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Abdül-Hamid et la constitution

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ABDUL-HAMID ET LA CONSTITUTION 213 M. Rousseau est catégorique. Les Turcs étaient, en 1876, inca­ pables d’avoir une Constitution, ils le sont encore aujourd’hui, et ils le seront non moins demain. Il est inutile de faire remarquer que sa thèse va à l’encontre de son but. 11 écrase Abdul-Hamid en le voulant défendre, puisque de son aveu ce souverain soi-disant désireux du bonheur de son peuple n’a pas, en trente années de règne, trouvé le moyen de compléter, de perfectionner « ce qu’il y

avait de praticable, de juste et de sage dans la Constitution » ni de suppléer à ce qui man­ quait « au progrès des lumières » chez les habitants de son Em­ pire.

Le panégyriste d’Abdul-Ha- mid ne se tient pas pour battu ; mais, dans le but de l’innocen­ ter, il s’enchevêtre de plus en plus dans les inconséquences et les contradictions.

« Il est incontestable, conti­ nue-t-il, que l’élément ottoman ; s’ assimile dans l’ordre politique la civilisation occidentale. Le Sultan, s’inspirant de cette noble pensée que les innova­ tions sont au nombre des pre­ miers besoins des peuples, a exécuté depuis son avènement un certain nombre de projets favorables à l’extension de la liberté politique et religieuse de ses sujets (1). »

N’en déplaise à M. Rousseau, qui lui-même n’a étayé d’ aucune preuve son assertion, Abdul-Hamid n’ a rien fait — au contraire — dans ce sens. Il a combattu de tout son pouvoir d’ autocrate le développement comme l’unification, des idées. Il a opposé entre elles

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op. de

Keratry

Sultan Mourad V

(1) L. Ro u sse a u, L ’effort ottoman. Du développement politique.

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214 CONSTANTINOPLE SOUS ABDUL-IIAMID

les diverses populations de son Empire ; il a jeté ou maintenu la zizanie entre les différentes communautés, il les a divisées pour régner plus placidement ; il a traité ses sujets, musulmans et chré­ tiens, en ennemis, massacrant les uns, déportant les autres par milliers, pressurant le reste sans trêve ni merci. Et, s’il est vrai de dire « que l’élément ottoman s’assimile dans l’ordre politique la civi­ lisation occidentale », il est faux d’ajouter que c’est avec l’ appui du Sultan Abdul-Hamid ; c’ est, au contraire, malgré et contre lui.

Gomment expliquer que, dans de telles conditions, la Turquie n’ait pas fait de plus énergiques efforts pour l’obtention de ses droits?

Ce n’est pas la première fois qu’ elle est gouvernée par un Sultan dont le goût pour le plaisir se joint à une prodigalité ruineuse pour l’État. Qu’ elle se rappelle Ibrahim Ier ; ses excès de tous genres, ses caprices sanguinaires, sa tyrannie avaient soulevé contre lui, tout à la fois, les janissaires, le mufti et les ulémas. Ensemble, ils envahissentle palais... « Traîtres, leur dit Ibrahim, que me voulez- vous? Ne suis-je pas votre Padischah? — Non, lui est-il répondu par la bouche d’Abdul-Aziz, grand juge de Roumélie, non, tu n’es point notre Padischah, puisque tu ne suis pas les traces de tes nobles aïeux ; tu ne le fus jamais, car tu l’étais en vertu des lois, et ces lois tu les as violées toi-même. Tu as foulé aux pieds la justice et la religion. Tu as ruiné l’ Empire pour assouvir de puérils ou coupables caprices. Toutes les fonctions sont vendues au plus offrant ; les innocents sont mis à mort et des hommes sans scrupule gouvernent à ta place. Tu vas t’en aller ! . . . » Et, comme il résistait, la foule l’entraîna et le livra au bourreau (1).

« On lut le Coran sur sa tombe, dit Lamartine, et on y brûla l’ambre et l’ aloès pour purifier son âme dans la fumée des parfums. La tyrannie morte devenait elle-même sacrée devant la religion d’un peuple qui avait renvoyé le coupable ou l’insensé au vrai juge (2). »

(1) En 1648

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LES RÉFORMES CONSTITUTIONNELLES 219 leurs créances. Les témoins chrétiens présentés au Tribunal ont été impitoyablement repoussés comme incompétents. Les créanciers chrétiens se trouvent donc dans l’alternative de renoncer à leurs créances ou de recourir aux faux témoins musulmans qui ont, près de la Sublime Porte, leur café spécial où ils se tiennent tout disposés à rendre service aux chrétiens moyennant rémunération. Voilà un exemple frappant de l’inégalité du musulman et du chrétien ;

Sur le Bosphore. — Palais et Poste de Police

démenti solennel aux déclarations trompeuses de la Constitution ottofnane et des discours du trône. Un de ces jours même, me trou­ vant par hasard dans les salons des tribunaux du Cheik-ul-islam, je vis sur la porte dukazasker de Roumélie (juge de Constantinople pour la côte d’Europe) un écriteau, sur lequel étaient écrits ces mots en langue turque : Mehkemëi Muslimin vekiafirin (tribunal des croyants et des infidèles (kiafirs). Tandis que les autorités déclarent

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2 2 0 CONSTANTINOPLE SOUS ABDUL-HAMID

qu’il est défendu d’appeler les chrétiens des noms de ghiaour, de

kiafir, une inscription officielle, sur la porte du tribunal le plus important de Constantinople, perpétue la consécration de ces dénominations insultantes pour les chrétiens. Ainsi faut-il juger les prétendues réformes dont la Porte se prévaut dans son langage officiel. Tout est faux, déguisé et frauduleux (1). »

Cette conclusion est-elle juste?

Eh quoi ! parce que vingt ans après le Hatt-i-Humayoun d’Abdul- Medjid, parce que un an après la promulgation de la Constitution les errements du passé subsistent, on crie à l’impossibilité d’opérer des réformes en Turquie. C’est vraiment trop méconnaître les lois de l’histoire.

Quel est le peuple dont les mœurs politiques et sociales furent transformées à la suite d’un décret royal, après la proclamation d’une Charte, ou même au lendemain d’un changement de régime? N’est-ce pas après de longs siècles d’incubation que plusieurs nation , européennes ont enfin conquis cette liberté dont elles sont fières? N’en connaissons-nous pas qui sont encore meurtries des luttes qu’ elles eurent à subir pour en arriver à ce point?

Or, la Turquie n’a pas encore cinq siècles d’existence européenne. Où en était la France cinq cents ans après Clovis, et l’Angleterre autant d’années après la bataille d’ Hastings? Leur situation, à cette époque, était-elle moins barbare que celle où, dit-on, se débat l’em­ pire Ottoman? Plus tardivement, où en était la France après la nuit du 4 août 1789, après la déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen? Voici bientôt un siècle et quart que ces événements mémorables ont eu lieu, et ceux-là d’entre nous qui s’en félicitent le plus se plaignent qu’ils n’ont pas encore produit tous les effets que l’on peut en attendre? Et depuis lors, que de soubresauts, que de réactions n’ont pas agité notre pays ! Quand, au 4 septembre 1870, un groupe de députés eut proclamé la République, la France est-elle, de ce fait, devenue aussitôt républicaine? Trente-sept ans ont passé déjà, pendant lesquels les lois ont succédé aux lois, imposant de force les idées et les méthodes républicaines chez les

(1) Les Missions catholiques, 1er février 1878.

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