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Lotiparmi nous:L'aspirant qui, en 1870, decouvrait Izmir sous la pluie, cherchait en 1915 a negocier pour les Allies une paix separee avec la Turquie

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Tam metin

(1)

SA M E D I, 14 JA N V IE R 1950 £^l ¿ < 9 + 0 IS T A N B U L

j W 2

-L’aspirant qui, en 1870, découvrait izmir sous la pluie, cherchait en 1915

à négocier pour les Alliés une paix séparée avec la Turquie

C ’est assurém ent par les rom ans d e Pierre L oti que le prestige d ’Is­

tanbul a atteint aux frontières du m on d e. L'art d e l'écrivain a p roje­ té la lum ière d ’une pénétrante sen ­ sib ilité sur la Turquie et son p eu­ ple. Pierre L oti a d ég a g é les o m ­ bres et les reliefs, m ieux que l’h :a- torien le plus érudit, le p o ète le p lu s inspiré, le journaliste le plus lu cid e. Parce que, il y a 74 ans, derrière les grillages d'une v ie ille m aison p erdue dans le d éd a le des n ie lle s mal p a v ées d e Salonique, les y eu x verts d ’une fillette ont sou­ ri au petit officier d e la m arine française, d es v oyageu rs ém us

re-trouvent aujourd'hui, près d e la C orne d ’Or, l'en ch an tem en t d e la terrasse o ù s’attablait Loti. « A ziya- d é », « F an tôm e d'O rient », « les D ésen ch an tées », com bien d e le c ­ teurs ont subi, après l’écrivain, 1 at traction d e l’Orient 1 D es m illions sans doute qui, pour la T urquie au­ ront toujours les y eu x d e Loti.

Pourtant leur ém o tio n n’est plus que littéraire. L e paysage a é v o ­ lué avec le s h om m es. 11 con vien t donc, en c e jour d éd ié au so u v e ­ nir, de' situer les descriptions d e Pierre L oti aux dates d e ses sé ­ jours à Istanbul.

Pour l ’aspirant de 2 0 ans, la

Turquie, ce fut d ’abord la pluie

Pierre L oti a pris pour la pre­ m ière fois con tact a v ec l ’Orient en mars 1 8 7 0 . Il avait vin gt ans et était sim ple aspirant d e 2èm e clas se à b ord du « Jean Bart ».

D e son bref passage à Izmir il ne

Pierre Loti (Col. part.)

d onne guère qu’une im pression som maire :

« La pluie tom bait par torrents et la nuit était noire. Les chiens er­ rants hurlaient dans ces d éd a les de rues étroites et som bres. D es gens costu m és com m e des personnages

Un coup de foudre lui

ra p p o rte ses

prem iers droits d'auteur : 5 0 0 francs (or)

« C ’est l’amour, écrit-il, qui a jeté pour m oi sur certaines con - trées d e la terre, ce charm e m ysté­ rieux que je m e suis épuisé inutile­ m ent à com prendre, à fixer, à tra­ duire par d es m ots hum ains ».

Le roman s’est installé dans sa vie a v ec la petite esclave circassienne, A ziy a d é, d e son vrai nom H akidjé Il son ge aux « m o y en s d ’exécuter ce projet im p ossib le » : aller habi­ ter avec A z iy a d é sur l’autre rive d e la C orne d ’Or.

E p oq u e heureuse de sa jeunesse. V o ici c e qu’il écrit :

« M a m aison é fait située en un o o in t ret'ré d e P »fa, dom inant de haut la C orne d ’Or et le panora­ ma lo in ta in d e la v ille turque, la splendeur d e l’été donna'*' du char­ m e à cette habitation. En travail­ lant la lan gu e d e l’Islam d evan t m a grande fenêtre ouverte, ie pla- nais sur le vieu x Stam boul, baigné d e s o le il- . ».

Et plus loin, attendant toujours

l’arrivée d ’A z iy a d é :

« J’habite un d e s plus beaux pays du m onde, et m a liberté est illim itée. Te puis courir, à m a gui­ se, les villages, les m o n ta en es, les b cis d e la côte d 'A sie ou d ’Europe, et beaucoup d e pauvres gen s vi - vraient une année d es im oressions et d es péripéties d'un seul de m es jours.... M algré m on in d ifféren ce politique, mes sym p ath ies son' pour ce beau pays qu’on veut supprimer, et tout d ou cem en t je d evien s Turc sans m 'en douter ».

A ziy a d é vien t enfin à Istanbul et L oti réussit, d éguisé en Turc, à rencontrer sa b ien -aim ée dans une m aisonnette de b o is Drèa d e la m os quée d e H askeuy à E youb. D e ces péripéties am oureuses est né «A ziya d é », prem ier ouvrage de L oti, pu­ blié sans nom d ’auteur, par l'é d i­ teur C alm an n -L évv, en 18 7 9 , et dont il cé d a les droits définitifs pour 5 0 0 francs...

Le

roman

v é c u

,

à peine dégui­

sous

l’intrigue

d’Aziyadé

A ziy a d é n'est pas un rom an ; c ’est le carnet de note-s d ’un aspi­

rant d e m arine (b rita n n iq u e), le récit d e ses escapades, d e son id y l­ le av ec la jeune Turque rencontrée à Salonique, venue à Istanbul av ec le harem d e son vieil ép ou x d ’cù elle s’échappait pour rejoindre son am ant dans une m aison n ette d ’E- youb, et d e leur cruelle séparation.

M. Barthou a, dans une étude publiée dans la « R evu e des deux m ondes », écrit au sujet de Pier­ re L oti: « Le m oi. En dehors de lui rien » — Jugem ent lucide, et pourtant non : car à l’intrigue, min ce au fond, se superposent d es cro quis, d es tableaux. d es pastels peints av ec un art ach evé. C ’est la m aison n ette d ’Eyoub à côté d ’ une fontaine d e marbre sous les a- m a rd iete : le» cours d e la m osquée

sainte interdite aux chrétiens ; le v a et v ien t sur la C orne d ’Or à tou tes les heures du jour et d e la nuit ; la silhouette de Stam boul qui se p rofile av ec ses m osquées im p osan tes d une part, tandis que d e l’autre s ’estom p e le pittoresque désordre d es habitations de B eyo- glou dévalant ju sq u ’à la riv e où au bord d e la vase, d es cen tain es et des centaines de m isérables ca b a ­ nes se pressent, h ab itées par des Juifs b esogneux. Et quels adm ira - blés «reportages», le récit coloré du sacre d ’A b d u l-H a m id , au milieu d es hallebardiers c o iffés d e plu - m ets verts et. d ’habits écarlates tout charmarrés d ’or, l'an n on ce de la C onstitution dans un petit café d ’Istanbul,* ou en core c e s pages très ém ou van tes sur la déclaration d e la guerre w sso-turque.

par WILLŸ SPERCO

A la re ch e rch e d'un fa n tô rr.e , Loti

tro u v e

sa

m e ille u r

in sp ira tio n

d e féerie se croisaient a v ec d es lan ternes, des bâtons et d es arm es, d e longues files d e b êtes co lo ssa les chem inaient dans l’om bre, et fai­ saient tinter d es m illiers d e clo ch et t e s .. Je com pris que c’étaien t les cham eaux d es grandes caravanes d ’A sie... ».

