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Loti et les Turcs

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Academic year: 2021

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Tam metin

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Moi aussi, j ’ai pensé à Loti en lisant les dépêches d’Ankara. Nous étions, tous les deux, en 1914-1915, à l’état-m ajor de Gal- lieni. Louis Barthou nous avait rapprochés, mais, surtout, les souvenirs pareils que nous avions gardés, l’un et l’autre, de nos séjours au Bosphore.

Je me souviens de notre cons­ ternation — la même chez chacun de nous — quand nous apprîmes l’offensive franco - anglaise aux Dardanelles, en plein courant tor­ rentueux de la M armara à la mer Egée.

Gallieni nous écouta, parut convaincu de la folie de l’attaque en voie d’exécution et consentit à nous autoriser à en référer à Poincaré, puisque l’Amirauté an­ glaise dirigeait les opérations, en vue de Ténédos et de l’Ilion d’Homère.

Jamais, ni Loti ni moi, nous ne fûmes « eng...uirlandés » comme ce jour-là. Poincaré se refusa à écouter nos opinions sur Chanak et les courants de Lampsaque où Léandre s’était noyé — au retour de son entretien avec Héro, selon Rabelais.

Mais il se hérissa surtout con­ tre notre offre hardie d’aller tous deux, en Suisse, causer avec l’homme du sultan, pour amener la Turquie à abandonner la cause de l'Allemagne.

Loti aimait les Turcs et avait confiance en eux. Il les connais­ sait mieux que moi encore. Je lui avais raconté ma mission en Syrie et en Palestine, après l’ex- pidition do Guillaume. Charles Dupuy m’avait chargé de sonder, tout en visitant nos écoles là-bas, les résultats acquis de ce voyage tintamarresque sur les popula­ tions libanaises et. les Lieux Saints.

J ’avais suivi la trace du faux Lohengrin à travers les vestiges de son passage. A Baalbeck, j ’avais vu déferler un mascaret d’ordures et d’inscriptions bren- neuses contre l’ex-voto de marbre où le sultan avait fait graver la date du passage impérial dans la nef immense du temple du Soleil. A Beyrouth, la jeunesse syrienne m’avait livré les textes hostiles, sur lesquels le vali fermait les yeux. Dans les villages du Liban, on m'avait montré les énormes bûchers pour l’illumination ordon­ née en l’honneur du kaiser : la montagne était restée noire pen­ dant le séjour de Guillaume et les amas de bois ne devaient, l'année suivante, être incendiés, sans ordre, que lorsque l’escadre de l'amiral Fournier eut mouillé de­ vant Beyrouth.

gés de révéler au monde leur réci­ proque sauvagerie ? Depuis trente ans, notre ingratitude et notre ignorance ont été dégoûtantes en­ vers ce peuple, qui nous a tou­ jours donné la plus affectueuse hospitalité, à nos nationaux, à nos maisons d’éducation, à notre chère langue, alors que leurs voi­ sins ne cessaient de nous pour­ suivre de leurs petites persécu­ tions sournoises et de leurs vile­ nies... Cette horreur de Guil­ laume leur a persuadé que c’est lui l’attaqué, l’intéressante vic­ time !... Je pense à‘ la joie que vous devez avoir de nos succès- Si mon fils, ma seule raison d’exis­ ter, n'était au feu, je n’aurais ja ­ mais été si heureux.

« 24 septembre 1915. — Ma­ dame chérie, ah ! ne dites pas qu’on vous oublie ! Vous ne le croyez pas, j ’en suis sûr ; mais si vous saviez le surmenage de toutes les heures ! Tant de fois nous avons fait le projet d’aller vous voir, Gheusi et moi !... En plus du surmenage, il y a l’an­ goisse constante des nuits et des jours : pour la France, que tous ces Slaves de malheur conduisent à l’abîme, pour mon fils, toujours au milieu des combats.

Maintenant, je vous demande grâce, grâce à genoux pour l’ar­ ticle que vous me demandez. Tout ce que vous voudrez, même casser des pierres sur la route de Gif ; mais écrire, non, je ne peux plus ! A très bientôt ! Mon respect le plus tendre. Votre fils : Loti. »

« 12 février 1916. — Comme je oudrais que vous causier avec des officiers retour des Dardanelles ! Nous en avons plusieurs, blessés de là-bas. Ils étaient partis pleins 1 de préjugés haineux contre les Turcs ; et les voilà revenus pleins d’admiration pour eux, pour leur sublime courage et pour leur dou­ ceur envers nos blessés, nos pri­ sonniers. Tous me disent : « Com­ me vous aviez raison ! Nous ne nous battons pas avec eux com­ me avec des ennemis. » Le brave général Gouraud est le premier à parler d'eux dans le même sens. »

ooo

Jusqu’à son dernier jour, Loti a proclamé sa confiance envers la Turquie et l’a défendue de tout | son coeur.

Il nous écrivait encore, en i

avril 1920 : 1

« Je suis terriblement et dan- j gereusement fatigué. J'ai trop souffert, pendant ces mois, des , infâmes machinations contre ma \ chère et noble Turquie. »

Comment ne pas penser à lui, maintenant que la loyauté du gou- : vemement d’Ankara nous prouve i à tous combien il avait raison

d’aimer les Turcs ? i

OOO

Aujourd’hui j'ouvre le reli­ quaire des lettres de Loti, adres­ sées, pendant l’autre guerre, à Ju ­ liette Adam _ ou à moi ; et vôlcT ce que je lis,’ sous la signature du grand écrivain, précurseur ému des heures actuelles :

« Vilaine Turquie ! m’écrivez- vous (24 août 1914). Ne saviez- vous pas que vous toucheriez là un coin douloureux, que c’est ma seconde patrie, et que pendant deux ans, malgré les menaces et les insultes, j ’ai mis tout mon cœur à la défendre contre d’igno­ bles calomnies jusqu’au jour où les alliés chrétiens se sont

char-P.-B. GHEUSI

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