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Le Tourisme en Turquie

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Tam metin

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No. 3 L ’ILLUSTRATION DE TURQUIE Faiçe 13

EN ASIE - MINEURE

P E R G A M E (suite) — L ’A cropole.— Devant la

porte du garde s’étend VAgora supérieure, terrasse en forme d’ L renversé, où l’on trouve des traces de portiques, de salles et d’un temple de Dionysos. De là, on embrasse, d’un seul coup d’oeil, l’ensemble des ruines de l’Acropole. On distingue rapidement la série des terrasses dont elle se compose, toutes groupées en éventail autour du théâtre, supporté lui-même, du côté du Sélinos, par de formidables contreforts for­ mant une terrasse longue de plus de 200 mètres à l’extrémité de laquelle se trouve un petit temple ioni­ que.

De l’Agora on monte à l’enceinte du grand au­

tel de Jupiter; au dessus du grand autel, le dominant

entièrement, s’élève le sanctuaire d’Athéna Polias, où l’on reconnaît aisément la place occupée par le temple d’Athéna. Au Sud de la plate-forme, les porti­ ques qui l’ entouraient et la bibliothèque, rivale de celle d’Alexandrie.

Faisant angle obtus avec ce dernier sanctuaire, on remarque le grand mur du temple de Trajan; la pente du terrain est rachetée par des soubassements gigantesques et la plate-forme supérieure s’appuie sur une série de voûtes, dont quelques-unes sont apparen­ tés extérieurement. Au centre de cette plate - forme s’élevait le temple de Trajan et d’Hadrien. En arrière de ces deux derniers groupes d’édifices s’élevait un en­

semble de constructions de l’époque des rois Attalides: palais, habitations, logements de gardes.

Du sanctuaire d’Athena, un étroit escalier, tail­ lé dans le roc, descend au théâtre, placé dans une si­ tuation des plus pittoresques. La scène est très inté­ ressante; on y distingue trois rangées de trous carrés où étaient plantés les madriers en bois portant la scène primitive, mobile, du temps des rois; au Ile siècle avant J. C. fut construite la première scène en pierre, plus tard la scène romaine. Cette scène, longue de 30 mètres, se prolongeait par une immense terrasse à contreforts et à portiques, longue de 250 mètres. A l’extrémité. N. sont les restes d’un petit temple io­ nique.

Un sentier descend de la terrasse de la scène du théâtre, contourne le flanc O. de l’Acropole au- dessus de la vallée du Sélimos et réjoint des restes d’une rue antique. De ce sentier, on rejoint à l’E. les fouilles du sanctuaire de Déméter. C’est un espace rec­ tangulaire, bordé de gradins et au S. d’un portique per­

cé à l’étage inférieur de trois portes; il rappelle la dis­ position du Telestérion d’Eleusis. A l’intérieur s’élè­ vent un autel très allongé consacré à Déméter et un petit temple formé (à l’époque des rois) d’un large pro­ naos et d’une cella, sans colonnes ni péristyle et qui fut agrandi à l’époque romaine.

Tout ce qui précède n’ est qu’un aperçu d’un ensemble grandiose, que les touristes pourront exami­ ner en détail.

* * ÿ

EPH ESE.— La ville d’Ephèse a occupé dans

l’antiquité deux emplacements différents. La ville la

ISTANBUL : La Colonne brûlée

ISTA N B U L : La Tour de Galata

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Page 14 L ’Il l u s t r a t i o n d e Tu r q u i e No. 3

IST A N B U L : Le trône du Shah İsmail, au musée de Top-Kapou

plus ancienne était dominée par la colline d Aya- Solouk, qui porte aujourd’hui les ruines d’une forte­ resse byzantine et turque. Selon le temps dont on dis­ pose, on en fera l’ascension ou l’on se bornera à visi­ ter à l’ Ouest et aux pieds de cette colline, la M os­

quée de Sélim et les ruines de VArtémision, qui fut une

des sept merveilles du monde.

La mosquée, construite presque entièrement avec des matériaux antiques, est un des plus beaux monuments de l’art turc seldjoucide, offrant de belles fenêtres de marbre finement sculptées et des revête­ ments de terre cuite à l’intérieur des coupoles.

On se dirigera ensuite vers la seconde ville, construite en 287 av. J. C. par le roi de Thrace Lysi- maque, à 3 kilomètres à l’ Ouest de l’ancienne, plus près de la mer, sur la colline arrondie du Panayr-Dagh, ancien Mont Pion, et sur le flanc de la longue mon­ tagne du Bulbul-Dagh, ancien Koressos. Lysimaque lui donna le nom d’Arsineia en l’honneur de sa fem­ me Arsinoé. L ’enceinte de Lysimaque est presque par­ tout reconnaissable et il en subsiste des parties consi­ dérables.

A 500 mètres de la Porte de Magnésie, Odéon bien conservé. L ’ Odéon est un long portique de 23 co­ lonnes dont les bases sont presque toutes en place avec quelques tambours de colonnes. A terre, dans l’angle E „ de beaux chapiteaux ioniques à têtes de taureau. Parallèlement au portique, l’estrade de l ’ Odéon, 3 por­ tes munies de marches y donnent accès; elle est elle- même divisée intérieurement par cinq portes. En face de l’entrée latérale E. un escalier bien conservé mon­

te au-dessus du 1er rang des gradins. La cavea est divisée en cinq secteurs par 6 escaliers.

A 800 ou 900 mètres du pied du Koressos :

tem ple, portique, biblothèque celsienne, très beau mo­

nument romain bien conservé (salle rectangulaire de 16 mètres sur 11 m. dont les murs contenaient, dans des niches, les parchemins et papyrus et où l’on accé­ dait par un grand escalier et trois portes percées dans la façade); Agora hellénistique attenante à la Biblio­ thèque, long portique reliant la bibliothèque au Théâtre. On ne manquera pas de monter jusqu’aux derniers gradins du théâtre d’où l’on s’o­ riente et d’où l’on embrasse l’ensemble de la fouille, qu’on peut lire de là comme sur un plan; on distin­

guera notamment, très nettement, la voie Arcadiané, longue rue antique allant du théâtre au port, les limi­ tes du port et la haute tour connue sous le nom de prison de Saint Paul (à 96 mèt. d’altitude).

L ’importance des ruines romaines et des ruines chrétiennes ne surprendra pas: Ephèse a été, en effet, depuis le Ile siècle avant notre ère, la capitale de la province romaine d’Asie et Saint-Paul y a prêché l ’évangile.

ÿ * Ÿ

Istanbul avec ses monuments, son Bosphore, ses îles des Princes; Troie, Nicée, Bergame, Ephèse, ces merveilles de l’antiquité, qui s’échélonnent de la mer Noire à Smyrne par le Bosphore, la mer de Mar­ mara, les Dardanelles et la mer Egée, forment déjà et à elles seules, tout un programme d’excursions sus­ ceptible d’intéresser au plus haut point, l’immense ma­ jorité des touristes pour qui le tourisme est pour le moins autant un moyen d’instruction, un plaisir de l’esprit, qu’un entraînement physique.

Mais ce que nous avons dit précédemment et dont nous énumérons ci-dessus les points essentiels, n’est point tout ce qui entre, qui doit entrer dans un programme de tourisme en Asie-Mineure: Priène, Mi-

let, Didymes, Magnésie du Méandre, qu’il ne faut pas

confondre avec Magnésie du Sipylos située à 56 kilo­ mètres au N. E. de Smyrne, Hiérapolis (avec ses cas­ cades pétrifiées) et Laodicée en sont le complément indispensable.

L ’étude de ces incomparables centres de tou­ risme, fera l’objet de l’article que nous publierons dans notre prochain numéro et qui, comme les précédents, s’adressera tout spécialement, aux touristes de tous les pays.

L es dernières découvertes qui ont eu lieu à Ste. Sophie

Lorsque l’empire Romain d’Orient fonda sa capitale sur les sept plus belles collines du monde, il voulut rendre hommage au Christianisme en élévant sur l’une de ces collines l’une des plus belles Eglises de l’époque.

