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Le Bosphore d'autrefois

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Tam metin

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MARS 1962

T J

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Le Bosphore d'autrefois

A Paris, on se promène a u x Cham ps Elysées, au

Bois de Boulogne; à Londres au H yd e-P ark; le long de la Tam ise; à Rome à la v illa Borghese et au Pin- cio.

Les habitants d ’ Istanbul qui désirent quitter l ’a t­ mosphère des rues étroites, ont une m erveilleuse pro ­ m enade à quelques kilomètres de la cité. Cette pro ­ m enade sera selon leur goût, maritime ou terrestre. Elle s ’a p p e lle : le Bosphore.

Le Bosphore n ’est plus ce qu’il était au trefo is; les incendies, les propriétaires de terrain s, de parcs, de tenanciers de ca fé ou de garg'ottes se sont appliqués à ravag e r ses beautés avec . . . l’appro batio n du pu­ blic.

C a r en tous p ays, la m ajorité des citoyens se moque entièrem ent de Part et des p aysag e s. On laisse dire et se lam enter les quelques personnes qui s'intéressent à la beauté des sites. On les tient souvent pour des m aniaques ino ffensifs ou des ennemis du progrès.

Il fau t se résigner à voir peu à peu le charm e du Bosphore d isp araître .

Le vra i Bosphore d 'au trefo is, nous irons le cher­ cher dans les oeuvres des poètes turcs, dans « le V o y a ­ ge en O rient» de Lam artine, dans «Suprêmes visions d 'O rien t» de Pierre Loti, dans le précieux opuscule d 'A n na de N o a ille s: «De la rive d'Europe à la five

d ’A sie» ou bien encore dans « L ’ homme qui assassin a» de C lau d e Farrère.

Le Bosphore a néanm oins ses légendes que p er­ sonne ne peut lui arrach er. Il est m ythologique, his­ torique.

On en p a rla it a van t même la fondation de C o ns­ tantinop le.

lo, la déesse transform ée en vach e, le traverse à la nage, les Argonautes le remontent pour chercher la toison d ’or, les hordes de Darius venues des pro­ fondeurs de l'A sie et les troupes de M oham et II le C o nquérant, le passent.

Ses trente et un kilomètres à vol d 'o iseau , sont parsemés de co llines, de v illa g e s, de forteresses, en ruines, de p a la is de m arbre, de parcs touffus.

Des quais de G a la ta à Roumeli Féner (P h a re d 'E u ­ rop e) d ’U sküdar au château de M ourad IV sur la côte d 'A sie ses rives gardent les traces des faits de guerre. La varié té , le charm e, le pittoresque en font un des endroits les plus beaux du monde.

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* *

C ependant les demeures en bois; les v illa s «m o­ dem style» qui se reflé taie n t toutes pim pantes dans les eau x vertes ou bleues, tombent en ruines. Des p a ­ lais abandonnés servent au jo u rd ’ hui d ’entrepôts de tab acs. Dans leurs salles aux p lafo n ds garnis de

pein-Istanbula giriş L’entrée d’Istanbul

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TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE

tures, sur leurs murs couverts de fresques et de miroirs; là où vivaie n t dans la chaude atm osphère des « h a ­ rems» les belles épouses des pach as, d'humbles ouvrières s'ap p liq uen t à ran ger les feuilles dorées et odorantes et à en fa ire des balle s pour l’expo rtatio n. A ille u rs, des « sé ra ils» montrent leurs faça d e s calcinées p ar les flam m es, des herbes sauvages étreignent les v ie ille s m urailles; des parcs sont, dit-on, fréquentés par des fantôm es. Il n’ y a que ruines et m élancolie.

* ★ *

En 1 9 0 0 ; le Bosphore était encore dans toute sa splendeur.

La cour des sultans créait un mouvement intense et co lo ré, les vizirs, Iss hauts dignitaires habitaient tous de vastes demeures entourés de jardins touffus. Les étrangers possédaient des v illa s gracieuses. Tous les am bassadeurs av a ie n t au Bosphore une belle rési­ dence d ’été.

