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La Turquerie Chez Alphonse de Lamartine

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Academic year: 2021

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T.C

SELÇUK ÜNİVERSİTESİ

SOSYAL BİLİMLER ENSTİTÜSÜ

FRANSIZ DİLİ VE EDEBİYATI ANABİLİM DALI

FRANSIZ DİLİ VE EDEBİYATI BİLİM DALI

LA TURQUERIE CHEZ ALPHONSE DE LAMARTINE

DEMET ŞAHİN

YÜKSEK LİSANS TEZİ

Danışman

Prof. Dr. Galip BALDIRAN

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REMERCIEMENTS

A l'issue de la rédaction de cette recherche intitulée La Turquerie Chez

Alphonse de Lamartine, je suis convaincue que la thèse est loin d'être un travail

solitaire. Car cřest grâce à lřaide de nombreuses personnes que jřai pu mener cette thèse à son terme.

En premier lieu, je tiens à remercier grandement mon directeur de thèse Monsieur Prof. Dr. Galip BALDIRAN avec qui jřai eu la chance de pouvoir travailler, pour la confiance qu'il m'a accordée, pour ses multiples conseils et pour toutes les heures qu'il a consacrées à diriger cette recherche. Je n'aurais jamais pu réaliser ce travail sans le soutien de mon directeur.

Mes remerciements vont surtout à Monsieur Honoré BANIDJE qui mřa aidée pendant lřachèvement de ma thèse en lisant méticuleusement mon travail.

Je remercie également tous les membres du jury d'avoir accepté dřassister à la présentation de ce travail.

Enfin, je remercie mon cher époux, Monsieur Mustafa ŞAHİN, pour son soutien indéfectible, sa patience indéfinissable et son encouragement durant mes travaux. Mes derniers remerciements vont à ma famille surtout ma mère, Madame Halime CÖMERT pour son encouragement et son support moral qui m'ont permis de faire ce mémoire dans de bonnes conditions. Sa présence et ses encouragements sont pour moi les piliers fondateurs de ce que je fais.

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T. C.

SELÇUK ÜNİVERSİTESİ Sosyal Bilimler Enstitüsü Müdürlüğü

ÖZET

Doğu, yüzyıllar boyunca Batılı için hep bir merak ve araştırma unsuru olmuştur. Doğuyu ziyaret eden seyyahlar, gözlemlerini ve edindikleri bilgileri not alarak seyahatnamelerle okuyucuya ulaştırmışlardır. Bu çalışmalarda, Doğu genellikle Türkiye ile özdeşleştirilmiştir. Türklerin yaşam biçimi, sosyal hayatları, dinleri, gelenekleri, kadınları, bazı Türk şehirleri ve hatta sokakları bile Avrupalı seyyahlar tarafından en ince ayrıntısına kadar incelenmiştir. Kimileri Doğuřya önyargı ile yaklaşıp, aşağılarken; kimileri de bu büyülü dünyaya hayran kalıp, övgüler yağdırmışlardır. Önemli seyyahlardan birisi olan Alphonse de Lamartine eserlerinde, diğer Avrupalı yazarların aksine Türkiye ve Türkler hakkında her zaman gerçeklere dayanan ve önyargılardan uzak bilgilere yer vermiştir. Lamartine, onurlu ve yüce bir toplum olarak tasvir ettiği Türk toplumunun eksikliklerini de görmüş ve bunları objektif ve tarafsız olarak anlatmıştır. Eksikliklerine rağmen Türklere sempati duyan ilk Fransız yazarlardan biri olmuştur. Lamartineřin ŖDoğuya

Seyahat, Doğuya Yeniden Seyahat ve Türkiye Tarihi” isimli eserleri batılıların Doğu

hakkında özellikle de Türkler hakkındaki önyargılarının değişmesinde etkili olmuştur.

Anahtar Kelimeler: Lamartine, Doğu, İstanbul, Doğuya Seyahat.

Öğ

renci

ni

n

Adı Soyadı Demet ŞAHİN

Numarası 124207001002

Ana Bilim / Bilim Dalı Fransız Dili ve Edebiyatı / Fransız Dili ve Edebiyatı Programı Tezli Yüksek Lisans Doktora

Tez Danışmanı Prof. Dr. Galip BALDIRAN

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T. C.

SELÇUK ÜNİVERSİTESİ Sosyal Bilimler Enstitüsü Müdürlüğü

SUMMARY

The Orient has always been a source of curiosity and research for the Occidental for centuries. Travelers visiting the Orient have taken notes of the observations and the information they obtained, and they presented them to readers through travel books. In these studies, the Orient has often been identified with Turkey. Turkish way of life, social life, religion, tradition, women, some Turkish cities and even the streets were studied by European travellers down to the last detail. While some people approached Oriental people with prejudice and humiliated them; others admired and praised this magical world. One of the most important travellers, Alphonse de Lamartine has always touched on information based on the truth and without prejudice on Turkey and the Turks in his works. Lamartine also saw the defects of Turkish society, which he described as a dignified and supreme society, and told them objectively and impartially. Despite their shortcomings, he became one of the first French writers who felt sympathy for the Turks. The works of Lamartine entitled ŖVoyage en Orient, Nouveau Voyage en Orient, and Histoire de la Turquie” have had a great role as regards the transformation of the prejudices of the Occident on the Orient and more particularly on the Turks.

Keywords: Lamartine, Orient, Istanbul, Voyage to the Orient.

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Adı Soyadı Demet ŞAHİN

Numarası 124207001002

Ana Bilim / Bilim Dalı Fransız Dili ve Edebiyatı / Fransız Dili ve Edebiyatı Programı Tezli Yüksek Lisans Doktora

Tez Danışmanı Prof. Dr. Galip BALDIRAN

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T. C.

SELÇUK ÜNİVERSİTESİ Sosyal Bilimler Enstitüsü Müdürlüğü

RESUME

L'Orient a toujours été un élément de curiosité et de recherche pour l'Occident pendant des siècles. Les voyageurs qui ont visité lřOrient ont apporté aux lecteurs à travers des récits de voyage leurs observations et les informations qu'ils ont obtenues en prenant des notes au cours de leurs voyages. Dans ces récits, lřOrient s'est généralement identifié à la Turquie. Le mode de vie, la vie sociale, les religions, les traditions, les femmes, certaines villes turques et même les rues des Turcs ont été étudiés par les voyageurs européens dans les moindres détails. Lorsque certains écrivains ont insulté lřOrient en lřapprochant avec préjugés ; certains parmi eux ont admiré ce monde magique et en ont fait l'éloge. L'un des plus importants voyageurs, Alphonse de Lamartine a toujours touché aux informations basées sur la vérité et sans préjugés sur la Turquie et les Turcs dans ses œuvres. Lamartine a également vu les défauts de la société turque, qu'il a décrite comme une société digne et suprême, et les a racontés objectivement et avec impartialité. Malgré ses défauts, il était l'un des premiers écrivains français qui a ressenti de la sympathie pour les Turcs. Les œuvres de Lamartine intitulées ŖVoyage en Orient, Nouveau Voyage en Orient et

Histoire de la Turquie” ont eu un grand rôle en ce qui concerne la transformation des

préjuges des Occidentaux sur lřOrient et plus particulièrement sur les Turcs. Mots-clés : Lamartine, Orient, Istanbul, Voyage en Orient.

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Adı Soyadı Demet ŞAHİN

Numarası 124207001002

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Tez Danışmanı Prof. Dr. Galip BALDIRAN

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TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS..………...i ÖZET………...ii ABSTRACT………..………iii RESUME………...iv INTRODUCTION ... 1 1. ALPHONSE DE LAMARTINE ... 5 1.1 LA VIE DE LAMARTINE ... 5