En faisant ériger ce monument, l’empereur Jus­ tinien voulut qu’il surpassât en beauté et en art tout ce

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No. 3 LİLLUSTRATÎON DE TURQUIE Page 15

tjui existait jusqu’alors. Cette oeuvre admirable fut terminée après de longues et pénibles années de tra­ vail. Ste. Sophie s’éleva, majestueuse, aves sa grande coupole, son architecture unique et ses précieuses m o­ saïques.

Après la prise d’Istanbul par Mahomet II •(1453), Ste. Sophie fut changée en mosquée et prit le nom d‘Ayasofia. Le Sultan appréciait plus que tout autre la valeur de cette oeuvre splendide. Î1 y fit a-

jouter un minaret, mais surveilla attentivement à ce qu’aucun changement ne fut opéré ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Il venait la plupart du temps admirer ja­ lousement et avec étonnement les imposantes colon­ nes et les belles mosaïques, et ne permettait pas d’ap­ porter la moindre modification à la mosquée.

C’est sous le règne de Soliman le Magnifique qu’on choisit un groupe d ’entre les plus grands pein­ tres de l’époque, avec mission de faire disparaître les

croix non pas complètement., mais de les dissimuler légèrement sous divers dessins de fleurs. Ce fut le dé­ but des changements. On construisit également pour

le harem impérial une sorte de kiosque entouré» de grillage, soutenu par plusieurs colonnettes de marbre blanc; bientôt suivirent les emplacements où les ho- djas (prêtres musulmans) font leurs prières.

Grâce à ces apports successifs, nous pouvons -admirer aujourd’hui à l’intérieur et à l’ extérieur de Ste. Sophie les plus belles oeuvres des architectes turcs.

Lorsque Soliman apprit que les principaux murs donnant sur la mer s’ étaient lézardés et mena­ çaient de faire crouler ce magnifique édifice, il fit im­ médiatement arrêter les travaux de la mosquée qu’il faisait construire pour perpétuer sa propre mémoire et qui allait porter son nom, et ordonna au célèbre ar­ chitecte Sinan de sauver l’ancienne église. Ce grand architecte s’acquitta de cette tâche avec tant de soins que malgré les siècles écoulés, les colonnes, les murs et les arcades sont aujourd’hui aussi solides et aussi jolis qu’à l’époque de leur construction.

En dissimulant les croix sous les fleurs, on ne songea même pas à porter atteinte aux autres parties de la mosqué. Des écritures et des dessins existent en­ core sur les chapiteaux; les aigles qui entourent les quatres coins du dôme principal et les armoiries de l’empereur Justinien, au-dessus de la grande porte surnommée la porte de l’Empereur, n’ont pas été touchés. Chaque visiteur peut voir sur le socle des co­ lonnes les poissons byzantins qui se poursuivent. Ces

D IA R B E K IR : Sommet de la Tour

dessins ne portant pas atteinte à leur religion, les mu­ sulmans ne les ont pas recouverts.

îl y a quelques mois, avec la permission du gouvernement Turc, un professeur américain. M. W hitemore, était venu, en compagnie de trois ou­ vriers italiens, pour effacer les fleurs qui recouvraient les croix. Celles qui sont gravées sur les neufs princi­ pales portes d’ entrée de la mosquée sont aujourd’hui visibles.

Quoique les mosaïques qui surmontent la porte de l’empereur et qui sont des portraits de l’empereur Justinien et de l’impératrice Théodora aient exigé à elles seules trois mois de travail acharné, elles ne sont pas encore complètement découvertes: on aperçoit à peine une figure. Les fleurs ayant été dessinées avec beaucoup d’art,le professeur n’a pas voulu trop les abi- mer; il a ajouté que c’est à peine si cinq ans suffiront, en travaillant sans arrêt, pour achever l’oeuvre qu’il a entreprise. Pour l’instant, il est retourné en Amérique mais il reviendra bientôt poursuivre l’exécution de son projet.

La plupart des colonnes sont entièrement en marbre vert; leur circonférence mesure un mètre cin­ quante et leur hauteur huit mètres. Chaque année, au mois du Ramazan (le mois du jeûne), des fêtes reli­ gieuses ont lieu à Ste. Sophie.

Ces fêtes sont rendues impressionnantes par la clarté tamisée et indécise qui règne dans la mosquée et le silence qui plane lors de la prière. On entend seu- lemnt le bruit que font des milliers de gens en s’age­ nouillant et en se relevant d’un commun accord sui­ vant les phases de la prière que récite l’îmam. Ces soirs là, les deux balcons d’A ya Sophia sont réservés aux étrangers et aux ambassadeurs qui viennent en grand nombre admirer cette cérémonie.

La réforme qui a lieu actuellement en Turquie a pénétré l’année dernière dans la religion; les prières qui avaient lieu en langue arabe se disent maintenant en turque. De cette façon, le peuple comprend le sens de ses prières.

Les Turcs voulant rivaliser avec Ste. Sophie construisirent juste à ses côtés une grande mosquée. En arrivant à Istanbul par mer, les regards des voya­ geurs sont tout de suite captivés par Aya Sophia, sou­ venir de Byzance, ainsi que par l’imposante mosquée de Sultan Ahmet. Ces deux temples, côte à côte avec leurs dômes majestueux et leurs lignes gracieuses semblent souhaiter la bienvenue aux voyageurs.

Selm a Chehap

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Le mouvement touristique en Turquie

Le Conseil Supérieur Econom i­ que publie dans ses statistiques des chiffres intéressants sur le détail des sommes que les voyageurs em­ portent de Turquie avec eux en Europe et de celles que les étran­ gers introduisent dans le pays.

Il ressort de ces listes que les Turcs qui se sont rendus en Euro­ pe en 1932 ont emporté avec eux 6.838.000 livres.

Le montant que les voyageurs turcs portèrent en Europe en 1931 s’élevait à 5.248.000 livres et en 1930 à 6.517.000 livres. Ces mon­ tants étaient de 3 millions de livres pendant les années 1929, 28 et 27.

Les devises que les touristes ap­ portèrent en Turquie en 1932, sont de 3 millions de livres, tandis qu’elles étaient de 2.094.000 livres en 1931. A voir le mouvement tou­ ristique qui se développe chaque an­ née dans le pays, on a l’impression

que les touristes étrangers laissent dans le pays une grande quantité de devises. Or, les relevés prouvent qu’il n’en est pas effectivement ainsi. Les touristes, qui arrivent dans le pays en groupes laissent très peu d’argent à Istanbul, car leurs dépenses se réduisent à quelques courses d’autos et à un certain nombre de cartes postales sur les différentes curiosités du pays.

Les groupes de touristes qui arrivent notam­ ment des Balkans et de l’Europe Centrale, en été, ne laissent presque pas du tout d’argent dans le pays.

D ’après la liste du Conseil Supérieur Econom i­ que, c’est à peine si les touristes étrangers qui arrivent

dans notre pays, laissent la moitié des montants que les Turcs dépensent en Europe.

L e mouvement touristique en Turquie, en Grèce et en Yougoslavie.— Le nombre des touristes

qui se sont rendus cette année en Grèce dépasse de 140.000 ceux de l’année dernière. La plupart de ces touristes sont des Egyptiens.

En Turquie ne sont arrivés cette année que 52.000 touristes.

Une convention vient d’être conclue entre la Yougoslavie et la Grèce, selon laquelle les affaires de tourisme seront dirigées par une seule entreprise. Grâce à cette convention, rien que des ports de l’A ­ driatique six m ille touristes se sont embarqués à bord du bateau “ Yougoslavia” à destination de la Grèce.

Pour ce qui est de la Turquie, nous sommes informés d’autre part que l’administration des che­ mins de fer de l’Etat a constaté que ses revenus ont augmenté sensiblement à la suite de la réduction de ses tarifs pendant les journées de la fête nationale de la République. En effet, malgré la réduction de 50 pour cent sur les prix de billets, la seule gare de Haydar Pacha a enregistré des revenus de quatre fois supérieurs à la normale.

