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Memories de la societe dagriculture, commerce, sciences et arts du departement de la marne

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MEMOIRES

de la

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE,

COMMERCE, SCIENCES ET ARTS

du département

DE LA MARNE

(Ancienne Académie de Châlons, fondée en 1750)

Tome LXXII de la Collection

2e Série — Tome XXXI

ANNÉE 1957

E X T R A I T CHALONS-SUR-M ARNE H O T E L DU V ID A M É 13, rue Pasteur 19S7

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Esquisse d’une histoire rationnelle

d’Attila dans les Gaules

par Rechid Saffet ATABINEN

Membre fondateur de la Société d’Histoire turque Président d’Honneur de l’Association culturelle franco-turque

Il est peu de figures historiques qui n ’aient été aussi falsifiées, noircies de préjugés que celle d’Attila.

Si, en ne retenant que les événements concrets, on en soumet les interprétations à un jugement sain et impartial, on se rend compte, sans trop de peine, à quel point celles-ci sont tendancieuses et erronées.

Chroniques de l’époque en mains, nous avons, en premier lieu, parcouru tout l’itinéraire des Huns et d’Attila à travers la France et confronté, autant que possible, l’histoire et la géographie avec les commentaires.

Les idées dominantes, partagées surtout par la plupart des histo­ riens de nations latines, à l’exception de Louis Halphen et de Maurice Lombard, se résument en ceci :

1°) Les Huns seraient les plus primitifs et les plus malfaisants des Barbares et auraient commis le plus de déprédations dans la Gaule.

2°) Attila, à la tête de ses hordes asiatiques, aurait envahi la Gaule sous le prétexte fallacieux de secourir les Gaulois et de châtier les Wissi- goths et les Huno-Alains, transfuges de ses armées.

3°) Attila représenterait l’Antéchrist et aurait surtout maltraité et martyrisé les Chrétiens.

4°) Attila et ses Huns auraient été vaincus aux Champs Catalau- niques et auraient regagné précipitamment la Hongrie.

5°) L’invasion d’Attila aurait retardé l’évolution de la civilisation européenne.

6°) L’influence politique des Huns en Occident aurait disparu avec Attila.

* * *

L’examen objectif des faits eux-mêmes à la lumière du bon sens et de témoignages tout au moins aussi authentiques mais plus rationnels que ceux dont on s’est servi contre Attila, nous ont conduit à des conclu­ sions toutes différentes, voire diamétralement opposées à celles des préjugés tenaces du moyen âge.

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26 SOCIÉTÉ d’agriculture, commerce, sciences et arts de la marne

* *

I o) Alors que de l’aveu de saint Jérome et selon l’expression d’Orientus, évêque d’Aucli (430-440) « rien ne peut mettre les Gaulois à l’abri de la sauvagerie des Wissigoths... qu’à travers les bourgs et les campagnes sévissent partout la destruction et le massacre... que toute la Gaule brûle sur le même bûcher » ; alors que le rhéteur Claudius Marius Victor déplore « les ravages et les cruautés indescriptibles des Franks et des Vandales » ; que Sidoine Appollinaire considère les Saxons comme « les pires ennemis de la Gaule ayant pour habitude de tuer le dixième de leurs prisonniers » ; Attila, pourchassant les légions romaines de la Gaule septentrionale, épargne Lutèce et les environs sur la simple invocation d’une bergère, sainte Geneviève, et use de la même mansué­ tude envers les populations civiles d’Orléans, de Sens, d’Auxerre et de Troyes qu’il traversa, chose inouïe à cette époque, sans y commettre de ravages importants, à tel points que des thuriféraires, exagérant peut- être dans le sens contraire, au même degré que les diffamateurs profes­ sionnels, ont pu dire qu’ « il n ’y eut même pas une poule de tuée ».

