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200. yıldönümünde Fransız İhtilali ve Türkiye sempozyumunda sunulan bildiriler

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SELÇUK ÜNİVERSİTESİ

UNIVERSITÉ SELÇUK

200. YILDÖNÜMÜNDE FRANSIZ İHTİLÂLİ VE TÜRKİYE

SEMPOZYUMUNDA SUNULAN BİLDİRİLER

ACTES DU SYMPOSIUM SUR LE BICENTENAIRE DE

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE ET LA TURQUIE

15-16 Mayıs / Mai 1989, Konya

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J AC Q UE S HURE

À L'HORIZON DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE :

Le destin de l'Empire Ottoman

La célébration du bicentenaire de la Révolution française à Konya tend à en souligner le caractère universel, et souligne heureusement qu'elle suscite une réflexion qui dépasse les frontières de la France, et meme celles de l’Europe. On reconnaît que 1789 ouvre l’èrc de la modernité parce que les principes politiques mis en œuvre alors marquent une rupture radicale avec le passé en vue de l'épanouissement de l'homme dans le cadre des "droits" qui lui sont reconnus. La modernité se définit, entre autres, par l'ouverture des frontières, soit la relation avec le monde. Elle implique obligatoirement le dialogue entre l'Occident et l'Orient. Celui-ci est bien antérieur, on le sait, à la Révolution, mais il va prendre, dans son sillage, et au centre de l'Orient, soit dans la capitale ottomane, au XIXe siècle, un tour nouveau, une importance vitale, parce qu'à partir du règne de Sclim III (1789 justement) l’histoire de l'empire connaît un mouvement d' "accélération" provoqué par fonde de choc révolutionnaire telle qu'elle parvient à Istanbul.

Toutefois une question se pose. S'il est vrai que la Révolution va inspirer les Réformes (Tanzimal ), n'cst-il pas également vrai qu'elle dessine à son horizon un avenir sombre pour l'Empire ottoman, considéré avec méfiance par le maître de l'orientalisme de l'époque, Volncy ? Il faut envisager la question. On ne peut ignorer, en effet, le discours anti-turc de l'auteur des Considérations sur la guerre des Turcs en 1788 (1 ). Ce texte exprime une hostilité surprenante à l'égard de l'Empire ottoman, qui résulte de préjugés que l'on est étonné de trouver chez un idéologue des "Lumières". II convient ainsi de rappeler celle position car elle semble constituer la base de la théorie qui argumentera ce qu’on appellera au XIXe siècle en France, la "Question d’Orient" (2). Au reste, Lamartine se révèle très proche de Volncy, en 1833 tout au moins, lorsqu'il envisage, avec une étonnante prémonition, le partage de l'Empire. Plus tard, en 1850, il se montrera toutefois plus confiant dans le destin de l'Empire. Paradoxalement, c’est au moment où s’accélère le processus de démembrement qu'un autre écrivain français, rompant avec l’idéologie précédente, affirme sa foi dans le "vieil Orient" qu’il voit disparaître. Il le fait sur un registre différent, non plus celui, doctoral, de la "considération” ou de la "réflexion" mais sur celui de l'écriture romanesque, et même de textes plus simples, seulement autobiographiques. Il convient également d'évoquer celte prise de position qui complète la précédente et qui n'est pas sans doute la plus périmée, si l'on en juge par l'intérêt qui se manifeste aujourd'hui pour celle période dont l’interprétation est plus complexe qu'on ne le croit à première vue (3).

(3)

JACQUES HURE

1 - VOLNKY

Encore aujourd'hui, en France, il est reconnu cl présente comme le "meilleur révélateur de l'Orient que possède la littérature française" (4). On peut s'étonner d'une telle réputation qui, en raison du discours de Volncy sur les Turcs, nous paraît tout à fait usurpée.

En effet, Volncy ne considère l'Orient que sous l'angle d'un unique critère qui est l'Occident. Dans la mesure où l'Orient ne ressemble pas à l'Occident, au nom, selon Jean Gaulmicr, "du postulat.classique de l'identité des hommes dans le temps et dans l'espace dont les Philosophes ne sont guère écartés"(5), il est l'objet de la critique. On le voit nettement lorsque Volney juge les paysages (une "nature ingrate"), ou la langue arabe ("langue dont les sons barbares cl l'accent âcre cl guttural effrayent (T) oreille") (6). Volncy soumet toute sa réflexion sur l'Orient (l'Égypte et la Syrie sont des

provinces de l’Empire) au moule d'une idée qui avait connu un grand succès au XVIIIC