1.2 LA VIE POLITIQUE DE LAMARTINE ... 8

1.3 LES DERNIERES ANNEES DE LAMARTINE ... 11

2. L’IMPORTANCE DE LA TURQUERIE EN FRANCE ... 15

2.1 NAISSANCE DřUN NOUVEAU COURANT : LA TURQUERIE ... 15

2.2 LA SIGNIFICATION DřORIENT DřAPRES DIFFERENTS ECRIVAINS OCCIDENTAUX ... 21

2.2.1 Gustave Flaubert ... 26

2.2.2 Gérard de Nerval ... 27

2.2.3 Antoine Galland ... 30

2.2.4 Théophile Gautier ... 32

3. LES EFFETS DE LA TURQUERIE DANS LES ŒUVRES DE LAMARTINE ... 35

3.1 LE DESIR DE VOYAGE EN ORIENT ... 35

3.1.1 Premier Voyage (1832) ... 38

3.1.2 Deuxième Voyage (1850) ... 41

3.2 HISTOIRE DE LA TURQUIE : LES RELATIONS ENTRE LAMARTINE ET LE SULTAN ABDULMECID ... 44

3.2.1 Le Projet sur la Terre de Burgaz-Ova à Izmir ... 44

3.2.2 Les Pensées de Lamartine sur le Sultan Abdulmecid ... 50

3.3 VOYAGE EN ORIENT : DESCRIPTION DřISTANBUL ... 55

3.3.1 La Vue dřIstanbul et le Bosphore ... 55

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3.3.3 Sainte-Sophie ... 67

3.4 NOUVEAU VOYAGE EN ORIENT : LA VIE SOCIALE, RELIGION ET LES CULTES CHEZ LE PEUPLE TURC ... 69

3.4.1 Les Femmes Turques et Harems ... 69

3.4.2 Les Cafés et Bazars ... 79

3.4.3 Les Hammams ... 83

3.4.4 La Religion Islamique ... 86

3.4.5 Le Mois de Ramadan ... 91

CONCLUSION ... 94

BIBLIOGRAPHIE ... 99

Les Ouvrages dřAlphonse de Lamartine ... 99

Les Ouvrages Concernant Alphonse de Lamartine ... 100

Les Autres Ouvrages ... 101

Les Articles ... 104

Les Thèses et Sources Electroniques ... 106

INDEX DES AUTEURS ... 108

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INTRODUCTION

Depuis des siècles, lřOrient a exercé une forte attraction sur les Occidentaux. Les tendances religieuses, commerciales ou culturelles ont conduit lřEurope à se tourner vers lřOrient. Par cette curiosité pour lřOrient, un désir de voyager sřest répandu en Europe. Lors des croisades (1096-1272), lřOccident a eu lřoccasion de connaitre de près lřOrient pour la première fois. Les occidentaux ont été beaucoup impressionnés face à la richesse de lřOrient. Ils ont commencé à distinguer les différences et ressemblances entre lřOrient et lřOccident et un nouveau courant nommé ŖTurquerieŗ apparait en Europe de cette tendance. La Turquerie sřest fondée dans lřOrientalisme. La Turquerie ou autrement dit le thème turc qui jouait un grand rôle dans la littérature occidentale, se rapportait à toute œuvre d'art résultant de la mode orientaliste surtout en France.

Vers le dix-huitième siècle, les récits de voyage, nouveaux genres littéraires, sont apparus dans la littérature exotique par lřaugmentation des voyages en Orient. Rédiger des récits de voyage sur lřOrient chez les écrivains occidentaux a été très populaire à cette époque. Parce que le sujet dřOrient a fasciné les lecteurs occidentaux depuis des siècles. Cependant, les écrivains nřont pas toujours raconté des évènements réels dans les récits de voyages. Ils rapportaient ce quřils avaient lu dans dřautres sources, ce quřils avaient entendu dřautres étrangers et ce quřils construisaient dans leurs propres imaginations.

Dans leurs œuvres de voyage, les Occidentaux soulignaient la faiblesse de lřOrient. Malgré son défaut, lřOrient qui avait plusieurs qualités cachées à être découvertes attirait la curiosité des Occidentaux. Afin de découvrir ce monde, plusieurs occidentaux se sont mis en route pour lřOrient au dix-huitième siècle. Certains écrivains, comme Lamartine, Gautier et Nerval ont écrit leurs impressions selon les vraies informations en observant de près la vie orientale. Ils ont décrit en détail ce quřils avaient observé pendant leur séjour en Orient. Les personnes, les lieux, les évènements, les coutumes et les paysages, ont été examinés et enregistrés en détail par les voyageurs européens. Dřautres, comme Flaubert et Chateaubriand, ont décrit la vie orientale sans y aller, dřaprès ce quřils ont entendu et par leur

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imagination. Mais tous ces écrivains ont donné des renseignements sur les mœurs et coutumes des Orientaux, leurs croyances religieuses, leur gouvernement, leurs superstitions et leurs femmes.

Alphonse de Lamartine, voyageur très renommé et écrivain principal de notre étude, avait une place importante dans la littérature orientaliste. Depuis son enfance il avait le désir de voyages lointains. Il a voyagé en Turquie deux fois, le premier voyage en 1832 et le deuxième en 1850. Avant son deuxième voyage, il a fait des entrevues avec le Sultan Abdulmecid par lřintermédiaire des lettres. Le Sultan Abdulmecid lui a donné une ferme à Izmir sous certaines conditions. Dans sa deuxième venue, il sřest installé à sa ferme. Pendant son séjour en Turquie, il a eu l'occasion dřobserver des coutumes, des traditions, de certaines grandes villes de la Turquie, des sérails, des bains, des organisations administrative et militaire. À partir de ses notes écrites en Orient, il a publié ses œuvres Voyage en Orient (1835),

Nouveau Voyage en Orient (1850) et Histoire de la Turquie (1853-1854). Parce quřil

a observé de près de lřEmpire Ottoman, il sřest rapproché des vérités. L'écrivain a étudié et a observé avec attention le peuple turc dans ses œuvres. Ces voyages réalisés en Orient par Lamartine avaient aussi une influence importante sur sa vie personnelle ainsi que sur sa carrière littéraire.

Dans cette étude intitulée La Turquerie Chez Alphonse de Lamartine, nous essayerons dřexaminer principalement les thèmes orientaux dans les récits du voyage de Lamartine. Nous tenterons dřanalyser lřimportance de lřOrient chez Lamartine. Dans notre étude, nous limitons les sujets orientaux à lřimage de la Turquie. Parce que le mot Řorientř commençait à sřemployer avec lřadjectif Řturcř dans cette époque. Tout dřabord, nous allons représenter brièvement la vie de Lamartine. A la suite, nous allons étudier la place de la Turquerie en Europe en référant aux écrivains qui en font un sujet de prédilection et principalement les thèmes orientaux dans les récits du voyage de Lamartine. Nous allons aussi nous appuyer sur de nombreuses études qui ont été faites sur le voyage en Orient par dřautres écrivains-voyageurs occidentaux. Dans les autres parties de notre travail, nous allons étudier en détail le thème de l'Orient, notamment les caractéristiques du peuple turc à travers les récits

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de quelques écrivains français. Ensuite, nous allons traiter les détails de lřentrevue entre Lamartine et le Sultan Abdulmecid et de sa propriété à Izmir. Finalement, nous analyserons la description dřIstanbul et la vie sociale, la religion et les cultes chez le peuple turc dans les œuvres que Lamartine et dřautres voyageurs ont rédigées.

Dans la première partie de notre étude, nous essayerons de traiter la vie de Lamartine. Nous analyserons lřinfluence de sa vie politique et de son mode de vie sur son désir de voyage en Orient.

Dans la deuxième partie de notre étude, nous étudierons lřimportance de la Turquerie en France. Parallèlement, sous un autre sous- titre, nous allons définir la notion de Turquerie. En comparant les divers écrivains occidentaux et en donnant place à leurs descriptions sur lřOrient, nous aurons enrichi notre étude.

Enfin, dans la dernière partie de notre étude, nous analyserons les effets de la turquerie dans les œuvres de Lamartine. Dans le premier sous-titre, nous allons parler de son désir de voyage en Orient. Sous un autre sous- titre, nous analyserons lřune des plus importantes œuvres de Lamartine sur lřOrient : Histoire de la Turquie. Parallèlement à ce livre, nous allons indiquer les voyages de Lamartine, ses relations avec le Sultan Abdulmecid, son projet de sřexpatrier et ses pensées sur le Sultan Abdulmecid. Dans le deuxième sous-titre, nous analyserons un autre livre de Lamartine : Voyage en Orient. C'est un récit de voyage composé de notes prises au jour le jour par le voyageur au cours de ses pérégrinations et de ses déplacements. L'importance de ce livre a été doublée tant au point vu des services qu'il a rendus en faisant connaitre la Turquie et les Turcs de cette époque au monde occidental, que pour avoir été une étape capitale dans la vie du poète. Nous allons voir dans ce chapitre les descriptions magnifiques dřIstanbul, du Bosphore et de certains quartiers dřIstanbul préférés et habités par les Européens. Nous allons aussi prendre des références de nombreuses études qui ont été faites par les écrivains européens, comme Nerval, Gautier, Loti, sur le voyage en Orient. Dans le dernier sous-titre, nous analyserons la vie sociale, religieuse et culturelle chez le peuple turc en référant au livre de Lamartine : Nouveau Voyage en Orient. Nous allons faire des descriptions

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plus détaillées sur les femmes turques, les harems, les hammams, les bazars, la religion islamique et le mois de Ramadan.

