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TOUJOURS LE MÊME ï

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Q u a triè m e a n n é e . — IM" ï 3 .

SUPPLÉMENT FRANÇAIS

1 5 M a rs 1 8 9 » . ”

RÉD ACTIO N 48, R ue Monge, 48 *

PARIS

PARAISSANT 2 FOIS PAR MOIS

Prix du Numéro 1 0 C E N T I M E S

Organe de la Jeune Turquie

Pu blié sous la Direction de Ahm ed RIZA

«

Ordre et Progrès

»

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---C E R ---C L E

V I C I E U X

Ce que le Sultan ambitionne le plus c’est de se réhabili­ ter artificiellement aux yeux de l’Europe.

Guillaume II a suivi avec sa perspicacité ordinaire ce faible du souverain ottoman, a deviné ce désir de réhabili­ tation inhérent aux défaillances humaines. En allant lui rendre visite à Constantinople, il a, pour ainsi dire, encou­ ragé cette tendance secrète du Sultan, tendance qui serait, certes, bien légitime si un sentiment de sincère repentir pou­ vait pénétrer dans son âme. Aussi le contact avec Guil­ laume II n’a-t-il produit sur cette organisation complexe aucun effet tangible. Il n’a laissé aucune trace chez Abdul- Hamid qui est demeuré réfractaire aux réactions morales. On avait pourtant espéré que. l’amitié de l’empeur allemand pour l’hôte de Yildiz, ses conseils, son exemple amèneraient le Sultan à doter son empire de quelques réformes libérales ;

on a été complètement déçu.

C ’est dans ces conditions, lorsque l’empereur d’A lle­ magne a échoué, que M. Constans prétend réhabiliter^ le Sultan aux yeux de l’Europe, gagner son amitié et le rele­ ver aux regards de l’humanité. Réussira-t-il dans cette ten­ tative ? Nous n’osons l ’espérer.

Des démonstrations amicales, M. Constans en aura tant qu’il voudra, même des concessions et des aunes de ruban pour ses protégés et ses amis, mais ce sefa tout. Abdul-Hamid n’en continuera pas moins à persécuter ceux qui le gênent et à pressurer les populations pour le plus grand avantage de ses créatures et de l’armée d’espions qu’il entretient dans ses Etats. Il n’infligera aucun châtiment aux assassins, il ne fera aucune réforme. 11 s’étudiera à amuser M. Constans, à le gagner à sa cause, si c’est possible, à lui démontrer, non sans une légère pointe de malice, que le salut de la Turquie exige le maintien des institutions despotiques et que peut être ce serait là aussi le salut de la France; car il est capa­ ble de toutes les audaces.

M. Constans ne se laissera pas prendre facilement à cette glue savamment composée avec laquelle Abdul-Hamid a déjà pris plus d’un habile diplomate, il sera forcé néan­ moins de se plier à cette situation équivoque, qui est celle cjue subissent tous les autres ambassadeurs. Ils flattent le Sultan autant que les convenances le leur permettent et en tirent pour leurs nationaux des avantages particuliers. Quant à l’intérêt public et au sort réservé aux malheu­ reuses populations de la Turquie, ils ne s’en soucient guère.

Or, cette attitude qui fait les affaires de la Russie, qui permet aux Allemands de s’implanter en Orient et qui favo­ rise les desseins des autres gouvernements est, en réalité, très préjudiciable aux intérêts de la France, par la raison «lu elle comprime les idées libérales, en empêche l’éclosion, en entrave l’essor et enlève ainsi aux Français la puissance

morale qu’un passé glorieux leur avait donnée. C ’est en défendant la cause de la justice et de la liberté dans le monde, que la France peut recouvrer le prestige qu’elle a perdu. M. Constans comprendra-t-il cela? Nous avons quel- que'peine à le.croire. 11 évoluera dans le même cercle que M. Cambon,et comme lui, il sera condamné à voir se perpé­ tuer en Turquie le despotisme qui a déjà couvert de ruines ce beau pays au relèvement duquel la France avait tant tra­ vaillé il y a quelque vingt ans.

