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Les fouilles de la zone A et de la zone B

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Academic year: 2021

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(1)

ZONE A

La zone A a été fouillée entre 1994 et 1997 (Pl. 11 et 13). Chaque anomalie détectée pendant la prospection magnétique correspondait à des fours superposés les uns aux autres, à l’exception de celle située dans les carrés P - Q 28 qui décelait des pithoi (secteur A. I).

1. SECTEUR A. I : CARRES N 27 - Q 27 et N 28 - Q 28

Nous avons concentré nos premières fouilles en juillet 1994 sur l’anomalie de la zone A qui se trou vait en bordure d’un effondrement de terrain et par conséquent était menacée de disparition

émi-nente1. En 2000, l’ensemble de ce secteur a complètement disparu, remplacé par une poche dont la

pente est en terrasses (Fig. 1).

Cette fouille a été difficile en raison de la superposition et de l’emboîtement de cinq structures – fours et fosses – comprises dans un périmètre de moins de cinq mètres sur trois, et une profondeur de trois mètres cinquante. Elle présentait, en revanche, l’avantage d’offrir une chronologie relative grâce à la superposition des contextes (Fig. 2-5).

1.1. Fours A. I, 1 et 1 bis

La structure la plus complète de toutes est le four ovale A. I, 1 bis (Pl. 4, 1 et Fig. 6). La chambre de chauffe s’élève sur 60 cm et mesure au sol 2,40 m de long sur 2 m de large. Elle est occupée par deux piliers centraux rectangulaires (pilier ouest : H. : 41 cm x L. : 90 cm x l. : 26 cm ; pilier est : H. : 41 cm x L. : 84 cm x l. : 27 cm). Le haut de son mur constitue une banquette d’une quinzaine de centimètres, au-dessus de laquelle se dresse sur 60 cm à l’ouest une portion du mur de la chambre de cuisson. Ce ressaut servait d’appui aux arcs de soutènement de la sole qui rejoignaient les piliers cen-traux. L’extrémité de trois d’entre eux y est restée attachée avec l’argile cuite de la sole devant la paroi en place de la chambre de cuisson, mais aucune trace de leur aboutissement n’est visible sur les piliers centraux : il est possible que ceux-ci ne soient pas conservés sur toute leur hauteur, les rangs supérieurs ayant disparu. Les deux premiers arceaux posés verticalement de part et d’autre du couloir de l’alandier sont encore en place, ils appartenaient à un passage voûté d’environ 70 cm de haut et de 75 cm de large.

Ce four a, en fait, succédé à un autre four A. I, 1, dont il ne reste que le bas de la chambre de chauffe sur une hauteur maximale de 50 cm, les piliers centraux (pilier ouest : H. : 44 cm x L. : 90 cm x l. : 24 cm ; pilier est : H. : 50 cm x L. : 70 cm x l. : 25 cm), et le sol. Une fois hors d’usage, il a été comblé et une couche d’argile d’une dizaine d’épaisseur mise en place pour constituer le soubas-sement du four A. I, 1 bis. Elle est visible entre les parois des deux fours et les piliers centraux qu’elle sépare. Sa surface a durci par la chaleur lors du fonctionnement de ce four, constituant le sol. Une partie de celui-ci a été retrouvé pendant la fouille entre les piliers et l’alandier.

Les murs et les piliers du four A. I, 1 bis sont exactement superposés à ceux du four A. I, 1, mon-trant que les deux structures étaient identiques par la forme et les dimensions, toutes deux dirigées nord-sud. Leur mode de construction est semblable : à l’exception des premières assises en tuileaux

1) Kassab Tezgör 1996 a : 335-344 ; Kassab Tezgör 1996 b : 277-291. Le carroyage de l’ensemble de la zone A n’a pas été opéré en 1994 : les carrés ont été désignés A. A 1 - A 4 pendant la fouille et regroupés en A 100 - AA 102 pour la publi-cation. Pour l’étude des contextes, voir ci-dessous : 145-152.

(2)

Fig. 1 : Vue de la zone A en 2000 (vestige du mur A. I, 2 visible au premier plan).

(3)

Fig. 3 : Plan général

(4)

de la chambre de chauffe du four le plus ancien, elle consiste en parpaings d’argile. Des fragments du lut, dont les parois étaient tapissées, sont visibles par endroits. Les piliers centraux des deux fours sont faits en tuileaux.

Les contextes de ces deux fours sont identiques (Contextes A. I a. 1 et 1 bis), et contiennent à eux deux plus d’une trentaine de tubulures ouvertes qui nous permettent de reconstituer la coupole qui fermait ces fours. Une quinzaine de supports larges étaient également présents, jamais retrouvés en

si grand nombre dans aucun autre four (Fig. 7)2. Des supports hauts et étroits, qui accompagnent

tou-jours les tubulures ouvertes, ont également été mis au jour. Sont caractéristiques de ces contextes des cols renflés avec une lèvre proje tée et convexe qui appartiennent à des amphores du groupe A ; des fragments amphoriques du type C Snp I leur sont associés. Ont également été recueillis un fragment de lèvre (Cat. 6), trois anses et peut-être un pied du groupe B, production antérieure à celle du groupe

Snp C, ainsi qu’un pied colchidien (Cat. 14) que l’on peut attribuer au IIes. et un col Dressel 24 (Cat.

8) du IIe-IIIes. Tous ces éléments réunis nous orientent à situer l’abandon de ces fours dans la première

moitié du IVes. Avec les fours A. II, 1 et 2, ils paraissent être les plus anciens de tous ceux fouillés

sur le site. Très enfoncé, le niveau du sol de leur chambre de chauffe est inférieur à celui des fours des autres secteurs.

1.2. Fosse A

Lorsque le four A. I, 1 bis cessa d’être utilisé, une fosse de pierres de rivière irrégulièrement liées par de l’argile fut construite sur le même emplacement, sa partie inférieure se situant dans la chambre de chauffe du four. Le pilier et le mur est de cette dernière ont servi de support à son mur sud, préservé

sur une trentaine de centimètres3(Fig. 4), tandis qu’au nord, où les assises inférieures sont perdues,

2) Voir ci-dessous : 114.

3) Il pouvait toutefois avoir été davantage conservé avant la construction de la fosse B, voir ci-dessous p. 52.

(5)

Fig. 5 : Elévation des structur

es

(6)

Fig. 6: Reconstitution du four A. I, 1 bis

(7)

duction des amphores du groupe Snp C. Elle est elle-même encastrée dans de l’argile mêlée à de nombreux tessons amphoriques du même groupe, probablement prélevée d’un dépotoir avoisinant. La succession des structures, ainsi que le contexte auquel elle est liée, permettent de

situer sa construction et son utilisation au IVeou/et au Ves.

1.3. Four A. I, 2

Un four a succédé à cette fosse, en la chevauchant partiellement. La paroi nord de ses deux cham-bres est apparue en bon état, faite d’assises régulières de tuileaux (Fig. 8 et 9). La chambre de chauffe s’élève sur 50 cm, le haut de son mur forme un ressaut de 25 cm de large qui correspond à l’empla-cement de la sole ou de ce qui en faisait office, et la chambre de cuisson est conservée au-dessus sur 70 cm, large de 35 cm en moyenne. Il faut noter l’absence totale de traces d’arrachement des arcs de soutènement et de la sole. La partie du sol qui vient buter contre le mur de la fosse A a été retrouvée pendant la fouille, épiderme d’une couche d’argile rouge d’une dizaine de centimètres semblable à celle présente entre les fours A. I, 1 et 1 bis.

Un massif de pierres longe le côté est de la chambre de cuisson sur une largeur de 98 cm au nord et de 1,20 m au sud, il a été détruit sur le reste du pourtour. Le nombre d’assises en place varie entre trois et quatre sur une hauteur de 55 cm en moyenne, elles sont composées de pierres de rivière sèches auxquelles sont mêlés quelques poudingues, des parpaings d’argile et des lèvres de pithoi. Les inter-stices sont bouchés par des fragments de céramiques ou de tuileaux. Ces derniers, dont certains com-portent du mortier, de même que les parpaings, sont sans doute des réemplois depuis un autre four.

Ce qui reste des murs et du massif permet de reconstituer un four de forme ovale, dont l’alandier devait, comme pour les fours A. I, 1 et 1 bis, être dirigé vers le sud.

L’amphore Cat. 15 de la variante C Snp III-1a qui a été retrou vée presque complète au-dessous

du sol (Fig. 10) nous indique que ce four a été construit dans le courant du IVes. ou au Ves. Cette

da-tation est confirmée par la présence de tessons à pâte rouge des types C Snp II et III mêlés aux tuileaux dans les parois du four et du massif, ainsi que dans le remblayage argileux qui l’entoure. L’espace entre ce four et le suivant A. II, 3, a fait l’objet d’un comblement volontaire, exclusivement composé de tuileaux qui proviennent sans doute de son propre mur, comme le laisse supposer la présence de mortier sur beaucoup d’entre eux (Fig. 11). Nous ne possédons par conséquent aucune information sur la coupole de ce four, ni sur le matériel qu’il produisait. Etant donné que le matériel amphorique qui lui est associé est exclusivement du groupe C, on peut supposer a priori que telle était sa produc-tion. Sa coupole devait, dans ce cas, être montée en tubulures ouvertes.