Par conséquent, nous aurons fait une étude détaillée de la turquerie selon le regard orientaliste de Lamartine, en examinant ces trois parties principales de notre étude. Celle-ci sera nourrie également dřautres ouvrages théoriques et critiques portant sur le récit de voyage. Ces ouvrages, les études faites par les autres voyageurs écrivains et les articles nous aideront à compléter notre étude.

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1. ALPHONSE DE LAMARTINE 1.1 LA VIE DE LAMARTINE

Le 21 Octobre 1790, un an après la Révolution française qui a ouvert en Europe l'ère des sociétés nouvelles, Alphonse de Lamartine est né à Mâcon, dans l'ancienne province de Bourgogne (Lamartine, 1909 : 5). Lorsque la Révolution a éclaté, le père d'Alphonse de Lamartine, Pierre de Lamartine, était capitaine dans un régiment de cavalerie sous le règne de Louis XVI. Pierre de Lamartine sřest marié avec mademoiselle Alix des Roys, fille d'un intendant-général des finances du duc d'Orléans. Il est rappelé près de Louis XVI qui était en danger, il a combattu les Suisses, et n'a échappé à la mort que par miracle. Quelques mois après son retour à Mâcon, toute la famille Lamartine était arrêtée. Seul, le père du poète a été détenu à Mâcon, et sa mère a été libérée. Le chevalier de Lamartine est allé dans le petit village de Milly afin de vivre avec sa femme et son enfant (Dutil, 1863 : 5). La famille de Lamartine étant frappée par la Révolution s'était retirée dans cette terre de Milly. Cřest pourquoi Lamartine a passé son enfance à la campagne. Dans ses premières années, il était libre et heureux ; il avait une enfance paisible à Milly, où rien ne gênait son développement. Sa mère lui apprenait à lire la Bible de Royaumont (Robin, 1848 : 6). Voici ce quřil en dit : ŖMon éducation était tout dans les yeux plus ou moins sereins et dans le sourire plus ou moins ouvert de ma mèreŗ (Dutil, 1863 : 5).

Lamartine a grandi parmi les enfants du village, se mêlant à leurs jeux, conduisant avec eux les troupeaux sur les hauteurs qui ont dominé Milly. Sa mère avait une âme pieuse, tendre, supérieure. Après une enfance épanouie dans les sentiments de la famille et de la religion, à l'âge de onze ans, il a dû quitter la maison paternelle et aborder la vie de collège. Depuis tout petit, il désirait entrer dans l'armée. Mais ses parents ne lui avaient pas permis dřentrer à lřécole militaire de Bonaparte (Lamartine, 1892 : 5). Les parents de Lamartine parlaient de le mettre au collège. Mais ils ne pouvaient se décider à rien, parce qu'il n'existait encore aucune institution publique d'éducation, excepté quelques établissements particuliers à Paris ou à Lyon, et un collège de Jésuites appelé les Pères de la Foi dans la petite ville de

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Belley en Bugey. Sa mère désirait vivement que son fils ait pu entrer dans ce collège religieux et prestigieux. Par l'influence de son oncle, chef de la famille, et malgré les désirs de sa mère qui aurait préféré pour lui l'éducation ecclésiastique, il a été placé dans un pensionnat laïc de Lyon. Le départ de Lamartine de Milly était si triste que cřétait le premier dépérissement de son âme. Il était triste de se séparer de leurs bons domestiques et surtout de Milly. Enfin, le jeune Lamartine nřa laissé cette vie domestique que pour aller au collège des Pères de la Foi ; il était moins heureux qu'à Milly, cependant, il y a trouvé du charme, des amis, des guides tolérants auxquels il a dit en les quittant : ŖAimables sectateurs d'une aimable sagesse, Bientôt je ne vous verrai plusŗ (Robin, 1848 : 7). En 1801, il est entré au collège des Pères de la Foi. Ses études étaient sérieuses et complètes, il remportait toutes les récompenses. Puis, il a voyagé et a séjourné longtemps en Italie, en Suisse et en Allemagne au sortir du collège (Molinari, 1843 : 6).

Vers la fin de l'été 1809, Lamartine a quitté le collège à Belley. Il a recommencé la vie champêtre de son enfance avec joie, et il a commencé à lire des lectures qui étaient impossibles de lire à Belley. Il a lu, non pas les anciens auteurs qui lui rappelaient lřécole ; mais les poètes modernes qui pensent, qui sentent, qui aiment, qui chantent comme lui : Le Tasse, Dante, Pétrarque, Shakespeare, Milton, Chateaubriand, et Ossian (Dutil, 1863 : 6). Il a vécu quelque temps à Lyon. De là il sřest rendu en Italie et il est venu pour la première fois à Paris où il sřest laissé aller à l'entraînement des amitiés de la jeunesse en 1812 (Robin, 1848 : 8). Il a terminé ses études dans quelques années. Ses courses lřont conduit dans presque toute l'Europe. Il a visité les principales capitales et il s'est instruit au contact des différentes civilisations du midi et du nord, de l'Italie et de l'Allemagne.

Après une enfance remplie de joies et de bonheurs dans la campagne, Lamartine nřétait plus un jeune homme. En 1814, il est entré dans lřinstitution militaire du roi Louis XVIII, comme tous les jeunes gens de son âge dont les familles étaient attachées à l'ancienne monarchie. Il a fait partie des corps de cette garde qui était contre Bonaparte :

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ŖEn 1814, j'étais entré dans la maison militaire du roi Louis XVIII, comme tous les jeunes gens de mon âge dont les familles étaient attachées, par souvenir, à l'ancienne monarchie. Je faisais partie des corps de cette garde qui devait marcher contre Bonaparte, à Nevers, puis à Fontainebleau, puis enfin défendre Paris avec la garde nationale et les jeunes gens des écoles, enrôlés spontanément, et par le seul enthousiasme de la liberté contre l'invasion des soldats de l'île d'Elbeŗ (Lamartine, 1853 :41-44).

Mais son désir de défendre Paris nřa pas pris longtemps. Quelques années plus tard il a donné sa démission et sřest remis à voyager. En 1815, il est revenu en Italie ; il a commencé à écrire ce quřil a vécu pendant son voyage. Beaucoup de souvenirs ainsi quřun certain nombre de vers des ŖMéditationsŗ dont le poète a fait usage plus tard dataient de ce voyage (Robin, 1848 : 8).

Dans sa jeunesse, il a vécu une relation amoureuse avec une femme mariée qui sřappelait Julie ; cet amour a été marqué par la mort tragique de Julie. Puis il sřest inspiré de cet amour dans lřécriture de ses poèmes dont le plus connu était “Le

Lac”. Et encore il a été dit que Lamartine a nommé son unique fille ŖJuliař en raison

de cet amour tragique. Lamartine a épousé une jeune Anglaise appelée Mlle Elisa-Mariânne Birch ayant une âme intelligente et bonne (Molinari, 1843 : 6-7). Après un an de mariage, sa fille Julia est née, Lamartine a parlé de la naissance de son unique fille comme nous pouvons le voir dans lřextrait suivant :

Ŗ Une fille nous était née quelques mois avant. C'était à Mâcon, dans la maison de mon père. Une circonstance accidentelle me frappa. Pendant que ma femme était dans les douleurs de l'enfantement, un orgue de Barbarie, dont la manivelle était tournée par un joli enfant des montagnes, s'arrêta sous les fenêtres et couvrit d'une joyeuse et mélodieuse sérénade les cris de douleur de l'accouchée. J'y crus voir un augure de félicité. Les premières années de Julia (ce fut le nom qu'un souvenir d'amour donna à notre fille) répondirent à cet augureŗ (Lamartine, 1892 : 203).

Ces années de sa vie étaient pleines de brillante et d'éclat et on a vu les expressions de ces années dans les ŖNouvelles Méditations”, publiées en 1823 (Dutil, 1863 : 9). Après cette période, il est entré dans le monde de la diplomatie et a été nommé secrétaire d'ambassade à Naples. Il a travaillé successivement à Londres, à Turin et à Rome sur les charmants rivages où son génie s'est développé premièrement. Enfin il a été nommé chargé d'affaires à Florence, où il a séjourné

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cinq ans. Dans le chapitre suivant, nous allons présenter brièvement la vie politique de Lamartine.

1.2 LA VIE POLITIQUE DE LAMARTINE

Lamartine a pris des notes sur ses souvenirs pendant ses voyages et sur ce quřil a vécu, par la suite, il a utilisé ces écrits dans ses œuvres qui ont été publiées à des dates différentes et nommées ŖMéditations”. C'était en 1820 que les premières méditations ont paru. Après avoir essuyé bien des refus, il a trouvé enfin à faire imprimer ses œuvres, et le livre a été lancé dans le public sans nom d'auteur, sous le titre de ŖMéditations Poétiques”. Il a obtenu soudain un grand succès, et quarante-cinq mille exemplaires des Méditations se sont répandus par le monde en quatre ans. Suite à son brillant succès des ŖMéditations” et aux conseils de sa famille, Lamartine a décidé dřentrer dans le monde de la diplomatie (Robin, 1848 : 10-17).