Du matin au soir et durant les nuits, le Bosphore était continuellem ent sillo nné de « k a ik s» légers, à la poupe élégam m ent surélevée. Des bateliers aux vestes rouges scutachées de galons d ’or, au x chemises b la n ­ ches rehaussées de broderies m enaient le long de ses rives et en zig -zag des dames voilées, des pachas b e ­ donnants, des m ilitaires en uniform e, des couples d'étrang ers am oureux.

Le vendredi les plus belles em barcations am e­ naient au «G eu ksu » (R iviè re d ’A zu r) q u ’on ap p e la it aussi les « E a u x Douces d 'A sie » d ’indolentes hanoums qui se p ara ie n t avec recherche comme pour une m a­ nifestation m ondaine de haute élég ance . . .

Venus de toutes les parties du Bosphore les « ka iks» p assaien t lentement au gré de la fa n ta isie des r a ­ meurs, s'entrecro isaient et revenaient au Bosphore. On se salu ait cérém onieusement, galam m ent mais en silen ­ ce, d ’une barque à une autre.

Parfois pour un voyageu r so litaire un «m ach lak» (v o ile b la n c ) se soulevait un instant ou bien des re­ gards furtifs se croisaient, des intrigues amoureuses mais muettes s'éb auch aient.

On dit que m algré la réserve imposée par les moeurs turques certains «beys» (jeunes seigneurs) étaient cap a b les de donner un nom à chaque fantôm e voilé, car les voiles étaient légers, s’arrêtaien t au- dessous des yeux qui parfo is p arlaie n t mieux que des lèvres.

* ★

Ils savaient les «b eys» d ’alors que le grand « kaik» à trois paires de rames était sorti du creux d'un « y a li»

de Roum eli-Hissar, et d evait transporter des épouses de tel p a c h a ; que cet autre à deux paires de ram es, a v a it quitté le « k a ik h a n é » (h a n g a r de barqu es) du co lo n el, que la grosse dame chargée de bijoux était une princesse égyptienne, la frêle «hanoum » à l ’om­ b relle rose, la dernière épouse d ’ un g é n é ra l. On dit que certains rameurs savaie n t m anoeuvrer pour ra p ­ procher les « k a ik s» presqu’au point de se frô le r, que d ’autres h abiles à cueillir des billets sous l'oeil même des eunuques, les glissaient dans leur ceinture pour les p lacer au x mains des belles, au moment où il les a id a ien t à g ravir les marches du quai.

Les « k a ik s» passaient glissaient avec encore plus de grâce que les gondoles, et les rames paresseuses e ffleu ra ien t les eau x vertes à travers une fo rêt de roseaux de lianes, jusqu’au bout de la rivière qui se transform ait sous les saules en un mince file t d'eau sorti d ’une roche couleur de rouille.

Une fo ule endim anchée se prom enait dans l’in ­ com p arable p rairie, sur les berges couvertes de fle u re t­ tes. Il y a v a it là des « c a fe d jis» , des vendeurs de «hel- v a » , de «loko um », de sirop qui attiraien t l ’attention des promeneurs en fa isa n t donner des tim bales de cuivre. Il y a v a it des musiciens qui jouaient des airs de flûtes ou fa isa ie n t grincer des violons et des joueurs de tam bourins. Il y a v a it des gitanes, diseuses de bon­

ne aventure, des jongleurs des pitres et surtout des m archands de sucre candi colorié pour les petits e n ­ fan ts.

Des dames voilées ven aient respirer l ’air fra is. Entre deux arbres des pièces de toiles tendues en écran les protégeaient bien qu’im parfaitem ent des re­ gards m asculins. Des rires fu saien t, si par h asard un jeune effro nté, e ssa ya it de passer à proxim ité du fr a ­ gile rem part de toile et était écarté violemment par un eunuque noir.

«Je ire souviens d’un soir aux Eaux Douces d’Asie»,

écrivait la comtesse A n na de NoaiUes.

Un barque passa pleine de friandises O parfums balancés!

