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Apres la mort du Prince Sabaheddine

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Academic year: 2021

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Après la mort du prince saoaheddine

Le prince M. Sabaheddine, qui fut grand patriote, éminent sociologue et maî­ tre vénéré des jeunes générations de son pays, vient de mourir en terre suisse, à Colombier.

Il se trouvait en Suisse depuis 30 ans, comme réfugié politique, et considérait ce pays comme sa patrie provisoire, « son re­ fuge préféré et bien-aimé ». Les habitants de St-Beatenberg (Oberlandbernois) et der­ nièrement ceux de Colombier (Neuchâtel) se souviendront de ce vieillard courtois qui se promenait, paisible comme une ombre du passé, contemplait de temps en temps d’un air pensif la porte et les murs du château de Colombier et s’éloignait d’un pas lent dans les allées tranquilles entou­ rant le château, en méditant sûrement le sort d’un autre prince qui fut aussi bon pour son peuple et moins malheureux que lui, celui de Henri de Longueville, châte­ lain de Colombier.

Ce noble et sympathique petit vieillard a disparu pour toujours.

Le monde intellectuel de son pays perd en lui un éminent réformateur social, et l’humanité un grand cœur, un intègre dé­ fenseur du droit et de la justice dans l’his­ toire d’une noble nation opprimée.

Il est né en 1879, à Istanbul, d’une très noble famille : il était le petit-fils de l’ami­ ral Halil Pacha, fils de Mahmoud Djelaled- dine Pacha (ministre de la justice sous l’Empire ottoman) et de la Princesse Seni- ha (sœur du sultan Abdul-Hamid I I ).

Elevé dans ce milieu noble et intellec­ tuel, le jeune Sabaheddine a reçu chez lui jusqu’à vingt ans une instruction parfaite donnée par d’éminents professeurs turcs et étrangers engagés sous le contrôle affec­ tueux de son père.

Il a à peine 21 ans, en 1899, quand nous le trouvons réfugié et exilé volontaire avec son père, à Paris.

• * *

L ’odyssée de sa fuite de Constantinople (le 14 décembre 1899) sur le « Géorgie », paquebot des Messagerie^ maritimes fran­ çaises, avec son père Damad Mahmoud Dje- laleddine Pacha, son frère Loutfoullah et son secrétaire, est des plus dramati­ ques ; les fugitifs ont souvent failli se prendre aux pièges tendus par la police se­ crète de son oncle, maître absolu de l’Em­ pire ottoman et du peuple turc, le sultan

Abdul-Hamid

n.

Le bon poète genevois Edouard Ta- van, à qui ont été racontés les épisodes de cette fuite courageuse, en gardait un sou­ venir très vivant. (* )

Et, depuis, le prince a dû souffrir com­ me un martyr et lutter par tous les moyens qu’il possédait pour la libération de son pays et de son peuple, qu’il chérissait plus que sa vie. Cette lutte fut dirigée d’abord contre le joug impitoyablement despote de son oncle, le sultan Hamid, et ensuite con­ tre le régime des Unionistes, qui lui avait succédé.

Il lutta énergiquement pendant de lon­ gues années contre l’absolutisme et l’igno­ rance qui écrasaient sa nation bien-aimée : il était le chef de l’opposition libérale tur­ que, installée en Europe.

C’était un chef incontesté, le maître en sociologie le plus respecté, le conducteur très vénéré des générations d’élites tur­ ques, réfugiées en Europe pour combattre le despotisme absolu du régime du Sul­ tan, qui opprimait impitoyablement les in­ tellectuels et le peuple turc.

L ’organe de lutte, le journal « Terakki » (L e Progrès) entrait en Turquie clandesti­ nement. Cette revue formait les esprits et les coeurs et forgeait méthodiquement et scientifiquement les consciences des jeu­ nes générations turques, avides de liberté et de l’indépendance nationale.

* » •

Ainsi, il fut le père spirituel incontesta­ ble de toute une génération d’intellectuels

( * ) A. G. Interview avec le Prince. — Tribune de Genève, 2-3 m ars 1919.

Le prince (à droite) et deux de ses fidèles amis venus de Turquie lui

rendre visite

et de patriotes, un leader idéaliste qui lut­ tait non avec des moyens de violence con­ tre la violence, mais en répandant et faisant rayonner ses idées de réforme so­ ciale justes et très libérales et en les sou­ tenant par sa haute probité et sa véracité proverbiales.

Sa doctrine de réforme sociale se fondait sur « le développement de l’individu » et « la réalisation de la décentralisation admi­ nistrative » contre la centralisation sou­ vent exagérée qui étouffe le développe­ ment social.

