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Heures de Turquie

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Academic year: 2021

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-/7 te u i T- u b

MARS 1955

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Heures de Turquie"

Istanbul — Dolmabahçpnin umumi görünüşü V ue de D o lm a b a h tch é à Istan bul

Je retrouve mes souvenirs de jeunesse du Bos­ phore, de la Corne d ’O r, des Eau x Douces d ’ Europe, et je les com pare avec la réa lité actuelle, lumineuse, éblouissante, p arfo is m erveilleuse.

Entre Y e şilk ö y , l'O rly de l’endroit, et la m uraille de Théodose, je passe entre deux haies de fresques à la mode de ce siècle, une fo u le de pancartes de publicité b ario lées, au x tons v ifs, rutilan ts: frig id aire s ou parfum s, autom obiles ou m écaniques de toutes sortes. La b an lieu e d'Istanbul semble ainsi devenir le p ara d is des annonceurs. Nous nous mêlons à une circulation intense de cam ions, de cars, de conduites intérieures am éricaines, et puis nous voici au delà de deux fossés et sous une voûte en ruines dans la cité qui dem eure, pour une génératio n, celle que décrivit Pierre Loti.

Q u ’ils soient bénis ceux qui déssinèrent la sil­ houette des g racieux et grêles minarets élevés comme de sublimes prières! Dans leur fa n ta isie même, les hommes ont eu ici un inco m parable sens de la com­ position.

Voici les Sept co llines. Du Ja n icu le à Rome, on aim e le soir à retrouver le dessin de l'Aventin et de l'Esq uilin , du Vim inal et du P ala tin . Ici, co iffée d'une grandio se mosquée, chaque co lline se dresse fiè re ­

ment sur ce sol prédestiné. Sur la prem ière, Sainte- Sophie et, en retrait, la M osquée bleue, décelée par ses six m inarets, montent la garde devant la mer de M arm ara. L'O sm anié, la «lum ière o ttom ane», et la colonne de Constantin dominent la seconde. La tro i­ sième s'honore de la Suleim anié, ce lle de la sp len ­ deur et de la joie. Sur la quatrièm e co lline, bâtie sur les ruines des Saints A pôtres, la M ehm edié chante les victoires. Sur la cinquièm e, l'une des plus belles terrasses du monde, au-dessus du Fa n a r, se dresse la mosquée de Sultan Selim et voici sur la sixièm e la M ihri-M ah-D jam i, la «lune du so le il» , en l'honneur de la fille de R o xelane et de Suleim an. On songe alo rs à Constantin traçant à la lance ce tour des rem ­ parts pour contenir, comme en un écrin, la v ille d i­ vine qu'aim èrent avec une ég ale passion Théodose, M ehmet, Osm an et Suleim an.

Ici, tout est sans trêve, empire et révolutions, règnes éclatants et décadence, splendeurs et meurtres. Les m erveilles de la G rè ce sont venues sous B yza n ce : elles furent ravag ées p ar les Croisés qui ne respectè­ rent que les ch e vau x, dits de Lysippe, arrim és m ain­ tenant, après un séjour à Paris sur le portail de Saint- M arc. Ce sol renferm e les plus belles statues brisées et les fouilles y sont vaines puisque, sous les p a la is rasés, les citernes géantes tiennent lieu de soubasse­

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TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE

ments. Tout a ici une o rageuse histoire. J 'a i adm iré à Delphes le socle de la colonne serpentine éle vée au pied du tem ple d ’A p o llo n . Destinée à célébrer la v ic ­ toire de P laté e, e lle se laissa d ’abord enlever son trépied en or, puis les têtes des reptiles furent tantôt vénérées, tantôt arrach ée s. Finalem ent par crainte superstitieuse, les serpents furent négligés et nous demeurent sur l ’Hippodrom e qui n ’a g ard é que son dessin et l'obélisq ue réfugié ici, au retour d ’Héliopo- lis.

L’un de mes premiers soins fut de revenir à Eyoub. Bercé p ar les phrases de Loti, mon e n fa n ce s'était plu dans les cimetières du vieil A lg e r, quand enfin je découvris les lieux qu 'aim ait A z y a d é . M ain ­ tenant, après Péra, ¡e fran chis un plateau dans le plus e xtra o rd in a ire chaos de dalle s renversées et bousculées par l'e ffe t des tremblements de terre, des érosions, des orages ou des négligences. Ja m a is je n’ ai vu une p a re ille sa ra b a n d e de pierres tom bales, les unes debout, les autres écrasées, certaines me­ naçantes ou ébréchées. C ’est peut-être là , dans ces cimetières des Ju ifs, que se comprend le mieux la ré­ volution des choses en un monde qui connut les triom phes et les sièges, les sacs et les architectures successives.

