T T -î& ' K & H Angora,le 30 novembre 1925. Monsieur le Rédacteur de l'ECHO DE TURQUIE, A N U 0 R A . Monsieur le Rédacteur,
Je viens de lire,dans votre numéro du 21 novembre dernier,une étude d'Ahmed Hachim bey consacrée à l ’évolution du goût dans la lit térature tur q u e .
En donnant un aperçu général et succint de cette évolution,l’au teur choisity<our débuter quelques exemples vraiment frappants,il pro cède on ne saurait mieux à la démarcation des différentes périodes lit téraires depuis 1839 jusqu’à nos jours.Toutefois,deux points essentiels dans l ’étude en question m'amènent à formuler mon opinion.C'est donc une mise au point que je tâcherai de faire le plus brièvement p o s s i b
le et sans quitter le terrain objectif.
On est,en premier lieu,affligé de constater la désinvolture dont s ’arme Hachim bey en abordant le sujet:il fait table rase d'une école qui,pour avoir été d'une importance secondaire,n'en a pas moins large ment contribué à orienter notre goût littéraire;il s'agit en l'espèce du Serveti-Funoun.Elle marque indiscutablement une époque transitoire mais décisive entre,d'un côté,la mièvrerie sentimentale,1 'hyperbole
importée de Perse,la langue attifée et prétentieuse,la grandiloquence, l'emphase insipide,bref,entre
le
camouflage désespérant de notre phra séologie d'antan,d'un autre côté la langue élaguée d'éléments hybrides,l ’esprit net,la tournure déliée qui caractérisent la littérature turque contemporaine.Ha&him bey semble se complaire dans cette so lution de continuité et il passe de plein pied à notre époque,au
fa
—risque'rompre l ’équilibre dans l'ensemble de son étude.
Il nous réserve une non moins grande surprise.On est stupéfait en parcourant le passage où,après avoir enrégistré les progrès ac quis dans notre domaine littéraire,il arrive à conclure:
"Et si l'on veut savoir à quelle sorte de contrôle rigoureux ce goût a fini par soummettre la production intellectuelle,il suffit de lire certaines pages du critique je^ne,cultivé,délicat et fin qui est Nouroullah Ata.".Certes,un humoriste se bornerait à relever l'imprévu de ce critérium.Je trouvç,pour ma part,que la fantaisie de cette affirmation confine singulièrement à 1 'aberration.Il est de fait que l'on chercherait en vain un article signé Nouroullah Ata,oùjquittant son rôle ingrat de contempteur obtus,ce critique "jeune,à l'impitoyable intelligence,e t c ." ait fait prauve d'un sens critique impartial et de bon aloi.Au demeurant,même à sa pla ce, cet argument ne serait que médiocrement valable.Mais Hachim bey d'ajouter plus loin: " Nouroullah,qui peut faire honneur au monde intellectuel de n'importe quel pays,est une des plus grandes vic toires du goût littéraire en Turquie." M.Joseph Prudhomme aurait
dit:"Nouroullah est le plus beau jour de ma vie." Je pense,en vérité, que c'est faire bon marché de la valeur exacte des termes.La
compa-e. raison est tout au moins audacieuée;car enfin,j'ai éminemment de peir dans cet ordre d'idées,à me figurer un autre lettré — sauf erreur -- qui risquerait de bonne foi une semblable affirmation.Abstraction
faite de toute personnalité,j'imagine assez difficilement Nouroullah Ata ajoutant à la gloire intellectuelle de la France en figurant dans
la galerie des Renan,des Sainte-Beuve,des Sarcey,des Pawlowsky,des Brissc des Doumic,et j ’en oublie ,et des meilleurs.Ce serait un bien maigre tro- phêede victoire .N’est-ce pas donner une J>iètre idée de nos progrès intel lectuels que d ’en mesurer l'étendue à quelques articles invertébrés d ’un critique de troisième,voire de quatrième zone? S'il n^a pas m i e u x , c ’est que vraiment nous marquons simplement le pas.
Hachim bey dont les oeuvres réflètent un goût achevé,et qui possède un talent subtil,aurait pu dédaigner ces superfétations et s ’en tenir, à défaut d'exemples pour illustrer sa pensée,à une affirmation pure,sans plus.Il était inutile,pour mettre en relief le contrôle qu'il délègue à son ami,de recourir à des moyens tellement désuets qu'ils en paraissent de la publicité.Je concède qu'entre amis,l'on s'accorde ces petites apo logies et des satisfactions gratuites .louant à prolonger ces amabilités jusques dans les études littéraires,j'estime que l'on doit se rappeler que la vérité doit tout primer et avoir le pas sur les tendresses.On induirait autrement le lecteur en erreur,et ce n ’est poitt,que je sache l'intention de nos écrivains.
Veuillez agréer,Monsieur le Rédacteur,l'assurance de ma parfaite considération.
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Suleyman Hikmet,de l'agence Anatolie A n g o r a .
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