Ses idées continueront toujours à influ­ encer les générations futures de son pays, qui y puiseront les bases fondamentales d’une réforme sociale et culturelle adéqua­ te aux conditions de l’évolution sociale qui s’effectue.

Nous en avons d’ailleurs la preuve sous les yeux sous forme de témoignage de vé­ nération formulés dans les télégrammes de condoléances adressés par les milieux in­ tellectuels turcs, aux proches du cher maî­ tre disparu. Ces documents assurent en des mots troublants et touchants leur sin­ cère attachement à l’intégrité morale de

l’héritage spirituel » de ce grand homme

disparu, héritage spirituel de ses idées dont la doctrine — base des réformes individuel­ les et sociales — est indispensable à ce grand peuple et à ce pays encore en pleine évolution.

En dehors de sa vie politique, la vie pri­ vée de ce grand maître était tout aussi in­ téressante. Tous ceux qui ont eu le privi­ lège d’être admis dans son intimité garde­ ront un souvenir inoubliable de cet homme, de l’atmosphère pleine de charme, de noble simplicité et de courtoisie qui l’entourait.

Rien d’humain n’était étranger à ce cœur généreux ; son indulgence, sa bonté se tra­ duisaient en pitié. Il était végétarien par pitié pour les animaux. Cette pitié infinie pour les faibles, pour les malheureux, se manifestait même à l’occasion pour cer­ tains coupables. Il a connu pendant ses 4P années d’exil volontaire et involontaire très peu de paix et beaucoup de souffran­ ces, et suivant un terme approprié c ^’hon­ neur de souffrir ». Ses dernières pensées et souhaits furent pour la prospérité de son pays. Il exprima le désir que sa dépouille y soit transportée.

• • •

Au cours des derniers jours de sa mala­ die, la surprenante sérénité de son âme se lisait distinctement sur son visage ; lente­ ment et en mesurant ses mots : « Mes fils, mort ou vivant, je vous confie le devoir de me transporter à Istanbul au moment et par les moyens convenables dont vous dé­ ciderez seuls l’opportunité », a-t-il dit à deux êtres penchés respectueusement à son chevet : l’un, le docteur Orhan, ce premier visage ami qui avait fait tout son possible peur accourir dès la première semaine au­

près du malade, et l'autre, son disciple S. Loutfi. « Je vous donne, Loufti, et confie à votre honneur tous mes documents et mes livres », a-t-il ajouté encore. Tels furent les vœux du maître concernant ses derniè­ res volontés ; son regard doux et velouté se fixait d’abord sur S. Loutfi, sur ce com­ pagnon de lutte des longues années, qui lui avait été toujours fidèle dans le bonheur et dans le malheur, et puis sur le dévoué docteur ; il lisait déjà, sur ces deux visages représentant l ’élite de son pays lointain, les reflets de la grande douleur s’inscrustant dans les cœurs et les consciences de ces amis lointains, ces amis qui, malgré les événements et les distances, lui restaient attachés par la même affection respec­ tueuse dans les bons et les mauvais jours ; avec eux, c’était bien la conscience natio­ nale reconnaissante — tardivement cons­ ciente de son état et profondément affectée — qui s’inclinait au chevet de ce cœur gé­ néreux, de cette âme stoïque, de cette tête rayonnante, vers cette lumière répandue sur la destinée de son pays et sur celle de l’humanité entière ; lumière qui semblait s’éteindre mais qui, en réalité, s’éloignait tout doucement vers une éternité, l’éter­ nité de l’avenir.

Son corps a été embaumé, par un geste de reconnaissance inoubliable de la part de ce même disciple et ancien secrétaire, S. Loutfi Tozan, qui s’intéressait fidèlement, depuis de longues années, au sort de son maître et qui était accouru à son chevet, accompagné de plusieurs professeurs suis­ ses et turcs, afin de pouvoir lui donner des soins et faire ce qui était humainement possible.

L ’embaumement du corps a été fait à l’Institut de médecine légale de l’université de Berne par les soins d’une des autorités les plus compétentes de Suisse, le pro­ fesseur G. Dettling, en présence d’un émi­ nent collègue de Turquie, le docteur O. Kazansigil, d’Istanboul.

La dernière prière du défunt, prière adressée, à la générosité du noble peuple turc, fut son désir d’être enterré dans la terre de sa patrie, près de son grand-père et de son père qui reposent à Istanbul dans la tombe familiale. Son corps repose actuellement dans un catafalque exposé dans la salle de l’Hôpital des Bourgeois, à Berne.

Dr O. REMZY.

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