On conviendra qu’il n ’y ait pas lieu de prendre au sérieux les fabuleux récits des apparitions, des songes ou des augures qui auraient épouvanté le conquérant asiatique et empêché ainsi la destruction des églises de Metz, de Reims, de Lutèce, d’Orléans, de Troyes et) d’autres agglomérations sur son parcours, tandis qu’aucune voix céleste n ’inter­ vint plus tard pour empêcher Charlemagne de raser, au sens littéral du mot, les villes saxonnes et avares que traverseront ses bandes bien moins disciplinées que celles d’Attila.

Les Huns furent les moins nomades d’entre tous les Barbares ; Attila rentre et s’installe, après chaque campagne, dans sa capitale des bords du Danube où il avait fait élever, affirment les chroniqueurs, des palais à étages en bois et des bains en pierre, alors que l^s Germains, les Goths et les autres, se bousculant les uns les autres, errent de contrée en contrée jusqu’à leur fixation relative au XIe siècle.

2°) Priscus, le seul des chroniqueurs qui ait personnellement ren­ contré Attila, et Jordanès le Goth, qui a vécu un siècle plus tard, écrivent qu’une ambassade de Bagaudes, Gaulois rebelles à la tyrannie romaine, était venue jusqu’en Hongrie, sous la direction d’Eudoxe implorer sa protection contre leurs oppresseurs.

De même qu’à la paix conclue en 449 aux portes de Constantinople, il s’était fait remettre par Théodose les transfuges hunniques entrés au service de Byzance, Attila réclamait à Valentinien III les auxiliaires hunniques, alans et wisigoths dont l’Empereur romain d’Occident se servait pour mater les révoltes continuelles des autochtones depuis la Belgique jusqu’en Espagne.

Les témoignages concordants de Sidoine Appollinaire et de Prosper d’Aquitaine, chroniqueurs relativement dignes de créance et peu suspects de partialité pour les Huns, confirment que, par un décret en date de 436, le même empereur Valentinien ordonna à Litorius, gouverneur de l’Armorique, d’y remplacer par des régiments hunniques et alains les garnisons romaines de cette province transférées sur le Rhin en vue de s’y opposer au passage des Barbares, et que, par un autre édit, daté de 441, il lui enjoignit d’établir définitivement lesdits auxiliaires hunni­ ques dans les circonscriptions où ils avaient été affectés en 436.

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Bien qu’il n’existe pas à ce sujet d’autre document de caractère semi-officiel, on a pu établir avec une certaine vraisemblance qu’une partie des Alains remontant de l’Orléanais, où ils étaient cantonnés au IVe siècle, fondèrent, entre le VIII0 et le IXe siècle, une dynastie dite des Alanus du côté de Rennes et de Josselin où se trouve précisément le château actuel des Rohan (à rapprocher de ce nom, ne fut-ce qu’à titre de probabilité, celui de Roua ou Roa, que portait aussi l’oncle d’Attila, et le suffixe Han qui, en turc, signifie Seigneur).

D’autres contingents hunniques affectés par Litorius aux garnisons armoricaines ont dû être rassemblées autour des vieux camps romains, bains, dolmens, et kourgans dont on voit encore les ruines en pays Bigoudin et lq Bro Pakzin, à Peronnou, au nord de la rivière Odet, à Kerogan, à Plougastel, la Torche, Kescavon (Morbihan), et maints autres sites historiques de l’Ouest qu’il serait oiseux de citer dans cette esquisse.

On retrouve dans toute l’ancienne province de Bretagne, aussi bien qu’en Vendée et en Dordogne, non seulement de simples légendes, mais de nombreuses traces toponymiques (Karnak, Aylak, Baylak, Tangü, Mengü, Bangü, Alan, etc.), linguistiques et monumentales (comme les « Kourganes », terme turc identique désignant les mêmes tumulus funéraires ou dolmens recouverts de terre) qui rappellent dis­ tinctement leur origine ou l’influence ouralo-altaique.

Dès 1872, L. de Rosny, Ferguson et Léon Cahun avaient soutenu une thèse approchante en attirant l’attention sur les terminaisons en ak des noms de nombreuses localités de' ces régions (comme Tayak, Aylak, Donzenak, Peyzak, Beonak, Braiarak, etc.) qui, d’après eux, auraient été habitées par des préariens altaiques avant les Gaulois et les Celtes.