Le tem ps passe, Pierre Loti v o ­ yage sur les grandes routes du m on de. Nous con n aisson s son id y lle p o ­ lynésienne, son séjour au S é n é g a 1, ses retours en France. Il ne revint en Turquie qu’en 1 8 7 6 . Le 16 mai, la frégate « La C ouronne » pénètre en rade de S alonique, au m om ent où les six assassins des consuls fran çais et allem an d « exécutaient leur contorsion finale, pendus à d es p o ­ tences si b esses que leurs p ied s t»u chaient à terre ». Le 1er août 18 7 6 il quitte la baie d e S alon iq u e par un paquebot des M essageries M a­ ritim es pour prendre son service à b crd du stationnaire d e l’am bassa de d e France à Istanbul, « Le G la ­ diateur ». Son prem ier séjour à Is­ tanbul va du 1er août 1 8 7 6 au 8 mai 1877.

Le 7 sep tem b re 1 8 7 6 il assiste au sacre du Sultan A b d u l-H am id , qui v a en cran d e p om p e ceindre le sabre d ’O thm an dans la m osquée sainte d ’Eyoub.

11 apprend le turc a v e c un p rê­ tre arm énien (« A ziy a d é » p a g e 501.

P endant trois m ois il a un p ied à-terre au T axim .

D ix ans après, en septem bre 1887, L oti, lieu ten a n t de v a issea u , a ser­ vi tantôt en M éditerranée, tantôt en E xtrêm e-O rient. S e s ou vrages : «Le M ariage de L oti », paru en 1880, «Le Spahi », 1881, « F leu rs d ’Ennui », 1882, « M on F rère Y v es », 1883, « P êch eu r d ’Islan d e », 1886, « P r o ­ pos d ’E xil i», 1887 et « M adam e C h rysan th èm e », m êm e année, ¡’ont rendu célèb re.

In vité au château de S in aia par la R ein e E lisab eth de R oum anie, connue en littéra tu re sous le pseu - donym e de C arm en S y lv a , il revient à Istanbul par la M er N o ire et y ,s é ­ jou rn e brièvem en t, cherchant la

chagrin. « F an tôm es d ’O rient » n ’ est pas un rom an, écrit M. R obert de Traz, c ’est u n e effu sio n ly riq u e, fiév reu se et d éso lée, u n poèm e en prose d e la ten d resse et du so u v e - nir »,

Q uant au séjou r de L oti en R o u ­ m anie, il m e d onne l ’occasion d ’o u ­ vrir ici u n e p aren th èse :

P ierre L oti avait ren con tré par ha sard sur le paquebot « A urora », du L loyd au trich ien qui le con d u isait à C onstantza la jeu n e p rin cesse A nna de B ran covan qui, après un été pas­ sé ch ez sa grand’m ère M u su ru s à A rn a o u tk eu y (m aison o ccu p ée au - .jourd’hui par l ’A m erican W om en

L a slè le d 'A z iy a d é au cim e tiè re de T o p k ap i (Col. p a rt.)

tom be d’A ziyad é. Ce séjou r nous C o lle g e ), regagnait va u t F an tôm es d’O rient» dont la R encontrant à P aris

« N o u v elle R e v u e » co m m erce la publication en d écem b re 189), et q u i paraît en v olu m e en 1892.

« F an tôm es d ’O rient » n ’est aus­ si a u ’un m e r v e ille u x reportage. L o ­ ti est rev en u à Istan b u l nour y cher cher ]pc traces n erd u es de sa m aî- trpcco. R rev o it le s lie u x o u i furent le théâtre de sa ce ssio n de ieu n esse, poursuit le s person n ages o u i con­ nurent sa b ien -aim ée et fin it par trouver la tom be d ’A ziyadé.

Il écrit ce récit la goree serrée, dans un m o u v em en t rapide, rendu haletan t par le désir, l ’a n x iété, le

la R oum anie, la C om tesse A n n a de N o a ille s P ierre L oti s’était éc r ié :

— C ’est la p etite fille de 1’« A u ­ rora » : je l ’ai v u e p leu rer il y a o u e la u e s an n ées su r un b ateau q u i la ram enait de C onstantinople à un port de la M er N o ir e ...

Q uoi donc î écrit A nna de N o a il­ le s dans « L e L iv re de ma V ie », 1’ écrivain qui, par son gén ie, m ’ins - fa lla it au paradis, avait d istin gu é, p lu sieu rs an n ées auparavant, une petit» fille en larm es ou i, à force de souffrance sen tim en tale, aspirait à l ’an éan tissem en t su r le pont d ’un bateau !

A vez-vo u s vu d es y e u x d e rh o t a u î

o n t

l'a ir d ’y e u x

d e

ch o u e tte ?

L e 10 sep tem b re 1903. P ierre L o- U n v isa g e rem arquable, en v éri- ti est de retou r à Istanbul. A u leu - té. L e com m andant L oti est p etit : ne off’C '°r am o u reu x de l ’a ven tu re sa tê te se u le apparaît a u -d essu s du a su ccéd é le capitaine d e frégate et nlat-bqrd. M ais le n ez saillit en bec l ’écrivain adulé. d ’a ig le au -d essu s d ’u n e m ou stach e

V oiei com m ent l ’e n se ie n e de va is ép aisse, cou leu r de châtaigne fon - seau B areon e (C lau d e F a rrère) qui c é e ... et se s y e u x sont in d e sc r ip ti- servait à bord du « V au tou r » sous b lé s ...

le s ordres du cap itain e de frégate de L a M on n eraye q u e P ierre Loti d evait rem placer, racon te com m ent il avait été chargé par son ch ef do recevoir le com m andant Ju lien V iau d à son a rrivée à Istan b u l :

« — H o du p aq u eb ot !