1.4. Four A. I, 3

Une fois le four A. I, 2 hors d’usage, un nouveau four a été construit au même emplacement. Seul un pan de mur subsiste sur une longueur de 2 m et une hauteur qui varie entre 20 cm à son extrémité

est et 50 cm à son extrémité ouest4(Fig. 4 et 11). Ce mur, appareillé en tuileaux recouverts d’un

re-vêtement de terre cuite de couleur rouge5, appartenait sans doute à la chambre de cuisson, étant donné

son élévation par rapport au four précédent et au sol naturel actuel.

4) La partie est de ce mur a dû être détruite pour faciliter la fouille des structures inférieures. Seule la jonction avec le four A. I, 3 a été conservée comme témoin (voir la Fig. 4).

5) Cette couleur rouge est toutefois exceptionnelle, car le lut qui couvre les parois des autres fours est surcuit. Ce revê-tement d’argile, renouvelé, n’avait-il peut-être pas encore subi de nombreuses cuissons (voir ci-dessous : 108).

Fig. 7 : Support large trouvé dans le four A. I, 1.

(8)

Fig. 8 : Four A. I, 2 avec son massif et fosse B construite à l’intérieur de celui-ci.

(9)

Fig. 10 : Amphore sous le sol du four A. I, 2.

(10)

Ce tronçon de mur se trouve à peu près à l’aplomb de la fosse A, et le four reposait peut-être sur elle si elle était encore conservée à l’époque de sa construction. Il est trop incomplet pour que l’on puisse juger de sa forme précise, ni de l’emplacement de son alandier. Il n’était toutefois pas exacte-ment superposé au four A. I, 2, puisqu’il le recoupe.

En lui succédant, la fosse B a causé sa quasi totale disparition, de sorte que l’espace entre la paroi nord de cette fosse et celle res tante du four A. I, 3 a été remblayée par du matériel extérieur au four, et non pas par l’effondrement de la coupole (Contexte A. I a. 3). On y reconnaît essentiellement des fragments amphoriques du Type D Snp I, ce qui nous permet de supposer que ce four produisait des amphores semblables, et par conséquent de lui restituer une coupole faite en tubulures fermées, forme qui accompagne cette production. Ce sont peut-être des éléments de son dépotoir qui recouvraient le

contrepoids au pied du mur du carré P 26 dans le secteur A. IV6.

1.5. Fosse B

Enfin, couronnant cet échafaudage de struc tu res successives, la fosse B a été construite en pierres de rivière liées avec de l’argile et recouvertes d’un placage d’argile verdâtre (Fig. 4, 8, 11 et 12). Une coulure vitrifiée était accolée à l’une des pierres : celle-ci, comme d’autres sans doute, devait venir de l’alandier d’un four abandonné, puisque des pierres ne sont utilisées que dans cette partie des fours.

Cette fosse n’est pas parfaitement circulaire : son ouverture mesure 2,20 m du nord au sud et 2,40 m de l’ouest à l’est, tandis que son diamètre inférieur est de 1,97 m x 2 m, car ses parois sont obliques. Son mur au nord repose directement sur le mur sud de la fosse B. Il mesure 1,05 m au sud et 1,65 m au nord, ce qui peut constituer sa hauteur d’origine. De même que pour la fosse A, rien ne permet de restituer son usage.

Lorsque cette fosse a été fouillée, elle était entièrement comblée par des couches d’argile pauvres en matériel, en alternance avec des couches riches en tessons d’amphores du type D Snp I (Contexte A. I a. 4), semblables à celles qui occupaient l’espace vide entre elle et la paroi restante du four

A. I, 3 (Contexte A. I a. 3).Comme il est habituel dans les remplissages de matériel à pâte claire, quelques fragments à pâte rouge ont été trouvés ; plusieurs fragments de sigillées ont également été

mis au jour, dont trois datent du VIes.7, ainsi qu’une lampe8.

1.6. Murs dans les carrés A. N 27 - O 27

Comme le montre le plan de masse (Pl. 13), les murs dégagés dans le carré N 27 et la berme N 27 - O 27 ne se relient à aucun autre mur de la zone A, et ils n’ont pas pu être interprétés (Fig. 2 et 3). Une assise de pierres sèches mêlées à quelques fragments de tuiles et de cérami ques communes était encore en place sur 2,14 m à l’est du carré, orientée nord-sud. La construction du mur dont un retour est préservé à la jonction des carrés N 27 et O 27 lui est postérieure. Il s’élève sur 63 cm avec quatre assises de pierres sèches parmi lesquelles se trouvent des fragments de tuiles, d’amphores à pâte rouge, mais aussi à pâte claire, indiquant qu’il est contemporain ou postérieur aux fours A. I, 2 et 3, et à la fosse B.

1.7. Murs et pithoi dans les carrés A. P 27 - P 28, Q 27 - Q 28

Les deux murs qui se rencontrent à angle aigu dans le carré P 27 sont de facture et de date diffé-rentes. Le mur sud-ouest, plus ancien, est composé de six assises de pierres de rivière sèches sur une hauteur de 80 à 90 cm (Fig. 13). Le mur nord-ouest, qui lui a été rattaché postérieurement, a été dégagé

6) Voir ci-dessous : 77.

7) Voir ci-dessous : 152 et 194, n° 25, 28 et 40 ; également présents dans la fosse B, les fragments n° 4 et 5 datent de la fin du IVes. ou du début du Ves., le n° 19 de 460-475 (voir ci-dessous : 189 et 191).

(11)

Fig. 12 : Fosse B comprise dans le four A. I, 2.

(12)

9) Ces cols appartiennent tous au type B Snp I (voir ci-dessous : 126).

sur une longueur de 7,25 m. Il consiste en huit assises de pierres qui s’élèvent sur 80 cm et dont la dernière est ap-pareillée avec deux rangs latéraux dont les pierres sont posées obliquement de chant, délimitant de la blocaille, le tout lié avec du mortier (Fig. 14). Cette technique de construction est unique sur le site. Au pied de ce mur au nord, ont été dégagés sept cols complets d’amphores du groupe B qui étaient inversés et maintenus en place par du plâtre, position qui correspond à une installation de

vide sanitaire (Fig. 15 et pl. 15, 5)9.

Attenante au mur sud-ouest est apparue une plate-forme grossière ment semi-circulaire faite de pierres de rivière (L. : 5,40 m - l. : 3 m - H. : 55 cm). Le reste de cette plate- forme au sud a disparu lors de l’effon dre ment de terrain qui a affecté le secteur fouillé. Au-dessous des pierres, nous avons découvert quatre grands pithoi, dont seul celui du milieu était complet (H. : 1,75 m - D. : 1,50 m) (Fig. 16 et 17). Ils devaient être plus nombreux, car deux autres étaient visibles dans la coupe à flanc de la fouille. Lors de leur installation, l’espace entre ces pithoi a été volon tairement comblé pour les maintenir en place avec de la terre mêlée à de nombreuses pierres, un peu de tuiles et des fragments céramiques.

Fig. 14 : Détail du mur nord-ouest.

Fig. 15 : Cols amphoriques inversés

(13)

Fig. 16 : Pithos mis au jour complet.

(14)

Si la construction reposant sur les amphores apparemment disposées pour un vide sanitaire leur

est contemporaine, c’est-à-dire date du IIIes., elle a précédé l’utilisation des fours A. I, 1 et A. I,

1 bis, constituant ainsi le plus ancien vestige architectural de tout le site. Toutefois, elle peut être plus

tardive, car ces amphores ont sans doute été employées ultérieurement10. Le mur sud-ouest pouvait

en faire partie, s’il se prolongeait plus au nord à l’origine. Le mur nord-ouest a ensuite été construit et lui a été relié lors d’un réaménagement de l’espace, l’emploi du mortier qui lie les pierres permet de le compter parmi les constructions les plus récentes du site. C’est alors que les pithoi ont dû être installés, probablement en relation avec les pressoirs mis en place lorsque l’activité du site s’est

di-versifiée11.

La présence d’amphores du groupe D dans le comblement des pithoi et de fragments de sigillées

du VIes.-VIIes montre que la plate-forme n’a vraisemblablement pas été mise en place avant le

VIes., ou le début du siècle suivant12. Elle a endommagé le mur sud-ouest, et par conséquent est

pos-térieure à la construction pour laquelle le mur nord-ouest a été ajouté. La fosse B a pu être comblée

au même moment, ou bien plus tôt au cours du VIes., si son nivellement était nécessaire pour un

nou-vel aménagement en particulier pour l’installation des pressoirs.