Or, non seulement tous les verbes turcs, à forte prononciation, se

terminent, sans aucune exception, par ak (comme olmak, bulmak,

yazmak, durmak), mais un très grand nombre de mots spécifiquement turcs, toujours usités, ont une terminaison analogue, tels que « parmak, koulak, ayak, girtlak, konak, yassak, dayak, uzak, kundak, atak, bunak, etc. ».

Il est historiquement démontré que les transfuges touraniens et autres anciens fédérés que revendiquait Attila se trouvaient réellement dans la Gaule, servaient les Romains et que ce n’est pas sans raison qu’Aétius craignait leur défection, devant la campagne punitive des Huns ; en effet, les Alains ou Alans, Turcocaucasiens incorporés de force dans les rangs romains hésitent, autant que possible, à passer à l’atta­ que des hordes (Ordou, en turc, signifiant armée) de la Confédération nord-européenne huno-germanique pendant la grande mêlée de 451.

D’autre part on remarque qu’il n’est jamais fait mention de contin­ gents gaulois dans les troupes romaines composées des éléments les plus étrangers au pays, ce qui prouve une fois de plus que les Gaulois, qui avaient attiré, invité Attila à abattre la tyrannie romaine, ne prirent jamais fait et cause pour Aétius. La malheureuse plèbe gauloise, encore païenne, était tellement opprimée par les suppôts de Rome et leurs auxiliaires wisigoths, qu’elle favorisa et guida au contraire Attila à travers les pays, comme saint Loup lui-même qui accompagna celui-ci jusqu’aux sources du Rhin et fut de ce chef accusé de trahison par les Romains bien que son intervention eut été salutaire aux populations aussi bien chrétienne que païenne.

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28 SOCIÉTÉ d’agriculture, commerce, sciences et arts de la marne

Ce n’est pas èi la tête de hordes asiatiques — comme on se plaît à le faire accroire encore de nos jours — qu’Attila envahit la Gaule et combattit aux Champs Catalauniques.

« Il y a beaucoup d’apparence, reconnaît De Guignes, que tous ceux qui ont porté chez nos historiens le nom de Huns n ’étaient pas originairement de cette nation. »

Toutes les sources auxquelles on puisse se référer relèvent le carac­ tère fortement hétéroclite de la composition des armées dites hunniques et nous apprennent qu’il y avait plus de Barbares nordiques, germani­ ques et franks que d’Asiatiques proprement dits dans l’armée d’Attila, de même que l’armée d’Aétius. comprenait des contingents huns, alans et surtout wisigoths. Seulement, l’armée hunnique était encadrée des

Turcilinguarum (signifiant de « langue turque ») d’Eddekon (qui appar­

tenait au clan royal de Rogas, oncle d’Attila) comme les hordes d’Aétius l’étaient d’un état-major restreint d’officiers eux-mêmes plus ou moins romanisés.

Il y avait des Huns, des Franks dans les deux camps, Franks Saliens d’un côté, Franks Ripuaires de l’autre ; Gondebaud (qui s’écrit parfois Hundebault), l’oncle de sainte Clotilde, commandait les contin­ gents burgondes dans l'armée d’Attila.

Il est donc trop simpliste de prétendre que ce fut une invasion de l’Europe par l’Asie, et plus ridicule encore d’opposer des Blancs à de soit disant Jaunes.

3°) Attila ne s’en est jamais pris systématiquement au christia­ nisme, pas plus à ses représentants qu’à ses adeptes. Au contraire, toute la Patrologie latine, malgré les tendances plutôt fanatiques de ses rédac­ teurs, nous montre qu’à Lutèce, à Orléans, à Troyes et à Milan, Attila, avec une dignité et un sang-froid qui tient du miracle, accueillait avec bienveillance l’intercession des catholiques et des évêques pour la sau­ vegarde des populations. Sachant cela, les autorités impériales et, en leur carence, les populations menacées, dépêchaient auprès ide lui, à titre d’ambassadeurs féciaux des chrétiennes comme sainte Geneviève ou des membres du clergé tels que saint Germain d'Auxerre, saint

Aignan, saint Alpin (que l’on voit avec Attila sur le vitrail de l’église de

ce nom à Châlons-sur-Marne), saint Loup, saint Léon le Grand et d’au­ tres qui parvenaient à obtenir la paix et des faveurs inespérées que l’opinion publique attribuait à des interventions surnaturelles.

