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Les majestes en exil Abdul Medjid en suisse

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Ü27-Avec ce numéro, LA PETITE ILLUSTRATION contenant

Ceque Femme v e u t..., pièce en trois actes, par MM. Etienne Rey et Alfred Savoir.

L’ILLUSTRATION

RENÉ B A S C H ET, directeur.

SAMEDI 15 MARS 1924

82e Année. — N° 4228.

G astoD SORBETS, réd a cteu r en c h e f.

LE C A L I F E E N E X I L

Abdul Medjid sur la terrasse du Grand Hôtel, à Territet (Suisse), le 9 mars.

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228 — -N° 4228 L ’ I L L U S T R A T I O N

15 M

aes 1924

NOS SUPPLÉMENTS

A ux pièces de théâtre qui doivent constituer nos pro­ chains suppléments et dont nous avons donné tout récem­ ment l'énumération, nous pouvons ajouter :

A p r è s l’A m o u r ,

de MM. Pi e r r e Wo l f f et He n r i Du v e r n o i s, qui a obtenu au Vaudeville un retentissant succès,

la D a n s e d e M i n u i t , de M. Ch a r l e s Méré,

chaleureusement applaudie chaque soir au Théâtre de Paris.

Nous allons publier aussi, très prochainement, d ’un maître du roman, M. Ga s t o n Ch é r a u :

la M a i s o n de P a t r i c e P e r r i e r ,

œuvre tendre et profonde, qui évoque et ranime, dans un coin de province française, au mi'ieu du siècle dernier une pure et pathétique histoire d ’amour.

INTRODUCTION A L A V IE MODERNE

LE NOUVEAU VISAGE DE LA GUERRE

La société moderne a, par l’ e f fe t de la guerre et par le mouvement des esprits qui en dérive, éprouvé depuis quelques années et continue à subir des transformations si importantes et si graves qu on ne saurait trop l’observer sous ses manifestations diverses et l’ étudier dans ses principes essentiels.

L ’ un des représentants les plus en vue des géné­ rations actuellem ent appelées à tenir le prem ier rang, l’écrivain qui, il y a sept ans, — en un volume aussitôt signalé au public p a r le prix Concourt, — jugeait avec une rare hauteur de vision les événe­ ments qu’ il vivait lui-mcme, devenu l’ un de nos critiques éminents, M. H enry Malherbe, nous a paru, par ses dons d’observation aiguë et subtile et la concision expressive de sa langue, particulièrement désigné pour nous dire, à côté de l’illustre historien Guglielmo F errero, ce qu’ il pense du tem ps présent et entretenir nos lecteurs de ses inquiétants problèmes.

I

Dans les troubles qui nous agitent, notre époque n ’a pas trouvé une physionomie distinc­ tive. Elle est encore dans la fièvre d ’une mue douloureuse. Elle n ’a pas pris un caractère fixe. Ses aspects vacillants sont d ’une appréciation délicate. On ne saurait s ’établir sur des rivages que la tempête dévaste.

Mais, déjà, le rideau de brume se déchire. Des perspectives brisées réapparaissent. Quel­

ques lignes indécises se reforment et se

recoupent. On peut entrevoir l ’horizon. Le paysage se révèle, peu à peu, dans un plan plus profond. Il se transformera peut-être curieu­ sement, au retour de la lumière et du calme. J ’aurai, néanmoins, observé ma route et pris, plus tôt, ma direction.

Le voyage que j ’entreprends dans le temps actuel n ’a que ce but modeste. Q u’il semble, déjà, difficile ! Dès les premiers pas, un sou­ lèvement m ’arrête. Je croyais ne parcourir, d ’abord, que des régions paisibles et fleuries. En observant mes contemporains que le malheur rend avides et farouches, je comprends qu’ils soutiennent toujours leur longue lutte. La guerre, avec ses misères et ses fureurs, n ’est pas étouffée. Elle a mis un masque auquel nous nous sommes naïvement trompés. Elle est demeurée aussi meurtrière. Elle s ’est encore étendue. Elle redevient injuste. Elle accable nos populations qui continuent de faire par honneur ce que les autres ne font plus que par cupidité.

* * *

Les derniers événements financiers lèvent, en nous, des certitudes auxquelles on ne se dérobe pas. La guerre économique n ’est plus une image

banale, une métaphore prédominante et com­ mode. Comme ces personnages de Pirandello qu’on croyait chimériques et qui, à l ’expérience, subsistent d ’une vie plus dangereuse que la vie matérielle, cette guerre économique obscure nous enveloppe de toutes parts. Elle est menée d ’officines étrangères, sur une vaste échelle, avec beaucoup de secret et de prévoyance. Ses victimes ne se comptent plus. Les adversaires ont envahi le territoire national. Ils se sont infiltrés dans les places fortes. Retranchés dans leurs solides travaux d ’approche, ils attendent pour lancer l ’attaque suprême. Ainsi la guerre boursière se déroule selon le même rythme que la guerre militaire. Nos ennemis ont perdu l ’une. Us ont engagé l ’autre qui n ’est pas moins redoutable. Ces miliciens vaincus mais incorri­ gibles crient désespérément : « La guerre est morte! Vive la guerre! »

Entraînés par les sentiments qui égaraient notre réflexion, nous nous inspirions de prin­ cipes élevés dans nos façons d ’agir. Il n ’y eut pourtant jamais d ’époque plus propre à nous garantir de la générosité. Le peu de cas que nous affections de faire de l ’intrigue rendait, après la conclusion de la paix, nos actions con­ formes à la plus exacte équité. Rassurés contre tout danger militaire, nous nous attardions à une gloire romantique et nous satisfaisions de quelques profits d ’amour-propre et de surface. L ’adversaire veillait. Le caractère de frivolité q u ’on nous prête gratuitement dans le monde encourageait à toutes les entreprises pour s ’acquérir une puissance fondée sur la perte de la nôtre.

Le réveil est brutal. Nos rivaux avaient mis dans leur plan que nous serions longtemps encore étourdis. Notre âme bienveillante et claire n ’est pas si distraite. Nous surprenons enfin ceux qui recherchent de nouvelles occa­ sions où ils ont le pillage pour but. Qui ne s ’effraierait d ’observer à quel point ils viennent de pousser leur industrie, leur acharnement dans la haine et leur insolence ? Nous voici éclairés jusqu’à l ’éblouissement sur des fautes que nous n ’avons pas su prévenir. Le monde, qui semblait épuisé et chancelant, s ’ouvre devant nous comme un immense champ de bataille dont nous sommes l ’enjeu. On a seule­ ment changé d ’armes. Nous ne pouvons plus que nous régler sur les modernes façons de lutter et de dominer, dans ce silence universel de la morale.

* * *

Il n ’est pas nécessaire d ’atténuer nos négli­ gences, sinon nos erreurs. Nous revivions dans la sécurité et la bonace. Nous voulions ressem­ bler aux langoureux héros d ’un roman histo­ rique au lieu de mettre un ordre net dans nos affaires. D ’autres aussi ont été assez dupes pour se faire du sentiment une occupation constante.

