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La decoration de Yechil Djami a Brousse

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Academic year: 2021

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Tam metin

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20 TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE

La décoration de Yéchil Djami à Brousse

Yéchil Djami est célèbre par ses revêtements cé­

ramiques. Dans la salle de prière, dans les loges qui en dépendent, au rez-de-chaussée et dans les salles qui sont réparties au premier étage, les murs sont re­ couverts de lambris de faïence bleue ou verte, sou­ vent rehaussés de motifs dorés. Tout cet ensemble produit sur le visiteur une très forte impression, qui reste pour les voyageurs un des souvenirs les plus durables d’un séjour à Brousse. Cependant, ceux qui ont étudié ce que fut au moyen âge le décor archi­ tectural dans le monde musulman, ne laissent pas d ’être surpris de l’opposition entre la faïence aux couleurs brillantes et l’enduit nu qui recouvre les murs. Il y a là un défaut d’unité d’autant plus choquant que le monument est très homogène. En fait, le lambris de faïence répond seul à l’état initial de l’édifice, alors que les enduits badigeonnés ne peu­ vent être attribués qu’à une restauration de la mos­ quée au cours du XIXe siècle.

Certes, il ne saurait être question de critiquer l’oeuvre entreprise à l’instigation de Ahmed Véfik

Bursa — Yeşil Camide Hünkâr mahfeli Bursa — Loge impériale de la mosquée de Yéchil Djami

Pacha, auquel la postérité ne peut que rendre hom­ mage, puisqu’il a sauvé de la ruine un édifice d’un si grand intérêt. De même, il ne faut pas se montrer in­ juste envers l’architecte français Parvillée, qui ac­ complit sa tâche avec beaucoup de zèle et de soin. Tout au plus, peut-on imaginer qu’aujourd’hui on emploierait d’autres moyens et que sans doute le résultat final serait plus conforme à notre désir de sincérité totale dans la restauration des oeuvres du passé. Cependant, j’ai pensé depuis longtemps que le dernier mot n’était pas dit et que l’on pourrait, en exécutant certaines recherches méthodiques, retrou­ ver la véritable physionomie de la mosquée du XVe siècle. Sous l’enduit nu, badigeonné de chaux, devai­ ent subsister, à mon sens, des traces plus ou moins étendues du décor primitif. Les travaux qui, depuis un an, ont été poursuivis dans ce sens ont confirmé ce pronostic: dans l’aile orientale de la salle de prière et dans la frise de la coupole attenant au mihrab on a trouvé des traces multiples, parfois même des mo­ tifs, entièrement conservés, de peinture ornementale, exécutés à la fresque; leur présence prouve sans con­ testation possible que tous les murs intérieurs de l’édi­ fice étaient recouverts d’une abondante ornementa­ tion exécutée suivant la même technique.

Une analyse chimique, minutieusement conduite, pourra peut-être nous renseigner sur les procédés employés; mais pour l’instant un fait est bien assuré et il faut en tenir compte si l’on veut comprendre le caractère général et l’impression produite par la salie de prière lors de sa construction. Loin de former un décor tranchant sur le fond nu de la muraille, le lambris de faïence était surmonté de cette peinture ornamentale extrêmement riche, dont les tons vifs juxtaposés formaient comme une immense tenture, un tapis gigantesque couvrant les murs et les voûtes.

On conçoit donc qu’à côté de l’architecte Hadji Ivaz, fils de Ahi Bayézid, dont le rôle ne pourrait être sousestimé, et à côté des «maîtres de Tebriz», auteurs du mihrab de faïence, une mention spéciale ait été faite, dans une inscription, du décorateur Ali, fils de llyas Ali. C ’est lui, sans doute, qui conçut et fit exécuter cet ensemble décoratif d’une extrême richesse et d’une infinie variété, dont le résultat était si différent de ce que nous avons sous les yeux au­ jourd’hui. Il convient en effet d’imaginer que furent répartis sur la totalité de la surface des murs et des voûtes les ornements et les couleurs que viennent de dégager les travaux récents. Ces travaux furent

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con-DECEMBRE 1950 21

Şehrin Umumî manzarası Vue générale de Bursa

duits avec autant de conscience que de minutie, sous la direction des architectes Saim Ulgen et Bedri Kök­ ten, par cet ustad remarquable dont ¡’ai exposé a il­ leurs l'oeuvre et vanté les qualités, İsmail Hakki Sön­ mez.

