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Sur les traces des Desenchantees...

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Tam metin

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OCTOBRE 1953

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Sur les traces des

Istanbul — Eyüp Kabristanı L a C im e tiè re d ’E y u p à I sta n b u l

Istanbul, septem bre. Istanbul est la v ille des ta x is , des sens uniques, des p o rtefa ix et des fo ntaines.

Circulation in vraisem b lab le . Les ta xis se suivent et se ressem blent, car ce sont tous de grosses voitures am éricain es. Ils circulent à la file et suivent des cir­ cuits à peu près fixe s. Il se peut que d'autres clients montent en cours de route, sur un signe. Q uand la voiture bifurque vers une autre destination, on jette 50 piastres au chauffeu r et l'on cherche a ille u rs...

La m ajorité, si ce n’est la to ta lité , des rues sont à sens unique. On s’y habitue. On sait que dans telle rue il ne fau t pas prendre un ta x i, car il vous fe ra fa ire un circuit e xtrao rd in a ire pour revenir à contre­ sens. Tout ce la m élangé avec les charrettes, les porte­ fa ix , les piétons, les autobus, les tram w ays p arfo is, et dans des rues, de G a la t a à Péra, au x pentes im pres­ sionnantes. Pas un coup de k la xo n , silence. M ais v ir­ tuosité inco m parable des chauffeu rs, qui se fa u file n t, à droite ou à gauche, au centim ètre, sans une éra flu re.

Les meilleurs conducteurs, chez nous, sont de pâles

Désenchantées...

apprentis à côté d e s chauffeurs de taxi d ’Istanbul.

Et les professionnels qui, à G en è ve en particu lie r, font

métier de réglem enter la circu latio n, pourraient

prendre de p ro fitab les leçons de philosophie et de sagesse à Istan bul, v ille de 1,5 million d ’ h abitan ts. Ici on coupe les cheveux en qu atre, on p lace des « sto p », des stationnem ents interdits, on réglem ente, on sévit, là -b a s, on circule, et à toute vitesse, mais on rem arque très peu de voitures p articu lières. La place n ’est pas laissée a u x am a te u rs...

Les p o rte fa ix, ils sont légion. Dans les ruelles étroites tout se transpo rte à dos d'hom m e, depuis le port ou la g a re . De ce fa it, on rencontre partout des p o rte fa ix. Les uns transportent une simple caisse, d ’autres plusieurs sommiers m étalliq ues, ce u x-là te lle ­ ment courbés sous le poids q u ’ils ne voient pas leur chem in; ils suivent leurs pieds, et les voitures les évi­ tent.

Istanbul possède dix m ille neuf cent quatre-vingt- d ix fo n tain e s. Toutes ont leur beauté, leur légende,

leur poésie. i

Le P a la is du S é ra il, dé saffe cté depuis plus d ’un siècle, est un monde.

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TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE

«N ourri dans le sé ra il, j ’en connais les détours» n ’est pas une im age poétique. C e ne sont que cours, bâtim ents séparés, kiosques, escaliers et couloirs (p a rfo is sans is s u e ...). Le trésor est ind escriptible. Faste et splendeurs, coffres en or constellés de d ia ­ m ants, d ’ém eraudes et de rubis, turbans de sultans dont l'aig re tte vaut une fortune, épés dont la garde ou le fourreau assu reraien t des vieu x ¡ours co n fo r­ ta b le s. A part c e la , sa lle d'au dience somptueuse, s a l­ les des conseils, kiosques de divertissem ents, tout cela mort, vid e, fa n é ; collections fab uleuses d'arm es, de porcelaines et de m anuscrits... La Turquie se doit de conserver avec fierté et avec piété ces témoins de sa gran deur, comme le fa it l'Esp a g n e , p ar exem ple. La plus b e lle des mosquées, dans la somptuosité, est cer­ tainem ent ce lle de Solim an le M agn ifiq ue, qu'il fit construire à son retour de H ongrie.