Que représente l ’unité française au regard du monde? L ’organisation par le sacrifice. A l ’étranger, on s ’amuse de la brillante vanité des peuples encore idéalistes. C ’est la seule façon q u ’on ait trouvée de s ’acquitter de toutes les obligations qu’on avait à la France. Mais les autres nations paraissent, néanmoins, ravies de nos raretés et de notre patrimoine. Elles ne songent q u ’à s ’en emparer ou à les détruire. Dans les conversations q u ’elles engageaient avec nous entraient toujours des contraintes et des chicanes. Je ne surprendrai personne en disant que quelques-uns de nos anciens amis »sont devenus les hommes les plus dangereux pour le traité complexe qui nous fut consenti. On était bien résolu à nous en disputer les profits éventuels. Dès la signature de la paix, l ’âpre

guerre moderne, la guerre économique, s ’éla­ borait contre nous. Elle échapperait encore à toute observation directe si nous n ’étions pas en présence de ses ravages. Ce n ’est pas sou­ lever une polémique que de la décrire et d ’ap­ profondir les moyens de défense qui peuvent lui être opposés. A u reste, je me bornerai à des constatations, à une vérification expéri­ mentale.

Le changement est si brusque que les chefs qui nous conduisaient, jadis si lucides, se sont eux-mêmes égarés. Leur inaptitude était d ’au­ tant plus sensible que leurs talents avaient plus de générosité. Leurs idées obligeantes parais­ saient d ’un autre âge, sans doute meilleur. La philosophie inhumaine approuvée par F erd i­ nand Brunetière — qui était plus passionné q u ’intelligent — inaugure son règne. Cette con­ firmation, quelque douloureuse q u ’elle soit, ne peut l ’être davantage que l ’incertitude où nous vivions.

* **

Une construction mystérieuse, hardiment arbi­ traire et offensive, a été montée contre notre unité retrouvée. Ce sont des choses graves q u ’on ne saurait se dissimuler et qui nous jetteraient dans des épreuves que nous nous efforçons d ’éviter. Le temps des guerres sanglantes, en plein air, touche à son terme. On n ’est plus pris aux tournoiements visibles d ’une escrime. 11 ne s ’agit plus aujourd’hui que de plonger l ’ennemi dans la misère et l ’anarchie et de le dépouiller tant de son prestige moral que de ses richesses foncières.

Nous devons adapter notre mentalité à la stratégie nouvelle. Les marchands et les ban­ quiers nous entraînent avec empire. Toute autre manière de combattre est, à présent, puérile et défavorable. Avisons-nous d ’expédients requis par les circonstances et au-dessus des décou­ vertes les plus libres. Entrons dans le génie et, si je puis dire, dans les goûts de l ’époque. Je ne discute plus ces conflits ni leurs réversions. Ils sont moins manifestement barbares que les corps à corps sanglants d ’autrefois.

Les champs de bataille d ’aujourd’hui sem­ blent aussi désertiques et trompeurs que ceux que nous observions en 1917. L ’armement à grande distance s ’est singulièrement perfec­ tionné. Les combats se livrent des points les plus éloignés du globe. En suivant ce que la raison me dicte, j ’observe une différence aussi forte entre une guerre actuelle et la guerre de 1914 qu’entre cette dernière et les campagnes du second Empire. Nous discernons avec stu­ peur que nous avons déjà commis les mêmes fautes de tactique q u ’aux premières journées de l ’été de 1914. Quand il ne nous a plus été possible de nous tromper aux hostilités enga­ gées, nous avons lutté à découvert avec plus de loyauté que d ’industrie. Fières et naïves attaques, en pantalon garance, le plumet au

shako, les mains gantées de blanc. Nous

nous ressaisissons non sans hâte. Cette fois, les méthodes de l ’adversaire sont multiples, fuyantes et d ’une extension indéfinie.

Puisqu’il faut nous prêter aux formes impé­ rieuses que la société actuelle consacre, tâchons de pénétrer quelques-uns des secrets de la guerre

moderne. L ’appel à l ’imagination, l ’esprit

mathématique, la ruse, la passion de la pira­ terie y sont plus indispensables que la bravoure, la sensibilité et la raison. L ’appel d ’une mobi­ lisation touche seulement les traitants, les chan­ geurs, les trafiquants, alors que les cadres sont constitués par les hommes d ’affaires les plus marquants du monde, sans souci de leurs ori­

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gines. On gagne les uns et les autres, on les séduit, on les corrompt, on les séquestre. Ainsi est constituée cette armée de meneurs et d ’es­ claves auxquels le plus large crédit est fait. J ’en sais qui disposent de masses de mouvement sans cesse renforcées. Ils ne rendent compte de leurs opérations excessives qu’après les avoir tentées. Des intérêts, qui nous sont encore étranges, déterminent leurs initiatives et leur jugement. De leurs bureaux de renseignements, de leurs laboratoires invisibles, ils ont fait de puissants arsenaux. Là, ils organisent, à grande distance, l ’agression et le pillage. Ils contractent des

alliances ténébreuses avec des aventuriers

insidieux et se créent des complicités dans les sphères impénétrables et les pouvoirs suprêmes. Par une spécieuse similitude d ’expressions, leurs plans d ’invasion sont des plans de spéculation, leurs mouvements de troupes des mouvements de fonds, leurs ordres d ’attaque des ordres de Bourse, leurs colonnes d ’artillerie des colonnes de chiffres, leurs actions de détail des actions au porteur, leurs opérations des opérations à terme, leurs communiqués des communiqués de sociétés anonymes. Pour ces calculateurs fréné­ tiques, les peuples ne représentent que des équations différentielles, 'à constantes moné­ taires.

Nous sommes loin des tableaux de bataille de Van der Meulen, de Vernet, d ’Yvon, voire de Plameng. On ne lutte à présent qu’avec des entités, des principes artificiels, des abstractions économiques. Quels chroniqueurs ai’ithméticiens, quels peintres géométriques retraceront pour la postérité ces hallucinants combats systéma­ tiques? Verrons-nous les historiens relater les exploits bancaires et les poètes dédier des odes aux guerriers de la Bourse? Un reste d ’idéa­ lisme nous voile encore ces horizons et nous empêche de congédier si vite les rudes héros du passé. Mais les ruines, la misère nous donnent beaucoup à penser. Des populations ont succombé. Des belligérants affamés, dépouillés reculent en désordre. Les malheurs de la guerre nouvelle sont si bizarres et si nombreux qu’un Goya serait impuissant à les graver.

Nous ne pouvons refuser notre consentement tragique à cette forme de bataille dont la manœuvre actuelle des changes n ’est qu’un aspect saisissant. Nous avions d ’abord été aussi peu préparés qu’en 1914 à résister à la pous­ sée ennemie. En ce moment, nos chefs braquent leurs esprits sur ces opérations ainsi que des projecteurs. Quelques parlementaires avouent leur anxiété. Us lisent, chaque jour, la cote des changes comme un communiqué officiel des actions engagées. Ils supputent, d ’un air vrai, l ’effet moral des bombardements brusquement arrêtés, puis repris. Ils ont repéré les empla­ cements des pièces lourdes à très longue portée.

Les événements pourraient détromper même M. Anatole France. N ’a-t-il pas affirmé que l ’état politique d ’une nation ne détermine pas la condition privée de ses habitants? Il a suffi que nous annoncions que nous ferions, en mai, !a relève de nos représentants pour que l ’adver­ saire précipitât ses concentrations. Je donne à dessein ces détails. Ils éclairent de flammes rapides les conceptions secrètes des groupements humains reconstitués d ’hier.

* * *

L ’armée financière détient nos destinées.