On objectera que nous nous plaçons ici au point de vue de nos intérêts et de nos conceptions propres et que M. Constans a une autre tâche à remplir que celle d’assurer le bonheur du peuple ottoman. Il doit combattre notamment les projets des Anglais sur l’Egyp te et amener le calife à manifester son hostilité contre les envahisseurs. Hélas ! il y a longtemps déjà que le Sultan a conclu une entente avec les Anglais sur ce point. Ceux-ci n’ont fait, du reste, qu’imiter les Français qui, pour affermir leur domination en Tunisie, ont laissé prendre au Sultan toutes sortes de liber­ tés. D’ailleurs, Abdul-Hamid a perdu tout prestige en Afrique et on oublie trop qu’il est intéressé à la chute des califes ses concurrents ainsi qu’à l’affaiblissement voire à la disparition des monarchies musulmanes.

Ha u l Ganem.

TOUJOURS LE MÊME ï

Depuis quelque temps, les journaux turcs de Constanti­ nople publient des articles qui, vu le milieu où ils sont rédi­ gés, semblent de furieux coups d’encensoir à l’adresse des Arméniens. Etant donné la vigoureuse pression que le gou­ vernement impérial exerce sur la presse, nos confrères turcs, en aspergeant d’eau bénite de cour le peuple armé­ nien, obéissent incontestablement à un mot d’ordre venu du Palais.

Quelle excentricité nouvelle a germé dans le cerveau d’Abdul-Hamid ?

Notre scepticisme à l’égard des bonnes intentions de ce souverain extraordinaire est tel qu’aussitôt qu’un fait se produit, même d’apparence favorable, nous nous méfions instinctivement, comme on se méfie d’une caresse de vipère — si la vipère savait caresser. Nous voudrions tant cepen­ dant voir quelque sentiment humain entrer en lui et secouer, et réchauffer, et faire vibrer ce morceau de ‘ marbre qui lui tient lieu de cœur ! Nous serions les premiers — si ce mi­ racle s’opérait — à nous en réjouir, à crier hosanna, et, avec tous les Ottomans nos frères, mettre à son service notre bonne volonté, notre dévouement, nos efforts, dans la com­ mune idée du relèvement de notre pays...

Mais ce n’est làqu’une chimère.

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2 MECHVERET ( s u p p lé m e n tfr a n ç a is )

teau sur la gorge, les journalistes ottomans se font com­ plices, nous donnent la nausée plus que ne saurait le faire une franche infamie. Ce moyen de procéder nous rappelle ces bandits fanatiques qui faisaient bénir les balles de leurs pistolets et demandaient pardon aux victimes qu’ils allaient massacrer.

E t voyez l’inconséquence du Sultan : quel moment choisit- il pour lancer cette espèce de lettre pastorale à ses sujets chrétiens ? Juste celui où, ses terreurs augmentant à la pen­ sée qu'un complot est dûment organisé contre ses jours, il fait pleuvoir les mandats d’arrestation, et où des centaines de pauvres étudiants sont arrachés à leurs familles, à leurs études, pour être expédiés dans des « provinces lointaines », selon la tragique expression dont, sans s’en douter, la cen­ sure ordonne à la presse de se servir, comme d’un eu­ phémisme, pour expliquer la disparition de ces mal­ heureux.

O h ! oui, il est bien malade, bien bas, le Sultan Abdul- Hamid ! Il est vrai qu’on le ressasse depuis qu’il a pris d’assaut le trône de Mourad V ; ce qui ne l’empêche pas de continuer à se rendre, tous les vendredis, à la mosquée : il se meut, donc il vit. C ’est égal, il a beau vivre : il est bien malade, il est bien bas ! Témoin les niaiseries qu’il exige de sa presse et auxquelles il suppose que l ’on se laissera prendre. C’est bien là ce qu’on appelle « tomber en enfance ». Et il y a de quoi frémir en pensant que c’est encore nous qui en pâtirons : ne sommes-nous pas livrés à ses fantaisies, abandonnés à ses sadismes tyranniques ?

L ’homme du 26 août 1896 n’a abdiqué aucune de ses manies sanguinaires ; son caractère, ses instincts peu­ vent varier dans leurs manifestations; au fond ils restent les mêmes. C ’est pourquoi, plus que jamais, il faut se tenir sur ses gardes. On a vu quel usage il a fait des diffé­ rentes amnisties qu’il a décrétées sans qu’on l ’en ait prié. La voix, leregard, le geste de cethomme sont une constante fein- tise; le moindre de ses actes est un mensonge, une duplicité, une trahison.

Aussi, quand les feuilles qu’il tient sous son knout se mettent, de but en blanc, à nous envoyer de la fumée d’encens dans les narines, sommes-nous autorisés à nous demander :

« Que lui passe-t-il par la tête? et quelle nouvelle calamité va fondre sur nous ? »

P. Anméghian.

EN C R È T E

Nous ne sommes pas mécontent de voir l’Angleterre et le prince Georges faire la cour, chacun de son côté, à la popu­ lation musulmane de la Crète.

