont les vents favorables et les vents contraires,
qu'ils peuvent recevoir ainsi qu'un gramu nombre d'autres renseigne
ments du même genre. C'est pourquoi les cartes dressées par les A
maîtres cartographes ne sont valables que pour ce qui co cerne
les littoraux de vaste étendue et les grandes lies. Pour les
espaces étroits , il est nécessaire de disposer d'un guide. J'avais
moi ^ussi, dressé jadis une carte. Cette carte comprenait un nombre
de renseignements de beaucoup supérieur à ceux fournis par les
cartes existant à l'époque. J'y ai ajouté des renseignements relatifs
aux mers de Chine et des Indes figurant sur les cartes récemment
dressées et inconnues en Occident • Mais cette carte également ,
ne contenait que des renseignements fort abrégés . Par le présent
ouvrage, j ’ai mis fin à ces difficultés. Grâce aux renseignements
qu'il contient, les personnes versées dans cette science peuvent
voyager facilement dans les lieux où elles désirent se rendre
sans qu'elles aient besoin de connaître préalablement ces lieux et
de prendre des pilotes .”
L'ouvrage de
Piri Reis que l'auteurdéclare
avoir achevéen l'an e 927 de l'Hégire (1620), débute par une
préface
en vers,rnents qui suffisent à témoigner amplement de la profondeur de
la science à laquelle 1*auteur était parvenu* après avoir fait
dans cette même préface un exposé de ce qu'il Sait et de ce qu'il
avait entendu dire au sujet de toutes les mers du m o n d e ,1'auteur
passe à la Méditerranée, sujet principal du livre .
Les différents chapitres de l'ouvrage traitent des sujets
suivants :
A. -Renseignements et indications sur les vents,les tempêtes
l'emploi de la boussole ;
B. -Renseignements sur les cartes et les signes convention
nels qu'éLles contiennent ;
C. -Renseignements sur le Quart habité (car d'après une tra
dition la terre ferme ne constituait qu'un quart ae notre planète)
et sur les Sept Mers •
D. -Renseignements sur l'Ethiopie et les côtes et rivages
s'étendent jusqu'au Cap.
E. -Renseignements sur notre planète (Piri Reis l'appelle
la boule cosmo raphique). Dans un chapitre l'auteur décrit les
F.-Détails sur la manière dont les Portugais sont allés
de leur pays aux Indes }
G*-Renseignements sur les mers (détails sur les mers de
Chine et les coutumes et sciences des Chinois j
H.-Renseignements sur "la Mer de Perse (le Golfe de Basra )
la Mer de Zendje (1*Océan Indien),la Mer de Magripe et la Mer Grande
(l'Océan atlantique),1a Mer de Roum (la Méditerranée)", qui a cette
époque était en grande partie sous l'influence turque ,
Voici quelques extraits de la préface en vers où le grand
marin turc fait ressortir combien il importe que les c r t e s mari -
times soient précises î
"Sache,qu'il faut une compétence particulière pour dessiner
*Vine carte, et ne crois pas que quiconque peut le faire} parceque tout
"doit être minitieusement juste dans une carte et confrontée avec
"la réalité, aucune différence ne doit apparaître "
Voici comment Piri Reie relève que la iuoinore faute sur
une carte maritime aurait, des résultats néfastes :
Sache que si la moindre chose manque sur une carte }Celle-lù
Et encore :
• "Si les savants commettent meme la moindre faute, tous
»les caps sur la carte seront mal situés, on n ’y peut plue mesurer
« les distances, et tous qui s ’en servent seront trompés *
(De La Marine, pp. 24 et 25)
La plus grande p,u*tie du traité "De La Marine", soit 753
pages, a trait a la Méditerranée* Les chapitres du début ae cette
partie contiennent d ’abord des renseignements historiques et géog
raphiques, puis une description du point de vue professionnel, avec,
dans chaque chapitre des dét ils et indications sur les obstacles
que présentent les côtes ou les mers; l ’auteur se trouve avoir, par
là, posé les méthodes qui sont toujours observées dans la rédaction
des guides m ritimes •