Notre instinct de défense jouera. Il s ’accom­ modera aux circonstances. Les troupes seront équipées selon les conventions récentes et munies ! d ’un matériel innové. Il faudra alors aux chefs,

dans un autre ordre d ’idées, une souplesse et une activité prodigieuses pour manœuvrer ces masses introuvables et démesurées. Le nombre des habitants de notre planète s ’est augmenté [ — à l ’exception, peut-être, de nos régions — dans des proportions encore inconnues dans l ’histoire humaine. Comment organiser équita­ blement et protéger ces agglomérations avides et accumulées ? Les systèmes sociaux mis à l ’épreuve jusqu’à présent n ’ont pas donné les résultats espérés. Les grands peuples sont encore dans leur enfance. A u x yeux de l ’avenir, nos dernières années se seront écoulées dans le désordre et la barbarie. Quels cerveaux assez puissants peuvent concevoir, dans toute leur ampleur; les données et les variations d ’un pro­ blème aussi vaste, embrouillé et angoissant que celui du rajustement social des foules concur­ rentes de l ’univers?

Il est trop commode, en vérité, d ’échafauder, dans l ’ombre, des machinations pour capter quelques bénéfices indus et provisoires. On peut porter la malice jusqu’à ruiner une nation probe et qui se fie à des engagements solennels. La riposte ne se fait pourtant pas attendre. Nous avons, à portée de la main, les mêmes armes que l ’assaillant. On en usera à sa con­ venance. Mais, sous le masque impassible, le conflit s ’est exaspéré plus aigu, plus implacable.

Je pourrais illustrer de chiffres et de détails techniques ces démonstrations. Elles sont assez accablantes. J ’ai dépouillé d ’innombrables docu­ ments q u ’il est inutile de déplier devant vous. Afin d ’élever le débat, de m ’efforcer à la syn­ thèse, je ne rapporte que des conclusions. Sous le jeu dramatique des faits, j ’ai souhaité de saisir l ’instant qui compte seul pour l ’éternité.

* **

Ce n ’est pas par humeur de stratège que j ’ai envisagé cette lutte financière sous des appa­ rences militaires. Nous sommes, sans coup férir, ostensiblement placés devant une poursuite méthodique de la guerre, avec des ressources accrues et plus habilement dispersées. On serait tenté de confier la direction des résistances, l ’initiative des ripostes, à un véritable ministre de la guerre. Il ferait mouvoir avec beaucoup de nerf, d ’à-propos et d ’imagination les orga­ nismes et le personnel entraîné et soumis q u ’il commande.

A saisir les traits essentiels de cette crise, on éprouve autant d ’irritation que d ’amertume. Au nom d ’intérêts sociaux mal compris, par passion du lucre et de la domination, les hommes retombent à la cruauté primitive. Aux soirs les plus reposants, nous entendons l ’atroce parole :

« J ’ai apporté le glaive et non la paix. » Quelle étrange figure notre siècle prendra dans l ’histoire! Des calamités sans nombre ont occupé ces dix dernières années. La perfidie et la violence n ’ont pas désarmé. Dans quels abîmes l ’humanité roulera-t-elle encore? Com­ ment se peut-il que, malgré les drames constants que nous voyons, subsistent les restes des civili­ sations modernes? Je les discerne, ces puissances idéales, et voudrais m ’en imprégner et les répandre. Rare et âpre époque que la nôtre, dans ses contrastes énervants, dans sa prompti­ tude oppressante ! En distinguons-nous déjà l ’image conforme à la réalité? On voudrait se tromper à de certains signes trop révélateurs. Signes de rapacité et d ’épouvante. Signes de raffermissement dans l ’insensibilité, d ’abandon de la vieille morale. Triste préparation aux années qui vont suivre. On ne nous laisse plus la liberté de changer les points de direction. Ou nous serions broyés sur la pente fatale. Nous

sommes condamnés à nous tenir à une formule de réciprocité rudimentaire et que personne n ’ose attaquer.

Le premier des quatre actes du drame qui se joue sur ce siècle vient d ’être créé. Les excès tragiques du début du spectacle nous ont terri­ fiés. Le dramaturge énigmatique soutiendra- t-il tout l ’ouvrage dans ce style véhément ? Pour­ quoi tâcher d ’entrevoir dès maintenant les trois autres épisodes? Nous ne pouvons que mesurer sur des temps très prochains le faisceau des idées actuelles, sans prétendre à lire l ’avenir. On essaie de gâter par des artifices d ’imagi­ nation, par de frauduleuses évaluations tout ce qui doit nous ramener à l ’unité. De là notre discorde qui s ’écoule comme le pus d ’une blessure qu’on envenime. Nos contemporains semblent s ’opposer encore à la marche d ’un monde où ils respirent, contrarier la course au destin. Le nouvel esprit humain, hardi mais morbide et usé, croit en vain détourner miséra­ blement le courant des forces qui nous entraî­ nent ju squ ’au terme fhfë par les étoiles.

He n r y Ma l h e r b e.

--X ---LES MAJESTÉS EN EXIL

ABDUL MEDJID EN SUISSE

Le 3 mars, un vote de la grande Assemblée nationale d’Angora abolissait le calijat et ordonnait l'expulsion du calije du territoire turc. Le 4, Abdul M edjid quittait Constantinople. L e 7, il était en Suisse, à Territet. Notre gravure de première page le repré­ sente sur la terrasse de l’hôtel où il est descendu. Elle a été prise le 9. L e même jour, une collaboratrice de L ’Illustration, AT"e Noëlle Roger, qui habite Genève, obtenait d'être reçue quelques instants par celui qui se considère encore comme le chef spirituel des musul­ mans. Ce n’est pas une interview qu’elle a sollicitée de lui, mais de son émouvante visite à la « majesté en exil » elle nous adresse ce récit :

— L ’espoir... plus que de l’espoir ! J ’ai la con­ viction qu ’un jou r sera rapportée une décision trop hâtive, irréfléchie peut-être, — funeste à la Turquie.

C’est un des secrétaires du calife Abdul M edjid qui parle, assis dans le hall du grand hôtel de Ter­ ritet, un homme jeune encore, qui fu t le précepteur du prince Farukh et, depuis quinze ans, vit auprès de Sa Majesté.

— « Us » s’en réfèrent, disent-ils, à une décla­ ration du Prophète, selon laquelle le califat devait durer trente ans. Trente ans ! c ’est-à-dire le temps des quatre premiers califes, ju squ ’à la mort tragique d’Ali...

Salih Kéramett s’exprime dans un français nuancé; il distribue ses phrases avec prudence. D epuis deux jou rs il est en butte aux entreprises des journalistes, et. il a déjà appris à concilier la pudeur musulmane, le tact diplomatique et le désir de faire connaître à l’ Occident le maître qu’il révère et dont il parle avec une ferveur qui met p a rfois des larmes dans ses yeux.

« Ils » ne veulent plus du califat parce qu’ « ils » le trouvent trop monarchique... Et ils ne songent pas au prestige illimité que le califat conférait à la Turquie dans le monde musulman... Ce fu t un soutien moral inappréciable pendant la guerre et après la guerre...

Des journalistes ont raconté d ’une manière fan ­ taisiste la nuit du 3 au 4 mars. Les représentants du gouvernement auraient fa it monter le calife sur son trône pou r entendre la lecture de l’acte de desti­ tution. Salih K éram ett ne peut s’empêcher de rire en rappelant cette version : un tel appareil théâtral, un tel irrespect si peu conform es au caractère turc!