La Conférence Interparlementaire se tiendra cette année à Yildiz.— L ’ Union interparlementaire

tiendra cette année sa conférence à Istanbul.

Page 16 DE TURQUIE No.

»

A N K A R A : Villa de la Ferme du Ghazi

La salle des cérémonies du palais deYildiz est en train d’être aménagée dans ce but.

Le groupe de l’Union internationale des parle­ ments à notre G. A. N. vient de nommer deux com ­ missions, dont l’une sera chargée de faire les hon­ neurs du pays à nos invités et l’autre s’occupera des

questions financières y relatives.

La conférence doit se réunir fin août et il est bien probable que nos hôtes soient invités à A n­ kara.

Le bureau central de la conférence, qui travaille à Genève, précédera les délégués en Turquie.

Le comité Turco-H ongrois de Tourisme.— A

l’occasion de la visite à Ankara et Istanbul d’une dé­ légation de parlementaires hongrois venus pour assis­ ter à la célébration du dixième anniversaire de la Ré­ publique, un comité turco-hongrois de tourisme a été constitué. Ainsi le réseau des comités créés par le T. A. C. T. s’étend de la façon la plus heureuse, assurant à notre institution nationale de tourisme un rayonne­ ment toujours plus large à l’étranger.

En ce qui concerne tout particulièrement le mouvement touristique hongrois, il ne sera peut-être pas inutile de noter qu’environ 100.000 villégiaturants magyars vont, annuellement, passer leurs vacances estivales à la mer, sur le littoral allemand de la Bal­ tique ou de la mer du Nord, sur celui de la mer Noire, en Bulgarie et en Roumanie, ou encore sur les rives de l’Adriatique. Il serait relativement aisé et certaine­ ment profitable pour notre pays d’attirer en Turquie une partie des ces touristes. Outre les avantages éco­ nomiques d’une action dirigée dans ce sens, l’amitié turco-hongroise, basée sur tant de considération et de radiations ethniques et politiques, ne pourrait que trouver tout avantage à une meilleure connaissance réciproque des deux peuples frères.

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No. 3 L ’Il l u s t r a t i o n d e t u r q u í e Page 1

7

L'Histoire

T u r q u i e

(SUITE)

Par: A LI RIZA SEYFI Bey

Bien qu’il ait écrit son oeuvre im­ mortelle Mesnevî, en langue étran­ gère, Molana Djelâleddin appar­ tient à ce nombre.Un autre exem­ ple: Bedrettin Semavî, grand pen­ seur,savant révolutionnaire que nous

rencontrons aux temps où les fils d’Osman établissent les premiers fondements de l’empire turc, et sur qui une étude aussi large, appro­

fondie et forte qu’il le méritait n’a malheureusement pas été faite. Il est l’auteur de tant d ’ oeuvres concernant les ques­ tions sociales et réligieuses pri­ mordiales qu’il serait long de les é- numérer ici. Peut-on concevoir qu’une persone reconnue par sa vertu et sa supériorité en Egypte, centre de la science en ces temps, puisse provenir d’une tribu de 600 tentes, dans un laps de temps aussi court que 30 ans? D ’ailleurs il était de la ville de Simar, partie de l’A ­ natolie qui n’était pas tombée en­ core aux mains des fils d’ Osman. Il y était né parmi des turcs établis avant plusieurs siècles en Anatolie, et ayant, qui sait pour la quantiè­ me fois, fondé la civilisation et la culture turque. On a dit que les savants, hauts-fonctionnaires poli­

tiques, et militaires qui entouraient Osman Bey et Orhan, tous deux illetrés, avaient usé de tout leur savoir et employé tout leurs ef­ forts pour fonder un Etat nouveau et régulier sur les décombres de l’empire Seldjouk. Ici, à ce propos, je vais raconter une petite histo­ riette sur le degré de culture exis­ tant en Anatolie avant l’empire de Turquie. Il y a neuf mois, j’ai fait à Ankara, connaissance d’un Ita­ lien digne de respects. Ce monsieur, du nom de Carlo Moriondi, était venu à Ankara pour prendre le per­ mis de la ligne aérienne Brindisi- îstanbul. Signor Moriondi qui était

très turcophile montrait un grand intérêt et une admiration profonde pour le nouvel Etat turc et son fon­ dateur le Grand Gazi.

Profitant de son séjour à Anka­ ra il s’était mis à étudier la ville et la culture en Anatolie. Il n’y avait pas une mosquée, un cimetière qu’il n’ait examiné pendant des heures entières, et pas une fontaine qu’il n’ait photographiée et copié son écriteau. Il voulait surtout aug­ menter le plus possible ses connais­ sances sur l’ organisation turque (A khi) des frères et ses côtés so­ ciaux et moraux, administratifs et politiques, et à mesures qu’il avan­

çait dans ses recherches, c’ est-à- dire, à mesure qu’il apprenait les moeurs et usages et le progrès de la collectivité en terre d’Anatolie turque avant la formation de l’em­ pire ottoman, son désir et son éton­ nement croissaient. Je me rappelle d’un jour, où attablé et s’occupant de ces recherches il m’avait dit : “ Vous pouvez légitimement vous énorgueillir d’une chose contre les Européens: La compréhension de l’état et du régime par les Turcs d’Anatolie dans les temps arriérés que j ’étudie est de beaucoup plus é- levée que dans tous les pays occiden taux.Surtout,du point de vue du régi me des (A khi) vous pouvez dire à l’Europe: que vous avez eu le régi­ me Républicain des centaines d’an­ nées avant eux” . En citant ce petit souvenir mon but est d’appuyer sur l’idée que l’ empire turc, que nous appelons empire ottoman n’a pas été fondé, loin de là,par la population de 600 tentes. L ’empire turc est un pays démembré pour des multiples causes et raisons historiques et po­ litiques, c ’est la réunion de forces dispersées, et ia gérance d’une seule main, d’un état turc vaste fort et cultivé et gouverné jusque là par des beys et des princes.

(à suivre)

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Page 18 L ’ÎLLUSTRATÎON DE TURQUIE No. 3

L es monuments turcs de Stamboul

Le directeur de l’institut fran­ çais d ’archéologie de Stamboul, M. Gabriel, a été invité à faire à Genè­ ve au Musée d’Art et d’ Histoire, une conférence sur les monuments turcs de Stamboul.Durant son séjour d’hiver à Paris, il donnera à la Sor­ bonne une série de leçons sur “ La

formation et révolution des grandes villes de la Turquie

Ces leçons rentrent d’ailleurs dans le cadre d’un plan d’études destinées à faire connaître, dans les milieux intellectuels parisiens, les grands faits de l’histoire turque passée et présente.

❖ ❖ *

L ’industrialisation de la Turquie

Le Ministre des Affaires Etran­ gères T evfik Ruchtu Bey et l’Am ­ bassadeur des Soviets M. Souritz, ont signé le 21 janvier à Ankara, un protocole concernant l’ouvertu­ re à la Turquie par 1’ U. R. S. S.

d’ un crédit de huit millions de dol- lars-or (environ 200 millions de francs), en vue d’assurer au pays les machines nécessaires à son indus­ trialisation.

* * *

L e service militaire obligatoire en îrak

Une dépêche de Bagdad fait con­ naître qu’au milieu de scènes d’en­ thousiasme délirant, la Chambre des députés adopta presque tous les articles de la loi sur la défense na­ tionale, prévoyant que tous les hommes entre 19 et 21 ans sont su­ jets au service militaire obligatoire.

^

La découverte d’ un jeune

mathématicien

On mande d’A thènes: “ Un jeune grec âgé de 18 ans, Takis Dasca- lopoulos, vient de faire une décou­ verte qui ferait date dans l’histoi­ re des mathématiques. Î1 s’agit de la solution d’un problème de géo­ métrie considéré comme insoluble et connu sous le nom de “ problème

D elio ” ; il consiste à trouver avec le seul auxiliaire de la règle et du compas, un cube qui soit exacte­ ment le double du volume d’un au­ tre cube donné.