ŖJ'ai débuté dans la vie politique par la diplomatie, en 1820. Je débutai dans la polémique par un petit écrit intitulé Politique Rationnelle, en 1830. Cette brochure n'est que la date de ma politique parlementaire. Elle n'a d'autre mérite à mes yeux, elle ne pourrait en avoir d'autre aux yeux des lecteurs, que d'établir la conformité parfaite entre toutes mes idées d'alors et toutes celles d'aujourd'huiŗ (Lamartine, 1878 : 1).

Il servait dans les rangs obscurs et secondaires de la diplomatie. Il a longtemps travaillé comme secrétaire d'ambassade en Italie, il a été désigné pour le poste de ministre plénipotentiaire en Grèce. Il a appris la révolution de juillet à l'étranger et il est venu en France. C'était une révolution libérale, modérée. Il est venu à Paris apporter sa démission au roi Louis- Philippe. Il lřa remis au ministre des affaires étrangères. Après quelques temps passés à Paris, il est parti pour Londres, où l'appelaient des intérêts graves. C'était le moment des élections. L'arrondissement de Dunkerque cherchait un député, il cherchait des électeurs. Il s'est offert. Il brûlait d'entrer dans la carrière parlementaire (Lamartine, 1878 : 2-3).

Lamartine a décidé dřentrer dans le monde de la diplomatie parce que les événements politiques attiraient sa pensée, la possibilité d'être appelé à la députation lui apparaissait. En novembre 1824, il sřest présenté à l'Académie française par complaisance pour son père. Il a été nommé secrétaire d'ambassade à Florence. En

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août 1828, le nouveau ministre plénipotentiaire étant arrivé à Florence, Lamartine a obtenu un congé et est rentré en France. Mais son travail de diplomate et ses plaisirs de propriétaire rural ne lřont pas satisfait, il se sentait une autre vocation, car le 21 novembre 1828 il écrivait ces mots : ŖL'ombre du Dante m'apparait et me reproche. J'ai un remords, un vautour poétique dans l'âmeŗ (Pomairols, 1908 : 37-39).

En 1830 il a été reçu à l'Académie Française, quand la révolution de Juillet a éclaté, il était sur le point de partir pour la Grèce en qualité de ministre plénipotentiaire pour sa première mission (Robin, 1848 : 10-17). Cependant, le gouvernement de Juillet a voulu conserver Lamartine dans cette noble ambassade de la Grèce à laquelle il a été nommé. Voici ce qu'il a dit à ce sujet :

ŖLorsque la royauté de juillet a été personnifiée dans une autre famille, famille avec laquelle j'avais l'honneur d'avoir précédemment des liens de respectueuse amitié-si elle me permet de me servir de ce mot, j'ai écrit au roi lui-même, je lui ai dit quel motif de délicatesse me faisait, suivant moi, un devoir d'abdiquer entre ses mains les titres, les honneurs, que je tenais de la monarchie tombée, je lui ai dit que d'une main lui offrant ma démission de mes emplois diplomatiques, de l'autre, je croyais devoir, comme patriote et comme Français, lui offrir mon serment à lui et au gouvernement de juillet…ŗ (Dutil, 1863 : 13).

Lamartine n'était pas seulement académicien, mais aussi diplomate ; il était également devenu un millionnaire, riche propriétaire (Dutil, 1863 : 12). Par la parution de la politique rationnelle en Septembre 1831, Lamartine a été nommé député par l'arrondissement de Bergues (Nord). Puis, il a débuté à la tribune du Palais Bourbon en 1834 (Molinari, 1843 : 34).

Les principaux actes politiques de Lamartine nřont jamais été rompus. Son système était celui-ci : Liberté pour tous en tout, extension des droits, grande action des idées sur les hommes et sur les choses. Voici l'application qu'il a faite de ce système : En 1829, il a refusé de s'associer au ministère présidé par le prince de Polignac. La même année, il a défendu et invoqué publiquement l'élection et la liberté de la presse. En 1831, il a déclaré vouloir l'abolition de l'hérédité de la pairie. En 1834, il a voté contre la loi des associations (Fragonard et Chapuys, 1843 : 126).

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En 1832, Lamartine a effectué un voyage en Orient étant le pays de ses aspirations et de ses rêves. Au mois de mai, il s'est embarqué à Marseille avec sa femme et sa fille Julia sur un navire marchand nommé l'Alceste qu'il a lui-même équipé et armé. Ce voyage qui a duré seize mois, a été marqué par une grande douleur : la mort de sa fille, Julia. Il a fait embaumer le corps de sa fille et a été ramené en France sur ce même navire sur lequel elle passa les derniers instants de sa gracieuse jeunesse et qui inspira des poésies à Lamartine. Même si un tel événement terrible sřest passé pendant ce voyage ; une œuvre unique, très importante surtout pour les Turcs, a apparu : ŖLe Voyage en Orient” (Dutil, 1863 : 14-16). ŖLe Voyage

en Orient” est un livre qui ne mourra jamais. La Religion, lřhistoire, la philosophie,

la politique et le drame, il y a tout cela dans ce livre. Il décrit des objets extérieurs, des paysages, des hommes, des races, ou pour exprimer des idées générales (Robin, 1848 : 19). Dans les chapitres suivants, nous allons parler de façon plus détaillée de cette œuvre ainsi que du voyage en Orient de Lamartine. Il faut savoir que le voyage en Orient était le rêve de Lamartine depuis son enfance.

Le désir de voyager en Orient de Lamartine a réapparu à 1850 et il nřa pas tardé à renoncer à sa vie politique pour mettre à exécution le rêve de sa vie. Le 20 mai 1852, Lamartine était à Marseille, et prêt à se rendre en Asie (Robin, 1848 : 18). Il a décidé dřaller en Orient pour la deuxième fois. Mais cette fois cřétait diffèrent de son premier voyage, puisquřil a voulu obtenir une propriété en Turquie et y passer les dernières années de sa vie. Il a imaginé le projet de vivre parmi les Turcs sur ce riche sol dont il a beaucoup apprécié la fertilité lors de son premier voyage. Dans cette période, il était submergé de dettes ; il a dû vendre tous ses biens pour payer ses dettes. À cette époque-là, le sultan au pouvoir était le Sultan Abdulmecid. Reşit Pacha, Ali Pacha et Fuat Efendi étaient les hommes dřEtat éminents. Ils s'étaient tournés vers l'Occident pour faire entrer dans le pays la culture européenne, notamment la culture française. Sur la demande dřavoir une propriété de Lamartine, le Sultan Abdulmecid la lui a donnée sous certaines conditions et après il a rempli sa tâche de député consciencieusement et il a réalisé son deuxième voyage en Orient en 1850 (Lamartine, 2016).

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Nous allons mentionner dans les phrases suivantes que cette propriété riche est devenue un espoir pour Lamartine afin de payer ses dettes : ŖLa situation financière de Lamartine n'était pas encore désespérée. Sans doute il avait un million de dettes, pourtant sa concession d'Asie-Mineure lui promettait des revenus élevésŗ (Latreille, 1925 : 178). Comme Lamartine lřa indiqué dans ses notes de voyage, malgré quřune ferme vaste et fertile lui ait été donnée par le Sultan, il nřa jamais exploité ce sol riche. Sa concession d'Asie-Mineure, ses journaux, ses travaux d'histoire, lui promettaient des revenus élevés malgré ses dettes. Des capitaux se sont risqués pour l'exploitation de la propriété de Burgas-Owa. En vain Lamartine s'abouchait avec une société anglaise, pour lui transférer les droits et privilèges qu'il tenait du firman de 1849, sous la réserve qu'il conserverait deux mille hectares il ne put obtenir des futurs concessionnaires les 30.000 francs qu'il lui fallait pour aller en Asie-Mineure, afin d'acheter des moutons. D'autre part, le gouvernement ottoman, qui répugnait à voir une société anglaise s'installer au milieu des neuf villages turcs de la concession, proposait à Lamartine d'échanger sa propriété contre une rente annuelle de 100.000 piastres pendant vingt-quatre ans. Lamartine n'osait plus aller jusqu'à Mâcon par peur des créanciers (Latreille, 1925 : 180). Il avait toujours plusieurs millions de dettes. Lamartine nřa pas réussi à vivre en Turquie comme il lřa désiré ; alors il est retourné à Paris. Il a décidé renoncer à la politique à la suite de graves soucis d'argent et ses dernières années se sont passées dans la pauvreté.