Il est devenu soudain très grave. Il reprend : — Les choses se sont passées d ’une fa çon bien différente, avec une grande simplicité. Ce fu t très triste et très digne. Le calife a fait preuve d ’une fermeté admirable. Il semblait même éprouver de la pitié pou r ceux qui accomplissaient leur m a n d a

t-Je le regarde : des larmes roulent au bord de ses cils. J ’attends des détails... ces détails que des Occi­ dentaux se plairaient à énumérer. Mais il ajoute : — C’est une nuit qui appartiendra à l ’histoire. Permettez-moi de me taire encore...

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petit manteau brun ; elle a un visage ovale aux traits bien dessinés, et elle baisse les yeux lorsqu’on lui parle. C’est la petite princesse Durri Chehvâr, la « Perle souveraine », qui fa it son apprentissage de l’ exil.

Au-dessus de nous, la brise agite dans l’ azur le drapeau turc à côté du drapeau fédéral. Le calife s’est levé, il apparaît grand, dans la force de l’âge, à cinquante-six ans, et il y a sur lui une singulière grandeur; il n’ a plus rien du voyageur las que je contemplais tout à l’heure.

Il parle avec amour de son peuple turc.

— C’ est un peuple aimable, dit-il, rendant au mot aimable son vrai sens.

Et il parle de cette immense aspiration au progrès qui soulève la Turquie.

— En deux ans, on voudrait rattraper deux siècles... Il ne faut pas aller trop vite... Il faut suivre la nature, qui a des temps d’arrêt...

Il ne fau t pas aller trop vite... Il n’a point d’autre parole de blâme ou de regret.

— Je suis un ami de la nature, ajoute-t-il avec un sourire très jeune.

E t un artiste. Ce prince de la branche cadette des Osmanlis, qui fu t investi du califat en novembre 1922, a vécu claustré dans son palais, lisant beaucoup, se tenant au courant du mouvement de la pensée. N ’étant pas libre de choisir des professeurs ou de courir le monde, il a form é lui-même sa personnalité. Pour se distraire, il étudiait la musique et la pein­

ture. En 1914, il exposait au Salon des Artistes français son p rop re portrait, avec celui de ses deux enfants : il s’est peint leur donnant une leçon d ’his­ toire. Nous avons reproduit ce tableau dans notre numéro du 9 décembre 1922.

A vec ie même sourire, il dit qu’il aime notre journal, qu’il reçoit depuis une quarantaine d ’années. Souvent il lui arrivait de traduire des articles, et c’est un peu en lisant IJ Illustration qu’il a appris le français.

— Ma collection de L ’ Illustration, dit-il soudain en se tournant vers l’un des secrétaires, vous l’avez mise en ordre comme je vous en avais p rié?

— Oui, M ajesté... je l’avais classée...

— Je voudrais bien qu’ elle ne soit pas perdue... murmure le souverain déchu.

Une ombre a passé sur son visage. Il se souvient que tous ses biens sont séquestrés, que son palais ne lui appartient plus, que son avenir est sombre et précaire et que, peut-être, il ne reverra jam ais la colline de Scutari.

Nous sommes tournés vers le lac, si vaste au jou r­ d ’hui, la brume voilant les silhouettes neigeuses des montagnes, et d'un bleu si doux qu’il fa it rêver au Bosphore. Le silence est plein de choses douloureuses que personne ne peut form uler. Une émotion trouble les yeux de l ’exilé, perce sur ce visage si maître de lui. Quelques paroles à v oix presque basse. Il s’ éloigne, et les derniers mots que j ’emporte sont :

— Je p rie pou r mon peuple turc... Et :

— Gardez toujours votre amour pou r le peuple turc...

E t j ’entends le secrétaire qui reprend avec douceur en me reconduisant à travers la terrasse :

— Tant que le monde musulman ne souscrira pas à cette décision de l ’Assemblée d’A n g ora et ne se prononcera pas en faveur d’une nouvelle élection, Sa M ajesté continuera de représenter la charge suprême du califat...

Noëlle Roger.

( V o i r p a g e 248 l'a rticle su r la F in du C a lifa t.)

^

---LES IN G É N IE U R S B E L G E S DE LA M. I. C. U. M.

Le 26 février, le général Dégoutté a remis à un certain nombre d’ingénieurs belges appartenant à la « Mission interalliée de contrôle des usines et des mines » de la Ruhr les insignes de la Légion d ’honneur —• cravate, rosette ou ruban —- que le gouvernement français venait de leur décerner. Cette cérémonie a eu lieu à Dusseldorf, en présence des troupes, qui ont ensuite défilé devant les nouveaux décorés. La photo­ graphie que nous reproduisons ci-dessous montre côte à côte, pendant ce défilé, de droite à gauche : le général Dégoutté, le général belge Evrard, commandant une division, le général français Douchy, commandant le 326 corps d’armée, le général belge Lauwens, com­ mandant le détachement belge de la Ruhr, puis les décorés : M . Hannecart (en uniforme), chef de la délé­ gation belge de la Mission, fait commandeur de la Légion d'honneur ; M M . Piérard et Leduc, directeur et administrateur du Comptoir belge de répartition des charbons allemands, M . Hobets, conseiller du gouver­ nement belge auprès de la Mission, promus officiers de la Légion d ’honneur ; M M . Duquesne, ingénieur du service de l’électricité au ministère des Chemins de fer, Hoppe, ingénieur des mines, Lebacqz, directeur du Comptoir belge des charbons, à Essen, et Ciselet, secré­ taire général de la délégation belge, nommés chevaliers.

La terrasse, abritée du vent, domine une vaste étendue de lac.

Le calife, assis sur un banc, se chauffait frileu­ sement au soleil. Il a toujours froid depuis son départ de Constantinople. Je le voyais de loin. Sa tête nue et toute blanche un peu penchée, il avait l’air d’un voyageur très fatigué. E t je pensais, en approchant, que c ’était là le successeur de Sélim et de Solimah le Magnifique, celui qui avait la garde de 300 millions d’ âmes, la royauté spirituelle plus belle que les autres parce qu’elle recule les limites indéfiniment.

Il portait un costume de voyage en grosse étoffe anglaise; son fez rouge était sur le banc à côté de lui. Unejbelle figure régulière, le nez aquilin, le teint bistré, jeune, dans l ’encadrement de la barbe et des cheveux blancs. Une expression de dignité un peu sévère, adoucie par les yeux bleus, très v ifs, qui brillent sous les longues paupières. Sa main droite égrène un long chapelet noir retenu par un cordon d ’or.

Les deux secrétaires sont debout à ses côtés. Et une fillette mélancolique se promène toute seule, à quelque distance. Douze ans, une ju pe courte, un

A D u sseld orf : auprès d ’ officiers généraux français et belges, les ingénieurs belges de la Ruhr décorés par le gouvernement français, pendant le défilé des troupes françaises.

Au Grand Hôtel, à Territet : le calife Abdul Medjid, entre son fils et sa fille ; la même petite princesse en costume turc à Constantinople. — Photographies Keystone View, Sebah et Joaillier.

scène tragique devant moi : cette sentence, quelques mots qui fon t du Commandeur des Croyants un souverain déchu, voué à l’exil... Ce départ immédiat, la petite princesse qu’il faut aller tirer du lit, habiller à la hâte, cette atmosphère de catastrophe, ce renoncement à tout : les objets, les souvenirs, le cadre où Ton vit, ce brusque arrachement...