Cette partie contient ég lement des renseignements sur les
côtes de Houméli et d ’Anatolie, ainsi sur le littoral de l ’Adriatique
de l ’Espagne, de la Tunisie, de l ’Algérie et de l ’Egypte •
Ce grand et bel ouvrage de Piri Reis tient le premier rang
C'est d'ailleurs grace -ux méthodes posées p-r ce livre qu'ont
été rédigés des guides mari Limes anglais, italien, espagnol ,français
et holl ndais. L'ouvrage de Piri lîeis constitue donc 1 source-mère
de tous les guides rédigés en Occident • Pour pouvoir mesurer la valeur
scientifique du Traité y conviendrait de le confronter avec un autre
ouvrage du meme ordre . life bahrive. étant le px-emier des ouvrages de
cette sorte , la confrontation est impossible •
Etaht donné qu'aucun guide maritime de ce genre n'av-it été com
posé dans les pays occidentaux avant la date où fut rédigé le Bahriye ,
on peut affirmer avec certitude que c'est le Grand Amiral Turc ,qui
posa , le premier , les bases du pilotage et ûe cette catégorie d'ouv
rages que constituent les guides maritimes et quo , par la suite ,
ce Traité répand nt peu à peu parmi les peuples navigateurs ,des guides
furent, élaoorés en Italien ,Espagnol ,Hollandais ,Français et Anglais ,
qui se complétèrent d'emprunts faits les uns aux autres, d'expériences
et d'études personnelles ainsi que d'investigations et de données of -
Les cartes Mondiales de Piri Reis
D'autre part les cartes de Piri Reia constituent des ouv -
rages qui n #avaient pas leurs pareils à l'époque où elles furent
dressées. L'amiral turc écrit d'ailleurs dans son traitéuDe La Marine"
qu'il avait élaboré une carte beaucoup plus détaillée que celles
existant jusqu'alors et qu'il y avait consigné des renseignements
relatifs aux "Mers des Indes et de la Chine" jusqu'alors inconnus
en Occident .L'indication qui figure en
marge
de la c rte prouveque la carte est un fragment de celle dont il est question dans la
préface du Traité de la Marine .
On constate au premier coup d'oeil que le fragment de carte
que nous possédons constitue à peine le tiers de la carte complète .
Malgré toutes les recherches effectuées la partie perdue n'a pu être
retrouvée .
Il ressort d'une inscription se trouvant sur la Carte même
qu'elle fut dressée pur Piri Reis à Gulipoli au mois de Mouharrem
Après la phrase liminaire ci-dessus reproduite,Piri Reis
expose au moyen des notes marginales la manière dont il composa
la carte, et ajoute à la fin »"Nul dans le siècle présent ne possède
une carte semblable à celle-ci. Elle a été élaboré et dressé par
l'humble soussigné. La présente c-rte est le produit des études
comparatives et des déductions faites sur vingt cartes dont une
était celle de Christophe Colomb .
Dans la préface "De la Marine", Piri Reis mentionne entre
autre la découverte des Antilles par Christophe Colomb et ajoute ce qui
suit :
"Sa carte nous est déjà parvenue. Et je vous raconte la
"vérité telle quelle •
(De la Marine, p.82)
On peut s'étonner de voir la carte de Christophe Colomb
dans les mains de Piri Reis Mais on peut bien se l'expliquer par
le fait qu'à la fin du X V ème siècle et au début du XVI ème Piri
Reis s'était engagé, en compagnie de son oncle Kemal Reis, dans
des combats navals aux cotes d'Espagne. En effet, il cite dans
sept vaisseaux espag ois. D'autre part, en parlant "des Antilles" -
et du costume des indigènes des Antilles, il raconte qu'au courant
d'une bataille navale un couvre-chef orné de plumes de perroquet tel
qu'en portent ces indigènes,ainsi qu'une sorte de pierre noire et dure
qui pourrait même trancher le fer, étaient tombés en leurs mains.Nous
lisons également dans l'une des notes marginales de sa Carte Mondiale
qu'un matelot qui avait accompagné Chritophe Colomb trois fois lors de
ses voyages en Amérique et qui plus tard était fait prisonnier par
Kemal Reis avait fait & celui-ci des révélations remarquables à ce
sujet.