Nous lisons dans la Vingtième Aventure des Niebelungen : « Les chrétiens, les païens, tous les héros de ce temps accouraient vers Attila. Ce qu’on n ’a jamais vu et qu’on ne verra plus, c’était l’union qui régnait entre ces diverses nations, les unes chrétiennes, les autres païennes, chacune vivant à sa guise, selon sa foi et sa loi. La haute sagesse du Roi et; ses largesses unissaient entr’eux tous ses vassaux ».

On se demande, après cela, comment, en dehors d’un esprit digne de l’Inquisition, on pourrait attribuer la réputation d’Antéchrist à Attila, qui fut, certes, non pas un saint, mais en comparaison, le moins dévasta­ teur de tous les grands conquérants depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, compte tenu des nécessités et des us et coutumes militaires des époques.

Tous ceux qui ont traité personnellement avec Attila, qui l’ont ainsi approché et connu, ses adversaires eux-mêmes, rendent hommage à son génial esprit d’organisation, à sa magnanimité, à sa noble sim­ plicité et à son équité proverbiale.

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« Il a passé pour un monstre chez ses ennemis qui l’ont plus craint qu’ils ne lui ont rendu justice. A Rome ou à Constantinople, écrit De Guignes, Attila eut été regardé comme un Héros ; ses ennemis l’ont dépeint comme un Barbare ».

Attila n ’avait pas la passion de la conquête pour la conquête, ainsi que le pense F. Lot puisqu’il cessait de combattre aussitôt réalisé le but qu’il avait préalablement défini et évacuait les territoires envahis qu'il ne faisait rien pour incorporer à son Empire. Ses alliés européens étaient en comparaison bien plus rapaces. Il eut souvent beaucoup de peine à contenir leurs convoitises et à empêcher leurs exactions ; c’est d’eux, plutôt que de lui, qu’on pourrait dire qu’ils commettaient des cruautés pour le plaisir de les commettre ainsi qu’on le verra dans les multiples sacs ultérieurs de Rome et de Paris. Mais, comme Attila et ses congénères se retirèrent par la suite et que leurs alliés germaniques et autres se partagèrent les terres libérées grâce aux Huns — les absents ayant tort, — c’est aux Huns que furent imputés tous les forfaits perpétrés par leurs fédérés nordiques, germains et leurs successeurs dans l’occu­ pation de la France.

Il n’y a aucun doute que sous les Mérovingiens et les Normands, même après leur conversion, les peuplades de la Gaule et surtout le clergé catholique souffrirent bien plus que sous le régime d’Attila : « Les églises chrétiennes des villes du Rhin, écrit L. Ducliesne (Fastes épisco­

paux de l'ancienne Gaule, t. III, p. 16-24) tombèrent en ruines et le

christianisme subit un recul effrayant dans les deux Germanies qu’occu­ pèrent les Franks Saliens, Ripuaires et Hessois ». Quant on examine les événements d’un peu plus près, on découvre que telle ville dont la des­ truction est imputée aux Huns était déjà incendiée ou rasée quelques années auparavant par d’autres Barbares, comme Reims, Strasbourg et Cambrai ou le seront un peu; plus tard par les Normands telle que Lutèce.

Tout au moins, la responsabilité de l’immense action d’Attila devrait être partagée par tous les peuples de l’Europe actuelle qui avaient embrassé sa cause.