Aucune monnaie n’a été trouvée dans les fours et les fosses fouillées en 1994. Parmi les monnaies

mises au jour dans les autres contextes, neuf sont datées du IVe-Ves., et onze entre la fin du Veet le

VIIes. Il est très probable qu’il n’y a pas eu de solution de continuité dans l’occupation de ce secteur.

Il contient les seuls exemples de fosses trouvés dans l’ensemble des secteurs fouillés.

2. SECTEUR A. II : CARRES U 21, V 20 - V 22 et W 20 - W 21

L’anomalie située le plus au nord de la zone A est comprise dans les carrés V 20 V 22, U 21 -W 21. Elle a été fouillée en 1996 en même temps que celle des carrés S 22 - S 23, R 23 - T 23 (secteur

A. III)13(Fig. 18 a).

2.1. Four A. II, 1

Du four le plus ancien n’est préservée qu’une partie très réduite du sol constitué d’une couche d’argile cuite qui a pris un ton blanchâtre dû à la surcuisson (L. : 34 cm x l. : 60 cm). Il s’agit de l’épi-derme de la couche d’argile rouge qui a été tassée pour former le soubassement du four, bien visible dans la coupe du four au nord (Pl. 4, 2 et fig. 19).

Au nord de ce secteur, ont été mis au jour des amphores du groupe B qui reposaient à un niveau

inférieur, donnant le IIIes. ap. J.-C. comme terminus post quem pour la construction du four (Pl. 15,

6). Peut-être était-il relié à la production de ces amphores ?

2.2. Four A. II, 2

Un second four en forme de poire le chevauche (L. : 2,90 m x l. max : 2,60 m), dirigé vers le sud-ouest (Pl. 4, 2 et fig. 19-21). L’orientation du four précédent était différente, tournée légèrement plus vers l’ouest, cas les deux fours n’étaient pas parfaitement superposés. Le mur de la chambre de chau -ffe est préservé au nord sur une hauteur maximale d’une cinquantaine de centimètres ; il est consti-tué de parpaings d’argile, de tuileaux, et de fragments d’arcs de soutènement réutilisés, dont deux sont posés de chant à l’entrée de la chambre de chauffe. Les parois sont lutées d’une couche d’argile claire surcuite, dont est aussi fait le sol. Ce lut est vitrifié sur la paroi au nord-est.

L’alandier est délimité par un alignement de pierres conservé sur une seule assise en arc outrepassé d’une longueur de 2 m. Des tuileaux et des tessons de céramiques sont mêlés à ces pierres qui reposent

10) Voir ci-dessous : 126, la date donnée à ces amphores en Scythie. Hors des fours, des fragments ont été retrouvés à Demirci dans des contextes auxquels étaient associées des amphores du groupe C.

11) Voir ci-dessous : 100-101.

12) Voir ci-dessous : 194, les sigillées n° 37 (VIe s.) et n° 43 (fin VIes. - VIIes.).

13) Kassab Tezgör, Tatlıcan 1998 : 423-426 ; Tatlıcan et al. 1998 : 465-468, fig. 1-10. Pour l’étude des contextes, voir ci-dessous : 152-158.

(15)

Fig. 18 a : Plan de la fouille du secteur II (P. Lebouteiller).

(16)

14) A. V 22 a. FR 2. al. 3 : 28 (contexte A. II a. 2 - al) + A. V 22 a. FR 2 : 10 (contexte A. II a. 2).

15) Nous avons rencontré d’autres coulées de glaise qui séparaient des niveaux stratifiés : voir ci-dessous p. 77 et p. 80. A ce propos, voir Kuzucuoğlu, ci-dessus : 21-22.

16) Fossey, Kassab Tezgör 1999 : 171-175. A propos de la manifestation de la croyance des potiers, voir ci-dessus : 58.

sur des fragments de tuiles ou d’arcs de soutènement. Lors de la fouille, le sol à l’inté rieur de cet es-pace était recouvert de charbons de bois et de cendres.

Nous avons choisi de ne pas dégager la partie centrale de ce four où devaient s’élever les deux pi-liers, afin de ne pas dé truire entièrement le four qui lui succède, ni les pierres de l’assise en quart de cercle qui surmonte l’ensemble : un témoignage des structures successives a ainsi été gardé.

De l’argile rouge remplissait ce qui restait du four : sa couleur, due à la chaleur, montre qu’elle trouve son origine dans le four même ou dans son abord immédiat. Le four et l’alandier ont été rem-blayés simultanément, comme le prouvent des fragments jointifs d’un col en entonnoir d’amphore

LRA 2 (Cat. 37) qui ont été retrouvés séparément, ou ceux d’un pithos14. L’absence de tubulures dans

le comblement s’explique par la démolition quasi complète de ce four pour la construction du suivant. Le matériel amphorique était essentiellement composé de fragments de cols ou de lèvres à pâte rouge, à large embouchure bordée par un bandeau haut et plat de la variante C Snp I-1 (Contexte A. II a. 2 et 2-al).

2.3. Four A. II, 3

Au four que nous venons de décrire était superposé un autre four ovale dont le sol a été conservé en grande partie (L. cons. : 2,77 m - l. cons. : 2,23 m) (Pl. 4, 2 ; fig. 18 b et 22). Comme il est habituel, celui-ci constitue la surface surcuite d’une épaisseur d’argile rouge tassée. De la chambre de chauffe ne subsiste au sud-est que le départ du mur avec un seul rang de tui leaux. Elle est occupée par deux piliers centraux en tuileaux recouverts d’un lut d’argile blanchâtre (pilier ouest : H. : 20 cm x L. : 66 cm x l. : 30 cm ; pilier est : H. : 16 cm x L. : 68 cm x l. : 24,2 / 28 cm). Dirigée vers le sud-ouest, l’en-trée du four est fermée par deux rangs irréguliers formès de parpaings et de deux arcs de soutènement fragmentaires réutilisés (à droite du rang extérieur) (L. : 1,05 m x l. : 55 cm). Cette assise est placée sur une couche de tuiles, elle-même reposant sur un massif de pierres mêlées à des fragments de tuiles qui constituaient le remblayage au-dessus du seuil du four précédent. La couche de charbon remontant à l’utilisation de ce four est apparue pendant la fouille à l’emplacement de l’alandier qui a complète-ment disparu. Orienté de la même façon que le four A. II, 2, ce four lui était presque parfaitecomplète-ment su-perposé, avec toutefois un léger décalage vers l’ouest.

Quelques tubulures à col ouvert ont été mises au jour entre les piliers centraux. Leur petit nombre vient sous doute du fait que le four a été arasé lors de la construction du quart de cercle de pierres. Leur présence montre que la coupole était construite selon cette technique, ce qui est sans surprise étant donné que le contexte lié à ce four contient des amphores du groupe C. Comme pour les autres fours, ces tubulures reposent directement sur le sol, mettant en évidence l’absence de sole au moment de la destruction de la coupole.

Au sud et au centre du four A. II, 2, la coupe stratigraphique des structures superposées révèle clairement une couche d’argile jaune qui sépare l’argile rouge à l’intérieur du four A. II, 2 et le sol du four A. II, 3 (Pl. 4, 2) : peut-être a-t-elle été répandue volontairement pour niveler le terrain une fois le four A. II, 2 arasé pour la construction du suivant, ou bien a-t-elle coulé naturellement,

sous-entendant un abandon momentané de ce secteur15.

A une profondeur de 50 cm, c’est-à-dire immédiatement sous le sol arable, ont été retrouvés à l’in-térieur de ce four, ainsi qu’à l’exl’in-térieur, des fragments d’amphores du type C Snp III-1 et 2 en très grand nombre. Etaient également présents des fragments d’amphores du type C Snp I et des morceaux de tuiles. Dans cet ensemble se distinguaient de nombreux supports hauts et étroits, dont plusieurs

portaient la même inscription EYΔω; l’un d’eux avait en outre un chrisme sur chaque face (Fig. 23

(17)

Fig. 19 : Superposition des tr

ois fours vue du nord et

amphor es au nord du four A. II, 1. Fig. 20 : V us d’ensemble du four A. II, 2 et de son alandier . Fig. 21 : V ue de la chambr e de chauffe du four A. II, 2.

Fig. 22 : Sol et piliers du four

(18)

et le côté est du four, laissant supposer qu’il s’agit d’un nivellement volontaire de cet espace opéré en

une fois (Contexte A. II a. 3)17.

Trois monnaies de l’époque romaine tardive ont été retrouvées dans cette poche d’amphores : une

monnaie datée du IVe-Ves. (n° 33) et une du Ves. (n° 37) dans le four (contexte A. II a. 3 a), et une

autre, également du Ves., à l’extérieur (n° 34) (Contexte A. II a. 3 b). Cependant, une monnaie de

Justinien Ier(n° 35) et une d’Héraclius (n° 36) étaient aussi présentes18, ainsi que des amphores à pâte

claire et un fragment de sigillée tardive19: ce sont sans doute des contaminations provenant de la terre

arable20.