Le jeune homme, qui vient de terminer ses études, ayant lu dans

" L ’Encyclopédie hellénique” , sous

la signature du mathématicien grec, professeur îconom u “ que l’impossi-

biHté de résoudre ce problème a été reconnue au cours de ces dernières années à la suite des grandes dé­ couvertes de l’algèbre” , appliqua tous ses soins à l’étude de cette question ardue et, après trois mois

de travail, le jeune Dascalopoulos, qui réside à Nassia, dans le Pélo- ponèse, aurait trouvé la solution. Î1 la soumit à son professeur, M. Punzas, qui après l’avoir examinée, la déclara exacte et de nature à provoquer une vive sensation dans le monde scientifique. “ La solution de ce problème, a ajouté M, Pun­ zas, permettra d’en résoudre d’au­ tres jugés également insolubles. Takis Dascalopoulos est un génie à la manière de Pascal” .

De son côté, le journal athénien “ Kathimerini” écrit à ce sujet: “ La solution apporte une véritable ré­ volution dans les sciences des ma­ thématiques et de la mécanique. La découverte du jeune Dascalo­ poulos ferait de lui l’égal d’Archi­ mède” .

❖ %

La population de la Turquie

Selon les déclarations d’Ali Ga- lip Bey, directeur général de l’Etat- Civil, la population de la Turquie n’est pas inférieure à 17 millions et demi.

Le nouveau recensement général aura lieu l’an prochain.

Importantes déclarations de M. Carp

Comme nous l’avons déjà annon­ cé M. Carp, ex-ministre de Rouma­ nie en Turquie, désigné en la même qualité à Lisbonne, est parti pour Bucarest.

Lors de la présentation de ses lettres de rappel au Président de la République, celui-ci lui remit une de ses photographies avec autogra­ phe, en souvenir de son séjour en Turquie et des services qu’il a ren­

dus à l’amitié turco-roumaine pour le renforcement de laquelle il a constamment travaillé pendant quatre années.

Avant de s’embarquer pour son pays, M. Carp a reçu un rédacteur du “ M illiyet” et lui a fait d’impor­ tantes déclarations au sujet du Pac­ te balkanique.

“ La Turquie et la Roumanie, a dit en substance le ministre, suivent actuellement une politique balkani­ que identique. On a annoncé la si­ gnature prochaine du Pacte balka­ nique. J’ignore cependant, où et quand elle aura lieu. Les déclara­

tions de M. Máximos à Londres à ce sujet, sont approuvées par la Turquie et la Roumanie. Après les ententes bilatérales, les pays bal­ kaniques avancent vers une entente

générale.

“ Le voeu sincère de ces pays est d’arriver à cette entente dans la­ quelle doit figurer aussi la Bulga­ rie. Celle-ci devra donc renoncer à ses idées d’expansion territoriale.

“ La signature du Pacte per­ mettra de créer un front unique contre ces idées de la Bulgarie qui, avec la Hongrie, est mécontente des traités. Le Pacte vise au main­ tien du statu quo, que l’activité des comitadjis bulgares cherche à troubler.

“ La Hongrie ayant de tout temps demandé la révision des trai­ tés, ne peut voir d’un bon oeil la conclusion et la signature d’un Pacte balkanique qui signifie un renforcement des pays balkaniques qui y adhéreront.

“ Le Pacte élèvera une barrière contre toute tentative de révision des traités.”

(7)

No. 3

LÎLLUSTRATÎON DE TURQUIE

L

©

r D

Les beautés naturelles dont cer­ tains pays ont été dotés par la P ro­ vidence sont telles, que leurs noms ont pris un caractère symbolique.

Corne d'Or! En est-il un qui ex­

prime mieux les secrètes affinités des choses avec notre âm e7 Corne d ’Or, Corne d’Abondance sont des expressions identiques qui frappent heureusement les esprits et poéti­ sent les mots plus familiers de ri­ chesse et de prospérité.

Et c’ est ce nom prestigieux de

Corne d'Or (Chryso K éros) qui fut

donné, je ne sais à quelle époque, à cet étrange bras de mer, autour du­ quel fut construite, bien avant l’ère

chrétienne, l’ancienne Bysance. il fut ainsi nommé, sans doute, à cau­ se de sa forme qui, en effet, rap­ pelle celle de la Corne d’Abondan­ ce symbolique, et des richesses de toute sorte que les navires mar­ chands y apportaient de tous les points cardinaux.

La Corne d’Or s’étend de la poin­ te du Sérail (où elle s’unit au Bos phore dont elle reçoit les eaux de la mer Noire) jusqu’au-delà d’Eyoub, où elle se replie vers le Nord et se termine en pointe à l’ entrée d’une vallée encaissée, la vallée des Eaux

douces d'Europe. Elle a environ

11 kilomètres de longueur, avec une largeur moyenne de 450 mètres et une profondeur qui varie entre2 et 45 mètres. Elle baigne de ses eaux, au Sud, toute la rive Nord de ce qui fut Bysance et, au Nord, les faubourgs européens de la grande ville d’ Istanbul, Galata, Péra...

Mais si la Corne d’ Or fut de tout temps un admirable élément de prospérité, elle fut aussi, hélas ! le témoin et parfois l’auxiliaire incons­ ciente de terribles drames. Le 6 Mai Í453, Mahomet I assiégea Constan­ tinople. La principale attaque fut dirigée du côté de la terre ferme. Mahomet, ne pouvant forcer l’en­ trée de la Corne d’ Or, barrée par une chaîne qui s’ étendait de la poin­ te du Séraï au rivage de Galata, conçut le hardi projet de transpor­ ter par terre ses galères du Bospho­ re au fond de la Corne d’Or, où l’ eau n’était pas assez profonde pour que les vaisseaux grecs, plus lourds que les siens, vinssent les y combattre. Ce projet fut exécuté avec promptitude et mystère. Les galères, tirées à terre, furent pous­ sées sur de longues glissoires en planches, et les Grecs se virent avec

terreur, attaqués des deux côtés à la fois. Ils essayèrent bien de brû­ ler les galères turques, mais en vain. Le siège durait depuis quaran­ te jours. Constantin Dracasès en é- tait réduit à dépouiller les églises pour payer ses troupes. L ’assaut définitif eut lieu le 29 Mai. Les Turcs se précipitèrent avec un fa­ rouche enthousiasme; les Grecs les reçurent avec le courage du déses­ poir. La valeur des Janissaires dé­ cida de la victoire. L ’ empereur fut tué sur la brèche et les Grecs lâchè­ rent pied. Au même moment la ville était forcée du côté de la mer. Sainte-Sophie, où la population s’é­ tait réfugiée, fut bientôt envahie par les vainqueurs... Et ce fut la prise de Constantinople! De ce grand événement, datent les temps modernes.

Le récit ci-dessus, précisant un détail de la formidable victoire de Mahomet II, est vraiment ahuris­ sant. Ceux qui connaissent le Bos­ phore se demandent s’il fut humai­ nement possible d’ exécuter ce tour de force de faire franchir à de nom­ breuses et lourdes galères, les hau­ tes collines qui bordent, du côté Nord, le fameux canal et de les transporter sans être inquiété le moins du monde,jusqu’à la pointe de la Corne d’Or, sous les yeux des as­

siégés. J. S.

Page 19

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Page 20 LlLLU STRA TiO N DE TURQUIE No. 3

C A U C H E M A R

? 01

R O M A N des Temps Hamidiens

PAR

D J E L A L N O U R Y

— Mais c’est donc le règne de Dédjdjal ?

— A mon tour, permattez-moi, Majesté, de vous de­ mander ce que c’est que le Dédjdjal ?

— Le Dédjdjal, reprit avec tout son sérieux la vieille, mais toujours belle Sultane-Mère, ma chère enfant, est une créature affreuse. Il va conquérir le monde, vers sa fin. C’est le contraire de Jésus.