1.3 LES DERNIERES ANNEES DE LAMARTINE

Les dernières années de la vie de Lamartine étaient une longue agonie, dominée par un combat de tous les instants pour éviter la liquidation judiciaire. Il a éprouvé les souffrances physiques et morales au cours de cette dernière période. Il a essayé de se sauver de ses dettes cřest pourquoi il a commencé à vendre ses œuvres, cřest-à-dire quřil a vécu de sa plume. Son but était de refaire son patrimoine. En effet, Lamartine était encore propriétaire de biens fonciers importants et il nřavait pas l'intention de les vendre. Mais cette situation nřa pas duré longue. Le premier semestre de 1860 était encore une terrible période. Il a commencé à voir ses jours mis en danger. Enfin le pire coup a été réalisé : la vente de sa propriété qui se

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trouvait à Milly où son enfance sřest passée, celle qui était la plus chère à ses yeux. Finalement, Lamartine a dû accepter la récompense nationale que Napoléon III lui avait discrètement proposée. Cřétait la seule chose pour quřil ait redressé sa situation financière (Croisille, 1996 : 195-196).

Lřannée 1862 était très difficile, Lamartine a indiqué dans lřune de ses lettres quřil a dû travailler tous les jours de cinq heures du matin jusquřà cinq heures du soir tous les jours. Il a expiré de fatigue et quelquefois dřangoisse. Les angoisses de ses dettes l'étreignaient si fort qu'il était prêt à subir les pires injures. Il a fallu payer 500.000 francs en trois mois ; le danger était ajourné, mais l'horizon restait sombre. Il a expliqué sa situation dans sa lettre datée du 16 mars 1863 :

ŖJe vis, depuis deux mois, dans les suprêmes angoisses, écrivait-il à Dubois. C'est véritablement être étranglé entre deux portes. Je cherche de tout côté des ressources, mais je n'en trouve pas. Jusqu'ici, tous mes ennemis et tous mes créanciers semblent s'être donné rendez-vous sur mes ruines. Néanmoins n'ayez aucune inquiétude en ce qui vous concerne. Je serai prêt pour les 10.000 francs à la fin de juin, et si je n'ai pas fait d'ici là quelque grand coup important et libérateur, je me trouverai seulement, et en silence, avec encore 6 ou 700.000 francs de capitaux, jusqu'à ma perte finaleŗ (Latreille, 1925 : 217-218).

Ensuite, il a commencé à rédiger quatre volumes de Mémoires Politiques (1863) qui contiennent de ses récits historiques et politiques antérieurs et apportent des éléments intéressants sur sa propre vie. Cřétait également la dernière période où il rédigeait. En 1866, lřétat financier de Lamartine a reculé à nouveau mais il a encore refusé le secours financier proposé par lřEtat pour le libérer de ses dettes. Au cours de ces années sombres, il a subi une attaque d'apoplexie (Croisille, 1996 : 197-198). Les dettes à payer nřétaient pas les seuls problèmes de Lamartine ; en effet, sa santé s'est aggravée de plus en plus.

Après cette période, Lamartine a paru en public pour la dernière fois en 1867, dans une salle de l'exposition. Sa nièce Valentine l'accompagnait dans sa visite. Sa vie était comme ombre qui descendait en lui, et il nřavait plus rien dřautre à faire dans la vie que de mourir. Il a eu de longs silences et lorsquřun ami a voulu parler de la mort, il a répondu comme ce qui suit : ŖJe suis comme les chiens qui se taisent, et qui se cachent pour mourirŗ. La maladie ne le quittait plus et Lamartine a écrit à lřun

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de ses amis que le vrai, le grand Lamartine était mort, car il ne vivait plus dans sa pensée. Sa dernière maladie a tué en lui ce qui restait de puissant, de l'intelligent. Lamartine a écrit ses derniers mots en juin 1868 et ces dernières lignes sorties de sa plume ont été conservées par Valentine. Cette fin était différente de celle qu'il souhaitait, et qu'il regrettait de n'avoir pas obtenu. Il sřest exprimé brièvement et avec difficulté par ces phrases : ŖIl faut, disait-il alors, savoir mourir à propos. Je n'ai pas eu cette bonne fortune, quoique j'aie tout fait pour la rencontrer à son heure et à sa place mais Dieu, le maître du premier jour, est le maître aussi du dernierŗ (Latreille, 1925 : 265-268).

Ensuite, il a subi une attaque une fois de plus et cet avertissement a conduit à sa mort. Sa mort n'est plus attendue. Après quřil ait reçu l'extrême onction de la main de l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine, il est mort le 28 février 1869 dans son chalet de Passy, laissant derrière lui ses œuvres et plusieurs millions de dettes. Au cours de ses dernières années, il a été quasiment oublié par ses contemporains. Et pourtant, dès que le gouvernement a appris la mort de Lamartine, il a fait paraître un décret au nom de l'Empereur, disposant que les funérailles de Lamartine seraient faites aux frais de l'Etat. Mais les funérailles faites à Paris ont été refusées par Chamborant, lřami de Lamartine, au nom de Valentine, car, selon la déclaration suivante signée par Lamartine le 15 septembre 1866, le défunt devrait être enseveli à St-Point :

ŖM. de Lamartine prie M. Chassagnes actuellement maire de Saint-Point de vouloir bien dans le cas de sa mort à Paris ou ailleurs réclamer des exécuteurs testamentaires son corps, afin de l'ensevelir avec les corps de sa famille, dans la chapelle funéraire du cimetière de Saint-Point. Voici les motifs sur lesquels il peut se fonder :

1° Cela a été convenu ainsi en vertu d'une décision du Conseil d'Etat, lorsque M. de Lamartine a fait construire à ses frais le nouveau presbytère de la commune et qu'il a donné à cet effet gratis le terrain et le jardin du presbytère.

2° M. de Lamartine a toujours témoigné et témoigne encore aujourd'hui par cette déclaration le désir d'être inhumé dans cette chapelle avec les corps de sa mère, de sa fille, de sa femme, qui y sont déjà inhumés, et avec le corps de sa nièce Valentine de Cessiat qui habite avec lui, si elle meurt avant luiŗ (Latreille, 1925 : 270-271).

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Le 3 mars, la levée du corps sřest faite en compagnie de deux académiciens, Jules Sandeau et Emile Augier ; cinq écrivains, Victor de Laprade, Alexandre Dumas, Henri Martin, Louis Ratisbonne, Edouard Grenier et trois hommes politiques, Emile Ollivier, Garnier- Pagès, Arnaud de l'Ariège. Le matin suivant, le cercueil est entré en gare de Mâcon pour aller à Saint-Point ; ses amis et quelques personnes lřont accompagné. Finalement, les funérailles ont été faites dans une petite église de Saint-Point (Latreille, 1925 : 272-274). Le poète semblait mort, mais il restait le héros.

En définitive, Alphonse de Lamartine a marqué une étape importante dans l'histoire de la poésie française. Il était le maître du lyrisme romantique et chantre de l'amour, de la nature et de la mort. Son œuvre ŖVoyage en Orient” est devenue l'une des chefs-dřœuvre des récits de voyage. Et plus précisément, le titre complet de cet œuvre, Souvenirs, Impressions, Pensées et Paysages Pendant un Voyage en Orient

(1832-1833) ou Notes d'un Voyageur (1861) a assez bien souligné l'ambition

littéraire de Lamartine, poète d'une nature illimitée dont la vision voluptueuse a ouvert un espace immense à la rêverie et à une profonde méditation. Après son voyage en Orient, il a écrit trois livres importants qui nous ont montré les impressions de Lamartine sur les Turcs. Ces livres sont selon leur chronologie ;

Voyage en Orient (1835), Nouveau Voyage en Orient (1850) et Histoire de la Turquie (1853-1854) qui a contenu la vie du prophète Mahomet et qui est composé

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2. L’IMPORTANCE DE LA TURQUERIE EN FRANCE

2.1 NAISSANCE D’UN NOUVEAU COURANT : LA TURQUERIE Lřorient a toujours été un sujet à la mode depuis des siècles. Cet attrait se précise surtout dans les genres littéraires comme la poésie, le théâtre et le roman. Nous remarquons une production massive de récits sur lřOrient chez les écrivains occidentaux. Pour les écrivains européens, lřOrient évoque un ensemble dřimages, de terres et de cultures lointaines, si différentes de celles des Occidentaux. Une certaine image de lřOrient sřest formée dans lřesprit de nombreux Occidentaux. Plusieurs écrivains décrivent lřOrient sans avoir besoin d'y voyager. Mais certains font des voyages vers ce monde magique pour le décrire dans ses œuvres. A cause de cette admiration pour lřOrient, un nouveau courant nommé ŖTurquerieŗ apparait en Europe. Il est donc clair que la notion ŖTurquerieŗ est étroitement liée à lřorientalisme et à lřOrient. Dans cette partie de notre recherche, nous allons exposer les raisons de ces voyages et les intérêts des écrivains français pour lřOrient. Mais tout dřabord nous essayerons de définir ŖLa Turquerieŗ et puis la signification du mot ŖOrientř dřaprès différents écrivains occidentaux.