A Candie, où la majorité des habitants est musulmane, ces caresses plus ou moins machiavéliques ont revêtu un caractère vraiment touchant.

Le Sultan, lui aussi, commence à s’intéresser à cette population qu’il a pressurée et laissé écraser pendant toute la durée de son abominable gouvernement. C ’est ainsi qu’il permet aujourd’hui d’ouvrir une souscription en faveur des Crétois musulmans les plus nécessiteux. Ce sont les fonc­ tionnaires et le peuple qui remplissent les listes de sous­ criptions, mais c’est Abdul-Hamid qui s’en fait gloire, se figurant peut-être qu’il dédommage ainsi un peuple ruiné par sa faute. Nous ne sommes pas, hélas! habitué à cons­

tater chez le Sultan un mouvement désintéressé et pure­ ment humain. Dans cette distribution de secours il y a certainement un secret sentiment de fourberie. On dit qu’il pousse en sous-main les Crétois musulmans à l’émigra­ tion. L ’attitude des journaux turcs de Constantinople nous porte à le croire.

L ’Angleterre reste à Candie, et pour pouvoir y prolonger agréablement son séjour, elle cherche à gagner les sympa­ thies des Candiotes, qui avaient été indignés, au moment des troubles, des agissements arbitraires de l’autorité anglaise.

Quant au prince Georges, il veut ménager, lui, les sus­ ceptibilités des deux partis. Il paraît aimer la justice et vouloir rester impartial. C ’est donc une politique de paix et de conciliation qu’il poursuit.

« Quant on gouverne, dit-il dans les déclarations qu’il a faites sur sa mission en Crète, en ayant pour règle de conduite la justice et l’égalité pour tous, on ne peut rencontrer aucune difficulté dans l’accomplis­ sement de son devoir. »

Nous nous faisons un plaisir de relever ce passage de son discours et de le porter à la connaissance du Sultan comme étant l’expression d’un principe que celui-ci a toujours négligé et dédaigné.

Nous n’avons cessé de combattre la nomination d’un prince hellène au gouvernement de la Crète. Nos attaques ont été basées sur des considérations de principes que nous tenons toujours pour bons et ju stes; mais ici, c’est également un principe de loyauté qui nous oblige à lui rendre justice toutes les fois qu’il se montrera impartial envers les Crétois, mulsulmans ou chrétiens.

Si nous avons pris souvent la défense des Crétois musul­ mans, c’est qu’ils étaient odieusement opprimés, c’est surtout parce qu’ils étaient en minorité et sans protection aucune.

* # #

Nous avons reçu de Crète la copie du projet de Consti­ tution que l’Assemblée nationale est en train d’examiner et de discuter. Le sens général du projet mérite d’être noté avec satisfaction.

Nous voudrions néanmoins attirer l ’attention de la Chambre crétoise sur certains articles qui laissent une liberté absolue au prince, reconnu irresponsable, de choisir comme bon lui semble ses conseillers. La Commission qui a été chargée d’élaborer le projet de Constitution, a tenu probablement à être agréable au prince. Mais nous savons combien ces actes de courtoisie, dans l ’élaboration de la Constitution ottomane, nous ont coûté cher.

Il importe que le gouvernement du nouvel Etat autonome agisse, non pas au nom et d’après les ordres du Prince ré­ gnant, mais suivant la volonté de l’Assemblée nationale ; car en fait, comme en réalité, la souveraineté n’appartient et ne doit appartenir qu’à elle seule.

Nous remarquons également dans certains articles du projet, notamment dans ceux relatifs à la presse, à la liberté de réunion et d’enseignement, une élasticité peu rassurante. Il est vrai que ces articles contiennent cette restriction : le respect des lois du pays ; mais ces lois sont encore incon­ nues ; d’autre part, le pouvoir exécutif du Prince étant très étendu, il y aurait à craindre qu'on n’entravât la jouissance des libertés accordées par la Constitution.

Nous avons appris avec plaisir que la proposition d’un député à l’Assemblée nationale, d’inscrire en tête de la Constitution que la religion officielle de la Crète est la reli­

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MECHVERET (S u p p lem en t f r a n ç a i s )

gion grecque orthodoxe, a été repoussée par 133 voix contre 22.