C ’est le te n u e consacré. U n offi - cier de garde p araît a u -d essu s du plat-bnrd :

F o ?

— V ou s av ez à b ord le com m an­ dant P ip p e L o ti ? V o u lez-v o u s n - voir l ’ob ligean ce de le faire p réve­ nir a u » d»i>v r)0 ses officiers s o n tic i à ses ordres ?

A l ’in sta n t m êm e, u n visage re - m arquable se m ontre inopiném ent, au bas de la p a sserelle :

— M essieurs, je su is le com m an­ dant L o ti...

A v ez-v o u s v u s de ces y e u x , de chat très rare, oui on t l ’air d ’y e u x de ch ou ette, et qui cependant, sont des y e u x de chat ? C ela réu n it cet­ te fix ité m é ta llia u e du rapace avec c e tte pi'ofondeur in q u iétan te d e la p en sée a u x agu ets — A v e c ces y e u x là L oti n ou s regarde, en face — Et n o u s v oilà m uets. A lo rs il rép ète, in fin im en t co u rto is e t p atien t :

—• M essieu rs, ie su is le com m an­ da»*: L o ti...

M ... enfin, se d écid e : il est le p lu s gradé de n ou s deux: et il a rticu le tant b ien q u e m al : — C om m andant, n ou s v e ­ nons de la part du com m an - dant de L a M on n eraye. . D e ­ m ain m at'n. la v e d e tte sera à v o s ordres, av ec un canot à la rem orque, pour v o s bagages...»

1894 ; il devait rev en ir à B rou sse en 1910, et le « S tam b ou l » nous apprend q u ’u ne circu lai - re du v ice-co n su la t de F ra n ce in v i­ tait le s F rançais d e B ro u sse à rece­ voir à la gare, le 15 septem bre, MM. P au l Cam bon, J u le s Cam bon, B om - pard, P a u l H erriot et P ierre L o ti). C ’est à cette ép oq u e q u e L oti se lie d’am itié a v ec l ’e n seig n e de v aisseau C harles B argone, qui sert au ssi sur « L e V au tou r » et n ’est a u tre q ue C lau d e F arrère. C elu i-ci tra v a ille au m an u scrit de « L ’H om m e q u i as­ sassina ». (J e trou ve dans le «S tam ­ boul », du 15 aoû t 1904, le com pte­ rendu d ’un fiv e -o ’clock -tea offert à bord du « V a u to u r » en l ’hon n eu r de M adam e P ierre L oti q u i s ’apprê­ te à ren trer en F ra n ce après un

cou rt séjou r au B osphore. P u is, 1< 29 fév rier, en p lein e gu erre russo japonaise, le « S tam b ou l », q u e di rigeait alors R égis D elb eu f, com m en ce la publication en feuilletor d e « M adam e C h rysan th èm e ». L( fe u ille to n est im prim é sur papiei sp écial et offert gratu item en t au> a b o n n é s).

(1) L ire à ce p ropos « A v e c L ot au P a y s d ’A ziyad é », S o u v en irs d< H enri de R égn ier parus dans « Le* A n n a les », N o 2384 - 15 Ju in 1931 — Ils con tien n en t de très b e lle s des crip tion s du B azar et de B rou sse H enri de R égn ier a au ssi écrit plu sieu rs p oèm es au cours de son sé ■ jour au B osphore.

jam ais connu. Mais entre d eu x re présentations de « T h éo d o ra », de la « Tosca », de « Froufrou » ou du « M aître d e F orges » au

Théâ-S a ro h B e rn h a rd t, en to u rn é e à Istan b u l

s 'a r rê te a u c h e v e t d e

Loti m aladie

Pierre Loti était loin d e l’écri- en T urquie de la célèb re tragédier vain féru d ’adulations m on d ain es ne. A p rès une tournée triom phait que certains ont, dép ein t. C ep en - en R oum anie, la grande Sarah al dant sa gloire o fficiellem en t authen lait déchaîner le plus b el engoue tifiée — depuis 1892 il siège a v ec m ent théâtral que notre v ille ai' les Im m ortels — , ses fon ction s de

com m an d an t du stationnaire d e 1’ am bassade d e France l’ob ligen t à fréquenter la so ciété. Il est recher­ ché par les Cours, les A m b assad es, le high-life turc et étranger, les gran d es m aisons levantines. Et le c o m ­ m andant V iaud rend les politesses. V o ici, toujours d ’après le « Stam ­ boul » du I 7 août I 9 0 4 , la liste des invités à la récep ticn du co m m a n ­ dant du « V autour » : M. Bapst. chargé d ’affaires d e France ; S .F. M. Z y n o v iew , am bassadeur de. Rus sie ; S.E. Sir N ich olas O ’C cnor, am bassadeur d e G rande-B retagne ; S.E. le com te D u d zeele, ministre de B elgique ; S.E. le baron B eek Friis, ministre d e S u èd e ; M. et M m e F reville, M., M m e et M lles R ouet, le com te et ' ï c.'.c te sse do S cyn es- Larlenque, le u .r a 'e et la com tesse d ’A rnoux, le com te et la com tesse O strorog, M m e et M lle H aidar. M. et M m e H eer, M. Zarifi, M. et M m e Blech, le co lo n el B laque bey,

M m e C M o y . M. et M m e Lam b, les Pierre Loti, Zeyneb et Neyr, deux com m an d an ts et officiers des sta- « désenchantées »... La troisième a prii tionnaires russe, anglais, italien et photographie.,

autrichien. le com m an d an t du tre d es Petits-C ham ps, Sarah Ber- yach t khédivial « M ahroussa », nhardt se préoccupait de la santé

etc. etc. d e l’écrivain. « N ous som m es de

V ers la m êm e époque, le T h éâ- vieux, très vieu x am is d e jeunesse t>re A n to in e représentait pour la disait L o'i au rédacteur du « Stam prem ière fois « Le R oi Lear », d e boul ». Et l’id ée que je ne suis pas Shakes peare, dans une traduction d eb ou t pour lui faire les honneurs et ad ap tation d e Pierre Loti. L ’é- d e m on bord et de m on S tam boul crivain, cep en d an t, tom b e m alade, m ’est d ’une tristesse infinie ». Il est transporté à l ’H ôp ital Fran- M ais un jour, l’h ôp ital en fête, çais d e B ev o elo u . où il apprend 1’ accueillait Sarah Bernhardt qui, arrivée à Istanbul d e Sarah Ber - ch argée d e fleurs, les apportait à nhardt. C ’était le troisièm e séjour Loti a v ec le souvenir d e Paris...