En Europe, notamment en France nous pouvons trouver de nombreux livres, des poèmes, des dessins et des œuvres dřart qui traitent de la Turquie. LřOccident, à la fois par admiration et par crainte, sřest demandé comment il pourrait être comme lui (lřOrient) et il a immortalisé cela dans les œuvres dřart. Quels que soient la géographie et le temps, les valeurs que les Turcs ont transportées, les objets identifiés avec eux, les lieux et les images quřils ont souhaités voir ont pris place dans ces œuvres. En effet lřOrient et en particulier les Ottomans, à côté de la crainte, a été le point dřattraction de lřémerveillement et du charme. Les Turcs ont été associés aux mots arabes et musulmans durant de longues années, dans les œuvres des voyageurs ils ont été qualifiés de Ŗbarbaresŗ et ils ont été utilisés dans le sens dřOrientaux sauvages, cruels, grossiers et stupides. Lřimage généralement négative de la Turquie dans le monde occidental sřest renforcée progressivement par la mise en place et le développement de lřEmpire ottoman (Alarslan, 2008 : 139-140).

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Avec la conquête d'Istanbul en 1453, Ŗle Turcŗ a été devenu un centre dřattraction constante en Europe. À lřépoque de Soliman le Magnifique, la Turquie devint une menace réelle pour lřEurope, ainsi lřimage du Turc invincible est née. On ne distingue pas beaucoup de différence entre les œuvres des voyageurs européens qui ont visité la terre turque jusque dans les années 1630 et les œuvres de ceux qui nřont pas visité, parce que ces œuvres ne reposaient pas sur des observations mais sur le type légendaire turc que les Européens ont créé entre eux. Les Turcs ont généralement été représentés comme des personnes peureuses, illettrées, pauvres, basses, très capricieuses, grossières et comme déniant les Chrétiens (Afyoncu, 2003 : 16-21). En effet même si la raison était que les Turcs ont été perçus comme une menace pour les Européens, le but nřétait pas seulement de discréditer, mais aussi dřévaluer et de comprendre les Turcs. Les sentiments de profonde admiration, dřémerveillement et dřémotion entrelacée avec la crainte ont toujours réussi à garder en vie les relations culturelles conformément au conflit dřintérêts au cours des siècles. La présence des Turcs dans leur vie a influencé la créativité artistique, les figures turques ont été représentées dřune beauté admirable dans lřart occidental (Alarslan, 2008 : 140-146).

Après 1630, on a commencé à renoncer aux préjugés grâce aux voyageurs européens. En effet lřobservation a commencé à dominer les œuvres ; les récits ont commencé à décrire un empire dont les lois et les institutions ont fonctionné bien (Afyoncu, 2003 : 16-21). Les écrits des voyageurs français du XVIIe siècle ont également joué un rôle important dans le changement de lřimage des Turcs. Les Français qui ont commencé à fréquenter les Turcs, ont été influencés par leurs hommages et leur bonté, ils ont aussi apprécié la cuisine turque et ils ont admis que les Turcs ont été soumis à des calomnies en Europe (Arıkan, 1999 : 89).

Les relations entre lřOccident et les Ottomans au XVIIe siècle ont pris une nouvelle et une différente dimension avec lřorientation de lřempire vers lřEurope pour des fins diplomatiques. En 1721, Yirmisekiz Mehmed Çelebi qui est allé à Paris en tant quřambassadeur du Palais ottoman a créé un grand intérêt dans lřentourage des nobles curieux des sujets exotiques de lřépoque. Cřétait ainsi que les éléments

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dřorigine turque ont envahi lřEurope et par conséquent au cours de ce siècle, les voyages vers lřEmpire ottoman ont également augmenté. Le monde exotique et glamour, les modes de vie, les traditions et les habitudes influencées du palais ottoman ont fait lřobjet des œuvres dřart. La cérémonie dřaccueil de Yirmisekiz Mehmed Çelebi à Paris a fait le sujet à plusieurs reprises de dessins, de motifs et de tapis. Les vêtements et parures turques connus à travers les descriptions antérieures dans les livres de voyages et puisés dans les dessins et les tableaux des artistes ont laissé une marque importante sur les courtisans et les nobles qui les ont vus de près. Ces événements qui ont ravivé la scène artistique à Paris, ont été la cause principale de la propagation de la mode de la Turquerie (conforme au mode de vie turc) en France. Des bibelots et des tableaux reflétant le mode de vie turc ont commencé à être produits sur commande spéciale. Les nobles, les hommes, les femmes et parfois même les membres du public ont donné des poses en portant ces vêtements turcs dans les tableaux (Alarslan, 2008 : 150-151).

Yirmisekiz Mehmed Çelebi a décrit en détail ce quřil avait observé pendant son séjour en France. Puis il a écrit son ouvrage nommé Sefaretname. Il est considéré comme ayant une grande importance pour la valeur littéraire et historique. Cette étude avait une influence majeure sur lřoccidentalisation de lřempire ottoman, et a considérablement influencé sur le style des récits de voyage du XIXe siècle.

Sefaretname de Mehmed Efendi a également influencé la période de la France et a

causé d'apparaitre un nouveau courant nommé ŖTurquerieŗ en Europe principalement en France et en Angleterre (Polatçı, 2011 : 261)

Il y avait une diminution progressive des effets de la mode Turquerie vers la fin du XVIIIe siècle, mais lřintérêt pour lřOrient nřétait pas terminé ; le mode de vie ottoman, les villes ont continué à inspirer les artistes avec la mode de lřOrientalisme. Tant et si bien que même les artistes qui nřont pas vu lřOrient, ont étudié lřOrient dans leurs œuvres dřaprès ce quřils ont entendu et par leur imagination (Dikbaş, 2000 : 88).

La turquerie qui a signifié une œuvre d'art résultat de la mode orientaliste développée en Europe entre les XVIe et XVIIIe siècles. Elle

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consiste à représenter ou imiter différents aspects de l'art et de la culture turcs. À cette période, de nombreux pays d'Europe ont développé une fascination pour la culture exotique et surtout pour l'Empire ottoman qui était peu connue, parce que l'Empire ottoman a constitué la seule puissance extérieure capable d'exercer une menace militaire sur l'Europe. L'Occident a montré de l'intérêt croissant pour les produits et les arts en provenance de Turquie notamment la musique, les beaux-arts et l'architecture. Cette mode entre les Ottomans et les nations européennes s'est accrue par des relations commerciales et diplomatiques. Les ambassadeurs et les négociants ont raconté souvent des souvenirs de lieux exotiques mêlés de leurs aventures romancées quand ils sont retournés à leurs pays. La musique, la peinture, l'architecture et les objets artisanaux qui ont souvent reflété cette tendance, se sont inspirés des styles ottomans (Turquerie, 2016).

En première lieu, les Croisades qui ont établi des rapports de force entre lřOrient et lřOccident, ont contribué à faire découvrir lřautre monde grâce à ces expéditions. Par lřentremise de Croisades, lřEurope est mise en relation avec les personnes vivant en Terre Sainte. Cřest-à-dire que les Européens ont découvert des pays inconnus au cours des croisades. LřOrient a représenté toujours une menace pour lřOccident mais la peur idéologique de lřislam sřest mêlée avec la crainte de la puissance militaire grandissante. Cette situation a été résumée par Thierry Hentsch comme ceci : ŖUne puissance considérable se forme ainsi sur mer et sur terre, reconstituant les forces de lřislam, qui peut à juste titre paraître représenter aux yeux des Européens une sérieuse menaceŗ (Hentsch, 1988 :84). Au XVIe siècle, même si les voyages en Orient se sont multipliés par des considérations religieuses, la curiosité de lřOrient par lřOccident était lřune des nouvelles catégories de voyageurs. En outre, Hentsch a écrit à propos du voyage en Orient au XVIe siècle :

ŖNi le sens du voyage ni la qualité du regard vers lřextérieur ne restent ce quřils étaient. La visite de lřautre devient plus intéressée, dans les deux sens du terme : curiosité et calcul. Et lřantagonisme religieux nřy joue plus le même rôle que naguère. La montée de ce que nous appelons la rationalité tend à diminuer non pas lřesprit religieux mais lřemprise de la religion sur la penséeŗ (Cité par : Alsaid, 2009).