— Je puis vous dire encore ceci, reprend avec émotion le témoin de la scène. A u moment de monter en voiture, sur le seuil du palais, le calife s’est arrêté : il a donné sa bénédiction paternelle, il a imploré l’assistance du Tout-Puissant pour son peuple chéri, pour le succès de la cause turque et musulmane...

Cette invocation suprême, ce détachement du chef de l’Islam, ce dernier geste, dans cette nuit boule­ versée révèlent une belle fermeté d’âme.

L ’auto jusqu’à Tchataldja, sous la garde d’une escorte, et les dix exilés montaient dans l’ Orient- Express, pour descendre, trois jou rs plus tard, dans une petite gare suisse. Le prem ier voyage d’Abdul M edjid... lui qui avait tant rêvé de voyages!

— L ’acclimatation, c’est toujours un peu difficile, soupire le secrétaire. La vie d ’hôtel..., et puis, il y a de petits détails... Tenez, nous ne pouvons trouver un lit assez dur pour Sa M ajesté. Nous finirons par mettre des planches sous son matelas! Des p rojets? Non, le calife n’ a pas de projets. Nous ne savons rien...

P ar les larges baies du hall, encadrant des pans de lac, le secrétaire vient d’apercevoir une silhouette.

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que Marcel Proust est un ironiste terrible, d’une extrême puissance, que, par exemple, son M. de Charlus est cloué sans rémission au pilori dressé par le satirique et que le récit de la brouille des Verdurin avec M. de Charlus est un morceau d’une verve abso­ lument inégalable.

Voilà pourquoi on ne doit point redouter de s’ engager dans ce que M. Paul Souday appelle avec amour « la forêt proustienne », ce délicieux maquis intellectuel où nous attend — et j’emprunte encore à mon excellent confrère du Temps ces mots heu­ reux — une véritable « féerie psycholo­ gique ». Peu de livres actuels nous réservent

j

un plaisir, si renouvelé, de découvertes.

« Le Cycle de lord Chelsea ».

Si « M. de Charlus » ne nous était point apparu dans l’ œuvre de Marcel Proust, nous (leussions rencontré dans le roman en trois volumes de M. Abel Hermant : le Cycle de lord Chelsea. M. de Charlus et lord Chelsea se ressemblent en effet comme deux frères, deux frères qui appartien­ draient, si possible, à deux races diffé­ rentes. Ils ont le même snobisme, les mêmes vices, à peu près les mêmes manies et beaucoup d’aventures communes. Mais l’un, pourtant, ne copie point l’ autre, car deux frères peuvent se ressembler sans tout à fait se confondre, et, malgré les aspects identiques, il y a souvent, entre deux individus que semblent rap­ procher les mêmes gestes, un abîme psychologique.

Le Pétrone d’ outre-Manche, après s’ être donné, pendant toute une vie, le divertissement de pervertir les âmes et de dégrader les sensibilités, semble entre­ voir une lueur de rédemption dans la soudaine révélation d’un amour normal, raisonnable, lubrifiant, qui ne dure pas trois jours, cela en attendant le repentir ostentatoire, l’ ardeur d’expiation dans une geôle britannique où s’évoque le sou­ venir de Wilde.

M. Abel Hermant a prodigué tout son art adroit et sec à nous raconter cette histoire un peu longue et qui, sous une autre plume, eût été insupportable. Œuvre où se prodigue du talent, mais qui prend place par son sujet dans une littérature et dans une époque de décadence. Lord Chelsea est le don Juan spécial d’une société cariée. Notre littérature est-elle donc vieillie à ce point qu’il lui faille tomber nécessairement dans l’ étrange, sortir du normal et du bon sens pour ne point rester dans la routine ? Doit-on se condamner à la subtilité et la compli­ cation pour, selon l’ expression de Figaro, « trouver quelque chose qui ressemble à une pensée » ? Cosmopolitisme, dilettan­ tisme, préciosité, trois fléaux sous lesquels succombe une littérature nationale. Je n’accuse pas spécialement lord Chelsea de manoeuvrer l’un de ces fléaux ou même les trois ensemble. M. Abel Hermant est un écrivain et un artiste d’une trop belle valeur française pour qu’on le querelle de la sorte. Mais je songe à ses imitateurs possibles, plus aptes à subir des influences qu’à se créer une forme personnelle. Car, déjà, nous avons trop de livres où l’esprit se dissout, où le jeu d ’idées se réduit à un jeu de mots et où l’ on sent l’ effort essoufflé pour farder inutilement l’ expression simple et naturelle des modèles classiques.

Albéric Ca h u e t.

A la recherche du tem ps perdu : ta Prisonnière, édit- de la Nouvelle Revue française, 2 vol., 15 francs. —

Le Cvcle de lord Chelsea, éd it de la Nouvelle Revue française, 4 vol., 6 fr. 75 chaque.

Parmi les publications récentes, nous trouvons un certain nombre d’ études de critique et d’ histoire littéraire auxquelles nous regrettons de ne pouvoir consacrer qu’une mention trop brève. Mais nous ne voulons pas omettre de citer les savants et captivants ouvrages : de M. Ernest Seil- lière, de l’Institut, sur le Cœur et la, raison de Madame Swetchine (Perrin, é d it, 10 fr.), d’ après'des documents inédits; de M. le chanoine C. Looten, professeur aux facultés catholiques de Lille, sur Shakespeare et la

L ’ I L L U S T R A T I O N

religion (Perrin, éd it, 8 fr.) ; de M. Jean Larat sur la Tradition et l'exotisme dans l’ œuvre de Charles Nodier (Champion, édit.); de M. Henri Morice (Perrin, éd it, 7 fr.), sur Jules Lemaître.

C’est le 4 mars dernier qu’ a été décerné le « Prix des Méconnus », dont il a été parlé dans notre chronique littéraire du 29 dé­ cembre dernier, à propos de la réédition du roman de M. Henry Fèvre : Galafieu. Comme on avait pu le prévoir, dès ce mo­ ment, Galafieu a retenu les sympathies du jury du Prix des Méconnus, qui a mani­ festé une égale estime à M. Maurice Beau­ bourg, l’auteur de la Saison au Bois de Boulogne. Le prix de 5.000 francs a été par­ tagé entre les deux écrivains.

Ce prix de cinq mille francs coupé en deux attire de nouveau I attention sur l’ humilité des dotations de ces prix litté­ raires que l’on s’ obstine à multiplier quand le simple bon sens indiquerait, au contraire, d’en réduire le nombre. Passe encore pour le « P rix des Méconnus ». dont la création procède d’une idée de justice réparatrice. Mais pour la plupart des prix que l’on a fondés ou que l’ on fondera et que les journaux se lassent de signaler, la seule dotation pécuniaire importe. Aussi, au cours actuel du franc, n’est-il pas excessif de demander aux mécènes plus ou moins désintéressés d’éviter que leurs libéralités n’ apparaissent comme des aumônes. En Argentine — car il est bon de prendre parfois des exemples à l’étranger — le premier prix du « Concours national de littérature » récemment décerné fut de 30.000 piastres, qui représentent au j ourd’hui près de 200.000 francs. Le lauréat, M. Ri- cardo Rojas, auteur d’une « Histoire de la littérature argentine » (et notons ici que le jury argentin ne s’est pas cru obligé de couronner un roman), est, bien que très jeune encore, doyen de la Faculté de philosophie et lettres. C’ est un ami fervent de la France. Ajoutons que trente autres mille piastres ont été réparties, dans le même concours, entre dix autres écrivains.

l’a u t o m o b i l e a u c h a r b o n d e b o i s

Dans notre article du 23 février dernier, consacré à l’Automobile au charbon de bois, nous avons indiqué par erreur que le brevet du gazogène Imbert avait été acheté par la maison Berliet. M. de Die- trich nous écrit qu’il reste propriétaire exclusif du droit à l’exploitation en France de l’invention Imbci t s t qu’il a simplement promis à la maison Berliet la concession d’une licence si les essais qui se pour­ suivent en ce moment donnent complète satisfaction.