B

p

II

os

n’a

pas

droit

aux honneurs

militaires, estime |e M;nistre de la Marine

C est aussi l ’ép o a u e ou C oquelin e x é c u té e par le com m andant e t ses C adet joue la com éd ie su r u n e a u ­

tre sc èn e de la v ille . C oq u eb n oui, d ég u isé en grand prêtre d ’Odin, baptise à bord du « V a u to u r » ’ la ch atte B e lk is, et so u lè v e en

Fran-officiers. U n attach é d ’am bassade ten ait le bâton de ch ef d ’orchestre. A u x m a jestu eu x accords du trio de « S igu rd », C o a u elin tout v ê tu de blanc, apparut dans un é b lo u isse -ce u n e cam pagne de p resse o u i pro- m en t de lu m iè r e électriq u e. Il figu- v o q u e le rappel du com m andant. rt.it le grand p rêtre d ’O din. Il bapti- C ette h isto ire du b ap têm e du chat sa la ch atte B e lk is après avoir in vo- de P ie r r e L oti à bord du « V a u - q u é le d ieu farou ch e scan d ’n a v e et tour », a été rela tée dans l e « S tam - récita un p oèm e, probablem ent de b o u l » du 9 décem b re 1904 et u n e P ierre L oti.

sem ain e ap rès dans « L e F igaro » R em arq u é parm i les in vités, dit et le s « A n n a les P o litiq u e s et L itté- « S tam b ou l », la com tesse et le com - raires » de P a r is ... L a cérém on ie te de S ey n es, M m e R o u x rep résen - com m ença par u n e au d ition de la tan t la fam ille de la chatte, le par- sym p h on ie b u rlesq u e d e R om berg rain M. F én elo n , C om tesse e t Com

-l'é p e q u e d es <r>m«t?és littéraire?« et

p o n d o ln e s : F a rrè re , R é g n ie r e t c ..

A u cours de ce troisièm e séjour, qui est le p lu s long, il v it le rom an des « D ésen ch a n tées ». Ce roman, o u i fit grand bruit à l ’ép oq u e à cau­ se des prob lèm es sociau x et f é m i­ nistes qui in sp irèren t l ’auteur, n ’est q u ’une o eu vre secondaire, reposant sur u ne m ystification dont l ’instiga­ trice fut u ne fem m e de lettres p a ­ risienne, M arc-H elys : trois fem m es v o ilées ex p rim en t à L oti leu r d étres­ se et aussi leu r am our. L ’u n e d’elle se su icid e, com m e dans le m edleur m élodram e. M ais sa lettre d ’adieu à l ’a u teu r ne n o u s inspire gu ère d ’é­ m otion.

L oti connaît alors la v ie m on d ain e d ’un écrivain en vogu e. H ’'»0011 là v isite d» G abriel de la R o ch efou cau lt et de son am ! G eorges Calmnnn : c e lle d’ H enri de R égn ier (1 ). L e p o è­ te. accom pagné par sa fem m e. G érard d ’H ou ville (fille de Josè-M aria de H éréd ia ), fait u n e cro isière à bord du yach t « L e V elled a », appartenant au D u c de Cazcs.

Loti les accom pagne à B rou s se. dont il aim e la séduction riante. (L ’écrivain avait déjà écrit, la M osquée V erte en

(2)

ISTANBUL SA M E D I, 14 J A N V IE R 1050 ; O strorog, M. de C illière, M m e

« d o u x , M m e Herr, le com m andant e H arrier et Mme T ow er, le com - îandant du « Z aporosetz », M. d e iierguell, etc., etc. L e m u sicien de >. A. le prince M urza R iza Han A m bassadeur de P erse) charm a 1’ ssistance par d es lied s persans. »

On savait s ’am u ser su r le « V a u - our », m ais d es jou rn alistes de P a ­ is déclen ch èren t une cam pagne ri» licule ; le m inistre de la M arine s’ ■n ém ut. L e com m andant V iaud n e

d evait d ’a illeu rs q u ’a u x in terv en - tions de l ’A m bassadeur de F ran ce, d ’avoir pu prolonger son séjou r à Istanbul très au-delà d ’u ne période norm ale de com m andem ent.

P ierre L oti s ’em barqua pour M ar seille à bord de 1’« E quator », cour­ rier d es M essageries M aritim es, le 30 m ars 1905. C e fu t l ’occasion, pour ses adm irateurs et am is, de lu i prou ver une fois de p lu s le s sym pathies ard en tes et le s regrets q u ’il laissait à C onstantinople.

C ette petite m aison, Loti, à nou ce à la fin septem bre d e 1910, cm veau m alade, devait vite la quitter, portant la certitude qu’il voit pour 11 séjourne à l’H ôp ital Français, la dernière fois d es sites désorm ais puis à la résidence du C onsul d e enchantés puisqu'ils furent ceux de France à O rtakeuy. A p rès un bref sa jeunesse et d e son plus bel a- séjour à Brousse, il regagne la Fran m our...

D u ran t les a n n é e s d 'é p re u v e , Loti

re ste

l'am i fid è le d e la T u rq u ie

.es marins du «Vautour» manifestent contre le

ninistre en jetant leurs bérets à la mer

« Parm i les dém onstrations dont m inistre de B elg iq u e av ec M. Van l a été l ’objet, la plus tou ch an te den S teen de J ek a y , c o n seiller de jeut-être lu i est v en u e, relate le la légation, S. E. M ouhtar b ey con- : Stam boul », d es m arins du « V a u - seiller d ’Etat, fils de S. A . le C heikh our » qui unanim em ent, jetèren t ul Islam et un g ra cieu x groupe de eu rs b érets dans la m er. L ’au teu r dam es ad m iratrices ferv en tes de Té­ lé «Mon F rère Y v es » sait m ieu x crivain qui ont ten u à lu i porter lue personne ce q u ’il y a d e clair- l ’hom m age sp écial de leu rs tendres

oyance lointaine, de reconnaissan- regrets.

e ten Ire et de sin cérité dans ce P ierre L o ti était v isib lem en t ém u ;este des m atelots. d e to u tes ces dém onstrations qui ont

P ierre L oti qui e st cep en d an t ha- contribué à rendre en core plus tris- itu é à ces m an ifestation s des hom - te l ’h eu re d es ad ieu x,