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De plus, le XVIIe siècle avait une meilleure connaissance de lřOrient que le siècle précédent. On commençait à comprendre les fondements de lřislam par des ouvrages de référence durant cette période et par la première traduction complète en français du Coran signée par André Du Ryer (Cité par : Alsaid, 2009).

Ensuite, les œuvres orientales se sont intensifiées dans le début du XVIIIe siècle. La parution des Mille et Une Nuits a déterminé la formation dřun courant de fiction orientale qui sřest développée dans la littérature française comme un germe placé dans un milieu neuf. Grâce à lřouvrage nommé Les Mille et Une Nuits qui ont été traduit et présenté par Antoine Galland en 1704 ; un Orient pur a été présenté aux lecteurs, et il a remis à lřhonneur le monde arabe et musulman et est devenu la référence de lřOrient littéraire. Les Milles et Une Nuits ont connu un succès continu au XIXe siècle. Cřétait lřimage enjôleuse et séduisante de lřexotisme, du fantasme et du rêve de lřOrient. Cřétait aussi lřimage du plaisir, de la fantaisie, des fastes, du luxe et de la sagesse de lřOrient (Vinson, 2004 :82).

Par Les Mille et Une Nuits dřAntoine Galland, lřOccident a découvert un Orient plein de rêves et de contes. Galland a permis aux lectures des Mille et Une

Nuits de mieux connaître ces peuples orientaux au contraire des récits des voyageurs.

Cette œuvre a proposé aux Occidentaux la connaissance dřautres nations, dřautres religions. Tout ce quřon a lit dans Les Mille et Une Nuits, a été tenu pour vrai, et la connaissance de lřOrient a été rapprochée de la magie des Mille et Une Nuits. Par conséquent, les Mille et Une Nuits ont commencé leur carrière ininterrompue jusquřà aujourdřhui. Donc, lřOrient a occupé une place importante dans les lettres et la pensée en Europe surtout en France. Des phénomènes dans ce siècle étaient à la base de ce nouvel attrait : lřaugmentation des voyages en Orient. Les écrits des voyageurs français ont également joué un grand rôle dans le changement de lřimage des Turcs. La présence des Turcs dans leur vie a influencé la créativité artistique, et les figures turques ont été représentées dřune beauté admirable dans lřart occidental. Enfin, lřutilisation des images turques dans tous les domaines de l'art a été nommée comme Turquerie en Europe.

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Dans cette période, la Turquerie ou autrement dit le thème turc a joué un grand rôle dans la littérature et les arts (la peinture, la musique, le ballet, les objets décoratifs etc.) en France. Même si les croisades ont mis en contact lřOrient musulman et lřOccident chrétien, des Turcs ottomans sont devenus le principal représentant de lřOrient en Occident par la conquête de Constantinople et la montée en puissance de lřEmpire ottoman. Le thème turc représentait lřaltérité pour les écrivains français. La fiction française a pris possession du Turc. Finalement, la Turquerie sřest fondée dans lřOrientalisme au XIXe siècle et a pris des accents politiques (Forsdick, 2016).

Lřimaginaire de lřOrient au XIXe siècle sřest exprimé clairement à la lumière des idées et des thèses orientalistes qui ont dominé tout le siècle. Lřorientalisme sřest défini comme lřensemble des connaissances des peuples orientaux, de leurs idées philosophiques ou de leurs mœurs, la connaissance des langues, des sciences, des mœurs, de lřhistoire de lřOrient (Vinson, 2004 :72). En outre, Said a affirmé que lřOrient était partie intégrante de la civilisation et de la culture de l'Europe. Lřorientalisme a exprimé et a représenté cette partie culturellement et idéologiquement, sous forme d'un mode de discours. Lřorientalisme était donc une science de l'Orient qui place les choses de l'Orient dans une classe, un tribunal, une prison, un manuel, pour les analyser, les étudier, les juger, les surveiller ou les gouverner (Said, 2003 : 56).

LřOrient a été toujours lřobjet de curiosité en Europe pour diverses raisons. Cette curiosité et admiration se sont reflétées dans tous les domaines de lřart. Le terme Orient a été très répandu dans toute l'Europe. Donc il était nécessaire de parler du mot Ŗorientalismeŗ. Partant de ce fait, les termes Ŗlřorientalismeŗ tout ce qui était à propos de l'Orient et Ŗlřorientalisteŗ, la personne sřintéressant à la science de l'Orient, se sont formés. Par Ŗorientalismeŗ nous avons fait référence aux traces ou aux indices de l'Orient quřon a trouvé dans la littérature française. En général, l'orientalisme sřest manifesté dans les œuvres littéraires comme une sous-division, un aspect de l'exotisme. Car l'exotisme a été généralement considéré comme Ŗdifférentŗ ou Ŗautreŗ. L'autre a symbolisé la personne collective, représentante dřune société

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lointaine - orientale et musulmane, étant contrastée à l'être collectif occidental (Cité par : Anis, 1994).

Le terme utilisé ŖlřOrientŗ nřétait pas dřun simple terme géographique ou dřun simple phénomène touristique. Mais il a expliqué une idée en général et indiqué essentiellement les groupes humains vivant sur une zone géographique qui se trouve dans l'Est dont les frontières ont demeuré indéterminées. Il a désigné aussi un système de reproductions et de représentations classifiées : il a basé sur le principe esthétique de la variation et de la répétition. De plus, les frontières de lřOrient étaient indéterminées et illimitées dans les pensées des occidentaux. Les Occidentaux nřont pas cessé de le rêver, de le visiter, de le traduire par le texte, la peinture, la photographie, la musique. Donc il est possible de dire que le mot ŖOrientŗ a pris des différentes significations selon les écrivains. Dans la partie suivante, nous allons donner les définitions de ŖlřOrientŗ et son impact sur les récits de quelques écrivains français qui y ont voyagé. Alors, nous essayerons dřabord de définir ŖlřOrientŗ.

2.2 LA SIGNIFICATION D’ORIENT D’APRES DIFFERENTS ECRIVAINS OCCIDENTAUX

Au XIXe siècle, plusieurs événements ont expliqué lřaccroissement du nombre de voyageurs français en Orient. En premier rang, il sřest imposé à notre attention la politique de la France. La Révolution a obligé plusieurs écrivains à immigrer dans des pays lointains ; de nombreux écrivains français ont découvert lřAmérique, la Grèce et même lřOrient à cette occasion. Au XIXe siècle, grâce à la multiplication des moyens de transport, les déplacements sont devenus plus faciles et plus rassurants : un grand nombre de voyages sřest effectué entre lřOrient et lřOccident. Et cette facilité a incité les écrivains à effectuer des déplacements dans les pays orientaux pour satisfaire leur soif dřailleurs et leur violent désir de fuir leur société. En deuxième rang, nous avons constaté la pensée intellectuelle et la morale ; les écrivains ont été influencés par le courant romantique. Le romantisme a atteint son apogée dans la première moitié du XIXe siècle et a provoqué un intérêt particulier pour les pays étrangers. Les descriptions des paysages, des habitudes, des coutumes des autres peuples étaient les thèmes traités de ce courant. Cřétait pour cela

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que ce mouvement littéraire a encouragé les écrivains à visiter souvent les pays quřils souhaitent décrire dans leurs œuvres. Valérie Berty nous a indiqué dans le passage suivant que le thème de lřOrient au XIXe siècle était devenu aussi un domaine de la science :

Ŗ….c'est au XIXe siècle que les diverses approches de l'Orient se constituent en un domaine de recherches spécifiques. Le terme d'orientalisme apparaît pour définir des sciences en plein développement telles que l'anthropologie, l'ethnographie, l'ethnologie, l'archéologie, l'histoire comparée de la grammaire, des religions et la linguistique. A partir d'observations ethnographiques, l'Orient est alors étudié méthodiquementŗ (Berty, 1995). La popularité des voyages en Orient au XIXe siècle a contribué au développement de lřorientalisme moderne, notamment grâce aux recherches et aux écrits des savants et ainsi que des voyageurs européens en Orient. Les récits de ces voyageurs et de ces savants ont connu un grand succès au XIXe siècle. Ces récits de voyage se sont caractérisés par la diversité des genres : documentaire, texte idéologique, discours scientifique et œuvre littéraire.