siècle, celle de la décadence de l'Empire romain (7). L'Empire ottoman, géographiquement proche de l'Empire romain, associé depuis longtemps dans l'imaginaire français au symbole du pouvoir despotique, offre ainsi un terrain de choix à la réflexion sur le destin fatal de ce type de régime politique, cl Volncy va souhaiter la disparition de celui-ci à travers la disparition de celui-là. On demeure stupéfait d'un raisonnement aussi simpliste et qui s'appuie sur des arguments parfaitement spécieux, tel que "l’ignorance" qu'il croit pouvoir détecter dans tous les domaines tant en Égypte qu’en Syrie. Or l'argument relève d'une vision étroite, incomplète surtout, comme le montrent les commentaires de Volncy sur la religion islamique, la source de la culture des pays qu'il visite : "La religion de Mahomet ayant proscrit toute image cl toute figure, il n'existe ni peinture, ni sculpture, ni gravure, ni cette foule de métiers qui en dépendent" (8). Volncy refuse de considérer l’islam, creuset pour lui (comme cela avait été le cas pour Voltaire) de tous les sens défavorables de l'Orient. On note qu'il donne des définitions sans nuances de tout ce qui signifie le monde islamique. C'est ce qui ressort de cette remarque : "Le Coran qui enseignait la méthode des ablutions, des jeûnes et des prières, n'avait point appris la science de la législation, ni ces principes de la loi naturelle qui sont la base des empires cl des sociétés" (9).

Celle vision négative fonde les éléments d'une politique hostile à l'Empire ottoman, et Volncy va souhaiter le triomphe de l'ennemi des Turcs d'alors, la Russie, dont il souhaitera rétablissement de la souveraineté à Constantinople (10). Telle est l’opinion d'un "idéologue" de la période pré-révolutionnaire sans doute, mais qui marquera profondément la pensée de N. Bonaparte (11). On voit ainsi qu’il Luit distinguer entre les idéaux universels mis à jour par la Révolution en 1789, la liberté, l'égalité, la laïcité, qui vont rénover l'Empire à partir de 1839, et les principes que l'on peut relever dans une œuvre qui se présente comme une élude historique de cet Empire. La Révolution n'a pas engendré une altitude d'objectivité envers l’Aulrc quand cet Autre est le Turc.

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REVOLUTION FRANÇAISE, DESTIN DE L'EMPIRE OTTOMAN

On le voit aussi chez Lamartine, fidèle aux principes de 1789 et réticent sur l’avenir de l'Empire. Pourtant il a l'avanuigc d'être aile en Turquie (Istanbul), d’y avoir fait deux séjours, en 1833 et en 1850, cl de nous proposer donc un ensemble de réflexions qui incorpore le Temps. On ne retrouvera cette donnée que chez Pierre Loti.

2- LA M A R TIN E

Il incarne totalement le Romantisme. Il en exprime, en effet, autant la ferveur lyrique que l'idéal républicain. En Orient, il ne s'éloigne jamais de l'un et de l’autre. Son premier récit de voyage se termine par des considérations politiques relatives justement à l'Empire ottoman. Lamartine évoque la Révolution française en des termes qui montrent qu’elle est conçue comme une référence générale, une autorité qui peut, ou doit, guider la politique des relations de la République avec l’Empire.

La Révolution française a été le tocsin du monde. Plusieurs de scs phases sont accomplies, elle n'esKpas finie (...). La Révolution française, qu'on appellera plus tard la révolution européenne (...) n'est pas seulement une révolution politique, une transformation du pouvoir, une république au lieu d'une monarchie. (...)

Le passé est écroulé, le sol est libre, l'espace est vide, l'égalité de droit est admise en principe, le pouvoir remonté à sa source ; l'intérêt et la raison de tous se résument dans des institutions qui ont plus à craindre la faiblesse que la

tyrannie (12). *

Il s'ensuit que l'Europe qui, selon Lamartine, "n’a déjà qu'un même esprit, l'esprit de renovation et de gouvernement des hommes selon la raison", doit participer activement à la résolution de la "grande crise civilisatrice" de l’Orient, en favorisant la rationalisation de scs structures. Lamartine affirme sa foi en "la raison générale", comme inspiration de gouvernement :

La parole est son organe ; la presse est son apôtre ; elle se répand sur le monde avec l'infaillibilité et l'intensité d'une religion nouvelle ; elle veut rclairc à son image les religions, les civilisations, les sociétés, elle veut reposer en politique, l'humanité au-dessus des nationalités, en législation l'homme égal à l'homme (13).

On retrouve là ce que l'on a relevé chez. Volncy, la tendance à présenter une vision du monde uniforme qui favorise, ou justifie, l'expression d’un sentiment tic responsabilité vis-à-vis de celui qui est jugé comme n'appartenant pas à l'État reposant sur ces principes. Aussi, pour résoudre la crise de l'Empire, Lamartine préconise-t-il, en 1833, une solution conforme au postulat d'une Raison (l'Europe) "voulant refaire à son image (...) les sociétés, celle qui vise à établir l'autorité de l'Europe sur l'Empire et qui n'est autre que le protectorat (c'est le terme même employé par l'auteur) (14) des puissances européennes sur telle ou telle partie de l'Empire... De nouveau, l'idée de progrès, lorsqu'elle est projetée sur l'Empire ottoman par un écrivain français, s'enlise