íe s de la m er, en a é té p a rticu liè - C e dernier séjour en O rient n ’a

em ent touché. fait q u ’afferm ir son attachem ent

L e capitaine de frégate G rasset, P°ur H T urquie e t le p eu p le otto - om m andant du « V au tou r », le lieu m on ; les tém oign ages de sym pathie ?nant de v aisseau Jecq u em on t, com 9U il a reçu s de ce cô té lu i son t al- randant de la « M ouette » et tous lés droit au coeur. Et ce fu t pour

îs officiers d es d eu x stationnaires une vraie tristesse de partir. L es tançais, ainsi que p lu sieu rs cam a- d ix-h u it m ois q u ’il a p assés su r les ades des au tres m arines nationa - rives du B osphore se sont en v o lés ?s ont égalem en t salu é notre illu s- com m e un rêve. Il com ptait p rolon ­ ge com patriote. ger ^ station de q u elq u es jou rs en-S. E. Ibrahim pacha, introduc - core : ‘nais ,u ne affai,re ur8e,nte ,et sur des am bassadeurs, avait salu é grave A p p e la n t a A th èn es, il a du, ’ierre L oti de le part de S.M .I. le co u te ? u e coûte, prendre le prem ier

iultan paquebot en partance, apres la re­

m ise de son com m andem ent.

La colonie fran çaise était natu - Son prochain livre sur C onstan - e ’iem ent la p lu s n om breuse autour tin o p le paraîtra avant l ’autom ne et e lui. N om m ons sim p lem en t M. C il- P ierre L oti a bien vou lu prom ettre è-e, con su l g é n é -a l, M. R ou et pre- au « Stam boul » la prim eur de pre- v e r drogm an de l ’A m bassade. M. m iers chapitres. On y retrouvera T ’ év llc p-c m ier secrétaire, M. L«?- échode ses en th ou siasm es p ou r ce ou lx d eu x ièm e drogm an, le C om te pays qui est sa vraie p atrie d e pen- >st’o’'og. président de la so ciété lit- sée et de rêve ».

érame, les d octeurs E u th y b u le et C e troisièm e séjour nous vaut les u ié de 1 Hôpital français, etc. « D ésen ch an tées » publié dans la

S. A. le prince R iza K han, A m - « R evue d es d eu x m on d es » en assadeur de P erse, accom pagné du I 9 0 6 et par la suite en volu m e, qui énéral O hannès K han, prem ier a atteint le tirage im posant d e 4 1 9 rogm an, S. E. le C om te D u d zecle, éditions.

Loti fu stig e l*»s P é ro te s et se p la in t

d e

l'e m b o n p o in t

d es

S m y rn io te s

C ep en d an t, après la guerre ita- lo-turque ( 1 9 1 2 ) et les guerres bal kaniques ( 1 9 1 3 ) . au cours desquel les il a d éfen d u avec ardeur ses am is turcs — « La Turquie agon i­ sante ». 1 9 1 3 — il revient à Istan­ bul au m ois d ’aeû t 1913. 11 est l’ob jet d e la part du Sultan, d es au torités civiles et m ilitaires ainsi que d e la population, d ’un accueil triom phal. 11 visite A n d rin op ole et les ch am p s de bataille de la Thrace. Il habite à Istanbul la m aison qui lui est offerte par le Sultan et qui por te aujourd’hui une plaque co m m é­ m orative. Il est in vité à dîner au Palais du V ieu x Sérail et s'em bar­ que a v ec d es honneurs royaux, le

17 sep tem b re 1913, accom pagné par le prem ier ch am b ellan du pa lais et le secrétaire particulier du prince-héritier Y oussouf Izzedine ef fendi, les com m andants de la flo t­ te turque, le m inistre d e la D é fe n ­ se nationale, le haut personnel de 1 am bassade d e France, à bord du navire « Ionie » de la C om pagnie

Paquet, pour ne plus, hélas, re - venir. C es d eu x derniers séjours sont relatés dans « Suprêm es v i­ sions d ’Orient », écrit en collab ora tioiï avec io n fils Sam uel V iaud, (Calm ann-LéVy, 1 9 2 1 ) , qui était venu le rejoindre lors d e son s é ­ jour à Istanbul en 1910.

La guerre d e 1 9 1 4 écla te ; la Turquie était l'alliée d e l'A lle m a ­ gne. Pierre Loti ne cesse cep en - dant d e dem eurer fid èle à «es se n ­ tim ents d ’a ffection et d'adm iration pour le p eu p le turc.

11 en d on n e la p reu ve dans un ouvrage, « Les A llié s q u ’il nous fau drait » recueil d ’articles publiés dans « Le Figaro » et d'autrês jour naux. C es articles, l'illustre écri - vain était ob ligé d e les porter tan­ tôt à un journal et tantôt à un au­ tre, Ici secrétaires de rédaction re­ fusant le plus souvent de les pu­ blier parce qu’ils étaient trop fa­ vorables à une puissance ennem ie, et trop vexatoires pour d es Ltats

am is et alliés. (P ie r r e L oti a d ’a il­ leurs été sou ven t injuste en vers les G recs, les A rm éniens et les L evan tins en g én éral.)

A cette époque, Loti, qui p ro­ m enait ainsi sa prose du « Figaro » à T« Inform ation » (o rg a n e finan cier et c o m m e r cia l), s’hum iliant pour placer d es papiers agréables à la Turquie, avait été contraint d e faire im prim er et distribuer clan d estin em en t certains articles trop v io len ts pour paraître en p lein e guerre.

D ire ,ici, le co m b a t que Pierre Loti m ena pour, faire entendre la v o ix d e la Turquie, ne m e sem ble guère nécessaire ; tous, nous le sa

vons. C e qui cep en d an t fut pour nous, habitants d e Turquie, une ré­ v élation sen sation n elle, c'est le rô le d e négociateur de paix, assum é par Pierre Loti en 1915 a v ec le con sen tem en t d e R aym ond P oinca ré et du gou vern em en t français,

dans le but d ’arranger une en tre­ vue secrète a v ec T alat pacha et D javid bey, en Suisse ou en F ran­ ce, et les lettres écrites à ce sujet par Pierre Loti au Président d e La R épublique.

C e rôle d e d ip lom ate, l’écri - vain l’acceptait alors que la b a ta il­ le d es D ard an elles battait son plein et que la flotte britannique bom bar dait. les forts d ’Izmir.