La séquence des fours offerte par la fouille : le four A. II, 2 associé à des amphores du type Snp I et le four A. II, 3, associé à des amphores du type Snp III du même groupe C, est identique à celle des fours A. I, 1 et 1 bis suivis du four A. I, 2. Elle offre un argument essentiel pour établir une chro-nologie relative entre ces types amphoriques et supposer l’antériorité des amphores de la variante

C Snp I-1 sur les autres à pâte rouge21.

D’après son élévation, le mur à l’est des fours est peut-être à mettre en relation avec le four

A. II, 3. Une seule assise est conservée sur une longueur de 3 m et une largeur maximale de 96 cm,

elle est composée de deux rangées de pierres sèches auxquelles sont mêlés quelques fragments de tuiles.

Les deux chambres du four A. II, 1 ont été détruites pour la construction du four A. II, 2, puis ce dernier l’a été à son tour pour la construction du four A. II, 3, de sorte que les sols sont à peu de dis-tance les uns des autres, sans doute pour mieux préserver la chaleur. Le niveau du sol des chambres de chauffe des trois fours, à fleur de la couche arable actuelle, diffère de celui des autres fours de

cette zone, beaucoup plus profond (à l’exception de A. III, 1)22.

17) Le col fragmentaire Cat. 45 a été reconstitué à partir d’un fragment trouvé à l’intérieur du four et un autre à l’est de celui-ci.

18) La monnaie n° 35 appartient au contexte A. II a. 3 b et la monnaie n° 36 au contexte A. II a. 3 a. 19) Voir ci-dessous : 195, n° 51 (fin VIe - première moitié VIIe s.).

20) Voir ci-dessus : 9-10. 21) Voir ci-dessous : 132. 22) Voir ci-dessous : 61 et 64.

Fig. 23 a et b : Support portant l’inscription EYΔ

ω

et un chrisme sur chaque face.

(19)

poids : s’agit-il d’une pierre de réemploi, ou bien a-t-elle été réemployée après avoir servi de

contre-poids ?25Mise au jour au-dessous de la couche du sol arable dans un carré dépourvu de matériel, il

est probable qu’elle n’était pas à sa place originale, mais qu’elle a été déplacée.

Une monnaie byzantine (n° 28) a été trouvée dans l’angle est du carré près de cette pierre, et une monnaie de Phocas à sa base au nord (n° 27). Ces monnaies nous avaient conduite à supposer que

l’activité viticole ou d’oléiculture s’était poursuivie pendant le VIIes26. Toutefois, si l’on considère

que cette pierre a été délocalisée, elles ne constituent plus des éléments dateurs.

2.4.2. Quart de cercle de pierres, dernière structure du secteur

Un quart de cercle d’environ 4,40 m de rayon est constitué d’une seule assise de pierres de rivière et de poudin gues qui sont mêlés à quelques fragments céramiques (Fig. 26). Il passe par-dessus les trois fours superposés et le mur à l’est de ces fours, aboutit à l’ouest à trois grandes pierres plates dont la première est à peu près circulaire, puis est inter rompu par un massif de pierres qui lui est per-pendicu laire ; il se prolongeait à l’est, mais n’a pas été préservé. Il correspond au dernier état de ce secteur, sans que rien ne permette de l’interpréter.

Une monnaie, sans doute de l’époque de Justinien Ier(n° 32), est apparue à la surface des pierres

au-dessus du four A. III, 3, ainsi que deux autres d’Héraclius Ieret Constantin III Héraclius (n° 25 et

29), respectivement dans la couche arable du carré V 20, et dans la couche 2 du carré V 2127. Dans cette dernière a été retrouvée une monnaie de Phocas (n° 30). Ces monnaies, relativement nombreuses,

portent à croire que le remaniement de ce secteur a été opéré au VIIes. C’est au plus tôt à cette date

que le contrepoids a pu être changé de place et l’assise en quart de cercle posée.

3. SECTEUR A. III : CARRES S 22 - S 23, R 23 - T 23

L’anomalie située dans les carrés S 22 - S 23, R 23 - T 23 a été fouillée pendant les campagnes 1996 et 1997. En effet, en 1996, la fouille de l‘alandier du four A. III, 2 n’avait pas été achevée et celle du four A. III, 1 n’avait que commencé, lorsqu’à la suite d’un violent orage et d’une pluie de plusieurs jours, les deux carrés ont été inondés par la montée de la nappe phréatique. Les fouilles de

ce secteur ont été poursuivies en 1997 en même temps que celle du secteur A. IV28(Fig. 27).

3.1. Four A. III, 1

Il s’agit d’un petit four à peu près circulaire d’un diamètre de 1,57 m. Seule une partie de sa cham-bre de chauffe est préservée sur une hauteur maximale de 48 cm (Pl. 5, 1). Son mur a une trentaine de centimètres de large, il consiste en assises de tuileaux qui sont tapissées à l’intérieur d’un revête-ment d’argile encore visible par endroits. Des fragrevête-ments d’amphores du type C Snp III ont été pris dans la paroi. Le sol est concave, fait d’argile très dure et claire, car surcuite. Il est occupé au centre

23) Cette pierre est maintenant conservée dans le jardin du Musée de Sinope.

24) Deux autres contrepoids de pressoirs ont été mis au jour dans le secteur A. IV, voir ci-dessous : 00. 25) Je remercie Annie Pralong pour cette suggestion.

26) Kassab Tezgör, Tatlıcan 1998 : 440.

27) Une monnaie datable à partir de Michel IV de Paphlagonie (n° 26) a également été retrouvée dans la couche arable du carré V 22, voir ci-dessous : 104.

28) Kassab Tezgör, Tatlıcan 1998 : 426-434 ; Tatlıcan et al. 1998 : 468-471, fig. 11-16 ; Tatlıcan et al. 1999 : 447-448, fig. 1-5. Seule une partie du four A. III, 2 a été dégagée de nouveau en 1997, ainsi que l’on peut le voir sur les photos de cette fouille. Voir l’étude des contextes, ci-dessous : 159-164.

(20)

Fig. 24 : Contrepoids du carré V 20.

Fig. 25 : Détail de l’ancrage de la vis du pressoir.

(21)
(22)

par un pilier unique conservé sur près de 25 cm de haut ; constitué de fragments de tuiles et de par-paings d’argile, il a une forme à peu près arrondie de 47 cm de diamètre. L’alandier, complètement disparu, jouxtait l’intersection avec le mur de l’autre four A. III, 2 et était dirigé vers l’ouest.

Le mur de ce four étant complètement dégagé, le changement de couleur visible sur sa largeur est frappant : vers l’intérieur de la chambre de chauffe, la pâte des tuileaux est blanche, de même que

l’argile les liant, alors qu’elles sont rouges à l’extérieur29.

Lorsque ce four a été mis au jour, il était rempli de matériel à pâte rouge (Fig. 28) : tubulures au col ouvert, supports hauts et étroits, pieds d’amphores du type C Snp III emboîtés les uns dans les au-tres, fragments d’ampho res, et même plusieurs amphores-carottes presque complè tes (Cat. 52) (Contexte A. III a. 1). Ce four était donc fermé par une coupole faites d’arcs en tubulures, entre les-quels devaient être utilisés, peut-être pour boucher les interstices, les pieds d’amphores-carottes insérés les uns dans les autres.

A l’ouest de ce four se trouvait un pithos, dont les parois restantes avaient un diamètre maximal de 92 cm. A l’est, nous avons nettoyé sur 4,15 m un mur ne comportant qu’une seule assise de 70 cm de largeur, faite de pierres de rivière et de poudingues liés avec du mortier.

3.2. Four A. III, 2

Le four qui a succédé à A. III, 1 était de plus grandes dimensions. Il a été dégagé en bon état, sa chambre de chauffe et le bas de sa chambre de cuisson, ainsi que son alandier ayant été préservés. Il est en forme de poire, son entrée dirigée vers l’ouest (Fig. 29). Le mur de la chambre de chauf fe est composé d’assises de parpaings entre lesquelles ont été intercalés des tuileaux pour assurer une par-faite jonction (L. : 2,92 m - l. : 1,77 m - H. max. : 81 cm) (Fig. 30). Après une banquette d’une largeur de 15 à 20 cm, s’élève la chambre de cuisson qui est plus complète au nord, composée de sept rangs de tuileaux (H. max : 60 cm). Dans les murs étaient inclus des fragments amphoriques essentiellement de pâte claire, mais aussi deux autres de la variante C Snp III-2. L’ensemble des parois est recouvert d’un lut d’argile de couleur blanchâtre. Les deux piliers centraux sont faits de tuileaux dont la surface est vitrifiée (pilier nord : L. : 94 cm x l. : 31 cm x H. : 55 cm ; pilier sud : L. : 97 cm x l. : 22 cm x H. : 61 cm) ; aucune trace des arcs de soutènement de la sole ou ce qui servait de sole n’apparaît sur ces derniers ou sur le haut de la chambre de chauffe. L’entrée de celle-ci est occupée par une pierre volcanique d’une longueur de 94 cm, légèrement surélevée par rapport au sol, et doublée à l’extérieur par une autre pierre posée de chant (l. totale : 58 cm - H. : 23 cm) (Fig. 31 et 32). Ces pierres étaient

destinées à contrôler la chaleur30. Au passage avec l’alandier, le mur de la chambre de chauffe forme

un arc construit en encorbellement, dont la forme est presque intacte au nord (Fig. 30). La paroi de la chambre de cuisson surmonte cette ouverture.