Il est possible que ce matelot espagnol ait été capturé
par Kemal Reis au cours de la même bataille où il s'était emparé
des objets provenant "des Antilles".Or, il ressort des explications
suivantes que la carte de Christophe Colomb se trouvant entre les
4 ,
v
mains de Piri Reis avait été dessinée en 1498. Kemal Reis et Piri
Reis ayant combattu les Espagnols en 1501, il est fort probable
que les amiraux turcs se soient emparé de cette carte lors de ces
Le fragment que nous possédons de la Carte Mondiale dessinée
par Piri Reis contient une partie des cotes occidentales de l'Europe
et de l'Afrique avec l'Océan atlantique ainsi que l'Amérique Centrale
et l'.-mérique du Sud.
La carte est dessinée en plusieurs couleurs sur peau de Gazelle
Elle ne contient pas les divisions en méridiens et parallèles. On y
trouve deux roses des vents,l'un au nord et l'autre au sud. Chacun
de ces cercles est divisé en 32 parties dont les lignes de division
sont prolongées au delà de la circonférence du cercle. Près de chaque
cercle de vent se trouve une échelle en milles marins.
La carte est ornée d'un grand nombre de dessins. Au Portugal ,
à Marrakech et en Guinée se trouve l'effigie d'un souverain.L'afrique
est symbolisée par u n éléphant et une autruche tandis que l'Amérique
du Sud par un lama et un puma. Nous trouvons dons les mers eb sur les
côtes plusieurs images de vaisseaux, a plusieurs endroits de la carte ,
o n voit des annotations, parfois se rapportant aux illustrations et
parfois indépendantes d'elles. Ces notes dont j'ai cité quelques-unes
sont d'une grande valeur.
Les montagnes sont représentées en relief et les rivières en
tions qu'il avait arrêtés à la page 28 de son traité "De La Marine”
concernant les signes symboliques, et c.insi il représente les endroits
rocheux par des points noirs, les eaux basses avec des bancs de sables
per des points rougeâtres, les rochers dans la mer,invisibles aux vais
seaux, par des croix.
En traçant les cotes d'Afrique Piri iieis n'avait pas
seulement à sa disposition les nouvelles certes dressées par les
Portugais mais il avait tiré profit aussi des ouvrages des marins
turcs ainsi que des renseignements que ceux-ci avaient recueillis
lors de leurs voyages sur les côtes d'Afrique .
Quant à la situation de ces côtes sur la carte,elle est
indiquée avec une grande précision .
Quant à l'Amérique du Sud, nous y voyons également que
Piri Eeis a profité des nouvelles cartes des Portugais et qu'il a
transcrit dans sa Carte Mondiale les années établies par Amerigo
Vespuci,Pinzon et Juan de Solis jusqu'il 1508 sur les côtes de l'amérique
Lu terre ferme un peu au sud de la Plata s'allonge sans
interruption vers l'Est.
On
comprend que cette partie de la Cartefut dessinée à l'instar de la mappemonde dressée selon la conception
de Ptolémée. Mais huit ans plus tard, lors de 1 rédaction de son
traité "De la karine" Piri deis n'a pas manqué d ’écrire dons la
préface de l'ouvrage que l'on trouve la mer et non la terre ferme
au sud de la flata. Ainsi le géographe turc se tint au courant des
découvertes ultérieures.
au point de vue de l'histoire des découvertes géographiques
c'est l'Amérique Centrale qui attire le plus l'attention des savants.