En 1915, Loti p ro p o se u n e n é g o cia tio n d es

A lliés a v e c T a la a t P a ch a ou D ja v id B e y

C ertains salons locau x reprochent Loti d'avoir lan cé q u elq u es pointes erbes su r l ’épiderm e des P érotes. e term e est sous sa plu m e n ette - en t péjoratif ; m ais il n e faut pas jb lie r que L oti d étestait to u s ceu x ont les a ttitu d es ou l ’accoutrem en t taient affectés, les m odes d es Pari- 'ens aussi bien que la raideur des îritanniques. P arlant de Péra, il a it, la v e ille de son départ :

« En sortant de c e S tam b ou l en - ore un peu m e r v e ille u x q u e j ’habi-

e, quand je revois P éra e t ses « é lé - ;ances », j ’ai vraim en t l ’im pression le regarder notre E urope dans un le ces m iroirs drolatiques, le s u n s cn caves, le s autres c o n v ex es, qui ¡¿forment les im ages et g ro ssissen t es ridicules pour donner le fou ri- e ».

et au su jet des dam es d’Izm ir : « L es E uropéens de S m yrn e ont ju g é bon de n ou s offrir un bal, et nous avons dû faire danser des da­ m es très m û res, rem arquables par leur im pertinence et leu r em bon - point ».

M ais n ’a-t-il pas écrit aussi, ren - contrant au C aire u n e dam e anglai­ se m ontée sur un ân e et q u i se l i ­ vrait au tourism e le p lu s consoien - c ie u x : « cookesse à lu n ettes, la p lu s effroyab le de tou tes, osseu se, sé v è - re, sa person n e sem ble incarner la « resp ecta b ility ». Il sem blerait p lu s éq u itab le q ue ce fû t e lle qui portât l ’âne ».

P eu t-o n en v o u lo ir à un artiste, à un p ein tre incom parable de lancer de tem p s à au tre d es boutades, par­ fois ju stes e t so u v en t m éch an tes ?

Centième anniversaire de Loti

In Memoriam

(S u ite d e la 1ère p a g e )

Tout ne fut-il donc en Loti que dis­ persion, qu’incapacité à obtenir la co­ hésion et l’unité de soi-même ? C’est le déformer que le présenter ainsi é - eartelé. L’inquiétude et la rêverie dou­ loureusement insatisfaite ne sont pas chez lui un abandon découragé, mais oien l’ardente, la fiévreuse poursuite d’une réalité qui puisse échapper en­ fin au changement et à la décrépitu­ de. Ce marin n’était pas fils de ma­ rin, ce romanciei n’a fait d’abord que livrer au public un des carnets ou il no tait depuis l’adolescence l’histoire de sa vie : or la carrière qu’il a choisie malgré sa famille en préparant l’Ecole Navale, et la décision qu’il a prise de se raconter reflètent en somme, sous deux aspects originaux, un même dé­ sir profond d’éternité. En parcourant le globe, Loti se pénètre d'une amère certitude : l’insatisfaction demeure, en dépit de ce divertissement », car la variété des sensations ne lui fait pas oublier ce que le destin a d’implacable. Cette hantise de la mort, que l’on per­ çoit tant de fois dans son oeuvre, com­ me une basse continue derrière les va­ riations d’un thème — cette hantise de la mort suffit à rendre compte de son dessein de peindre le monde à travers lui-même : il essaie, dit-il quelque part, « de prolonger au delà de' sa pro­ pre durée tout ce qu’il a été, tout ce

qu’il a pleuré, tout ce qu’il a aimé ». De ce inonde qu’il sentait échapper à son désir, il réussit ainsi à se faire le centre, et comme Tâmc.

Ce qui retiendra notre attention en ce jour de célébration, c’est le rôle é minent qu’a joué l'Orient — et spécia­ lement l’Orient turc, dans cette décou­ verte du monde à travers une sensibi­ lité. Bien plus qu’un Japon quelque peu caricatural, que Tahiti ou Mada - gascar esquissés d’un trait, c’est le Bos

phore, c’est la Corne d'Or, c’est la Mar­ mara, et le site unique de Constanti nople qui ont fixé le « romantisme er­ rant» de Loti, qui l’ont polarisé au - tour d'une sorte de rêve incarné. 11 est ainsi possible de suivre, d’« Aziyadé aux » Suprêmes visions d’Orient », en passant par le délicat « Fantômes d’O- iient ' et les « Désenchantées -, les progrè® et comme la cristallisation de ce qui fut d’atord une « amitié tu r­ que », pour devenir bientôt une com­ munion avec l’âme turque tout entière. Est-il besoin enfin de rappeler ici l’ai­ de courageuse qu’a apportée le roman­ cier, transformé par la sympathie pro­ fonde en polémiste, à ce qu’il a appelé la « cause turque ». A ce pays qu’il a tant aimé, et servi selon ses moyens, c’est-à-dire de toute son âme, Loti est redevable de la meilleure partie de lui- même.

Paul BURGUIERE

R aym ond Poincaré reproduit dans ses M ém oires d eu x lettres par ticulièrem ent intéressantes d e L o ­ ti qui s’é'ait em pressé d e se m ettre en rapports av ec les m inistres turcs pour négocier une p aix détachant les Turcs d es em pires centraux.

V oici ce qu'il écrit :

« Le général d ’A m a d e, revenu des D ardanelles, me parait b eau ­ coup m oins pessim iste q u ’il no l’a­ vait été au Caire dans ces co n v er­ sations av ec D efrance. 11 croit que dans un m ois nous serons m aîtres d e la presqu’île. Il espère m êm e que les Turcs nou« feront dem an d er la paix auparavant. ».