Deux murs qui partent obliquement délimitent l’alandier (le mur nord a 1,25 m de long et 1,13 m de haut, le mur sud 1,13 m de long et 87 cm de haut) (Fig. 31 et 32). Des pierres volcani ques forment l’assise inférieure de ces murs, elles sont surmontées par des pierres de rivière et des poudingues, et des fragments de tuiles comblent les inters tices. L’alandier est séparé de l’aire de chauffe par une ran-gée courbe de tuiles fragmentaires et de pierres plates sur lesquelles reposent à chaque extrémité les dernières pierres de l’alandier. Un muret de pierres de rivière surmonte cette assise dont il est séparé par une couche de cendres de 6 cm environ reposant sur une coulée de glaise d’épaisseur irrégulière de 22 cm maximum : il a donc été mis en place alors que le four avait déjà fonctionné. Il devait avoir pour but de délimiter l’aire de combustion en fermant en partie la gueule de l’alandier. Celui-ci avait ainsi une forme trapézoï dale, sa largeur maximale étant de 2,34 m et sa longueur de 1,90 m. Le sol

était recouvert de charbons de bois lors de la fouille31.

29) On retrouve cette même bichromie sur les tuileaux employés comme cales dans la coupole et parfois sur les tubu-lures : voir ci-dessous : 123.

30) Une pierre semblable se trouvait également sur le seuil du four B. II, 2 : voir ci-dessous : 86 et 110.

31) Les prélèvements opérés pour l’analyse des pollens ont été effectués dans la coupe à l’ouest de cet alandier : voir A. Emery-Barbier, ci-dessus : 34-35 et Fig. 3.

(23)

Fig. 28 : Comblement du four A. III, 1.

(24)

Fig. 30 : Détail de l’appareil du mur des deux chambres du four A. III, 2 et ouverture en

encorbellement vers l’alandier.

Fig. 31 : Alandier du four A. III, 2.

Fig. 32 : Alandier du four A. III, 2.

(25)

argile jaune un grand nombre de tubulures fermées qui avaient été utilisées dans la coupole (Fig. 33). Quelques-unes étaient encore emboîtées les unes dans les autres, maintenues par de la terre cuite, et associées à trois reprises à un support bas qui permettait de donner plus facilement une forme courbe

à l’assembla ge32. Ces supports ont été par ailleurs trouvés disséminés en grand nombre dans le four,

certains portaient une inscription. Enfin, dans la même argile jaune ont été recueillis sur le sol de ce four et de l’alandier des fragments d’amphores à pâte claire, à col haut et étroit, aux épaules cintrées et au pied cylindrique (Type D Snp III) (Contexte A. III a. 2). Un arc de soutènement a été retrouvé près du sol à côté du pilier sud. Une couche de tuiles verticales a aussi été repérée dans l’alandier, elle recouvrait un remblai d’argile jaune qui contenait des fragments amphoriques du type D Snp III.

Deux monnaies de Justinien Ier(n° 44 et 45) ont été recueillies à l’intérieur du four33: elles

per-mettent donc de dater du VIes. le comblement de ce four et la production des amphores du type

D Snp III qu’il devait assurer. Une troisième monnaie qui date probablement aussi de l’époque de Justinien reposait dans la couche supérieure de l’alandier (n° 48). Cette datation est corroborée par celle donnée à ces mêmes amphores par les monnaies découvertes dans le four B. II, 2 de la zone

B34.

Lorsque le four A. III, 2 ne fut plus utilisé, d’autres constructions ont été faites, comme en témoi-gnent le mur qui l’enjambait au sud et ceux qui l’encadrent au nord et à l’ouest en formant un angle légèrement obtus. Le mur au nord a été dégagé sur 2,52 m et 35 cm de hauteur sur plusieurs assises, il avait 57 cm de largeur et était construit avec des pierres de rivière et des tuiles liées avec du mortier.

Il ne semble pas qu’il se rattachait à l’autre mur appareillé selon la même technique à l’est du four35.

4. SECTEUR A. IV : CARRES P 26 - R 26

L’anomalie magnétique du secteur A. IV fouillée en 1997 correspond à un four qui s’est révélé

être le plus grand de tous ceux mis au jour à Demirci36(Fig. 34). Il occupe l’ensemble du carré Q 26

et une partie des carrés avoisinants à l’est. Un sondage a été opéré dans le carré P 26 (Fig. 46).

4.1. Four A. IV

Ce four est en forme de poire, comme le montre très clairement le sol de la chambre de chauffe (L. : 3,65 m - l. : 2,76 m), tandis que les parois ventrues de la chambre de cuisson, en particulier au nord-est, lui confèrent à cette hauteur une forme plus arrondie (L. : 3,67 - l. : 3,40) (Pl. 6, 1 et fig. 35). Cette déformation peut être due à un glissement de terrain. Il est orienté vers le sud-ouest.

On peut voir la chambre de chauffe sur toute sa hauteur à l’ouest de l’alandier (H. : 77 cm), où le dessus de sa paroi (l. : 17-20 cm) constitue la banquette sur laquelle reposait la sole ou ce qui en faisait fonction ; à l’est, seules les premières assises sont conservées sur moins de 20 cm, tandis que le reste du mur est perdu. Les deux piliers rectangulaires construits en tuileaux ne sont conservés que sur une dizaine de centimètres, car ils ont été arasés (L. : 1,40 m - l. : 34 cm). La chambre de cuisson est entièrement préservée (H. max. : 70 cm), ses parois ont une largeur entre 45 et 50 cm, supérieure

32) Voir ci-dessous : 118, Fig. 7 et 114, Fig. 12.

33) L’attribution de la monnaie n° 45 n’est pas absolument certaine. 34) Voir ci-dessous : 87.

35) Si toutefois les angles étaient droits, ce qui en fait ne semble pas être le cas du retour conservé du mur au nord du carré.

36) Kassab Tezgör, Tatlıcan 1998 : 426-434 ; Tatlıcan et al. 1998 : 468-471, fig. 11-16 ; Tatlıcan et al. 1999 : 447-448, fig. 1-5. Voir l’étude des contextes, ci-dessous : 164-176.

(26)

à celle des autres fours, proportionnée aux dimensions importantes de l’ensemble. Les deux chambres sont faites de tuileaux et de parpaings auxquels sont mêlés quelques fragments d’arcs de soutènement (Fig. 36). Le lut, qui les recouvre ainsi que les piliers, garde les traces des doigts qui l’ont appliqué et en ont lissé la surface. Une couche très dense de tessons à pâte rouge, d’une hauteur de 40 à 50 centimètres, entoure la chambre de cuisson, montrant que le maître d’oeuvre avait pris le soin de l’en-claver dans un remblai riche en céramiques afin d’assurer le drainage sur son pourtour et d’éviter une déperdition de chaleur.

Comme il est fréquent, une épaisseur de plusieurs centimètres d’argile surcuite forme le sol de la chambre de chauffe ; à l’entrée du four, où une section a été opérée pendant la fouille, on peut voir sous celui-ci que des tuiles recouvraient une assise de pierres assez grosses, ces dernières étant posées

de nouveau sur des tuiles, elles-mêmes placées sur des pierres plus petites (Fig. 40)37.

La chambre de cuisson est interrompue au nord-ouest par une ouverture d’une longueur de 95 cm

et d’une largeur de 75 cm, dont la surface, recouverte d’argile cuite de couleur rouge38, ressemble à

un seuil. Ce revêtement d’argile se continue verticalement dans la chambre de chauffe sur une hauteur de 30 cm (Fig. 37). Derrière lui, le mur n’est pas construit, mais consiste simplement en un remplissage d’argile rougie. Faut-il y voir une ouverture par laquelle on pouvait pénétrer dans la chambre de cuis-son ? Ou bien une réparation de celle-ci ? S’il s’agit bien d’une ouverture, hypothèse que nous

privi-37) Le reste de la surface sous-jacente au sol devait être faite d’argile rouge tassée formant le soubassement du four, voir ci-dessous : 107.

38) Cette couleur rouge montre que cette couche d’argile n’avait pas subi des cuissons successives à haute température qui auraient entraîné une surcuisson accompagnée d’une couleur blanchâtre. Peut-être était-elle renouvelée régulièrement?

(27)

Fig. 34 : Plan du secteur

IV

(28)

Fig. 35 :

V

ue de l’intérieur

du four

depuis le nord.