D ’ autre part, nous avons indiqué que le ministère de la Guerre avait connu « un peu par hasard » les travaux en cours de M. Imbert. M. Dietrich tient à ajouter que, s’étant rendu compte de l’ importance que pouvait avoir une telle invention au point de vue mili­ taire, il saisit le ministère de la Guerre par lettre du 23 août dernier, dès la première voiture mise au point par ses soins. Cette initiative commerciale est toute naturelle et nous n’avons eu nulle­ ment l’ intention de laisser supposer qu’elle ne s’était pas produite.

LE S E X P O S IT IO N S

JACQUES-ÉM ILE B LAN CH E

M. J.-E. Blanche expose actuellement dans l’ Hôtel Jean Charpentier un ensemble important de son œuvre. La première toile remonte à 1880. C’ est une copie de Mantegna, faite au Louvre, alors qu’il n’ avait pas vingt ans. Puis se déroule une carrière active, brillante, où le portrait marque toujours les grandes étapes. On retrouvera là, grâce à une heureuse sélec­ tion, la plupart des toiles qui ont assuré la célébrité de l’ artiste par leurs séductions, leur aisance et leur vérité, et qui constituent une galerie des personnalités du monde, des lettres et des arts au cours d’un demi- siècle.

Nous n’avons pas à reprendre une étude qui a été faite ici même par M. Louis Gillet dans le numéro du 27 octobre der­ nier, sur l’inestimable intérêt documen­ taire et sur la valeur d’art de cette œuvre. Le plus grand nombre des tableaux que U Illustration a reproduits alors figurent à cette exposition. Aux effigies des grands aînés ont succédé celles de Giraudoux, Paul Morand, Georges Imann, Max Jacob, de Montherlant, et d’autres, sans oublier l’ éditeur Bernard Grasset, dont l’ acti­ vité, l’esprit d’entreprise sont en passe de devenir légendaires.

Il serait pourtant injuste de limiter à cette galerie des hommes du jour la valeur d’une production qui rappelle la fécondité d’un dix-huitième siècle. Ce n’est pas le moindre attrait de cette exposition que de revoir les portraits de femmes, d’enfants, les Bérénice, et les décors raffinés qui sont d’un des premiers coloristes de notre époque.

LA C H A R T E IN TER N AT IO N ALE DE L’ E NFANT

L’Union internationale de secours aux enfants, qui vient de tenir à Genève son cinquième conseil fédéral, a formulé une Déclaration qui doit marquer une date dans l’histoire de la civilisation : la Décla­ ration des Droits de l’ Enfant.Cette charte a été remise solennellement, ls 29 février, au président de la République helvétique, en présence d’une nombreuse assistance qui écouta la lecture de ses cinq articles, en français, en finlandais et en turc. Voici ce texte, qu’une petite brochure, rédigée en trente-six langues, a entrepris de répandre dans le monde :

I. —- L'enfant doit être mis en mesure de se développer d’une façon normale, matériellement et spirituellement.

II. — L'enfant qui a faim doit être nourri ; l’enfant malade doit être soigné ; l’ enfant arriéré doit être encouragé ; l’enfant dévoyé doit être ramené ; l’orphe­ lin et l’abandonné doivent être recueillis et secourus.

III. — L'enfant doit être le premier à recevoir des secours en temps de détresse.

IV. — L'enfant doit être mis en mesure de gagner sa vie et doit être protégé contre toute exploitation.

V. —- L'enfant doit être élevé dans le

sentiment que ses meilleures qualités doivent être mises au service de ses frères.

Nous savons bien que, dans les pays les plus civilisés, l’enfant orphelin est assisté, protégé et élevé. Mais l’ Union internationale voudrait intéresser tous les pays au sort de tous les enfants. Fondée à une heure de bouleversements, de fa­ mines, de misères peut-être sans précé­ dents, l’Union internationale veut que l’enfant soit la préoccupation première. Elle ne se contente pas d’avoir recueilli, depuis quatre ans qu’elle existe, plus de 80 millions de francs-or et d’ avoir secouru plus d’un million d’enfants dans une qua­ rantaine de pays ; elle ne se contente pas d ’obtenir l’ adhésion de cinquante comités nationaux et de toutes les Eglises, et des communautés musulmanes et juives, elle en appelle à l’ensemble des hommes. Digne filleule de la Croix-Rouge, elle tend à faire respecter partout les droits de l’être faible et sans défense, et elle place l’ entant sous la sauvegarde de la famille humaine entière. Famille terriblement divisée et troublée aujourd’ hui... mais qui peut retrouver une conscience unanime lorsqu’il s’agit de sauver les tout petits.

UN S A V A N T MUSULM AN A L 'A C A D É M IE DE M ÉDECINE

Deux grands corps constitués — l’Aca­ démie d’agriculture, l’Académie de méde­ cine — viennent, au cours de la semaine écoulée, de rendre sensible, par une double manifestation, l’accueil très large et très amical que la France réserve toujours à ceux de ses amis étrangers ou protégés à qui elle doit de la reconnaissance. Mme A. Murray Dike, généreuse et active Améri­ caine, présidente de 1’ « Œuvre des Régions libérées », était reçue par l’Académie d’agri­ culture, dont elle fait désormais partie, au moment même où l’Académie de méde­ cine élisait, à l’unanimité, comme membre correspondant, le docteur Dinguizli, mé­ decin du bey de Tunis.

L’importance de cette dernière élection est considérable. Le docteur Dinguizli est, en effet, le premier musulman admis à faire partie de cette docte compagnie et, dans tout l’ Islam, cette distinction hono­ rifique ne peut manquer d’ avoir le plus grand retentissement.

Né à Tunis en 1869, le nouvel élu est le

P h o t. P . C a ries.

Le docteur Dinguizli, médecin du bey de Tunis. frère du premier ministre du gouverne­ ment tunisien. Etudiant à l’Université de Montpellier, où sa thèse sur la vaccina­ tion fut remarquée, il publia par la suite toute une série d’ observations sur la va­ riole, la criminalité, et l’hygiène de la pre­ mière enfance chez les indigènes de Tunisie. I l a également étudié ie problème de l’ adaptation des prescriptions religieuses musulmanes à l’hygiène moderne et pré­ conisé à ce sujet la création d’un corps de visiteuses, spécialement formées, ayant accès auprès des femmes indigènes.

Le docteur Dinguizli parle et écrit admi­ rablement notre langue. Chargé en 1917 d’une importante mission à la Mecque, il s’en acquitta d’une façon tout à fait satisfaisante. Le gouvernement français vient de lui confier la création de l’ hôpital de Meknès, au Maroc.

(6)

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N ° 4228 I L L U S T R A T I O N

15 Mars 1924

P O L IT IQ U E E T D IP L O M A T IE

Photographies Van Bosch, Tourim et Nadar.

(Collection J.-L. Croze.)