D e son côté, Pierre Loti m 'écrit: « Les Turcs avaien t prévu et con

v ée, les d élég u és d es alliés v ie n ­ draient en secret le rejoindre. Ils ne p osen t aucune co n d itio n préli­ m inaire à ces entretiens, cela m e sem b le d on c très a ccep tab le. D ja ­ vid arriverait plus vite que T alat, parce qu'il est à Berlin, m ais d e - puis trois jours seu lem en t et venu pour tout autre ch ose. Mais T alat m inspire plus d e con fian ce. S ’il é- tait dans les ch oses possib les d e sa­ voir aujourd’hui, avant huit heures du soir, par les am bassades, si la Russie et 1 A n gleterre consentiraient à en voyer en Suisse leurs d élégu és, p récéd és d'un jour ou d eu x par le d élégu é turc au ren d ez-vou s, je fe ­ rais partir par le train d e 9 heures du soir, pour G en èv e, un ém issaire

Plan tracé par Loti pour arriver à la tombe d’Aziyadé

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Centième anniversaire de Loti

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La Turquie n'

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O'-L o ti c h e r c h e u n e p r i è r e p o u r e f f a c e r

le r o u g e O 'u n

c a n a p é

à

f r a n g e s

Irrésistiblem ent attiré par le char seuil, écrit la com tesse, on trouve ne de l'Orient, Pierre Loti revient la fâcheuse odeur, les b ab ou ch es i Istanbul pour la quatrièm e fois traînant d evan t les portes, les d o- e l 5 août l 9 l 0. Il habite quelques m estiques d ép en a illés et surtout ces ours dans le yali rouge d e la co m m êm es chambre« à l'installation pri esse O strorog à C andilli. M algré m itive con ten an t chacune trois ou es aim ables intentions de T hôtes- quatre lits en tassés au petit bon - ¡e in telligen te et prévenante, Té- heur... et quels draps, quand il

rivain était résolu à habiter Stam - y en avait l »

>oul. C ’était le vrai but d e son vo- M algré son obstination, Pierre L o âge, relate la co m tesse O strorog ti dut renoncer à habiter l'h ôtel, lans un ouvrage sur Pierre L oti 11 accep ta d e se loger dans une peti aiblié en I 927, et son désir d e cet te m aison, appartenant à un jeune s vie rêvée se heurtait à m ille dif- officier, dans le v o isin a g e d e la icultés qui l’exaspéraient. m osquée d 'A li Pacha.

La com tesse part d on c a v ec «on « Je m e «ouviens d e Tinénarra- lustre ami à la recherche d ’un hô b le canapé en velou rs rouge à fran il, le plus oriental p ossible. Il n'y ges, accom p agn é d e fauteuils assor vait guère d e bons h ôtels à cette tis. que Loti im perturbable, adm i- pooue qu'à Péra ; ceux d e Stam ra !... écrit la com tesse, tout en se oui ne con ven aien t qu’aux pau- prom ettant d e courir au bazar pour res voyageurs ven u s d ’A n a to lie y acheter d es inscriptions qui « di- our leurs achats. Pierre Loti les sent les prières d e résignation et

site. « Dè« qu’on en franchit le d e con fian ce ».

(S u ite d e la 1ère p a g e )

Loti ne défendait pas, comme on l’a dit parfois, la Turquie de sa jeunesse, mais la Turquie tout court, la Turquie de toujours. Nous ne voulons pas abor­ der ici l’oeuvre trop connue de l’écri - vain. Le professeur Burguière lui con­ sacre une chronique voisine. Mais on peut souligner combien la perception de la réalité turque fut subtile chez Loti, et se laisser engager à ce propos, dans la fameuse querelle des « Désen­ chantées ». Des témoins oculaires ont confirmé que Loti avait vu la femme turque, de l’intérieur même du harem. Tant de détails essentiels à l’intrigue, qui ne peuvent pas être issus d’une supercherie Ils n’ont pas d’autre sour­ ce que le milieu lui-même et l’on ima­ gine mal une parisienne poussant à ce degré la perfection de l’imposture. Lo­ ti a touché du doigt le mur qui se dres­ sait devant la femme de la société stambouliote , il en fournit la descrip­ tion authentique, et par là, explique l’influence de la femme turque dans l’évolution des années qui suivirent. Doit-il à son respect des conventions du style de l’époque, cette réputation imméritée de méconnaître la vérité psychologique ? Le doit-il plutôt à jla grâce d’une écriture curieusement fé - minine mais sans rien d’ambigu ? Il semble que les femmes aient été les meilleurs juges. Elles ont le mieux pé­ nétré sous les longs adjectifs, » la part immense de vérité d'un style qui sem­ ble murmurer, rêver, suggérer, plus qu'il ne s’attache à formuler nette - ment », comme l'écrit Anna de Nouil­ les.

La comtesse de Noailles, avait pro­ voqué, pour rencontrer le romancier, une réunion mondaine à Paris. « de vis, rapporte-t-elle, un homme petit, anxieux de son apparence, hausse sui­

des talons qui déformaient ses pieds ténus. Un nez épais et arrondi d’ample papillon des nuits, une courte barbe foncée, taillée en pointe, ne pai-ve - liaient pas à être rachetés par la sai - sissante beauté du regard : yeux im­ menses, fixes, appliqués à bien voir, qui semblaient aspirer tout le specta - cle, mêler avec idolâtrie une vision nouvelle à l’accumulation innombrable des régions, des cieux, des océans, des astres, engloutis dans la prunelle et T âme de ce voyageur infini et non ras­ sasié. »

Loti gardait, au milieu d’un salon, une grande réserve. Il n’était naturel qu’avec ses intimes et particulièrement avec des gens simples. « Avec les pe­ tits paysans des montagnes ou les pe­ tits pêcheurs de l’île », écrit Loti dans des Souvenirs de Jeunesse inédits qu’il confiait au supplément du «Stamboul» pour Noël 1904, « je n’avais jamais été fier... tandis que j’étais fier avec ces enfants du collège qui eux, me trou - vaient bizarre et poseur. Il m’a fallu bien des années pour corriger cet or - gueil, pour redevenir simplement quel­ qu’un comme tout le monde ; surtout pour comprendre qu’on n’est pas au - dessus de ses semblables, parce que — pour son propre malheur — on est prin ce et magicien dans le domaine du rê­ ve... »

On célèbre aujourd’hui avec éclat le ■entième anniversaire de naissance de Loti à Rochefort sa ville natale, à Pa­ ris, dans le pays basque qu'il a tant aimé, à Nagasaki, à Istanbul. Notre journal est fier de lui consacrer ces pa­ ges et de voir le « Stamboul » souvent cité par M. Willy Sperco qui fait revi­ vre, pour nos lecteurs, « Loti parmi

nous »...