A près la prise de B yzance, les empereurs otto­ mans voulurent é lever un tem ple fa b u le u x , pouvant rivalise r de m agnificence avec Sain te-Soph ie. C ’est au dixièm e souverain de la d ynastie A l O sm ane, fils de Y a vu z Sélim H an , qu’échut de réalise r ce rêve, car il a v a it pour fé a l sujet le plus grand architecte de son époque, K o d ja Sinon. Plus ta rd , celui-ci disait: «Q u a n d ¡'a i construit la mosquée du C h eh za d é, je n 'étais qu’un ap p re n ti; à l'époque où la Süleym aniyé fut b âtie , ¡e pouvais passer pour co ntrem aître; c'est avec la Sélim iyé à Edirne que ¡’a i pu me révéler m aître» . Pour l ’oeuvre d ’un contrem aître, c'est un chef-d'o euvre.

Comme le dit très justement un guide fo rt bien fa it, la mosquée de Solim an le M agn ifiq ue, c ’est le sym bole de l’ Em pire ottoman au fa îte de la gloire, dans une sérénité olym pienne. L'acoustique en est prodigieuse. Le tem ple peut contenir 2 7 0 0 0 person­ nes. Il est debout depuis plus de quatre siècles. Aucun trem blem ent de terre n'en a pu d éplacer une seule pierre, ni en briser une seule vitre. Sinon a v a it tout prévu.

M ais il y a aussi trois cents autres mosquées, les unes somptueuses, les autres modestes et fam ilière s. La révolution d ’A tatü rk a relégué la religion à l'a r ­ riè re-p la n . M ais nécessairem ent les mosquées rever­ ront des foules fervéntes, car un peuple fo rt ne sau ­ rait vivre sans fo i.

Le dernier jour de mon séjour à Istan bul, je suis monté au cim etière d ’ Eyoub, au coucher du so leil, parm i les tombes où Pierre Loti eut sa prem ière en­ trevue clan destin e avec Z e yn e b , M élek et D jénane,

les trois désenchantées.

Je suis entré dans la mosquée et dans sa cour, que

K a y ı k t a h a n ım la r D a m e s tu rq u e s p re n a n t le caïq u e

couvre le p lata n e géant que M oham ed le Conquérant a v a it fa it p lan ter, et où le poète d'Istan bul commença à suivre les «trois petites ombres sans v isa g e » .

J 'a i pris ensuite, mais dans une «D e Soto» qui fa is a it le tra v a il d'une « je e p » , le sentier ro ca ille u x qui monte entre les m illiers de tom bes, à travers le versan t de la co llin e jonché de stèles penchées. A l'une d ’elles nous nous sommes arrêtés. E lle dit: «Il m’a fa llu quitter cette vie à dix-huit an s, c a r mon mal n 'a va it pas de rem ède». Ce pourrait être c e lle d ’Azi- ya d é .

Au sommet de la co lline nous avons fa it hdlte, « d evant un bois fu n é ra ire , p lan té de cyprès et de tombes au x dorures m ourantes, qui d é v a la it en pente douce jusqu'à un g o lfe profond charg é de n avire s», la Corne d 'O r.

Il y a là , dans le cim etière sans lim ite qui entoure Istanbul et sa m uraille b yzan tin e , une petite maison de bois, qui s'intitule le « C a fé Pierre Lo ti». O n y boit une lim onade rafra îc h issa n te . Légende ou ré a lité ?

Q u ’im porte. M ais en ce lieu, devant le spectacle

somptueux d'un coucher de soleil sur Istanbul — une fé e rie renouvelée chaque soir — d evant cette « s il­ houette, d ’un violet profond liséré d 'o r, une co lo ssale découpure de v ille toute de flèches et de dômes, posée debout, pour masquer un incendie du c ie l» , j ’ai pensé que, m algré sa prodigieuse ascension, ses mi­ nistères en béton arm é, ses m ausolées de m arbre et de gran it, ses institutions o ccidentales et modernes, ses femmes ém ancipées, sans « ya c h m a k » , sans « fé ra d jé » et sans « tc h a rc h a f» , la Turquie se devait de ne pas renier son passé pour attein dre à la grandeur future.

Emile DUPERREX

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