— L ’Antéchrist ?

— Justement. Il va traverser toutes les rues avec sa bande, sa fanfare, et celui qui osera se pencher à la fenêtre pour le voir, sentira immédiatement pousser sur son front deux cornes, oui, deux cornes, dis-je.

— Ce doit bien être celui-ci, dit Mlle Perdicaris; deman­ dons à l’astrologue de la cour de nous tirer l’horoscope de Midhat.

Enfin l’Eltchi bey m’a chargée de prier Votre Hautesse de faire de son mieux pour la réhabilitation de Mahmoud Ne- dim pacha, ce Vizir innocent, sincère, fidèle serviteur, non pas de Votre Majesté seulement et de son Auguste fils, mais aussi de la dernière esclave de Celui qui remplace aujourd’hui le Prophète par la grâce du Très haut.

— O n dirait, Mademoiselle, que vous êtes une croyante (musulmane). Bravo, bravo! chère enfant. J’userai de toute mon influence, soyez en certaine, auprès de Sa Majesté, mon fils, pour envoyer dans un vilayet lointain le nouveau Grand- Vizir, en attendant sa condamnation définitive, et faire revenir de suite Mahmoud Nedim pacha.

— Savez-vous, Majesté, que le pays de Son Excellence le général ignatieff, l’Eltchi bey, est le pays des fourrures?

— Oui! oui, je le savais ; Son Excellence ne m’a-t-elle pas à maintes reprises envoyé des cadeaux de ce genre? je lui' en suis bien reconnaissante.

— Son Excellence l’Eltchi bey s’est permis, Madame, de vous envoyer une malle contenant cinq fourrures pour Votre Majesté et un millier de petits objets, des bagues, des broches, des boucles d’oreilles pour vos esclaves.

— Merci, mille fois merci, Mademoiselle, exprimez, je vous prie, à Son Excellence ma gratitude. Dites-lui qu’Elle se tranquillise.

— Quel Séfir, ami de notre peuple! fit Bulbul.

Mlle Perdicaris s’inclina plusieurs fois devant Sa Gra­ cieuse Hautesse, prit congé d’elle et sortit avec le cérémonial propre au Harem.

Une minute plus tard, Sa Hautesse ainsi que son entou­ rage avaient, à l’exception de la toute charmante Murghi Irem, oublié et les affaires de l’Etat et le pauvre Vizir Mahmoud Nédim pacha. Elles brûlaient d’envie d’ouvrir le coffre pour voir ce qu’il contenait.

Mlle Perdicaris n’avait-elle pas dit que la malle renfer­ mait quelques fourrures et quelques petits objets? Q u’elle était gentille, Mlle Perdicaris! En réalité ce n’était pas un coffre que l’on vit au vestibule, il y avait, deux, trois, cinq malles!...

Anber agha, Canber agha, Djevher agha, Dilâver agha, quatre ennuques noirs, de haute stature, les ouvrirent enfin.

Mon Dieu! Que ne contenaient-elles pas?

Des fourrures de renard bleu, des étoffes merveilleuses brodées d’or, des dentelles magnifiques, un yatagan très bien ciselé, incrusté de pierreries (assurément pour trancher la tête

(1) Voir L ’Illustration de Turquie No. 2.

de Midhat) une pendule enrichie de diamants, des médaillons, un samovar, des vases, des bibelots, des breloques et mille au­ tres objets destinés à être distribués aux filles du Harem.

Dans l’enceinte du palais de Dolma-Baghtché la joie éclatait, débordante. Le Séfir était l’objet de toutes les con­ versations. On le portait aux nues. Quel Séfir noble, généreux, ami de la Turauie, des Turcs et du Grand-Turc! A h ! Si seu­ lement le Grand-Vizir Midhat aimait son pays autant que le Séfir!

L ’entourage de Sa Hautesse la Sultane-Mère était con­ vaincu que, tôt ou tard, le Padischah entrerait dans les vues de Son Excellence, le noble et très distingué Ambassadeur de Rus­ sie, et congédierait ce sinistre personnage de Midhat.

La Grande-Sultane, enchantée des présents offerts par le général, voulut les revoir une dernière fois.

Elle fit transporter les pelleteries dans une petite pièce dérobée de ses appartements.

Elle commença à les inspecter d’un oeil attentif, surtout les magnifiques fourrures de renard bleu si rares à Constan­ tinople.

En ouvrant l’une d’elles, elle y découvrit un pli cacheté à son adresse. Comme elle ne savait pas lire, elle pria Bulbul d’ouvrir l'enveloppe et de lui dire ce qu’elle contenait.

Bulbul Caifa ouvrit le pli avec stupéfaction. C’était une supplique en vers accompagnée de musique, de Son Altesse Mahmoud Nedim pacha, ex et futur Grand-Vizir, esclave de Sa Hautesse la Sultane-Mère, de son Auguste fils et même de la plus sale chatte de la maison de “ l’Ombre du Très Haut” .

II

Sa Hautesse, la mère du Sultan, était souffrante de­ puis deux jours, elle gardait le lit. Le Séfir, lui aussi, était souf­ frant. Il y avait certainement un rapport entre les maladies de ces deux grands personnages.

La Sultane-Mère faisait prendre plusieurs fois par jour des nouvelles de l’Eltchi bey et celui-ci, de son côté, ne man­ quait pas d’en faire autant envers la Sultane. Mlle Perdicaris faisait donc la navette entre le Palais et l’ambassade.

La Sultane appela Murghi Irem, la jolie et svelte Circas- sienne qui excellait dans l’art de masser les pieds de sa maî­ tresse.

— Dis-moi, Murghi Irem, fit la Sultane-Mère, quelques contes de ton pays tout en massant mes pieds; de cette ma­ nière peut-être parviendrai-je à dormir. Les contes de ton pays, le pays des Tcherkesses, ressemblent à ceux du mien, la Géor­ gie, ils me rappellent mon foyer natal.

Murghi Irem obéit à sa maîtresse et, selon les habitudes des harems, lui raconta l’histoire suivante :

— Majesté! Il y avait au Caucase un misérable village. Les Russes l’avaient rendu tel. Ils voulurent le faire évacuer de force poür le repeupler ensuite de cosaques. Les moyens de tortures employés par ceux-ci étaient inimaginables et la nation tcherkesse émigrait, en masse, vers un pays connu pour son hospitalité, la Turquie. La misère de ces pauvres gens était in­ descriptible. Au milieu des neiges, ces malheureux n’avaient ni un morceau de pain pour nourrir leurs enfants, ni un chiffon pour se vêtir, ni quelques drogues pour combattre la fièvre.

Ils allaient au pays des Osmanlis, au pays de la pitié, au pays des Sultans et des Khalifes. Ces Khalifes étaient, comme leur peuple, connus pour leur caractère généreux; ils avaient même accueilli non seulement des Musulmans, comme les Cir- cassiens, mais des Juifs qui, il y a déjà plusieurs siècles, avaient été torturés, persécutés par le fanatisme espagnol, et aussi des Chrétiens, les cosaques polonais, les Zaporogues, les Hongrois et les Géorgiens.

Donc, Majesté, dans ce village tcherkesse du Caucase il y avait un certain Djan Mirza, un brave vieillard, de race noble, mais réduit à la misère. Les Russes ne lui avaient laissé de ses

(9)

-No. 3 l’Il l u s t r a t i o n d e Tu r q u i e Page 21

vastes terres qu’un seul lot pour le cultiver; il fut obligé, mal­ gré son rang et ses traditions de famille, de congédier tous ses domestiques. Lui, sa femme et son fils âgé de 20 ans, travail­

laient dans le champ qui lui restait. Sa femme mit un jour au monde une fille, et mourut en couches. Djan Mirza et son fils qui ne pouvaient arriver à se suffire à eux-mêmes, n’étaient pas très rassurés à la vue de cette nouvelle charge.

En évoquant ses souvenirs, l’esclave ne pouvait retenir ses larmes et la Sultane l’examinait attentivement.