« Chacun est libre de profeser, dit l’art. 11 du projet, la religion qu’il préfère. L e prosélytisme est défendu. »

Nous serrons sympathiquement la main qui a dirigé ce paragraphe.

Le nom du Sultan suzerain ne figure pas dans le projet. Le gouvernement crétois semble donc tout-à fait se déta­ cher de la Turquie et avoir même cessé de dépendre, au point de vue ecclésiastique, du patriarcat œcuménique de Constantinople.

La Constitution Cretoise nous fait naturellement remémorer, et non sans un sentiment de profonde mélancolie, notre malheureuse Constitution de 1876. Le sultan sinistre, qui a refusé à ses sujets un gouvernement constitutionnel, voit aujourd’hui — sans amertume, il est vrai — ses provinces se soustraire, l’une après l’autre, à son autorité et se rallier à un nouveau régime. Et dire qu’il avait reconnu lui-même la raison d’être de ce régime et qu’il l’avait même solennel­ lement proclamé conforme aux principes de l’Islam !

Abdul-Hamid est un tyran, un fou malfaisant, c’est entendu; mais que penser des Puissances européennes ? Chaque fois qu’elles arrivent à arracher un morceau à l’Empire ottoman, elles s’empressent de la doter d’une Constitution ; mais, lorsqu’il s’agit d’une réforme générale à introduire en T u r­ quie, elles se gardent bien de mettre dans leur projet de réformes le mot même de « Constitution ».

Cela n’indique-t-il pas les desseins criminels dont elles sont animées ? Elles tiennent avant tout à sauvegarder les pré­ somptions d’un fourbe dont chacune espère tirer, soit pour elle-même, soit pour ses protégés, une faveur ou une con­ cession quelconque.

Ah m e d Ri z a.

LETTRE DE CONSTANTINOPLE

Constantinople; le 28 février 189g. On est toujours très inquiet ici par rapport a la question de Macédoine, et l’arrivée d’une centaine de soldats blessés n’a pas été pour rassurer les esprits.

L ’événement, ou l’incident si vous voulez, a eu lieu dans le Sandjak de Débré, où la population, en majorité bulgare, a eu maille à partir avec les Albanais.

La population est exaspérée, travaillée probablement. Le Comité macédonien de Solia a toujours plus ou moins armé les paysans bulgares de la Macédoine.

Il existe donc dans la région un fâcheux état d’esprit et il faudrait y déployer un peu de tact et beaucoup de prudence. C ’est ce qui manque au gouvernement, c’est-à-dire au Sultan gouvernant tout seul.

Chacun sait que les fonctionnaires envoyés dans les pro­ vinces ne valent pas grand-chose, car ils sont choisis par Abdul-Hamid. Supposons que celui-ci se trompe et qu’il en envoie des bons. Que peuvent-ils faire ?

D’une part il ne leur est permis d’y prendre aucune ini­ tiative. Il leur faut, même pour les affaires courantes, pren­ dre les instructions du Palais. Si ces instructions viennent, elles sont mauvaises, mais il faut que les fonctionnaires les mettent en pratique, sous peine de destitution immédiate.

Si elles tardent ou même si elles n’arrivent pas du tout, ce qui arrive parfois, les fonctionnaires se gardent bien de prendre une détermination, ne se souciant pas d’assumer une dangereuse responsabilité. Tout reste alors en suspens et vous pouvez penser ce que devient l’administration.

Puis il faut ménager les Beys Albanais qui, au moindre sujet de mécontentement, vrai ou même supposé, adressent à leurs compatriotes Tufenkdjis du Palais des dénonciations qui sont aussitôt transmises au Sultan. Celui-ci, qui n’a rien à refuser à ses prétoriens, sacrifie immédiatement le fonc­ tionnaire signalé.

11 y a encore la question d’argent. En province, en Macé­ doine surtout, personne n’est payé. Les usuriers du pays ne veulent plus rien avancer, quel que soit le taux d’intérêt offert. Il faut cependant que fonctionnaires, officiers et soldats mangent — bien ou mal — et ce sont les paysans, turcs ou chrétiens, qui doivent les nourrir, en fournissant soit des vivres, soit de l’argent. Mais les soldats, en deman­ dant ces secours, sont parfois brutaux, et les paysans refusent le plus souvent ce qui leur est ensuite enlevé de vive force.Dame,je voudrais voir si des troupes européennes, non payées et pas nourries, se gêneraient beaucoup pour prendre le nécessaire aux gens du pay^s sur lequel il leur faudrait vivre. On se récrie lorsque, en temps de guerre, l’ennemi veut, en partie, vivre sur le territoire conquis.