Fig. 36 : Détail de l’appar

eil du mur des chambr es de chauffe et de cuisson. Fig. 37 : Ouvertur e dans la chambr e de chauffe vue de l’intérieur .

(29)

lation du contrepoids du pressoir et par le mur qui longe le côté nord-ouest du carré. C’est un ensemble de près de 7 m de large que l’on peut reconstituer, englobant le four et la plate-forme.

Le passage de la chambre de chauffe à l’alandier est soutenu de part et d’autre par des arcs de sou-tènement posés verticalement qui supportent un linteau courbe au-dessus duquel est construite la chambre de cuisson (Pl. 6, 2 et Fig. 39). La hauteur de cette voûte ménagée dans le mur de la chambre de chauffe est de 50 cm et sa largeur de 80 cm.

L’alandier est préservé dans son ensemble (Pl. 6, 3 et Fig. 40). Son couloir est bordé de part et d’autre d’un mur partant légèrement en oblique et fait en pierres sèches de rivière sur lesquel les on peut encore voir à de rares endroits un enduit en terre cuite pour les isoler de la chaleur. Le mur ouest a une hauteur de 1,65 m avec neuf assises, le mur est de 1,90 m avec douze assises ; des retours de tuiles colmatent les intersti ces entre les pierres. A la gueule de l’alandier, l’extrémité extérieure de ces deux murs est reliée par un muret de 1,50 m de long et de 38 cm de haut. L’alandier a ainsi la forme d’un trapèze beaucoup plus étroit et court que celui du four A. III, 2, puisque pour une longueur de 1,53 m, il mesure 1,50 m à son extrémité et moins d’un mètre à l’entrée du four. Le sol était re-couvert lors de la fouille d’une épaisseur d’une soixantaine de centimè tres de charbons de bois et de cendres qui se continuait au-delà du muret délimitant l’alandier de l’aire de chauffe. Nous n’avons fouillé cette dernière que dans les limites des carrés ; le tronçon de mur visible au sud de l’alandier devait sans doute en constituer un des côtés (Fig. 41).

Le fait qu’il n’y avait aucune trace ni de la sole ni des arcs de soutènement, et que les piliers ont été rasés, conduit à penser que ce four a été volontairement vidé pour devenir un espace unique en-tièrement utilisable. La présence sur le sol d’une couche d’une dizaine de centimètres faite d’argile verdâtre mêlée de petites pierres et d’impuretés conduit à formuler l’hypothèse qu‘une fois ce four hors de fonction pour une raison ou pour une autre, il a été transformé en aire de repos pour l’argile, protégée par la coupole de tubulures qui était restée sur place. Le passage à l’alandier avait dû être fermé par des tuiles ou autre matériel.

Faut-il expliquer l’état incomplet de la chambre de chauffe telle qu’elle a été découverte par le fait que ses éléments ont été réutilisés pour la construction d’un autre four? Ou bien par la destruction

du mur à la suite d‘un glissement de terrain qui a pu entraîner la déformation des murs40?

Ce four, de dimensions importantes, a livré un matériel très riche et diversifié (Contexte A. IV a. 1). Bien que les fragments amphoriques du groupe C soient présents dans l’ensemble de son comblement, la fouille a révélé que celui-ci se divisait en plusieurs strates dominées chacune par une catégorie d’objets. Dans la partie supérieure (couches 1 à 3), le four renfermait beaucoup d’objets de consommation, tels qu’un col d’amphore colchidienne (Cat. 89), un col complet d’un type rare à pâte claire que nous attribuons à la production d’Héraclée du Pont (Cat. 90), de la céramique commune et à feu, des lèvres et des fonds de pithoi, et même des os ; quelques parois d’amphores à pâte claire (moins d’une dizaine) ont également été retrouvées. Ces dernières, qui se trouvaient toutes dans la couche 1, mais aussi d’autres tessons de cette même couche que nous ne pouvons pas différencier,

sont très probablement des contaminations venues du contexte associé au contrepoids41. Dans les

couches inférieures, les objets de consommation deviennent rares, les tuiles et les couvre-joints

do-39) Voir ci-dessous : 108.

40) Mais n’aurions-nous pas dû dans ce cas retrouver ces éléments tombés dans le four?

(30)

Fig. 38 : Col Cat. 1 10 et amphor e fragmentair e Cat. 1 1 1

reposant devant l’ouvertur

e.

Fig. 39 : Passage de la chambr

e de chauffe à l’alandier

avec

son comblement (Cat. 97).

Fig. 40 :

V

ue de l’alandier

(J.-F

(31)

minent (couche 4 et couche de sondage), puis les tubulures ouvertes, mêlées à des supports hauts dont certains inscrits (couche 5) (Fig. 42 et 43). Enfin, le fond de la chambre de chauffe, y compris la couche d’argile verdâtre, ne contenait que des amphores à pâte rouge C Snp III (couches 6 et 7).

Les monnaies associées au contexte du four sont homogènes. Une monnaie de Constance II repo-sait au-dessus du mur du four (n° 57), trois autres se trouvaient à l’intérieur du four dans la

couche 2 : l’une à Constantin Ier(n° 55), une autre à sa dynastie (n° 53), et la troisième peut être datée

du IVes. (n° 54) ; la monnaie de Justin Ierprésente dans la couche 1 doit provenir en réalité du contexte

du contrepoids (n° 56). Deux monnaies (n° 59 et 60) datées du Ves. ont été mises au jour dans

l’alan-dier42. Les monnaies à l’ouest du four dans le remblai le ceinturant datent elles aussi du Ves. (n°

77-79). C’est donc au Ves. que nous pouvons situer l’abandon de ce four qui devait être destiné à cuire

des amphores à pâte rouge43.

4.2. Réaménagement du site

4.2.1. Reconversion du site : oléiculture ou viticulture ?

Tandis que le four était comblé, ses environs immédiats ont été nivelés par une couche de tessons très dense, en particulier au sud-ouest à l’emplacement de l’aire de chauffe. Le but était d’installer des pressoirs, comme en témoignent les deux contrepoids de forme cubique mis au jour : l’un à l’ouest de l’alandier (L. : 74 cm x l. : 60 cm x H. : 51 cm) (Fig. 41, 45 et 46), l’autre dans le carré P 26

42) Une monnaie d‘Antonin le Pieux (n° 58) reposait sous la couche de charbon devant l‘alandier : voir ci-dessous : 99. 43) Le fragment de sigillée retrouvé dans le four est également daté fin IVe-début Ves. : voir ci-dessous : 189, n° 3.

(32)

Fig. 42 : Tubulures in situ.

Fig. 43 : Tubulures in situ.

Fig. 45 : Contrepoids pris dans la couche de tuiles et de pierres.

Fig. 44 : Lampe, inv. 2.2.97 (Ö. Vapur).

(33)

couche était elle-même recouverte dans la partie nord-est du carré d’une autre couche qui comprenait des tuiles fragmentaires en très grand nombre, des couvre-joints, et des grandes plaques schisteuses (couche 2) (Fig. 45). Beaucoup de tuiles comportaient des traces de mortier et étaient souvent posi-tionnées au-dessous des pierres. Tuiles et pierres devaient appartenir au toit du bâtiment abritant le pressoir ou à un auvent, dont la chute a pu être causée par un incendie, comme conduit à le penser la

présence de charbons47.

Aucun sol n’a été retrouvé entre le remblayage du four et l’installation liée au contrepoids. Peut-être était-il matérialisé par la couche de graviers mêlés à du mortier que l’on voit dans la coupe qui limite les carrés Q 25 - R 25, P 25- P 27, R 26 au nord-ouest du four, mais dont on n’a retrouvé que des vestiges disséminés, car très friables. C’est ce qui explique la contamination possible signalée ci-dessus entre le contexte dans lequel repose le contrepoids et le haut du comblement du four.

Un pithos a été mis au jour près du contrepoids du carré P 26 (Fig. 48). Il est préservé sur une hau-teur de 1,30 m, et son diamètre de 1,60 m correspond probablement à sa largeur maximale. Le haut de sa paroi d’un côté est enclavé dans le mur qui le chevauche (voir ci-dessous). Il peut aussi bien être relié au four de Q 26 qu’aux contrepoids, en particulier à celui qui le jouxte.

De même que pour les monnaies associées au four A. IV, il faut noter une rare cohérence entre celles, relativement nombreuses, présentes dans les contextes liés aux contrepoids. Dans la couche 3

du carré Q 26, à une profondeur identique, reposaient cinq monnaies du Ves. ou de la fin du Ves. (n°

65-68, 70), et quatre du Ve-VIes. (n° 62-64, 69)48. Enfin, une monnaie de Justin II reposait dans la berme Q 26 - R 26 (n° 76). De la couche 2, le seul élément daté est la lampe inv. 2.2.97, dont le type

est situé entre 500-600 ap. J.-C.49. La monnaie trouvée dans la couche 2 au-dessus du contrepoids du

carré P 26 date de la fin du VIes. (n° 73).