4°) Il n’y a rien de plus contraire, à la fois à la logique et à la vérité historique, que l’opinion toujours enracinée en Occident au sujet de l’issue du combat dit des Champs Catalauniques, lequel, comme fait exact non controversé, se résume en ceci :

En fin d’été 451, Attila et Aétius sont aux prises, avec toutes leurs forces. La première escarmouche a lieu sans résultat décisif entre deux tribus Franks, Saliens et Ripuaires, appartenant chacune à l’un des deux partis adverses. La grande bataille commence l’après midi du jour suivant et se poursuit jusque bien avant dans la nuit. Au cours de la mêlée, le roi Théodoric est, tué, son fils renversé de cheval est blessé ; les troupes wisigothes se débandent et, soit par suite d’une panique, soit sur le conseil d’Aétius, évacuent le champ de bataille et reprennent le Chemin de Toulouse tandis que les Alans se répandront en partie dans la région de Rennes et en partie se raccrocheront aux deux versants des Pyrénées, sous le nom de Basques.

Privé de ses forces essentielles, Aétiuq) n ’ose plus attaquer Attila qui, après le combat, était tout naturellement rentré passer le reste de la nuit dans les anciens retranchements gaulois, encore subsistants de la Cheppe.

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30 société d'ag riculture, commerce, sciences et arts de la marne

L’objectif d'Attila était de punir les Wisigoths et de refouler les Romains. Quant à l’aurore, il n ’aperçoit plus d’adversaires vivants sur le champ de bataille couvert de milliers de morts et se rend compte que le reste des troupes ennemies a levé le camp et disparu à l’horizon, il considère que son but est atteint. Attila n’est pas un impulsif. Il décide ce qui est nécessaire et utile. Il se serait affaibli et perdu en s’élançant1 à la poursuite de l’ennemi en fuite. Il sait, par son service d’information — principal élément de succès des conquérants asiatiques — que les pluies d’automne vont très prochainement changer les plaines de Champagne en fondrières impraticables pour sa cavalerie. Par tradi­ tion, les expéditions liuniques sont régulièrement des campagnes d’été qui débutent en général vers la mi-avril pour s’achever autant que pos­ sible à la mi-septembre. Attila suppute qu’il faudra environ 30 jours pour rejoindre son quartier général du Danube. Avec une fraction de ses alliés qui rechignent toujours aux longues expéditions, et se sépareront de lui en cours de route, avec ses prisonniers et ses chariots chargés de familles et de butin, Attila profite donc des derniers jours favorables pour reprendre, par le plus court itinéraire, le chemin de la Hongrie, sans être inquiété d’aucune manière.

Tels étant les faits rapportés dans leur nudité, il est logiquement impossible de considérer comme une défaite d’Attila, la bataille dite des Champs Catalauniques d’où ses adversaires s’enfuirent, ou se retirèrent en tous cas. avant lui qui resta quand même maître du terrain.

Si Attila avait été vaincu, les Romains auraient pu ou dû reprendre pied dans la Gaule du Nord après cet événement. Or, il ne sera désor­ mais plus question, pas plus de domination que de présence romaines, au Nord des Alpes et de la Loire. Tel était le but proclamé et poursuivi par Attila. De toute façon les compétences militaires sont unanimes à reconnaître que le fait de ramener en boit ordre à un quartier d’hiver aussi éloigné, une armée aussi considérable alourdie d'impedimenta, constitue un succès sans pareil.

Etape par étape, nous avons refait l’itinéraire de retour d’Attila à partir d’Orléans, par Sens, Troyes, Châlons-sur-Marne, Nancy, Epinal, Strasbourg, Colmar, Huningen, Bâle, Zurich (Castrum Toronikum), Turgi, Trogen et Bregentz en récoltant une. masse de légendes et de souvenirs de tous genres qui, dlrectemnt ou indirctement se réfèrent au passage ou, au séjour des Huns du V° au X° siècle. Dans les districts ou les communes de Zoug, de Hünenberg, de Saint-Gall, Berne, Bâle, Zurich, Turgovie, Zurzak et Wintertur nous avons relevé plus de 50 noms de villages qui commencent par hun comme Hünenberg, Hûnes- will, Hünikon, etc...