Le Sultan Hamid, lui, trouve tout naturel que ses soldats, en temps de paix, vivent tout à fait aux dépens de ses propres sujets.

Que le soldat souffre, que le paysan soit ruiné, peu lui importe ; il ne veut rien retrancher de l’argent dont il gorge ses espions et ses créatures.

Si vous croyez que j ’exagère la situation, écrivez donc à vos amis de Salonique et demandez-leur si chaque jour les passants ne sont pas, en pleine rue »et en plein midi, sollicités par des soldats et des gendarmes leur demandant quelque pièce de monnaie pour acheter un supplément de nourriture.

E t les armes?

Le fusil Mauser, quoique peu solide, n’est en somme pas mauvais; mais examinons un peu le profit que les favoris de Sa Hautesse ont retiré de l’achat de ses armes.

La première commande a été faite en 1887 ; ladite com­ mande était de 350,000 pièces du calibre huit m illim ètres trois quarts. Les premiers 200,000 fusils ont été reconnus défectueux et irréparables ; ils sont à la ferraille. Après divers essais, le calibre a été réduit à sept m illim ètres et dem i ; le fusil a enfin été reconnu bon et une nouvelle com­ mande de 400,000 pièces a été passée.

Ür, le prix de cette arme a été fixé à 360 piastres or, soit 82 fr. 80. C ’est bien exactement le prix que l’Etat a payé pour chacun des 750,000 fusils qu’il a reçus et dont 500,000 seulement ont été trouvés utilisables.

Quant à la fabrique Mauser, elle a reçu 42 fr. par fusil ; il est donc resté 40 fr. 80 par pièce à partager entre les m angeurs(.lu Palais et consorts.

Le gouvernement a donc payé, pour cette fourniture, la somme totale de 62,100,000 fr. sur lesquels 30,600,000 fr. ont passé aux Bakhchichs.

Si vous faites le compte des cartouches fournies aussi par une succursale de la fabrique Mauser, vous trouverez cjue les voleurs ont encore touché, • de ce chef, une somme

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4 MECHVERET (S u p p lém en t j r a n ç c u s )

L e 7 mars. Les appréhensions en ce qui concerne la Macédoine vont toujours grandissant.

A Débré, les Albanais, prévenus par leurs amis du Palais qu'ils peuvent tout se permettre, ont adressé au Vali de la Province une pétition demandant d’une façon impérieuse le rappel immédiat de leur Mutessarif. Après avoir inutilement essayé de leur faire entendre raison, le Vali a envoyé un détachement de 200 soldats à Débré pour y maintenir l’ordre. Ce détachement a été immédiatement cerné par un millier de Bachi-Bozouks, désarmé, et officiers et soldats ont été enfermés dans une mosquée. Cela fait, les mutins ont expédié, sous escorte, le Mutessarif jusqu’aux confins du Sandjak. Puis, ils ont relâché le détachement prisonnier et lui ont souhaité bon voyage, en ayant soin de ne pas lui

rendre ses armes.

Où mèneront de pareils agissements?

lin attendant que nous ayons à le constater, les émissaires et les espions du Sultan remplissent leurs poches. Or, ces ridicules et dangereuses, prodigalités sont triâtes, surtout en raison de leur contraste avec la misère générale toujours grandissante.

Quand paiera-t-on un mois de solde à l’armée et à l ’admi­ nistration ? C ’est ce que personne ne peut prévoir encore- Aucune affaire ne marche, le crédit se restreint chaque jour davantage, le commerce, de détail surtout, chôme complè­ tement, personne ne pouvant dépenser. Voici le moyen mis en pratique pour arrêter le concert des plaintes s’élevant de toutes parts.

L ’autorité a fait prévenir tous les négociants, débitants, détaillants, etc., sujets ottomans, qu’ils devaient dire à tout venant que les affaires sont actives et rémunératrices ; que tout individu se permettant de se plaindre serait frappé d’amende et emprisonné, et cela s’exécute.

Comment trouvez-vous cette manière de rétablir la pros­ périté ?