Descendant ensuite vers la Corne d ’O r, je suivais deux routes; la prem ière dans mon esprit, ce lle de mes souvenirs, et la seconde s ’o ffra n t dans la réa lité à mes reg ard s, celles d'une b an lieu e ind ustrielle. J'é ta is autrefois arrivé au x E au x Douces d'Europe, nourri de lectures, et tout ce que je vis alo rs m 'en­ ch a n tait. Trente-trois années plus ta rd , je vois des usines qui semblent s'ach arn e r à détruire les souve­ nirs poétiques de ma jeunesse. A u x carrefo urs, toute­ fo is, des cafés conservent leur pittoresque. Des hom­ mes attab lé s restent im passibles, silencieux et pitto­ resques sous leur veston. Revenant vers ¡stanbul, ¡’a r ­ rivais à la cité bénie d'Eyoub, à sa mosquée, à l’u l­ time demeure du guerrier conquérant, parm i les vols de pigeons et sous des om brages séculaires chantés p ar le poète. Un senéier s’o ffre au x pas du pèlerin, et de chaos en chaos, on se hisse vers le sommet du cim etière; les tombes y ont une élég ance qui donne le goût de la mort. Du ca fé que fréq uentait Loti, v é ­ néré p ar les fid èles de ce lieu, en reg ard an t bien droit devant moi, en non de droite et de gauche vers les usines et les fab riq u es, on contem ple le ruissellement des stèles fu néraires, la cascad e des cimetières qui, là -b a s, s'agg rippent au x vieu x rem parts, les ruines des Blachernes. J 'a i retrouvé là un suprême instant de poésie.

M ais je vois aussi sur ce sol où finit et commence

l ’Europe, tout ce qui se crée, tout ce qui se construit. A lo rs, adieu lectures et souvenirs! Je n oterai, de jour en jour, dans les étapes suivantes, que la volonté autant q u ’une exce p tio n n elle situation géographique et stratégique, ont conféré à la République Turque un rôle de vedette.

Dès le crépuscule, les mosquées s'illum inent, la pointe du Sé ra il semble un oiseau de feu posé sur les e a u x. Les flèch es de Sainte-Sophie fusent telles des feux d 'a rtific e . Ni N ew -Yo rk sur l'H udson, ni Londres sur sa Tam ise ne représentent de p are ille s féeries.

Nous voici m aintenant dans un p a la is d ’A sie, ce ­ lui de B eyler-B ey où le sultan autrefois contem plait d'un banc de m arbre les bains de ses fa v o rite s. Ce soir ce sont les décolletés o fficie ls qui se mirent dans ce lim pide bassin . J ’adm ire le calm e de cette com­ p ag n ie . A Rome, Paris ou B ru xe lles, dès que les élites s’assem blent, ce ne sont que rires à grands éclats et co ngratulatio n s. Ici les ministres et générau x se tiennent bien droits et ne parlent que p ar syllab e s détachées.

Poursuivant leurs entretiens, im peccables dans leurs h abits, les hommes d 'E ta t donnent, par leurs sobres p aro les, un sentiment de so lidité. Parmi eux notre représentant, M. de S ain t-H ard o uin, pour la deuxièm e fois am bassadeur à A n k a ra , est le profond connaisseur d'un pays qu’il aim e. Le M inistre des A f ­ fa ire s Etrangères, M. Köprülü, me dit: «Il est aussi notre com préhensif am bassadeur auprès de la Fran ce».

A u x frontières des Soviets les Turcs devraient ren ­ contrer des difficultés qui sem blent insurm ontables à l ’A friq u e , or, derrière les filets du Bosphore, ils p a ­ raissent les résoudre avec a isan ce . Le monde libre fa it içi figure d ’une ré a lité avec ses progrès so ciaux,

sa v italité économique et sa puissance m ilitaire. A ceux qui s’ interrogent sur les lendem ains de ce monde libre, les réponses sont positives.

Pierre LYAUTEY (La Revue des Deux Mondes 1er Février 1955.)

La 32e Assemblée Générale annuelle du

Touring et Automobile Club de Turquie se ré­

unira le 9 avril 1955 au Casino Municipal de

Taxim.

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