Trois portraits de Suzanne Reichenberg, il y a une quarantaine d’années.

SU ZAN N E R E IC H E N B E R G

Le 10 mars est morte à Paris, d'une congestion pul­ monaire, celle qui, depuis qu’elle avait quitté le théâtre, en 1898, était devenue la baronne de Bour- going, après avoir illustré, pendant un autre quart de siècle, le nom de Suzanne Reichenberg. Elle avait eu soixante-dix ans en septembre dernier. Elève de Régnier, au Conservatoire, elle avait obtenu son premier prix de comédie en 1868, à quinze ans, et débutait aussitôt à la Comédie-Française dans le rôle d'Agnès. Son succès fut triomphal, si bien qu’à dix- neuf ans elle était nommée sociétaire. Elle fut l'ingénue idéale, dont la grâce, les yeux bleus, la douceur, le sourire, la voix, la séduction, la fraîcheur enchantèrent une époque. Elle a incarné toutes les jeunes filles du répertoire classique et moderne. Elle avait su prendre sa retraite — pour faire, il est vrai, un mariage selon on cœur — lorsqu’elle était encore dans la plénitude de son talent et de son éclat, et elle n ’a laissé de l'artiste qu'une exquise image. Sous ses cheveux blancs, d ’ailleurs, elle avait gardé son charme et, sa grâce, partageant son temps entre son foyer, l’amitié, les bonnes œuvres et ses souvenirs.

LA F IN DU C A L IFA T

C ’est dans la nuit du 3 au 4 mars que le calife a quitté Constantinople. Le palais de Dolma-Bagtché, où il résidait, avait été entouré d ’un cordon de troupes. Le gouverneur civil de la capitale. Haïdar bèy, accom­ pagné du directeur de la police. Saadeddine bey, se présenta vers minuit à Abdul M edjid, auquel il signifia la décision de l'Assemblée ; il ajouta qu'elle devait être exécutée sur-le-champ et qu'à 5 heures du matin il fallait que le palais fût évacué. Le calife déchu demanda un délai de deux ou trois jours pour rassem­ bler ses effets personnels, mais un refus formel lui fut opposé. Il dut, en toute hâte, entasser dans des malles et des valises ses vêtements et les quelques objets les plus précieux qu’il avait sous la main. A 5 heures précises, il quittait le palais avec ses deux femmes, son fils, sa fille et une suite de cinq personnes, sous la con­ duite du chef de la police et de quelques agents. Les exilés furent emmenés en automobile jusqu’à Tcha- taldja. où il leur fallut attendre jusqu’au soir, dans une salle de la gare, le passage de l’Orient-Express. On avait ajouté au train, à leur intention, une voiture spéciale de wagons-lits. Ils sont arrivés à Territet, par Sofia et le Simplon, dans la soirée du 7 mars.

De leur côté, les princes et les princesses dont la grande Assemblée d'Angora a également voté l’expul­ sion ont commencé à quitter Constantinople le 7. D ’ailleurs, le 8 au soir, expirait le délai qui leur avait été consenti. Ils se sont dirigés, par les voies de mel­ on de terre, vers la Roumanie, la France, l’Italie. la Suisse, l’Egypte et la Syrie. Chacun avait reçu, au départ, une somme de mille livres turques.

Cet, écroulement du califat est l’épilogue des événe­ ments de novembre 1922. lorsque le sultan Mahomet VI s’était enfui de Constantinople, à l’arrivée" des .premiers détachements de troupes kémalistes, victorieuses des Grecs. La monarchie ottomane avait alors été abolie, mais le califat, institution religieuse, avait été main­ tenu. Il cessait toutefois d ’être héréditaire dans la dynastie d’Osman, et l’Assemblée nationale se réserva le dibit de choisir son titulaire. C est sous ce régime précaire que, pendant quinze mois, vécut, Abdul Medjid. Il n’avait, en fait, aucun pouvoir et son existence ne se manifestait que par le selam lik, du vendredi, qu’il accomplissait scrupuleusement dans une des mosquées de Constantinople. Les honneurs militaires lui étaient rendus, mais seulement par la garde du palais, réduite à des effectifs insignifiants. On était bien loin des selamUk» d ’Abdul Hamid, qui mobilisait presque une

division, autant pour sa sauvegarde personnelle que pour rehausser l'éclat de la cérémonie!

Il fut tacitement reconnu et admis que le. calife,et: les membres de l'ancienne famille impériale continue­ raient d ’occuper les palais où ils résidaient de tout temps. Toutefois, les revenus de la liste civile, les domaines impériaux furent saisis, le calife et les membres de l'ex-famille impériale ne touchèrent plus qu’une allocation votée par l’Assemblée nationale.

Chez un peuple aussi attaché aux traditions reli­ gieuses, la présence des membres d’une dynastie récem­ ment déchue ne pouvait manquer d'inspirer des craintes aux auteurs de la révolution qui avait modifié la forme du gouvernement. De fait, la question du califat, de son prestige, de ses prérogatives commença à être discutée, d ’abord timidement, puis ouvertement. Le procès des journalistes et du chef du barreau, Loutfi Fikri, au mois de décembre dernier, aggrava la situation. Les inculpés étaient précisément poursuivis comme suspects de menées antirépublicaines. Ils furent acquittés par le Tribunal de l’Indépendance, et leur, libération donna lieu à des manifestations populaires en leur faveur. Moustapha Kemal se décida alors à brusquer les choses. Le T r mars, à l’occasion du dis­ cours annuel où il passait en revue l’ensemble de la politique du pays, il se prononça pour la suppression du califat. Comme il arrive souvent en pareil cas, il se trouva aussitôt dépassé par l'Assemblée devant laquelle il parlait. Une cinquantaine de députés dépo­ saient en effet une motion réclamant, avec l’abolition du califat, la déportation du calife et l’exil de tous les membres des deux sexes de la famille impériale, soit 32 princes et 35 princesses. Moustapha trouva que c’était dépasser la mesure. Il combattit le principe de l’exil global, mais il ne fut pas écouté -et force lui fut de céder à la.m ajorité.

C ’est ainsi que, d'un vote, la nouvelle République turque a aboli une institution séculaire, dont il faut bien reconnaître, toutefois, qu'elle n’avait pas été sans vicissitudes dans l’histoire de l’Islam. A la vérité, les musulmans orthodoxes renouent jusqu’à Mahomet la tradition du califat, à travers les sultans ottomans, les Abbassides du Caire, les Abbassides de Bagdad, les Omniades de Damas et les quatre successeurs directs du Prophète. Mais c’est par la violence que les Ommades se substituèrent, en 661. à Ali et, pendant un siècle que dura leur pouvoir, ils persécutèrent les autres descendants de Mahomet. A leur tour, ils furent massacrés par les Abbassides de Bagdad, vers l’an 1010. cependant que l’un d ’entre eux, ayant échappé à l’exter­ mination. fondait la dynastie dissidente des Omniades d'Espagne. Lorsque les Maures eurent été chassés d ’Espagne, le sultan du Maroc en profita pour se pro­ clamer calife. Mais déjà, au Caire, s’était installée, vers 910, la dynastie également dissidente des Fatimites, qui dura jusqu’en 1173. D'autre part, en 1258, l’invasion des M ongols mit fin au règne des Abbassides de Bagdad. Etait-ce bien leur héritier authentique qui se réfugia alors en Egypte où il donna naissance aux Abbassides d ’Egypte? Pendant deux, siècles et demi, ceux-ci vécurent obscurément au Caire. Enfin, en 1517. le sultan Sélim Ier conquit l’Egypte. Son premier soin fut de se faire reconnaître comme le protecteur des musulmans. Le dernier des Abbassides se désista offi­ ciellement en sa faveur de la dignité califale, qui est demeurée pendant quatre cent cinq ans — de 1517 à 1922 — l’apanage des sultans ottomans.