On peut se demander si Yéchil Djami ne pourrait être l’objet d’une restauration nouvelle, au cours de laquelle on restituerait le décor primitif non point arbitrairement, mais en utilisant scrupuleusement les motifs récemment mis au jour. On pourrait, en tout cas, faire un essai sur une paroi ou sur un élément de tambour prismatique et, suivant le résultat ob­ tenu, on jugerait si l’oeuvre mérite d'être poussée plus loin. Je crois, pour ma part, que cette expérience mérite d’être tentée et que si la Mosquée Verte pou­ vait être rétablie dans son état initial, elle serait pour

tous, nationaux et étrangers, un enseignement vivant et aussi un prototype unique n’ayant aucun équiva­ lent dans tous les pays du Proche et du Moyen Orient.

Mais peut-être ce projet appliqué à un édifice de grandes dimensions paraîtra-t-il quelque peu au­ dacieux. Ne serait-il point plus prudent de commen­ cer tout d’abord par un des turbés de la Mouradiyé, où les mêmes observations doivent êtres faites. Au tombeau de Mahmud, par exemple, le décor primitif a été dégagé sur de grandes surfaces. Bien qu'il ne soit pas complet et qu’il ait subi des mutilations, l’effet général est tout à fait différent de celui que produit, par exemple le Tombeau de Mustafa, où une peinture moderne, brutale, a remplacé la décoration primitive. Mais même dans ce cas, on aperçoit sous

Bursa — Yeşil Türbenin dahili manzarası

Bursa — Intérieur du mausolée de Yéehil Turbé

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Bursa — Yesil Camiin peneere tezyinati Bursa — Décoration des fenêtres de Yéchil Djami

la peinture noire récente, le décor rouge sur lequel se détachaient les inscriptions blanches et les surfaces ainsi recouvertes étant relativement exiguës, on ob­ tiendrait à peu de frais une restauration qui change­ rait du tout au tout l’effet intérieur du monument. De même encore au Tombeau de Djem, la restauration moderne, qui a suivi en grande partie les distributions premières des motifs, pourrait être aisément corrigée en ce qu’elle a de brutal et de grossier. Et l’on don­ nerait à la salle du mausolée une tout autre atmo­ sphère, une tout autre signification.

J'ai eu l’occasion de montrer, au cours d’un en­ seignement méthodique, quel était le sens de ces monuments de Brousse non seulement pour l’archéolo­ gie, mais encore pour l’histoire Turque, pour l’histoire de la civilisation de ce pays. Avant Edirne, avant Istanbul, Brousse doit être considérée comme une capitale turque, où s'expriment des conceptions par­ ticulières propres à un peuple, dont les traditions artistiques nous ramènent vers un lointain passé. Toute étude, objective et sans parti-pris, des monu­ ments de Brousse fait toucher du doigt certaines qua­ lités originales, certaines conceptions particulières dont on ne retrouve nulle part l ’équivalent. Elles sont comme un reflet du sentiment artistique et surtout du sens décoratif turc. On sait quelle fut de tout temps, à travers les pays, l’importance du tapis et de la broderie. Comment ne pas retrouver sur les murs de Yéchil Djami ou sur les murs des mausolées de la Mouradiyé l’application des principes qui guidaient les fabricants de tapis ou les brodeuses? On obser­ verait d ailleurs, dans les motifs eux-mêmes, dans leur agencement, dans leur juxtaposition, dans l’op­ position des teintes et dans le choix ou la prévalence de telle ou telle couleur autant de caractéristiques d'un art spécifiquement turc.

Plus tard, l'application de poncifs banals et plus tard encore l'invasion de formules occidentales, em­ ployées souvent sans discernement, ont pu faire oublier cette floraison du XlVe et du XVIe siècles. Et c’est pourquoi les éléments, si incomplets qu’ils soient, qu on a découvert et qu’on découvrira encore à Brousse sous les enduits modernes contiennent à eux seuls un enseignement riche de conclusions. Ils fixent une des étapes de la décoration turque, ils nous la montrent dans ce qu’elle a d’original, de libre et de puissant. Et tous ces vestiges sont autant d’attesta­ tions indiscutables qui nous permettent de mieux saisir l’infinie complexité de ces créations artistiques, leur origine et leurs destinées.

Professeur A . GABRIEL

Kişisel Arşivlerde Istanbul Belleği Taha Toros Arşivi

Referanslar

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