Nous avons mentionné préalablement que le mot ŖOrientŗ a pris des différentes significations dans toutes les œuvres des écrivains occidentaux. Au XIXe siècle, lřOrient était un terme indéterminé en général aux yeux des géographes. II existait un terme qui nřétait guère plus précis, il sřest agi du ŖLevantŗ. En fait, ce terme a signifié les lieux levantins qui se sont étendus autour des rives orientales de la Méditerranée : Grèce, Turquie, Syrie, Palestine, Égypte et Constantinople comme capitale. Pour les écrivains occidentaux, le voyage à ces terres a représenté un passage rituel, ils sont arrivés à une double vérité par ces voyages : celle de la connaissance et celle du désir. Guy Barthèlemy (1992) a indiqué par les phrases mentionnées ci-dessous que lřOrient a été montré comme une mère universelle et depuis lřAntiquité, il était aussi la source de la culture des grands empires :

ŖLřOrient est défini comme la Ŗgrande mère universelleř et devient aisément le lieu dřune renaissance individuelle. Ceci en référence aux scénarios bibliques, situées au Moyen-Orient, mais aussi en fonction des connaissances historiques concernant les grands empires de la haute Antiquité... Aller en Orient, cřest donc retourner à la source de 1řhumanite, remonter le cours des sièclesŗ (Barthèlemy, 1992 : 17-18).

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Dřaprès la perspective étymologique, le mot ŖOrientŗ a indiqué le lieu de la naissance du soleil céleste, cřest le lieu de la naissance de toutes choses. Selon Jacque Huré, lřOrient était une chose nécessaire pour les genres littéraires, il nous lřa indiqué par ces expressions : ŖLa connaissance de lřOrient sřinscrit dans le destin des artistes et des sociétés comme une nécessité. La littérature, la peinture, et lřhistoire de notre siècle le démontrent clairementŗ (Huré, 1993 : 175).

Par ailleurs, lřOrient a toujours été important dans la pensée occidentale et nřa jamais cessé de fasciner lřimagination des écrivains occidentaux. En générale ŖOrientŗ était un mot qui a fait rêver depuis toujours. Ce mot évoquait aussi toutes sortes de marchandises précieuses apportées de loin au prix de voyages difficiles. Sur le point de mot Orient, Berchet a dit : ŖJusquřau premier tiers du XIXe siècle, le mot est rare dans la littérature de voyage. On utilise comme intitulé soit le nom des pays traversés, sans vouloir les regrouper sous une dénomination unique, soit le terme de Levant, venu de la langue commerciale et diplomatiqueŗ (Berchet, 1992 : 4). Et il nous a indiqué aussi que Ŗle mot Orient implique aussi une possibilité de renaissance, un élan vital sans cesse renouvelé, un baptême matérialiste : partir, pour renaîtreŗ (Berchet, 1992 : 14).

Au XIXe siècle, le mot ŖOrientŗ est devenu un mot magique qui a fait rêver ceux qui étaient à la recherche de mystères. Des nombreux voyages diplomatiques, religieux et commerciaux ont eu lieu en Orient. Tous ces évènements ont contribué à éveiller la curiosité et ont causé une admiration pour les choses de lřOrient. Said a déclaré que plusieurs écrivains du XIXe siècle ont été fascinés par lřOrient : ŖBon nombre d'écrivains importants du dix-neuvième siècle ont été passionnés d'orientalisme; je crois qu'il est parfaitement légitime de parler d'orientalisme comme d'un genre littéraire, représenté par des œuvres de Hugo, de Nerval, de Goethe, de Flaubert, de Fitzgerald et d'autresŗ (Said, 2003 : 69).

Pour les artistes et les écrivains romantiques, lřOrient est devenu un espace symbolique. Les voyages en Orient ont augmenté comme les représentations artistiques de thèmes orientaux. LřOrient a été présenté sous plusieurs aspects dans les récits de voyage : le harem et la sexualité orientale, la religion et même la

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multitude de religions et de croyances. Le despotisme nřa pas été oublié non plus. LřOrient a été considéré comme la terre des fables, de la fantaisie, du merveilleux et des mythes dans lřesprit des voyageurs occidentaux. Le voyage en Orient était devenu lřun des thèmes privilégiés par les écrivains voyageurs européens du XIXe siècle. Les écrivains comme Gérard de Nerval et Gustave Flaubert ont voyagé en Orient où ils ont vécu différentes expériences qui ont toujours apparu comme une recherche dřémotions artistiques. On a compris par des expressions mentionnées ci-dessous que par lřaugmentation des voyages en Orient, les écrivains ont profité de lřOrient comme une source dřinspiration dans leurs œuvres au XIXe siècle :

Ŗ…les voyages en Orient se multiplient tout au long du dix-neuvième siècle. Les romantiques y cherchaient plusieurs choses : la source de la religion, lřAntiquité vivante, la rencontre anthropologique et surtout la passion et le mystère. Chateaubriand publie en 1811 Itinéraire de Paris à

Jérusalem, basé sur son voyage de 332 jours. Alphonse de Lamartine fait un

voyage de 1832 à 1833 et publie Souvenirs d‟un Voyage en Orient en 1835, et Dumas visite le Maghreb en 1846. Théophile Gautier voyage à Alger, à Constantinople et en Égypte, puis publie son Voyage en Orient en 1852. Pierre Loti, Gérard de Nerval et Gustave Flaubert sont encore dřautres exemples de pèlerins littéraires qui profitent de lřOrient comme source dřinspirationŗ (Black, 2003 : 16).

Pendant que certains écrivains percevaient lřOrient comme une source dřinspiration, au contraire certains ont pensé que lřOrient était comme une fabuleuse terre commerciale à investir. Si bien que les ports de Marseille, Salerne et Naples ont établi un important commerce avec l'Orient. Des trésors de Constantinople étaient magiques selon Villehardouin, et le mythe de lřOrient a brillé : ŖLřOrient est un monde de la richesse, la source dřun flot de luxe ; Geoffroi de Villehardouin et Robert de Clari sont stupéfaits devant les trésors de Constantinopleŗ (Balard, 1987 : 21).

LřOrient s'est identifié à Constantinople et au peuple turc selon les Européens. Chateaubriand a indiqué au cours dřune description que Constantinople était le plus bel endroit de lřunivers malgré sa représentation péjorative sur des peuples orientaux, particulièrement des musulmans : ŖConstantinople, (...). Devant moi le canal de la mer Noire serpentait entre des collines riantes, ainsi quřun fleuve superbe (...). La verdure des arbres, les couleurs des maisons blanches et rouges ; la

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mer qui étendait sous ces objets sa nappe bleue, et le ciel qui déroulait au-dessus un autre champ dřazur : voilà ce que jřadmirais. On nřexagère point, quand on dit que Constantinople offre le plus beau point de vue de lřuniversŗ (Chateaubriand, 1811- II : 63-64). Et en même temps, le voyage en Orient était une occasion de parfaire son savoir en tant qu'homme de lettres : ŖC'était l'extrémité de ce quatrième continent, le seul qui me restât à connaître ; c'était un coin de cette Egypte, berceau des sciences, mère des religions et des lois : je n'en pouvais détacher les yeuxŗ (Chateaubriand, 1811- III : 65).

Silvestre de Sacy a déclaré aussi que lřespace oriental était complètement un espace turc dans son œuvre Histoire Générale des Huns, des Turcs, des Mongols et

autres Tartares Occidentaux:

ŖCes Barbares, connus sous le nom de Huns, de Turcs, de Mongols et autres Tartares ... ont souvent changé la face de lřunivers ; ils ont fait éclipser de puissants Empires très policés, ravagé toute la terre, plongé des hommes dans la barbarie, pour faire ensuite refleurir les sciences. (...) Ils ont soumis plusieurs fois la Chine, parcouru lřEurope, subjugué les Indes, la Perse et la Syrie, ils ont accéléré la ruine de lřEmpire Romain, détruit celui des Khalifes qui lui avait succédé, pour en établir dřautres qui ont été renversés par dřautres branches de la même Nationŗ (Laurens, 1987 : 42).

Les écrivains occidentaux ont parlé non seulement de lřOrient ou Constantinople mais aussi des mœurs turques. En d'autres termes ils ont raconté dans leurs œuvres ce quřils ont vu pendant leur voyage. Par exemple, Gautier a séjourné à Constantinople pendant le mois de Ramadan, étant le mois du carême pour les Musulmans. Cřétait le mois où boire et manger ont été interdits entre le lever et le coucher du soleil, mais la nuit a été consacrée à la fête.

Comme nous lřavons déjà précisé, durant XIXe siècle, lřOrient a exercé une grande fascination sur des écrivains comme Lamartine, Nerval, Flaubert, et Loti. Ces écrivains ont continué des voyages en Orient mais ils nřont pas eu les mêmes buts : les uns ont poursuivi des fins religieuses, les autres ont recueilli des renseignements afin de composer leurs récits de voyage. Mais il est possible de dire que tous aient été influencés par le charme de lřOrient et ont été rempli de ses mystères, de sa beauté, de sa méchanceté, de ses foules chaleureuses et de ses mœurs différentes de celles de

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