5°) Pour rétorquer le point de vue d’après lequel, l’invasion d’At­ tila aurait retardé l’évolution de la civilisation européenne, il’ suffit de se référer simplement à la chronologie qui nous montre :

a) que les premiers contacts massifs entre l’Asie et l’Europe par le continent débutent à cette époque et que les conquérants touraniens furent les premiers agents de liaison entre les civilisations orientale et occidentale, dans les domaines commerciaux, militaires et artistiques ; la technique équestre, l'art scythique animalier et l’architecture en bois avec des tours couronnées de bulbes sont introduits en Occident dans les milieux germaniques par les Turcilinges qui constituent l’élite dirigeante des Huns. La joaillerie dite gothique et mérovingienne, dont on possède encore des milliers d’exemplaires dans les musées, est typiquement ouralo-altaique ;

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b) c’est immédiatement après cette invasion, qui mit fin à la domi­ nation romaine, que commence l’éclosion du concept national en. Occi­ dent ; que les peuples prennent plus ou moins conscience de leur identité ; c) les principales tribus franks, alamans et burgondes entraînées à la suite d’Attila sont venus renforcer les éléments d’origine commune qui les avaient précédés dans la Gaule, pour y fonder le premier royaume frank, lequel continua à avoir des rapports politiques et cul­ turels avec les Huns voisins ; noter qu’il est question de secrétaires et de chanteurs scythes ou hunniques à la Cour de Clovis ;

d) que la paysannerie gauloise païenne, jusque là pressurée pai­ la fiscalité impériale, commence à se relever par l’application d’un sys­ tème agraire similaire à celui qu’Odoacre implante avec succès en Lom­ bardie (476) par le partage, entre ses compagnons, des terres appartenant aux grands propriétaires romains ;

e) que le clergé et la papauté gagnent en prestige et en influence (comme l’a remarqué L. Febvre) par le succès constant de leurs fré­ quentes interventions au bénéfice des populations autochtones ;

L’église commence à s’émanciper et saint Gelase soutiendra bientôt (472) la séparation et la co-existence des deux pouvoirs ;

f) l’anéantissement de l’omnipotence romaine par les chocs succes­ sifs de 451 et de 452 est à la base de la naissance du, système communal en Occident, en même temps que du système féodal inspirés tous deux par les régimes analogues en vigueur en Asie mais inconnus jusque là en Occident.

Au lieu d’un gouvernement centralisateur autocratique était ins­ tauré un régime fédéral de seigneurs calqué sur celui introduit en Europe par Attila.

6°) La preuve irrécusable que la domination ou l’influence hunni- que ne disparut pas complètement en Europe Centrale et Occidentale avec la mort d’Attila — comme certains historiens le soutiennent encore — réside dans le fait qu’à part certains fils d’Attila, les fils d’Eddekon, chef des Turcilinguarum, Odoacre et Hunus entr’autres et leurs descen­ dants régnèrent longtemps encore dans l’Italie du Nord, en Dalmatie, dans la Suisse Orientale, en Alsace et particulièrement en Bavière où — de même qu’en Hollande et en Belgique — l’on retrouve des centaines de mots toponymiques qui perpétuent le souvenir non seulement du passage mais aussi de l’établissement des Huns.

Les très nombreux enfants et petits enfants d’Attila alliés comme lui-même, aux familles des dynastes germaniques fédérés, qui demeu­ rèrent dans ces contrées, firent souche de noblesse dans l’Europe médié­ vale. Toutes les femmes d’Attila sont des, princesses étrangères ; la der­ nière, Ildiko, est une Burgonde. II avait accordé les mains de ses filles aux fils des chefs confédérés dont les filles ou les sœurs épousèrent ses propres fils et ses neveux en leur apportant en apanage une partie de leurs domaines, comme il était d’usage à cette époque.

Beaucoup d’entre eux se prévaudront de leur ascendance royale hunnique en adoptant le préfixe de hun en tête de leurs noms.