On s’est demandé, dans certains milieux, pourquoi la dépêche de condoléance du Sultan est parvenue à la famille Félix Faure après celles du prince de Bulgarie et du khé­ dive d’E gypte. L ’explication en est pourtant bien simple : Abdul-Hamid souffre du délire des persécutions; rien ne trouble plus son cerveau atrophié que l’annonce de la mort subite d’un chef d’État; son entourage se trouve dans l’obli­ gation de le préparer graduellement à la triste nouvelle. Le Sultan a déclaré lui-même dans son télégramme qu’il avait appris cet évènement avec une vive ém otion... et c’est la seule fois peut-être qu’il a dit la vérité. Nous avons consacré de nombreux articles à l’état mental d’Abdul-Hamid : d’ail­ leurs son genre d’existence nous dispense de tout commen­ taire. Un homme qui s’est emprisonné lui-même depuis vingt-deux ans ne peut être qu’un fou.

L a presse européenne a annoncé la volonté du Sultan de créer, dans les provinces ottomanes, des orphelinats. L es journaux de Constanti­ nople publient à ce sujet le communiqué officiel dont on trouvera ci- dessous la traduction littérale.

Nos lecteurs remarqueront à quelle triste bouffonnerie se résume ce communiqué sorti des officines du Palais; ils s'apercevront sans effort d’imagination qu’Abdul-1 lamid a mis vingt-deux ans à faire cette

dé-Paris. — lmp. Jean Gainche, 15, rue de Verneuil.

couverte : que les orphelins qui meurent d’ination dans les proviuces d’Anatolie en étaient réduits là faute d’hospitalisation. Ils comprendront aussitôt que dette subite éclosion d’humanité dans le cœur du Sultan coïncide avec l’annonce de la fondation d'orphelinats, dans les dites provinces, par certaines Puissances étrangères... D’autre part, ils ne noteront pas sans étonnement que la philanthropie du Souverain ottoman se limite à une généreuse théorie, laissant à ses sujets le soin de l’appliquer à leurs propres frais... S ’il ne s’agissait nas d’ un com­ muniqué o fficiel, il n’y aurait rien de surprenant à ce que les journaux turcs — tenus sous la cravache censoriale — attribuent au Sultan des sentiments humanitaires qu’il n'a jamais eus; mais la chose venant de Yildiz-Kiosk, elle apparaît d’autant plus grotesque et démontre à quel degré de décrépitude est tombé Abdul-Hamid.

« Soit à jamais béni le jour bienheureux où notre magna­ nime Bienfaiteur à nous tous, notre auguste et vénéré Maître aux grandes idées, notre illustre Monarque qui comble l’Uni­ vers de ses bienfaits et de ses générosités, a daigné, en mon­ tant sur le trône des Ottomans, donner à celui-ci, par la supé­ riorité de sa personne sacrée, un bonheur intarissable et une durée éternelle.

Depuis ce jour Sa Majesté Impériale, faisant le sacrifice ; de son repos et de son sommeil, consacre tous ses labeurs et toutes ses munificences à trouver les moyens les plus propres à assurer à toutes les classes de la population de l’Empire le bien-être intellectuel et matériel et à propager la culture des sciences.

Il y a à peine un quart de siècle que le règne béni de l’auguste Ombre de Dieu a commencé, et déjà, grâce à ses efforts, d’innombrables établissements et fondations favorisant le bien-être général, surtout des écoles publiques et scienti­ fiques, ornent tous les coins de l’Empire. Le monde entier, enchanté de tant de merveilles, verse des larmes de recon­ naissance à l’adresse du Souverain Bienfaiteur.

A la couronne de ses créations enchanteresses, Sa Majesté vient d’ajouter une nouvelle perle d’un prix inestimable.

Elle a donné ordre que le ministère de l’instruction pu­ blique ouvre une souscription publique pour recueillir les fonds nécessaires à la fondation d’un orphelinat.

Le ministre de l’instruction publique, le cœur joyeu x et débordant de reconnaissance envers le magnanime Souve­ rain, porte à la connaissance du public qu’en vertu de l’ordre impérial sus-mentionné, on a déjà commencé à pré­ parer tout ce qui est nécessaire pour bâtir la mise en œuvre de cette création charitable qui est appelée à revivifier le monde humanitaire.

Cette œuvre de bienfaisance doit sa création au désir généreux de donner l’éducation aux enfants, garçons et filles, qui ont été, au seuil même de la vie, privés de tous les soins paternels, enfants qui n’ont peut-être pas même un misérable asile pour s’y abriter. Il est bien naturel que des hommes généreux veuillent pour cette œuvre de bienfai­ sance imiter le noble exemple de Sa Majesté. En effet, c’est en marchant sur les traces du Souverain que nous acquer­ rons cette félicité dans la vie actuelle et future qu’aucun bien matériel ne peut égaler. »

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