■ÉnÉIHET-MOURAD - EFFEMII La question du chan gement de l’ordre de la succession au trône ot toman , si maladroite ment soulevée par le grand vizir démission naire Mahmoud-Pacha, a mis en évidence la personne de l’héritier p ré s o m p tif lég itim e qu’on voulait dépossé der et dont nous repro duisons ici les traits d’a près une photographie authentique que nous envoie notre correspon dant de Constantinople. Mèhémed-Mourad-Ef* fendi, fils du sultan Âb- • dul-M edjid-Khan, est ' né à Constantinople le 21 septembre 1840. Venu au monde au moment où la Turquie était sur le point de rompre avec les anciennestraditions d’un musulmanisme ex clusif et de donner ac cès dans son sein aux idées de la civilisation européenne, le jeune prince reçut une édu cation très-soignée,' qui l’a rendu partisan dé- . vouèdu progrès. A l’avè nement de son oncle, le sultan actuel A biul- Azzis, en 1801, le prince Mourad - Effendi, con formément à l’usage turc qui prescrit au souverain régnantdese
méfier de son succes- MEHEMET-MOURAD-EFFENDI, fils du sultan Abdul-Medjid, prince-héritier de Turquie.
seur, fut non-seulement écarté de toute partici pation aux affaires, mais gardé presque à vue dans son palais, qui devint pour lui une es pèce de prison. Dans cette retraite forcée, le prince s’adonna avec passion à l’étude de l’histoire, de l’économie politique et des sciences administratives, et il eut le loisir d’acquérir des connaissances aussi è- tendues que variées et qui permettent d’espé rer qu’il sera un jour
le digne continuateur des réformes inaugurées par son grand-père. De puis un an, c'est-à-dire du moment où le sultan a conçu le malheureux projetdedépossédor son neveu au profit de son fils Youssouf-Izzeddin, Mourad-Effendi a eu à subir des désagréments et dès chicanes sans nombre : on espérait ainsi l’amener à renon cer volon tairemen t à ses droits au trône, mais le jeune prince sut’main
tenir ses droits aussi bien que sa dignité, sans toutefois offenserenau- cune manière son oncle et souverain. Héritier présomptif menacé de dépossession, Mourad- Efendi se trouve dans une position excessive ment délicate et
difll-cile. ll doit éviter toute rolation afin de ne pas être soupçonné de conspirer; il est forcé de s’enfermer dans une inaction complète, afin de ne pas éveiller la jalousie et la méfiance: il no lui reste que l’étude. Lés gens qui ont l'occasion de l’approcher lui sont dévoués et l’aiment sincèrement pour son caractère bienveil lant, la noblesse de ses aspirations et son libéralisme éclairé et sincère. Le prince est en outre, comme son père, grand ami de la France, qu’il a visitée en 1867, et il est le seul membre de la famille du Sultan qui connaisse notre littérature et qui parle couramment notre langue.