Des marchands nous tendaient des pâtes de cerises Et des cédrats glacés.

Une vieille faisait cuire des aubergines Sur l’herbe, sous un toit

Le ciel du soir était plus beau qu’on imagine J’avais pitié de moi.

J ’ai souvent, en 1922 et en 19 25, am ené des amis aux Eaux Douces d ’Asie.

Nous louions un beau « k a ik » couvert de tapis et de coussins, aux quais de Bebek. Le « ka ik d ji» soucieux

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du fort courant s’évertuait à nous mener avec prudence d 'ab o rd vers K a n d illi.

A près avo ir rasé la côte d ’A sie , nous passions au pied de la v ie ille forteresse d ’A n ad o lu H issar, et sous un pont verm oulu, nous cherchions au x E au x Douces, les belles prom eneuses, les princesses, les élégances, les couleurs, la vie b rillan te d ’autrefois.

A ujourd'hui les Eau x Douces d ’A sie ne sont plus qu'une petite rivière au x bords de laq u e lle on voit de grands p lata n e s, des hêtres centenaires et sur ses rives, les dim anches, quelques fam illes bourgeoises qui se disputent l'om bre d'un vieil arb re et rem plissent la p rairie de pap erasses et de boîtes de conserves.

Une autre attraction du Bosphore qui a aussi dis­ paru depuis une q u aran tain e d ’années étaient les pro­ m enades-concerts en « k a îk s» les soirs de c la ir de lune. A Bebek, à K ale n d e r, à Y e n ik ö y dans chaque anse du Bosphore des musiciens en barques donnaient d ’a g ré ab le s sérénades sur les e a u x.

Le général İzzet Foudd P acha nous en p a rle dans son o uvrage «C o nstantin o ple a v a n t et après la C o ns­ titu tion »:

— «Il y a , écrit-il, des sérénades sur le Bosphore du onze au dix-huit de chaque lune d'été. Ce sont la plupart du temps des personnes de la société qui, sur plusieurs points du long c a n a l, o rganisent ces fêtes nocturnes. De tous les « y a lis » environnants, on accourt vers la musique et l'on se joint a u x em barcations déjà en m arche. Le flo t augm ente tellem ent qu'à un mo­ ment donné ce la form e quelquefois un grand îlo t de barques et de « k a ik s » .

«Les rames touchent à peine l’e a u ; on monte tout doucement le courant en passant sous les fenêtres où les hommes disparaissent soudain.

«Parfo is un chant plus m élancolique encore, mais solennel part d'un minaret b lan c dont la flè ch e de plomb miroite sous la lune rad ie u se : c ’est le «m uezzin» qui envoie son chant vers Dieu: « A lla h Ekber! A lla h Ekb erl» A lo rs tout se tait . . . Et fervent ou non, on répète le nom de celui qui a créé toutes ces belles choses . . . et cette prière courte et fa c ile passe un mo­ ment sur toutes les lèvres et les jeunes pécheresses qui ne se confessent jam ais, car la confession n'existe pas chez nous, trouvent à cette occasion le moyen de de­ m ander à Dieu le pardon des amours qu’elles cachent dans leurs coeurs».

Un anim ateur et org anisateur de concerts en plein air au Bosphore était le drogm an de la Légation de Belgique: le Baron de Heubsh,

Propriétaire d'une v illa à Büyükdere, il s'évertuait à rendre ce lieu de v illé g iatu re le plus a g ré a b le pos­ sible.

Il o rg an isait des fêtes cham pêtres et, m oyennant une petite participation a u x fra is , il a v a it réussi à fa ire jouer un orchestre chaque soir à tour de rôle devant une demeure des membres particip an ts. C e la é g a y a it tout le v illa g e et les jeunes fille s grecques, leurs p a ­ rents, leurs amis venus de tous les côtés se groupaient autour des musiciens pour goûter au p laisir de ces con­ certs gratuits.

C 'é tait fam ilia l et charm ant. Le Bosphore n 'a va it rien à envier au x sérénades de V enise.

Willy SPERCO

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