La partie de la Carte Mondial* qui représente l'Amérique Centrale ,
contient avec une précision extraordinaire les données de la carte
que Christophe Colomb avait dressée en 1498 ainsi que celles de la
carte de Toscanelli dans Christophe Colomb s'était servi lors de
son premier voyage en Amérique .
Sur la Carte Mondiale les véritables îles des Antilles
sont représentées non comme des îles mais comme un continent, ainsi
que Christophe Colomb le croyait. En effet Pirl Keis nomme 1/Amérique
S u d ” les cotes des Antilles".
E n transcrivant sur sa Carte Mondiale presque dans son
intégrité le contenu de la carte de Colomb, dressée en 1498,laquelle
à son tour contenait les uonnées de la carte Tosc&nelli dessinée
précédemment, Piri Reis nous a conservé la plus ancienne carte d^ané-
rique et a ainsi éclairé plusieurs points de l'une des plus importantes
périodes de l'histoire des découvertes.
L'Histoire des voyages de découvertes, qu'il nous relate ainsi,
est puisée & une source authentique et dénuée les légendes qui y
furent ajoutées plus tard.
Dans une note se trouvant sur l'atlantique Piri Reis p-rle <
du traité de Tordesillas conclu en 1494 et de la ligne de démarcation
qui divisait le monde entre les Espagnols et les Portugais. E n résumé
cette carte constitue un des plus précieux documents de l'histoire
V
La deuxième Carte Mondiale de Piri Reis
Piri Reis avait dressé à Galipoli 15 ans plus tard, en
1528, une deuxième Carte Mondiale. Celle-ci contient aussi comme
la première sa signature. Nous n'en possédons malheureusement qu'un
fragment. Nous y trouvons la partie septentrionale de l'Océan atlan
tique, les côtes nouvellement découvertes de l'Amérique du Nord et
1'Amérique Centrale. Le fragment contient quatre roses des vents et
deux échelles divisées en 2 0 parties. La proportion en est plus grande
que dans la première carte, a u nord se présente le Groenland et vers
le Sud les îles agores.
Vers le Sud du Groenland on remarque d'abord deux grands
morceaux de terre, celui qui est au nora étant dénommé Bakala. Il y
est écrit que ce dernier fut découvert par les Portugais. Plus bas,
nous lisons dans l'annotation près de Terre Neuve que ces côtes
furent découvertes p^r les Portugais, que l'ensemble toutefois
n'en était pas encore connu et que. l'on a seulement dessiné la
Plus au Sud on voit la presqu'île de Florida,ressemblant
de fa^on très proche à sa forme réelle .
Nous co iis tâtons dons cette deuxième carte Mondiale que Piri
Heis avait soigneusement suivi les découvertes qui ont été faites
à ce temps. L'amiral turc a corrigé avec précision sur sa deuxième
carte, en se basant sur des découvertes nouvelles, les erreurs
qu'il avait empruntées à la carte de Christophe Colomb dans sa
première carte. D'autre part Piri fieis n'a dessiné que les parties
du monde déjà découvertes,s’abstenant d'en faire autant pour les
autres parties. D'ailleurs une inscription nous fait savoir qu'elles
étaient laissées en blanc vu qu'elles étaient encore inconnues. On
voit avec quelle mentalité scientifique se comportait l'amiral-car -
tographe turc uu XVlème siècle .
Les deux cartes mondiales de Piri Reis se complètent
mutuelle-ment^et portant elles constituent aes documents indispensables pour
étudier la phase peutêtre la plus importante de l'histoire des dé
-(
Tous ces documents prouvent encore une fois que les turcs
ne se sont pas seulement distingués par leur héroïsme et leur
esprit de sacrifice sur les champs de bataille mais qu'ils ont
aussi rendu de grands services â la civilisation et à la culture
du monde .
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