Selon les contrées, ce terme finit par prendre les sens d’ancêtre, de géant, de héros, de jeune, de barbare, de haut. Jusqu’à la conversion brutale de cette aristocratie d’origine hunnique au IX6 siècle sous la pression sanglante de Charlemagne, toutes les deux Germanies, — le long d’une bande allant de Toroun, en Pologne, au plateau de Hünsruch, au-dessous de la Moselle, et aux deux versants des Vosges — demeurent

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32 société d’agricu ltu re, commercé, sciences ét arts de la marné

sous l’obédience ou le protectorat hunnique. Les Huns-Avars n’évacuent la Thuringe qu’en 596 sur les instances de Bruneliaut, reine d’Austrasie, moyennant paiement d’un tribut.

Au commencement du VIIIe siècle, le duc d’Alsace, père de sainte Odile, s’appelle encore Atik ou Ettikon (identique au nom d’Eddekon, conseiller turcilinge d’Attila) et son château, qu’entoure le mur dit païen, s’élève sur le mont Hohenberg ou Huneberg ; la cousine de sainte Odile se nomme sainte Hunna, épouse du duc Hunnus, résidant au châ­ teau de Hunaweier ; une nièce de sainte Odile s’appelle sainte Attala et

une autre Hundelinde.

Nombreux sont aussi les noms des rois ou princes Vandales, Lom­ bards, Ostrogoths et Wisigoths qui commencent par hun comme Huneric, Hunimund, fils d’Ermenerik.

Les milliers de captifs huns et avars baptisés de gré ou de force purent, à cette condition conserver leurs rangs, leurs privilèges et leurs biens ; deux chefs convertis, Karaman et Odoacre, dont les noms rappel­ lent clairement l’origine turco-hunnique, commandaient en 788 les trou­ pes franks envoyées contre les Avars en Bavière et en Thuringe. On pourrait citer beaucoup d’autres exemples à ce sujet.

A la suite de la campagne de Charlemagne les écrivains monasti­ ques, comme par consigne, adoptent un ton nettement hostile et diffamatoire envers Attila, les Huns et leurs successeurs Avars rétifs à l’assimilation chrétienne.

Gibbon, Pritchard, Buckle, Keighley, de La Villemarqué, Wright, Talvi, Otto Rahn, De Grot, Gesa Feher, Louis Halphen, Ferdinand Lot, Maurice Larrouy, Wells, Lucien Febvre, nous apprennent que les écri­ vains religieux du IXe au XIVe siècle surtout, qui détenaient le monopole de l’enseignement et des archives avaient, non seulement corrompu et obscurci de parti pris les traditions de tous les peuples européens, mais détruit systématiquement les documents afférant à la période d’avant la christianisation qui leur tombaient sous la main.

L’obsession hunnique des chroniqueurs, des historiens et de l’opi­ nion monastique à l’égard d'Attila —, qui reste le prototype du Hun —, s’explique par l’aversion et la frayeur que continuent à inspirer les ruées ultérieures des Avars du VIe au VIIIe siècles ; les farouches escadrons des Hongrois Zoltan et Taksony qui au Xe siècle ravagent presque l’Eu­ rope entière jusqu’aux Flandres, la Lorraine, l’Alsace, la Champagne, la Franche-Comté et le Languedoc ; ainsi que les contre-offensives tur­ ques des Croisades jusqu’au XVIIe siècle. Il semblerait que cette hostilité devenue proverbiale, traditionnelle à l’endroit des Huns, ait cessé spon­ tanément contre les Hongrois à la suite de leur conversion sous saint Etienne et se soit reportée et concentrée désormais uniquement sur Attila et les Turcs irréductibles qui n’avaient pu bénéficier de l’indulgence de la christianisation.

D’autre part, les professeurs R.L. Reynolds, R.S. Lopez, et M. Lombard conviennent qu’il y a lieu de soumettre à un nouvel examen ethnologique et linguistique l’appartenance des races hunniques sans présomption religieuse et nationaliste.

Il appartient aux nouveaux historiens, d’une culture objective, dégagée de préjugés et de préventions, de reprendre d’un point de vue impartial et rationnel l’étude de cette période de transition cruciale entre l’Antiquité et le moyen âge.

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