— Pendant cinq ans cependant, continua-t-elle, ils éle­ vèrent la fillette. Elle était tcherkesse de race, Djan Mirza descendant des chefs célèbres de la contrée.

Le père et le frère prirent la résolution d’aller à la ville voisine où se trouvait un noble personnage très riche, très généreux, et chevaleresque, ancienne connaissance de la famille de Djan Mirza. Cet homme fortuné n’ayant aucune postérité adopterait sans doute la fillette; s’il ne l’adoptait pas, on pour­ rait du moins la lui confier. Il aurait de la sorte une servante de plus dans son harem.

A son arrivée au konak du riche et noble Béhadir Beg, parent et naïb (lieutenant) du célèbre Schamyl, dit le Prince

des Croyants, Sultan du Caucase, qui avait su défendre son pays et la liberté, avec héroïsme contre le despotisme russe, Djan Mirza raconta à son vieil ami ses aventures, le sort de son village et de ses habitants. De son côté, Béhadir beg, les larmes aux yeux, conta à Djan Mirza ses propres misères. Il insista longuement sur l’atrocité des oppresseurs et sur la générosité et la grandeur d’âme de ceux qui avaient accueilli, au pays du Croissant, les pauvres Tcherkesses. Il donna sa parole d’honneur d’élever la fillette, comme si elle était son enfant, et il offrit à Djan Mirza, à titre de subside, une somme de cent roubles.

Béhadir beg destinait cette fille à son neveu Emir Atech, fils du héros Schamyl, un vrai chevalier, généreux, instruit et qui excellait dans les jeux de Djirid. En course, sur cheval, il parvenait à tuer les oiseaux presque sans les viser, ou bien, il ramassait sans s’arrêter des oeufs posés sur son chemin; c’était un cavalier sans rival.

Zehrâ était une fillette sympathique, aux cheveux blonds, aux yeux bleus, avec un regard fier qui faisait deviner le sang noble qui coulait dans ses veines.

Béhadir beg, riche et bienveillant, s’adonna tout entier à l’éducation de Zehrâ et elle devint sa principale préoccupa­ tion. L ’enfant fut élevée comme une princesse; elle parlait et écrivait, déjà à l ’âge de 12 ans, le turc et le français. Très mu­ sicienne, sa voix était limpide et mélodieuse.

Un jour, un certain Chédid beg, personnage noble, mais très vulgaire et gauche, demanda la main de Zehrâ. Béhadir beg opposa à cette demande un refus catégorique et lui apprit qu’il la destinait au noble Emir Atech.

Chédid, furieux dénonça à la police russe Béhadir beg, le parent de Schamyl, comme prétendant à la royauté du Caucase. Il l ’accusa de poursuivre secrètement de concert avec Emir l’oeuvre du héros. Il fit déposer à l’habitation de Béhadir, clan­ destinement, des caisses remplies de pièces subversives, des armes, et des munitions. Béhadir beg convaincu de trahison et sommairement jugé par la cour martiale fut exilé à Tobolsk, en Sibérie; sa femme mourut en route. Emir Atech parvint à fuir du Caucase et à s’embarquer à Sokhoum Kalé, pour gagner la Turquie.

Le très vindicatif Chédid beg s’adressa alors au père véritable de la petite Zehrâ, pour l’acheter. Djan Mirza lui ré­ pondit tout d'abord qu’il n’avait presqu’aucun droit sur sa fille et qu’il devait s’adresser, pour demander sa main, à Béhadir beg. Chédid beg lui raconta alors les aventures de Béhadir et tenta de l’intimider par l’entremise d’un magistrat russe qu’il soudoya auparavant, puis il offrit enfin au père accablé la jolie somme de mille roubles pour acheter Zehrâ.

Mille roubles, c’était une fortune pour un pauvre villa­ geois. A la fin, après mille insistances, Djan Mirza consentit à vendre sa fille Zehrâ et à la marier ensuite à l’illustre chef de horde.

Le magistrat russe, ainsi que Chédid beg, s’adressèrent au lieutenant de Béhadir pour réclamer la jeune fille. Chez ce dernier personne n ’était au courant de toutes ces machinations. Zehrâ commença à pleurer, ainsi que tous les membres de la famille. La jeune fille sanglotait et réclamait à grands cris sa liberté. Elle refusa de se soumettre à un prétendant qui avait les allures d’un brigand. Non, non, disait-elle, je ne le veux pas, je ne veux pas suivre cette brute.

Malgré les protestations du lieutenant de Béhadir beg, indigné, le magistrat russe, assisté de deux policiers impassi­ bles, fit enlever de force Zehrâ, malgré ses pleurs et ses sang­ lots; ils la conduisirent à une auberge misérable.

Chédid beg régla la somme promise aux magistrats et entreprit de consoler sa captive.

L ’auberge était un taudis, le rez-de-chaussée était une écurie. La jeune fille n’était pas faite pour une vie si dure.

L ’intention de Chédid beg était tout d’abord d’épouser la jeune Zehrâ, mais, à la réflexion, comme il s’aperçut qu’elle était belle, instruite et surtout très musicienne, il eut l’idée d’en faire une spéculation. (D ’ailleurs elle lui revenait à 1..500 rou­ bles o r!) A Stamboul, au pays des Sultans, on offrirait, très probablement, mille livres pour cette créature. Il prit donc la résolution d’aller à Constantinople et d’y vendre sa fiancée.

Il trompa Zehrâ en lui disant qu’il s’installerait au pays de l’Islam et que, là, il l’épouserait en grande pompe...

La jeune fille accablée de chagrin dépérissait lente-tment.

Habituée à être choyée, élevée avec confort et intelli­ gence, elle ne pouvait se faire à cette existence misérable. Privée de ses livres et de sa musique elle n’avait aucun récon­ fort et se désespérait. Ce qui la hantait surtout, c’était le cau­ chemar d’épouser Chédid beg, une brute sauvage, et de perdre pour toujours Emir Atech. Lorsqu’elle s’endormait, elle était en proie aux rêves les plus affreux; elle voyait Chédid beg opé­ rant avec les magistrats russes... Sa santé s’altérait de jour en jour.

L'émotion étranglait la voix de la Circassienne, mais Sa Hautesse l’encouragea d’un geste bienveillant à continuer.

Enfin, reprit-elle, Chédid et Zehrâ quittèrent ce lieu sinistre et se rendirent dans un port de la Mer Noire. Là, ils prirent un petit voilier qui faisait la contrebande du sel, pour gagner la ville où se trouvaient Ste-Sophie, le manteau et les Reliques du Prophète.

La traversée fut pénible! La Mer Noire — cette sinis­ tre mer — était houleuse, et la tempête grondait.

L ’horizon enténébré était illuminé de temps à autre par des éclairs. La délicate Zehrâ, minée par les privations et le chagrin, se sentait près de mourir. On arriva à Samsoun, sur la côte turque.

Zehrâ, fatiguée, bouleversée, semblait une fleur fanée. Après une halte de dix jours dans cette ville, ils se mirent en route pour Constantinople. Cette fois le voyage ne fut pas si pénible.

Us arrivèrent enfin, à l’aube, à Kavak, à l’entrée du Bosphore. Zehrâ se sentait mieux; couverte d’une épaisse houp­ pelande, frêle, pâle, elle s était placée près du gouvernail, pour contempler l’aspect magnifique du Bosphore si grandio­ se, si différent de celui des monts du Caucase!

Un bras de mer — on eut dit un fleuve — calme et si­ lencieux, aux deux rives bordées de magnifiques villas et d’an­ ciens châteaux, une nature verdoyante, de coquets bateaux sil­ lonnant cette eau unie et non point tapageuse comme la Mer Noire, de grands oiseaux planant dans l’air, de légers caïques avec des bateliers vêtus d’une mousseline transparente comme une gaze, glissant sur l’eau, tout cela enchantait la jeune captive.

Zehrâ respira et se reprit à vivre; l ’espoir entra dans son coeur, la première fois depuis sa séparation d’avec ses pa­ rents adoptifs.