Etant donné le matériel qui constituait le remblayage du four A. IV ainsi que les monnaies

pré-sentes dans les contextes, les pressoirs ont dû être installés à la fin du Ves. ou au début du VIes.,

alors que les amphores à pâte rouge avaient cessé d’être manufacturées, supplantées par celles à pâte claire, ou pendant le laps de temps où les deux fabrications ont pu coïncider, puisque des amphores à pâte rouge et à pâte claire coexistent dans le même contexte A. IV a. 2-1.

4.2.2. Suite et fin de l’occupation du secteur A. IV

Le mur du carré P 26 qui chevauche le pithos s’élève sur un mètre, composé de sept assises de deux rangées de pierres de rivière liées par du mortier, parmi lesquelles sont insérés quelques frag-ments de tuiles et de la céramique. Il est probable que ce mur était plus élevé, et que nous n’en voyions que les fondations qui étaient étayées par une couche de tessons d’amphores à pâte claire d’une

qua-44) Sa largeur est de 56 cm. Il a été seulement dégagé sur 56 cm dans sa longueur et 11 cm dans sa hauteur. 45) Voir ci-dessus : 61.

46) Inv. 2.2.97 et n° d’étude Q 26. 3 : 1 (fragmentaire).

47) A propos de ce mode de couverture, voir ci-dessous : 96. Ces tuiles et ces pierres s’arrêtent au sud-ouest selon une limite qui passe par la pierre de contrepoids du carré Q 26, indiquant que l’incendie n’a pas affecté l’ensemble de la construc-tion, si toutefois cette interprétation est juste.

48) Les monnaies n° 62-65 ont été trouvées dans la couche charbonneuse, n° 66-68 au nord-est du contrepoids, n° 69 et 70 à l’extérieur du four dans l’angle sud du carré. La monnaie de Justin Iern° 56 trouvée dans la couche supérieure du four devait appartenir à ce contexte, voir ci-dessus : 73.

(34)

Fig. 47 : Vue du sondage du carré P 26 vue de l’ouest.

(35)

truisant ; son retour nord-est est conservé sur 1,80 m. D’une largeur moyenne de 70 cm environ, une seule assise est préservée, consistant en deux rangs de pierres de rivière mêlées à des tuiles. C’est le vestige le plus tardif conservé dans la zone A : il a été construit après une nouvelle interruption de l’occupation, comme l’indique la couche de glaise sur laquelle il repose et qui recouvre la couche 3 du carré Q 26 liée au pressoir (Contexte A. IV a. 2-1), à l’usage duquel il est par conséquent postérieur.

Plus élevés à l’origine51, ces deux murs ne peuvent pas être mis en relation l’un avec l’autre, ni

avec d’autres murs retrouvés dans cette zone A, car d’appareillage, d’orientation et de niveau diffé-rents. Isolés, il n’est pas possible de reconstituer les ensembles auxquels ils appartenaient. Leur date est également tout à fait incertaine.

ZONE B

La zone B a été fouillée en 1995 et 200052(Pl. 12 et 14). Nous avons été amenés à étendre la

fouille à l’ouest de la carte magnétique, afin de dégager les construc tions apparues dans les carrés ouverts. Nous ne les avons toutefois pas fouillées dans leur ensemble, car l’intérêt qu’elles présentaient ne justifiait pas l’extension des travaux, dans la mesure où elles n’étaient pas directement en relation avec l’atelier, et où les chances d’interprétation étaient quasi nulles.

1. SECTEUR B. I : CARRES J 11 - 13, K 11 - 13, L 1253

1.1. Bâtiment au sol dallé

L’anomalie à l’est de la zone B correspondait à un grand bâtiment qui a complè tement basculé du sud-ouest vers le nord-est à la suite d’un mouvement de terrain (Fig. 49-52). Le mur nord a été pré-servé dans son entier sur 6,70 m, et les murs ouest et est en partie, respectivement sur 3 m et 4,70 m, le second ayant été détruit par une canalisation installée ultérieurement ; le mur sud a complètement disparu. Les murs sont conservés sur une hauteur maximum de 1,22 m, et leur largeur varie entre 72 et 80 cm. Ils sont consti tués de six assises de pierres sèches de rivière, dans les intersti ces desquelles des morceaux de tuiles ou de cérami ques ont parfois été insérés ; le revers des parements est moins soigneusement appareillé. Quatre assises de tuiles les surmontent encore au nord-ouest ; le mortier qui les lie recouvre la surface de la dernière assise, nous indiquant l’existence d’au moins une autre série au-dessus.

Un dallage formé de pierres plates parfois de dimensions importantes (la plus grande mesure 1,41 m sur 1,32 m) constitue le sol du bâti ment et est presque entièrement conservé. La longueur maximum du dallage dans la direction nord-sud est de 7,75 m : le bâtiment était par conséquent rec-tangulaire, mais son orientation reste inconnue, puisque aucun indice ne permet de situer son entrée. Certaines pierres sont des réemplois, comme le montrent les traces d’ins truments à leur surface, ou

50) Voir ci-dessous : 52.

51) L’assise restante du mur au nord-ouest du four se situe à la limite de la terre arable.

52) Afin de recaler plus sûrement le carroyage de la fouille 2000 sur celui de la fouille 1995 et de faciliter le tracé du plan masse de la zone, nous avons dégagé de nouveau le mur nord du bâtiment dallé, ainsi que l’arrière des deux fours B. II, 1et 2 (voir Fig. 59).

(36)

la mortaise sur le côté d’un bloc54, près duquel reposent des fragments de meules (Fig. 53). Une stèle funéraire fragmen taire a été utilisée dans l’angle nord-ouest, sur laquelle on lit ΘEOMNHΣTO [...] /

ΠAYΣ [...]. Elle peut être datée du IIIes. av. J.-C.55. Quatre pierres volumineuses sont attenantes au

mur est, le long duquel les dalles manquent : l’une se trouve dans l’angle nord-est, deux côte à côte au milieu de la portion du mur restante, une dernière à la jonction avec la canalisation (Fig. 50).

Au sud du bâtiment (carré J 12), la tranchée longue de 2 m que nous avons ouverte perpendicu -lairement aux derniè res dalles en place a permis de mettre en évidence une couche de terre noire contenant des tessons de l’Âge du Bronze (Pl. 5, 2). Cette couche, en s’appuyant sur le rocher naturel, descen d obliquement vers le nord, puis continue horizonta le ment au-dessous du bâtiment dont elle

54) Voir ci-dessous : 89, la pierre réutilisée avec une mortaise dans l’alandier du four B. III. 55) Inv. 3.5.95, Fossey, Kassab Tezgör 1999 : 167-169, fig. 1 et 2.

(37)

Fig. 50 : Bâtiment dallé vu du sud-ouest.

Fig. 51 : Bâtiment dallé vu de l’ouest.

Fig. 52 : Bâtiment dallé vu du nord.

Fig. 53 : Détail du dallage compr

enant la pierr

et des fragments de meule

(Y

(38)

est séparée par une coulée d’argile jaune. On a retrouvé à la jonction des deux couches une amphore de table entière à fond plat et à lèvre à bourrelet convexe d’un type dont elle est jusqu’à présent

l’unique exemplaire connu (Fig. 54)56.

La même argile jaune entoure le bâtiment dans les carrés J 11, K 11 et L 12. Il semble qu’il n’y ait pas eu de tran chées de fondation et que le bas des murs ait été cons truit contre une paroi taillée ver-ticalement dans l’argile. La couche de tessons à pâte rouge qui la recouvre nous permet de déduire que les murs dégagés étaient au-dessous du niveau du sol antique, et que le dallage se situait par conséquent en sous-sol. D’épaisseur variable, elle nivelle le sol argileux, tout en ayant une fonction de drainage. Elle est particulièrement dense le long du mur nord, où elle atteint jusqu’à 40 cm d’épais-seur sur une largeur de 75 cm en moyenne (carré K 11 b) ; elle se prolonge avec une moindre concen-tration vers l’ouest (K 11 a), où une douzaine de cols d’amphores presque complets (dont un surcuit) et de grands fragments ont été découverts, soit en position verticale, soit couchés ; un col avait une position inversée (Fig. 55). Dans le carré J 11, cette couche est riche et d’épaisseur régulière, com-prenant une majorité d’amphores-carottes, généra lement des cols, mais aussi quelques exemplaires

presque com plets (Fig. 56)57, ainsi que l’impressionnant surcuit d’une amphore du type C Snp II (Fig.

57)58. Etaient mêlés au matériel amphorique des fragments de céramiques communes et à feu, parmi

lesquels reposait un fragment d’épaule de pithos avec une inscription59.