ISTANBUL

senti d ’avan ce la clause de la pré | "cnce d es d élég u és anglais et rus- j se à la con versation . Il n'y a d on c j plus d e d ifficu ltés de ce côté-là, c'est entendu, lis ne font de m ar­ chandage que pour le d élégu é ita­ lien, objectant av ec q u elq u e’ rai­ son que l’Italie ne leur a pas en ­ core d éclaré la guerre, m ais ils c é ­ deront sans d ou te et, vu l’urgence, on pourrait peut-être passer outre. En résumé, voici ce qu’ils p ro p o ­ sent ; un d ip lo m a te turc, ch o ;si par les alliés, soit D javit, soit Talat, a p p elé par d ép êch e, se rendrait dans une v ille de Suisse, choisie par les alliés. U n e fois que sa pré

sen ce y serait signalée et prou

-Ju sq u 'à ce 10 juin

prit le d e u ï de son

Loti d ip lo m a te et négociateur, tout arrive ! V iv ia n i et D elcassé, que je préviens, continue M. P oin ­ caré, son t d ’avis qu’on pourrait lais

ser ven ir T alat en France m êm e, s’il est réellem en t prêt à faire le v o yage. N ous avertissons im m éd ia te­ m ent L ondres et Pétrograd. et j’en inform e Pierre Loti.

Jeudi, 2 7 niai. N o u v elle lettre d e L oti : « J’ai donc fait partir hier au soir le m es sager pour G en èv e, où il arrivera ce matin. J’ai la co n v ictio n que T a lat acceptera d e ven ir sur Tassu - rance, que j ’ai cru p ouvoir lui don ner après notre entretien, que le secret ab sclu lui sera gardé, que toutes les facilités lui seront d o n ­ nées à la frontière, av ec un p asse­ port ne révélant pas son vrai nom. D eu x points cep en d a n t restent à

Î4ufidé Hanum. qui porta à Loti le dernier souvenir de la Turquie

(Col. part.)

régler sur lesquels je voudrais bien pouvoir rép on d re au plus tôt par d épêche, à m ots con ven u s et inin­ telligib les au public, il va sans dire: l o ) T alat (qui s’ap p elle Pâul dans notre langue d e co n v e n tio n ) va sans doute dem an d er en grâce que

qui télégraphierait aussitôt,à m ots cou verts à D javit ou T alat. A insi nous ne perdrions pas d e tem ps. 11 reste entendu, cela v a sans dire, que les hostilités continueraient pen dant la con versation co m m e si de rien n’était. T alat et D javid sont, à cette heure, les dirigeants d e la Turquie. E nver est brûlé.

« V eu illez agréer, je v o u s prie, etc.

S ign é : Pierre Loti P .S. — La réponse que v o u s vou drez bien m e donner pour ces d é ­ légués, M onsieur le Président, je ne la transm ettrai pas aux Turcs par écrit, m ais d e v iv e v o ix , à un seul et sans tém oins ».

1923

Istanbul

am i le plus sincère

l’entretien n’ait pas lieu à Paris, m ais dans tou te autre v ille d e Fran ce qu’on lui assignerait et, où les A llem a n d s auraient plus d e peine à le découvrir. D ijon, L yon, peu im porte. C ette faveur lui serait-elle

a ccord ée ? J’en serais b ien heu - reux ; 2 o ) quoique D ja v id (q u e nous ap p elo n s J ea n ) n’ait pas notre confiance, si T alat v o u la it l’am ener a v ec lui com m e secon d , le laisse­ rait-on entrer ? Sur ce point, qui ce p en d an t ne serait sans d o u te pas sine qua non, je vou d rais b ien aus si p ou voir télégraphier p rom p te - m ent une réponse.

« A i-je b esoin d ’ajouter que je suis toujours prêt et heureux d ’ac­ courir à l’E lysée au prem ier signal, m êm e pour le plus sim p le m ot.

« V eu illez, etc... sign é: Pierre Loti.

« Je m 'em presse d e répondre, reprend encore Poincaré, d ’accord a v ec V ivian i et D elcassé, que Paul peut am ener Jean, qu’il ne sera sans d o u te pas nécessaire qu’il vien ne jusqu’à Paris, m ais qu'il d oit nous inform er le plus tôt p ossib le d e son départ et que le g o u v ern e­ m ent avisera d ès son arrivée en Suisse ».

M ais l'em prise a llem a n d e fut la plus forte et l'en trevu e n’eût pas lieu. L ’A llem a g n e entraîna la Tur­ quie dans sa chute.

Le 10 juin 1923, la m ort tant red ou tée s'abaf sur Pierre Loti qui exp ira à H en d a y e à l'â g e d e 73 ans après avoir reçu la visite de M adam e Férid bey, fem m e d e l’am bassadeur d e Turquie à Paris, venue lui porter le dernier h om m a g e d'Is­ tanbul.

Par un m atin rayonnant d e c e t­ te époque, si proche et d éjà si loin f,aine, je vis en ouvrant m es v o ­ lets les drapeaux turcs et français en berne sur tous les éd ifices d ’Is­ tanbul et jusque sur la tour d e G a- lata.

Istanbul prenait le deuil et pieu rait son peintre incom parable, son ami le plus sincère.

Kişisel Arşivlerde Istanbul Belleği Taha Toros Arşivi

Referanslar

Benzer Belgeler

Huzursuz Bacaklar Sendromu Patogenezinde Santral Sinir Acar, Apak, Tamam, Gencer Sisteminin Rolü.. dopaminerjik sistemde gerçekle ş ti ğ i kabul edili- yorsa da üst ve alt

&#34;Pek çok menfaatleri mü~terek olan kom~u iki ülkenin aras~nda sami- mi bir dostluk havas~n~~ yeniden yaratmak arsuzundan hareket eden ve her sahada bir i~birli~inin zaruretine

Akademiden mezun olduktan sonra Dışişleri Bakanlığı'ndan aldığı bursla Madrid Güzel Sanatlar Akademisinde baskı, gravür kısmını bitiren, İspanya, Fransa,

Gabriel Castro、人體研究處 蔡淑芬組長、萬芳醫院臨床試驗中心 主任何慧君醫師、藥學院吳介信院長、

中華民國健保局參考美國 Medicare 發展醫療資源相對值表(Resource-Based Relative Value Scale,

Yaklafl›k 2300 y›l önce yaflad›¤› belirlenen kurbanlardan birinin saç› üzerinde yap›lan incelemeler, büyük ölçüde sebze a¤›rl›kl› bir diyete iflaret ediyor; bu

Katil balinalar 7-9,7 metre arasında değişen boylarıyla neredeyse büyük bir otobüs kadar uzundur.. Kendilerine özgü siyah beyaz renkle- riyle

Ancak parlaklık ve kontrast, hareket, geometri ve bakış açısı, üç boyutlu görüntüleri yorumlama, bilişsel durumlar ve renk gibi kimi etkenlere bağlı optik