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Page 22 L ’iLLUSTRATÎON DE TURQUIE No.

»

N O S S O I R E E S

JO A N C R A W F O R D CHEZELLE

Joan Crawford, qui personnifie si bien ue monde enchanteur et ma­ gique dans lequel elle vit, avait, ce jour-là, oublié les falbalas et la plupart des obligations de sa pro­ fession pour n’ être qu’elle-même.

E lle était assise, lorsque nous fû­ m es introduit en sa présence, sur un petit divan devant la fenêtre de sa minuscule loge démontable, les jambes pliées à la turque, la tête baissée, ses mains agiles maniant rapidement des aiguilles à tricoter. E lle était profondément occupée à la confection d’une couverture de bébé, destinée, expliqua-t-elle, à l’enfant de sa belle-soeur, dont l’arrivée est bientôt attendue.

Miss Crawford possède un visa­ ge extrêmement mobile et expres­ sif, des yeux immenses qui tantôt, s’ ouvrent ingénument sur la vie, tantôt lancent un regard méfiant sur un monde à redouter.On ressent, à ses côtés, une certaine émotion, causée probablement par un excès d’énergie fébrile, émotion si sou­ vent ressentie auprès de personnes réellement douées.

Autour de la petie loge gaiement tendue de crétonne et de soie, le plateau, froid et impersonnel, s’é­ tendait. Des jeunes femmes, qui se révéleraient tout à l’heure de bril­ lantes danseuses et des femmes é- blouissantes, étaient assises en groupes, moroses.

Les fauteuils en rangs pressés, figurant une salle de théâtre, é- taient recouverts de toile grise. De grandes lumières, froides et sans vie, semblaient de rigides sentinel­ les. D ’un coin d’une vaste galerie provenaient des coups de marteau et le bruit assourdi d’une conver­ sation.

Le metteur en scène appela miss Crawford pou r une prise de vue. Immédiatement elle se leva, s’en­ tourant d’une simple robe de cham­ bre noire, et se rendit sur le pla­ teau. De son allure souple et élé­ gante, la tête et les épaules légèrement inclinées, elle se hâta entre un entassement d’objets hé­ téroclites, dépassa les groupes é- pars des danseuse, se dirigeant di­ rectement vers une table de maquil­ lage vivement éclairée.

Son visage fut rapidement et ex- pertement recouvert de gras et de

poudre. Il n’y avait pas de laquais empressé autour d’ elle, simplement une femme de chambre nègre, aux gestes lents et mesurés. Un signal, probablement familier, mit un pho­ nographe en marche et les notes de

VAppassionata de Bach s’égrenè­

rent, grandirent, emplissant gra­ duellement toute la salle. Joan é- couta, immobile un instant, puis quitta sa table de maquillage.

Elle avait rejeté sa robe noire. En culottes de danse et blouse de coupe sévère, la jeune actrice se mit à danser, murmura quelques phra­ ses, fixant son humeur, une lueur sombre et érange dans ses yeux. Les talons de ses petits souliers de danse marquaient la mesure, et ses longues jambes fines et souples, dansaient en cadence. La musique s’élevait toujours, montrant en un magnifique crescendo.

A ce moment, une sonnette élec­ trique se fit entendre, annonçant que tout était prêt pour filmer la scène. Une seule lampe à arc s’allu­ ma, au-dessus de la vedette, répan­ dant une vive lumière qui, sur l’or­ dre du metteur en scène, fut trans­ formée en un rayon bleuâtre.

“ Prête , miss Crawford ? ” de­ manda la voix de Robert Z. L éo­ nard, tandis que le disque, sur le phonographe, lançait ses dernières,

notes.

La répétition était finie: toute tension abandonna la vedette. Len­ tement, gracieusement, elle pasa la porte, entra dans l’éclat aveu­ glant de la lumière. La peau blan­ che de son corps svelte se silhouet­ ta un instant sur le vêtement som­ bre de Clark Gable.

Sa voix s’éleva: “ Oui, j ’ai con­ nu l’anxiété des jours sans travail, la fatique des recherches infruc­ tueuses... Je sais ce que c’est...”

Elle se tenait là, calme; mais la voix chargée d’émotion contenue, on était aussitôt convaincu qu’il en était bien ainsi. On était assuré qu’elle n’a, en effet, atteint sa célé­ brité actuelle que par de nombreux sacrifices et un constant désir de réussir et non pas par pure chance.

“LA SYMPHONIE INACHEVÉE,,

Une firme viennoise vient de réa­ liser un joli film, la Symphonie ina­

chevée, inspiré du sentiment ten­ dre que Schubert éprouva pour son élève Caroline Esterhazy et dont

le leitmotiv est emprunté à la sym­ phonie en si mineur, la plus belle de celles que Schubert composa.

C’est une oeuvre très romanti­ que. Il le fallait ainsi pour retracer un épisode de la vie d’un musicien qui le fut essentiellement; chez lui le sentiment de la nature était par­ ticulièrement affiné et il en résulte une diversité pittoresque dans les descriptions musicales de ses lieds, et par-dessus tout la profondeur de l’émotion et le pouvoir d’expri­ mer une extrême sensibilité.

Tous ces traits du génie de Schu­ bert, le film s’est efforcé de les ren­ dre par une intrigue bien adaptée et de très beaux tableaux de la cam­ pagne hongroise: c’est l’immense “ puszta ” et ses troupeaux, un vil­ lage et son église, un champ de blé dont les épis se dressent vers le ciel; Schubert poursuivant la blon­ de comtesse Esterhazy qui court d’un mouvement rythmé au milieu de la mouvante moisson ondulant au vent est une vision d’une déli­ catesse frémissante.

L ’âme très haute et très pure de Schubert était empreinte de mysti­ cisme, les réalisateurs l’ont trans­ crit avec goût dans l’image de la fin. Schubert, errant dans la plaine marécageuse couverte de hauts ro­ seaux, voit se dresser, élevée sur des pilotis, une niche en bois qui abrite une statuette de la Vierge. Cette image évoque en lui l’A ve

Maria qu’il a composé, puis l’égli­

se où vient de se célébrer avec un autre le mariage de celle qu’il aime “ d’un amour sans fin ” . Les clo­ ches sonnent, la musique emplit les voûtes, les cierges brûlent, tout cela apparaît en surimpression puis se dissipe et Schubert, debout , les mains vides, mais l’âme enrichie, regarde la sainte image qui se pro­ fite sur le ciel.

❖ ❖ ❖

Personne ne manquera d’aller voir cette semaine au Ciné “ îpe'k ”

L UX UR Y LÎNES

c ’est un film Paramount, produc­ tion A. B. P . Schulberg avec

Georges Brent Zita Johann Vivienne Osborne A lice W hite et Verree

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Teosolale.-No. ï l’Il l u s t r a t i o n d e Tu r q u i e Page 13

BROUSSE — Vue générale de la ville. Dans le centre on aperçoit la Mosquée de Oulou Photo: Sebah Joailier

L<@ Y©unroS!m<s <sifi Tysrqjyin®

Dans notre numéro précédent, nous avons dit que l’Asie Mineure, et particulièrement la région de l’ancienne Ionie, actuellement province de Smyrne, offrait des sites merveilleux où la nature et les évolu­ tions historiques ont semé à profusion tout ce dont l’homme a besoin pour se recréer la vue et méditer sur le passé.Nous avions également insisté sur le carac tère doublement sportif et instructif du tourisme. L ’Asie Mineure donne aux fervents du tourisme, avec la même abondance, et ses beautés naturelles et ses trésors esthétiques. Tour à tour occupée par les peuples les plus anciens du monds, les uns venus de cet immense réservoir qu’est l’Asie Centrale et dont les migrations sont célèbres dans l’Histoire, d’autres, plus récents, comme les Grecs et les Romains, pous­

sés par la force irrésistible d’expansion, venus des contrées avoisinantes, y ont laissé des vestiges illus­ tres de leur domination. Ce sont ces périodes palpi­ tantes de l’Histoire que le touriste verra se dérouler sous ses yeux, il lira à livre ouvert des événements dont certainement il garde le souvenir du temps où il était encore écolier sur les bancs de l’école. Il palpe­ ra de sa main ses restes merveilleux d’un art où les races anciennes ont laissé leur empreinte, et qui est la manifestation profonde de leur intellect et de leur tendance.