Les monnaies recueillies dans cette couche de nivellement sont homogènes : les plus nombreuses sont attribuées à Théodose II, de l’émission datée entre 408-423 (n° 98 et 110), de celle de 423-425

(n° 86, 87) et de 425-435 (n° 95, 104, 106)60. Une autre monnaie remonte à Constance II (n° 102),

deux autres à Honorius (n° 103 et 105), enfin, six autres sont datées entre la fin du IVe et la première

moitié du Ves. (n° 88, 90, 91, 93, 96, 99, 100, 107). La construction de ce bâtiment date sans doute

de la première moitié du Ves., elle doit être contemporaine du fonctionnement du four B. II, 1 que

nous étudions ci-dessous.

Il nous est impossible d’identifier le bâtiment. Son abandon peut être dû au glisse ment de terrain qui l’a bascu lé, mais dont on ignore la date, à moins qu’il ne soit survenu avant ce phénomène naturel à la suite d’un incendie dont témoignerait, sur les dalles, la couche de terre charbonneuse épaisse de quelques centimètres. Les pierres et les tuiles retrouvées nombreuses à l’intérieur appartiennent sans

doute à la toiture effondrée61. Les restes d’un pithos, ainsi qu’un peu de céramiques et quelques objets

qui méritent d’être signalés, comme une anse d’am phore portant l’ins cription BA (–), une assiette vernissée jaune ou une hache de bronze, témoignent de la vie quotidienne de ses occupants.

1.2. Pithoi et canalisation

Trois pithoi fragmentaires ont été dégagés au nord de l’angle nord-est du bâtiment (carré L 12) (Fig. 52). Ils sont pris dans la couche de tessons à pâte rouge qui entoure le bâtiment. Les monnaies présentes, datées de l’époque romaine tardive, n’apportent pas d’indices chronologiques précis

(n° 113-116)62.

Une canalisation interrompt le mur est du bâtiment (carré J 13-K 13), et par conséquent a causé en partie sa destruction (Fig. 51 et 58). Plus tardive, elle a sans doute été construite après le glisse -ment de terrain, puisqu’elle est seule -ment un peu incli née vers le sud pour permettre l’écoule-ment de l’eau. Dégagée sur 8,30 m, elle est bordée de part et d’autre d’un rang unique de pierres qui ont été

56) Inv. 3.1.95.

57) Inv. 3.2.95, 3.3.95 et 3.4.95. 58) N° étude : B. J 11. 2 : 10. 59) Voir ci-dessous : 98 et n° 16.

60) L’émission d’une autre monnaie de Théodose II n’est pas datée (n° 94). 61) Sur ce mode de toiture, voir ci-dessous : 96.

(39)

Fig. 54 :

Amphor

e de table mise au jour

entr

e la couche de l’Age du Br

et la coulée de glaise.

Fig. 56 : Couche de tessons au sud du bâtiment.

Fig. 55 : Cols d’amphor

es à l’ouest du bâtiment

(Y

(40)

Fig. 57 : Surcuit d’une amphore du type C Snp II trouvé dans la couche de tessons.

(41)

sud-est vers le nord-ouest, à la suite sans doute du même glisse ment de ter rain qui a affecté le

bâti-ment64. Le niveau du sol de la chambre de chauffe est peu profond en comparaison des autres fours65.

2.1. Four B. II, 1

Il s’git d’un petit four en forme de poire dirigé vers le nord où se trouvait l’alandier maintenant

perdu66. Seule la chambre de chauffe est conservée (L. : 1,48 m - l. max. : 1,41 m) (Fig. 62), dont la

similitude avec celle du four A. III, 1 laisse penser qu’elle est pourvue d’un pilier central qui doit se

trouver sous le mur du four A. III, 2 qui a été construit au-dessus67. Au sud, où elle est le mieux

préser vée, sa paroi s’élève sur 52 cm, constituée de neuf assises de tuileaux d’une largeur moyenne de 20 cm. Le fond en terre cuite brûlée est légèrement concave.

Lorsque ce four n’a plus été utilisé, il a été comblé afin d’en construi re un autre le recouvrant par-tielle ment. De même que dans le four A. III, 1, des fonds d’amphores-carottes rentrés les uns dans

les autres et maintenus par de l’argile cuite à l’intérieur et à l’extérieur ont été retrouvés68, ainsi

qu’un arc de soutènement et des tubulures ouver tes à l’extrémité, dont plusieurs étaient encore assemblées. Les fragments d’amphores non “utili tai res” qui reposaient dans le four étaient également du groupe C.

Deux assises superposées de fragments d’amphores du type C Snp III constituent un curieux ali-gnement sur 3,10 m qui aboutit perpendiculairement au sud de ce four (carré M 8 b ; contexte B. II a. 1-1) (Fig. 63). L’assise supérieure, composée de cols, en recouvre une seconde formée par des pieds emboîtés les uns dans les autres et quelques cols complets près du four. Cet ensemble déli-mite une couche très dense de tessons à pâte rouge presque pilés, reposant sur de l’argile jaune qui descend en pente abrupte d’est en ouest, de sorte qu’elle est haute de 15 cm le long des pieds ampho-riques pour atteindre jusqu’à 1,40 m à la limite ouest de la fouille. Elle était peut-être desti née à rec-tifier la déclivité du ter rain. Les monnaies liées à ce contexte sont près d’une quarantaine. Outre celles

datées de l’époque romaine tardive, ont été identifiées une monnaie qui remonte à Constantin Ier ou à

la deuxième moitié du IVes. (n° 118), trois à Théodose Ier (n° 145, 120 et 126), une à Arcadius

(n° 123) et trois à Théodose II (n° 121, 135 et 136)69. Quatre monnaies sont directement liées à

l’ali-gnement amphorique : deux sont de l’époque romaine tardive (n° 155 et 158), et une, peut-être deux,

sont attribuées à Arcadius (156 et 157)70. Comme il est habituel dans les contextes d’amphores à pâte

rouge, les monnaies nous indiquent une datation du IVeet du Ves. C’est dans cette même couche

qu’une tuile timbrée a été recueillie, résurgence de l’époque classique71.

63) Peut-être était-elle reliée à la source encore présente au pied du grand arbre au nord de la fouille de la zone B (voir ci-dessus, C. Kuzucuoğlu : 25).

64) Kassab Tezgör 1996 a : 344-354 ; Kassab Tezgör, Tatlıcan 1997 : 355-357 et 362-365, fig. 7-14. Voir l’étude des contextes, ci-dessous : 176-182.

65) A ce sujet, voir ci-dessous : 107.

66) Des traces de charbons retrouvées au cours de la fouille indiquent son emplacement. 67) Voir ci-dessus : 61 et 64.

68) Voir ci-dessous : 14 et Fig. 13.

69) La monnaie n° 135 appartient peut-être à Honorius, et la monnaie n° 136 n’est pas identifiable avec certitude. 70) La monnaie n° 157 reposait sur l’alignement des amphores ; l’identification de la monnaie n° 156 n’est pas certaine. 71) Garlan 2004 : 115, n° 49.

(42)

Fig. 59 : Vue aérienne des secteurs I et II (Y. Garlan).

(43)
(44)

Fig. 62 : Four B. II, 1 (Y. Garlan). 2.2. Le four B. II, 2

Chevauchant en partie le précédent, le four B. II, 2 est de plus grandes dimen sions (carré N 7). Seule préservée, la chambre de chauffe est approxima tivement circulaire (L. : 2,47 m - l. : 2,39 m), ses parois s’élèvent au sud-ouest sur une hauteur maximale de 48 cm pour une largeur variant entre 21 et 23 cm. Son mur est construit avec des parpaings, et sa paroi interne est recou ver te d’un enduit en terre cuite de 3 à 3,5 cm d’épais seur devenu blanc verdâtre à force de cuisson, identique à celui qui constitue le sol. Deux piliers rectangulaires faits de parpaings occupent le centre du four (pilier ouest : L. : 1 m x l. : 28 cm x H. : 26 cm ; pilier est : L. : 1,03 m x l. : 30 cm x H. : 30 cm).

Une énorme pierre volcanique se trouve à l’entrée du four qui est orientée vers le nord (L. : 1,30 m x l. : 60 cm x H. : 26 cm). Cette pierre avait la même fonction que celle qui se trouve dans

le four A. III, 2, chevauchant le four A. III, 1, lui-même identique au four B. II, 172. Au nord-ouest de

cette pierre sont alignées d’autres blocs volcaniques, formant le côté ouest de l’alandier. A peu près perpendiculaire, un mur de pierres délimite l’aire de chauffe. Les quelques pierres alignées à l’est à la limite du carré O 8, parallèles au mur préservé de l’alandier, n’appartiennent pas à celui-ci.

Lorsque le four B. II, 2 a été mis au jour, ce qui restait de la chambre de chauffe contenait des tu-bulures fermées à l’extrémité, des tuiles, quelques fragments d’arcs de soutènement et des tessons d’amphores à pâte blanche, à col étroit, épaules cintrées et long pied tubulaire (D Snp III) (Fig. 63). Ce remblayage est daté par les deux monnaies de Justin II et Sophie (n° 173 et 174) qui y reposaient.

Referanslar

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