Abdul Mediid. sans être sultan, aura été calife de novembre 1922 à mars 1924. Malgré le vote de l’Assem­ blée d'Angora, il ne renonce pas à son titre avant qu’une réunion générale des ulémas, réclamés d'ailleurs par un grand nombre de musulmans, ne se soit pro­ noncée. Il faut nous attendre, toutefois, à ee que sa déposition suscite plus d ’une usurpation spontanée. D'ores et déjà, le roi Hussein s’est laissé proclamer calife des Arabes, le 6 mars, par divers représentants des musulmans de Transjordanie et du Hedjaz. et l’on a vu ailleurs que l’Egypte pourrait, elle aussi, nous ménager quelques surprises.

Ro b e r t La m b e l.

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LE TROISIEME CABINET T H E U N IS

Après treize jours de consultations politiques et de démarches, la crise ministérielle belge, ouverte le 27 février, s'est terminée par la constitution d'un troi­ sième cabinet Theunis. Comme le fait s'était déjà passé au mois de mai dernier, le président du Conseil démissionnaire s'est seul trouv é. à l’épreuve, susceptible de grouper autour de lui les partis opposés, probable­ ment parce qu’il n'appartient à aucun d ’eux et qu’il doit à sa seule compétence pratique la confiance dont le roi et la nation l'ont investi depuis la fin de 1921. Sept membres de l ’ancien ministère, sur onze, demeurent dans le nouveau. M. Jaspar, ministre des Affaires étrangères, est notamment ■ remplacé par M. Paul Hymans, député libéral de Bruxelles, qui avait déjà détenu ce portefeuille avant de représenter son pays à la Société des Nations. M . Theunis a éprouvé de grandes difficultés à concilier les points de vue divergents des catholiques et des libéraux, des Wallons et des Flamands. Il lui a fallu accorder une place plus considérable à ; la droite flamingante. En ce qui con­ cerne la politique extérieure du cabinet, il est toutefois hors de doute qu'elle ne sera point modifiée.

LE CONTROLE MILITAIRE DE L ALLEMAGNE Le 5 mars. M. Poincaré, agissant en sa qualité de Ij-ésident de la Conférence des Ambassadeurs, a adressé gouvernement allemand une longue lettre en réponse sa note du 9 janvier, relative à la reprise du ntrôle militaire. M . Poincaré , y fait l’historique de question et précise que le contrôle n’a fait aucun rogrès depuis le 2S septembre 1922. Il suggère toute- )is, au nom des Alliés, l’établissement d ’un régime ouveau, tendant à substituer par étapes à l’ancienne nmmission de contrôle un comité de garantie, puis

Conseil de la Société des Nations. U N « LIVRE JA U N E » FRANÇAIS

Le gouvernement français a publié, le 8 mars, un ivre Jaune où sont réunis les « documents diploma- ques relatifs aux négociations concernant les garanties le sécurité contre une agression de l ’Allemagne ». Ce olumineux recueil, de 271 pages, s’étend sur la ériode du 10 janvier 1919 au 7 décembre 1923. La lupart de ces pièces sont connues. Il en est toutefois ne, jusqu’ici inédite, qui présente un intérêt parti- ulier : le projet de traité entre la France et les Etats-Unis approuvé par le président Wilson et M. Cle­ menceau, le 20 avril 1919.

U N NOUVEAU CABINET GREC

L ’amiral Coundouriotis. qui exerce provisoirement en Grèce les fonctions de régent, a reçu, le 8 mars, une délégation d ’officiers républicains qui l'ont mis en loraeure de faire proclamer la république sans attendre qu’un plébiscite ait tranché la question du régime.

la suite de cette démarche, le cabinet que pré- idait M. Cafandaris a donné sa démission. M. Papa- nastasiou. député d'Arcadie, a été chargé de former le nouveau gouvernement. Ancien vénizéliste, il s’était rallié au parti des ligues militaires. Ces événements, qui laissent prévoir 1 établissement de la république à bref délai, constituent un échec grave pour M. Veni- zelos. Se reconnaissant incapable de jouer désormais le rôle d arbitre des partis qu'il ambitionnait, celui- ci a quitté la Grèce, le 9, pour la France.

U N E ATTAQUE RIFAIN E AU MAROC ESPAGNOL Une double attaque des Rifains contre les troupes espagnoles a été déclenchée au début du mois de mars. Tune part dans la zone de Melilla, d'autre part aux .mvirons d ’El Arich, sur la côte de l’Atlantique, au >ud de Tanger. Elle a été connue surtout par des iformations de source anglaise, que le Directoire a. our la plupart, démenties, tout en exerçant une (Vnsure rigoureuse sur les dépêches à destination de étranger, de sorte qu’on ne saurait encore apporter événements une appréciation précise. Ce qui est cfjtain. c ’est que la situation est considérée comme euse, car des renforts ont aussitôt été envoyés de diverses garnisons de la péninsule, et le général Weyler. qui avait naguère formulé les plus vives critiques sur la façon dont les opérations avaient été menées sous haïtien gouvernement, a été nommé à la présidence du »Conseil suprême de la guerre. Il semble que le géniral Primo de Rivera ait résolu de procéder à une conte-offensive vigoureuse. Au Sud-Ouest de Melilla. Ie® opérations se déroulent dans les régions d’Anual, Tizi-lâzza. fafersit et Mider. L ’artillerie rifaine a pris sous Von feu des convois et. les bases de. ravitaillement des Jspagnols. Un obus a même éclaté, à bord du croiselr Catàluna, tuant le capitaine, deux lieutenants, trois ¡\arjre et faisant une dizaine de blessés.

LES M ANΠUVRES NAVALES ANGLAISES

Le ÂO mars ont commencé, dans les parages des îles /aléares. les plus importantes manœuvres navales angUfises qui aient eu lieu depuis la guerre. Elles réunissent environ 90 unités de tous les types, qui évcliient en présence de lord Beatty, premier lord delrAm iràüté. La division de bataille de l'escadre de hâliantique y figure au complet, sous les ordres de l'amiral de Robeck.

R. L.

Referanslar

Benzer Belgeler

“Okul müdürü teraziye benzer; çünkü adildir, adaletlidir (Öğretmen-K-164).” Bu kategoriyi oluşturan metaforları içeren ifadeler incelendiğinde, bu metaforları tercih

Department of Medical Biology, School of Medicine, Pamukkale University, Kinikli Kampusu Morfoloji Binasi Kat:3 Kinikli, Denizli, TurkeyC. e-mail:

[r]

And according to there experiences of implementing the clinical pathway, they can (1.) reduce the admission charges, (2.) shorten the length of hospital stay, (3.) modify

Kitabın üçüncü kısmı matematik cetvellerden baş- ka mihanik, fizik, yapı malzemesi kimyası gibi yardım- cı bilgilerin; ahşap, demir ve beton arme yapı kısımları- nın

nuisance et leurs profils psychologiques compatibles, on les a installés ensemble dans un appartement occu- pant tout le dernier étage d’un aimable building, donc assez vaste

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