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JACQUES HURÉ

Toutefois, lors de son deuxieme séjour, en 1850, alors que règne Abdülmecid, Lamartine exprime sa foi en ce qu'il appelle l'Empire "régénère" par Tanzimat. Il discerne une évolution heureuse dans ce rapprochement de l'Empire avec l'Europe et qui est notable sur le plan de scs structures :

La situation politique de l'Empire ottoman régénéré, est donc la plus sûre et la plus belle qu'un empire autrefois excommunié de l'univers chrétien puisse occuper dans l'esprit de l'Europe, celle d'un empire nécessaire à tous, et meme à scs ennemis. Mais c'est à une condition, c'est que cet empire efface cl détruise les incompatibilités de civilisation, de préjugés, d'intolérance, d'inégalité de condition civile qui le sépare de l’Europe. Or c'est ce que cet Empire s'efforce de faire tous les jours (...) (15).

Ce texte montre que celle fois, dans l'esprit de Lamartine, l’idée de progrès n'est plus incompatible avec le développement de l'Empire, qu'une harmonie est sans doute possible entre les idéaux de la Révolution et les structures de cet Empire. Cet équilibre, qui sera traduit dans la diplomatie française par l’affirmation de la fidélité au principe de l’intégrité de l'Empire, sera menacé de plus en plus par la Russie à partir de 1853 et, à la fin du siècle, il n'en restera plus rien lorsque commencera le démembrement de l’Empire ottoman, qui connaîtra son terme avec le traité de Sèvres en août 1920. Pierre Loti, sans relâche depuis Azyadé, en 1879, jusqu'à Suprêmes visions d'Orient, en 1923, ne cessera de déplorer celte entreprise accomplie par les nations-européennés. Retournant le raisonnement de Lamartine, et plus encore celui de Volncy, il estimera que l'Empire ne doit pas s'adapter au modèle occidental, et il irà jusqu'à déplorer la proclamation de la Constitution mise au point par Midhal pasha :

Voilà cette pauvre Turquie qui proclame sa Constitution ! Où allons-nous ? Je vous le demande ; et dans quel siècle avons-nous reçu le jour ? (...) Je me dis qu'au point de vue de son originalité, la Turquie perdra beaucoup à l'application de ce nouveau système (16).

L'histoire de la Turquie de Mustafa Kcmal apportera un démenti à l'inquiétude de l'auteur d'Azyadé, mais il reste que le démembrement de l'Empire ottoman a été l'œuvre de l'Europe chrétienne, et qu'il a été accompli au nom, entre autres, du principe des nationalités, qui se trouve au cœur de la modernité.

Cette nation est très présente dans les débats de notre temps. Elle implique l’examen attentif des éléments qui sont retenus pour sa définition. La relation entre la modernité, telle qu’on peut la distinguer en France après la Révolution, cl la Turquie au XIXC siècle, apparaît ainsi plus ambiguë que l'on serait tente de le croire à première vue.

(6)

NOTES

1) En 1787 le sultan Abdulhamit 1er reprend les hostilités contre Catherine II qui vient de conquérir la Crimée.

2) Cf. Édouard Driaull, la Question d'Orienl, depuis ses origines jusqu'à la grande, guerre, Paris, F. Alcan, 1917.

•f

3) Cf. le livre récent de Georges Corm, l'Europe et l'Orient, de la balkanisation à ta

libanisation, histoire d'une modernité inaccomplie, Paris, la Découverte, 1989.

4) Jean Gauimicr, l'Idéologue Volney, contribution à l'histoire de l'orientalisme en

France, Beyrout, 1851. p. 121.

5) Ibidem, p. 100.

6) Volney (1757-1780), "Voyage en Égypte et en Syrie", in œuvres complètes, Paris, Didot, 1838, p. 115.

7) Cf. Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains cl de leur

décadence (1748), et éd. Gibbon, the llistory o f lhe Décline and Fail o f lhe roman Empire, (1776-1788).

8) Volney, "Voyage... en Syrie", chapitre XVIII, "des arts, des sciences et de l'ignorance" (?), op. cil., p. 296.

9) Volney, "Considérations sur la guerre des Turcs",' œuvres, p. 763. 10) Ibidem, p. 764. 11.

11) En lisant le Voyage en Egypte et en Syrie, Bonaparte a cru que St-Jean dAcre était facile à prendre en raison de l'absence de remparts protégeant la ville, ce qui était faux et ce qui fut l'une des causes du désastre (J.J. Marcel, Contes du cheikh cl Mohdy, Paris, H. Dupuy, 1832, p. 483.

12) Lamartine, Voyage en Orient, 2 tomes, Paris, Hachette, 1913, tome 2, "résumé politique du voyage en Orient", p. 508.

13) Ibidem, p. 510. 14) Ibidem, p. 526.

15) Lamartine, le Nouveau voyage en Orient, 2 tomes, Paris, "Considérations actuelles sur la Turquie", p. 305.

16) P. Loti, Azyadé, Paris, Calmann-Lévy, 1987, p. 96.

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