Nous avons vu Ephèse, avec son temple de. Diane , mis au nombre des sept merveilles du monde et brûlé par Erostrate, cet ephésien obscur qui vou­ lant, à l’exemple des conquérants, se rendre immortel par une destruction mémorable, incendia ce temple magnifique. C’est aujourd’hui un amas considérable de ruines.

Pergame, fondée en 282 par Philétère et qui passa aux Romains en 133 (av. J.-C.). Sa biblothè- que, fondée par Eurnène II, allié des Romains, fut célèbre. C’est cette ville qui donne son nom au par­ chemin (en lat. pergamen.)

Troie, l’ancienne îlion, dont les exploits ont été immortalisés par Homère, ses ruines, retrouvées par Schliemann, sont aux environs de la localité ac­ tuelle d’Hissarlik. On y trouve un tableau complet de l’antique civilisation grecque.

Nicée, célèbre par les conciles oecuméniques qui s’y tinrent, l’un en 325, qui condamna l’arianisme, 1 autre en 787, contre les iconoclastes, briseurs d’ima­ ges, qui en voulaient aux images des saints et ten­ daient à détruire le culte qu’on leur rendait. Au­ jourd’hui Iznik.

Nous parlerons dans cet article de Magnésie- du-Méandre, de Milet, de Priène et dHiérapolis.

Magnésie-du-Méandre, était une ville de Lydie, près du Méandre (en turc Menderes,) dont la sinuosi­ té célèbre dans l’Histoire,a fait nommer méandres tous les contours des rivières. Colonie théssalienne, Thé- mistocle, exilé, y mourut.

Les ruines sent situées à 64 milles de Smyrne, entre les stations de Réchadié et de Morali. Elles s’étendent sur un espace assez vaste. D ’importantes missions archéologiques ont mis à nue des inscrip­ tions qui figurent au Musée du Louvre et de belles sculptures représentant des combats, trouvées dans les restes d’un temple consacré à Diane.

Milet, fut une cité maritime renommée, bâtie sur un promontoire tout en face de Priène. Cette ville était le centre d’un commerce très actif sur la mer

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Pajie 14 L'ILLUSTRATION DE TURQUIE No. 4

BROUSSE : Route de Moudania.

Sur cette route qui conduit au port de Brousse (Moudania) on peut voir, partiellement caché dans les arbres, l’établissement des Bains

Ph'-to: Sebah Joailier

Egée. Patrie de Thalès, philosophe grec de l’ école ionienne, connue par sa Cosmologie où l’eau jouait le principal rôle ; d’Anaximandre, auteur d’un théorie sur l’infini ; d’Anaximène, qui voyait d’ans l’air le principe du monde ; d’Hécatée, d’Eschine, d’ Aristide,

auteur des Milésiaques, contes licencieux, et d’une pléiades d’autres philosophes et écrivains au milieu desquels brillait Aspasie, célèbre par sa beauté et son esprit. Femme de Périclès, le célèbre athénien, sa maison fréquentée par les plus illustres écrivains de l ’époque, particulièrement par Socrate. Véritable E- gérie, elle avait exercé une influence prépondante sur les esprits de son époque. Cette ville florissante pos­ sédait quatre ports et une enfilade de quais bordés de beaux édifices. Parmi les ruines, le vaste théâtre bien conservé, témoigne de tout l’art dont les architectes et ouviers grecs étaient capables. On y voit encore les cinquante-quatre rangs de sièges qui sont intacts. Les ruines de l’Agora, du Nympheum datant de Titus, d ’un autel d ’Artémis orné de superbes bas-reliefs et entouré de portiques sont remarquables. Les derniè­ res feuilles pratiquées, ont permis de mettre à jour le

Stadium, un sanctuaire dédié à Apollon et un temple de la déesse Athènê.

Priène, patrie du philosophe Bias, un des sept sages de la Grèce que l’on désigne souvent sous le --- nom de sage de Priène, est une ancienne ville d’Ionie dont les maisons s’étageaient en terrasses sur un pla­ teau rocheux situé sur la rive droite du Méandre, sur­ plombant la rivière. Priène fut d’abord fouillée par les Anglais auxquels succédèrent, en 1895, les A lle­ mands qui dégagèrent complètement ses ruines. Les travaux qui durèrent trois ans, mirent à jour les rues, les édifices publics, le temple d’Athéné, et un grand nombre d’ autres vestiges de cette ville au passé bril­ lant. L ’Histoire rapporte que les généraux de Cyrus

ayant assiégé la ville, tous les habitants s’enfuirent emportant ce qu’ils avaient de plus précieux. Comme on s’étonnait de l’insouciance de Bias, qui ne faisait aucun préparatif de départ, le philosophe répondit : “ Te porte tout avec m oi” , donnant ainsi à entendre qu’il regardait comme ses biens les plus précieux sa sagessse et le trésor de sa pensée.

Hiérapolis, centre ionien important, pos­ sède aussi de beaux monuments assez bien conservés, notamment l’ample théâtre, les Thermes, dont la

cons-ruction, avec voûtes et arcades, est admirée par sa olidité. Les sources qui alimentent les Thermes ont ne température de 80 degrés. Les eaux sont claires et agréables à boire. La nature calcaire du terrain y a lonné lieu à des incrustations célèbres sous le nom le cascades pétrifiées. A l’endroit dit “ Pamouk-Kalé’ on admire les parois de la roche au ruissellement ri­ gide, ainsi que les satalactites en forme de tuyaux d’orgue.

Dans toutes ces cités abondent les oeuvres d’art. Les Grecs avaient déterminé avec une rigoureu­ se exactitude les rapports de grandeur et d’harmo­ nie. Ils ont fait une étude approfondie des proportions du corps humain. Dans les constructions grecques les olus petits détails étaient si bien subordonnés à l’ef­ fet de l’ensemble que d’après l’inspection d’une sim­ ple colonne, un habile architecte peut reconstruire tout l’édifice, comme de nos jours on reconstruit un squelette à l’aide d’un simple fragment. Les fonde­ ments, les piédestaux des colonnes, ainsi que les cha­ piteaux, les entablements, les architraves, etc., étaient posés avec un sens parfait des nécessités techniques, et les règles de perspective étaient respectées. Les Grecs ne se livraient pas aux inspirations du goût sans avoir préalablement consulté la physique et la géo­ métrie. D’où les merveilles qu’ils ont créées et qu’on peut si facilement admirer dans toutes les localités que nous venons d’énumérer.

Sur

le Mont Oulu-Dagh.

à 2400 mètres d’Altitude.

Le Hakimieti-Millié rend ainsi compte d’une excursion qui eut l’ Oulou-Dagh, à l’occasion du Baïram :

Brousse 22 (H .M .) — L ’hôtel Oulou-Dagh a pris pour la première foisàl’occasion du Baïram, figure de rendez-vous sportif. Plus de 90 skieurs venus de Stamboul et de Brousse ont transformé l’hôtel en un véritable établissement d’alpinisme. Dans les sa­

lons, les skis ont remplacé les riches fourrures et les manteaux élégants. Tout aux alentours, pas un en­ droit où le ski n’ait tracé son sillon.

Il y eut cette fois-ci, à l’occasion du Baïram, un changement d’itinéraire parmi tous ceux que cette fête répand, d’ordinaire, dans toutes les directions, les uns profitant de ce répit pour aller chez leurs pa­ rents, les autres cherchant des distractions dans des excursions voisines ou chez des amis. La jeunesse a subi l’attirance de la montagne, et tandis que les ci­ tadins, habillés de neuf, se répandaient dans les rues, les amateurs de sport ont revêtu le costume de mon­

Referanslar

Benzer Belgeler

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