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Il y a sept siècles mourait D jélal-ed-D ine Roumi, dit Mevlâna
N eyzen
D e rv ic h e j o u a n t d u n e y
On cé lè b re, ces jours-ci, dans les pays musulmans, le septièm e centen aire de Ici mort de D jélal-ed -D in e Roumi, un des plus grands poètes mystiques qui aient jam ais existé. Des m anifestations comm ém oratives a u ront égalem ent lieu à Paris, à Londres, à Rome et à Bonn.
D jélal-ed -D in e naquit à B a lk h , en 1 2 0 7 . Les cir constances oblig èrent sa fam ille à quitter l'Ira n . Il s’é tab lit à K o n ia h , en A sie M ineure, après avo ir sé journé dans plusieurs des centres du monde islam ique. Sa rencontre avec Chems ed-D ine, qu'il acco m pagna à T a b riz, p a ra ît avo ir eu une influence décisive sur sa vocation m ystique. Ensem ble, ils parcoururent le désert, discourant des mystères divins.
Rentré à K o n ia h , D jélal-ed -D in e vécut dans l ’ascèse. Il fo n d a l’ordre des M evlevi, connu en O c cident sous le nom de derviches tourneurs.
Son oeuvre litté ra ire comprend un poème de 4 7 .0 0 0 vers, le Kulliyat al Mesnewi, un Divan et un
traité en prose, le Fihi ma fih (à l'intérieur de ce qui
est à l'in té rie u r). « A v e c lui, écrit M. H a ïd a r Bam m ate dans son beau livre «Visages de l’Islam», le m ysti
cisme atteint sa plus haute tension. Il s'exprim e en un la n g a g e fu lg u ran t, dont le rythme h aletan t évoque p arfo is saint Je a n de la C ro ix . Il revêt sa pensée d ’im ages splendides, d ’une intensité et d ’une pro fusion e xtra o rd in a ire s, qui font penser à l'a rt hindou.» L’im périalism e européen, la co lo n isation , l ’e x p a n sion ind ustrielle ont souvent fau ssé les relatio ns entre l'O rie n t et l ’O cciden t. Les bouleversem ents de ces dernières an n ées, l ’ém ancipation d ’un grand nombre de nations asiatiq ues rendent ind isp ensab le la reprise sur des bases nouvelles de ces relatio n s. A ppelées m aintenant à co lla b o re r sur pied d ’é g a lité , l'Europe et l ’A sie doivent ap p rend re à se co n n aître, à s’estimer m utuellem ent. Aucune occasion de créer entre elles des contacts intellectuels et spirituels ne doit être n égligée. Le septièm e centen aire de la mort de D jélal-
ed-dine Roumi en est une. Nous sommes
heureux de la saisir, et de proposer à la m éditation de
K onyada M evlâna Türbesi M ausolée de M evlâna à K onya
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TOURING ET AUTOMOBILE CLUB DE TURQUIE
İstanbul M evlevihanesi
Le M e v lé v ih a n é d ’I s ta n b u l
nos lecteurs cette a d m irab le prière du grand poète m ystique turc:
M a prière n'est pas une prière, Seigneur,
Si mon âm e ne te voit fa c e à face Q uand retentit l'a p p e l,
Si, tourné vers la K a 'a b a , je prie,
C 'est vers toi seul, pour ta seule beauté. Je prie. G estes v a in s, p aro les inutiles Prière d 'h yp o crite, inerte et monotone, J 'a i honte de ma prière.
Seig neur, ¡'a i h o n te !...
Je n'ose plus lever les yeu x vers toi. Pour oser la prière, il fa u d ra it être un an g e. M ais ¡e suis en e x il, déchu et perverti. Silence donc,
Silen ce à ma p riè re:
Seig neur, e lle ne peut t ’atte in d re.
M ais je prie, je le dois, c a r il fau t que je dise Le tourment de mon coeur s’il est privé de toi. Seigneur au reg ard de pitié,
Pitié pour moi, Regarde-m oi.
★
A ch a rn é jour et nuit à scruter mon destin Je ne sais d'oû je vien s, je ne sais oû je v a is, Pourquoi mon existence, pour quel e xil Je ne sais pas pourquoi je suis créé.
M ais non, je sais, venu de Là-H aut, Je dois y retourner
Je suis le rossignol du Parad is En cag e pour quelques jours.
Jo ie ! Un jour vie n d ra oû je m’e n vo le rai vers le [B ien -A im é Pour battre des a ile s dans Sa Dem eure.
M ais quel est Celui qui à la fois m'écoute Et p a rle avec mon so u ffle ,
Q uel est Celui qui me reg ard e avec mes yeux Et dont la vie est ma vie.
C ’est Toi Seigneur, mon âm e c'est Toi. Tu es là . Je Te trouve.
Plus de repos pour moi.
M ainten an t ma vo ix ne pourra plus se taire. G uide-m oi,
M ontre-m oi le chemin de Ta Demeure. Je veux goûter l'ivresse de l ’ U n io n ... Si tu d evais me l ’interdire,
Je briserais tout.
★
Em portés, arrach és
Libérés de nous-mêmes, depuis longtem ps, Nous errons
Ivres d'am our ou am ants enivrés? Au désert du Bien-Aim é
N oyés dans l'U n ité
Nous existo ns, nous sommes Perdus dans Son O céan d ’A bso lu, Libres de tout,
Libérés de nous-mêmes.
K onya — M evlânanm sandukası Le tom beau de M evlâna à K onya
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M E V L ÂİN A
M evlân a C e lâ le d d in Rumî w as the greatest le a rn ed man and mystic poet o f the Turkish W o rld . He w as born in the city o f Belh, K H O R A S S A N , on Septem ber 3 0 , 1 2 0 7 . His fa th e r w as Sultanul Ulem a B ahadd in V e le d , his mother w as Mümine H atun. His Fam ily w as o f Turkish o rigin. In 1211 the fa m ily em igrated from Belh to A n a to lia , and in 1228 settled in K o n y a, the c a p ita l o f the Seljuks, w hich w as a centre for the learn ed men o f the time.
M evlân a g a ve lessons in the schools (M ed resseh) o f K o n y a . Here he met a dervish, named Shems who becam e his teach er and frie n d . This friendship p layed a g reat part in his life . He began to compose sensi tive and influ en tial poems and a band o f disciples gathered around him. M evlân a died on Decem ber 17, 1 2 7 3 , in K o n y a . M an y moslem and Christian people attended his fu n e ra l.
Istanbul M evlevihanesinde Sem ahane
R o to n d e où d a n s e n t les d e r v ic h e s to u r n e u r s M evlan a w as not o nly the greatest learn ed man and thinker o f the Turkish W o rld , but w as also one o f the greatest learn ed men and thinkers of a ll m an kind. A fte r his d eath, his principles w ere developed and spread by his son Sultan V eled and by his f o l low ers under the nam e o f M evlevilik (sect o f the w hirlin g d e rv is h e s ).
The main points in the philosoph and thought o f M evlan a a re Unity and Love. According to M ev la n a , for the developm ent o f m ankind, the main factors are Love, Dance and Music. M evlevilik (sect o f the mev- levi or w hirlin g dervishes) is based upon these three fu ndam en tals.
M ESN EVI is six volum es. It contains tw enty-six thousand couplets. M esnevi is tran sla te d , either in prose or verse or both, into Turkish, Eng lish, Hindu, A ra b ic . It tells us in short stories o f the m ystical thoughts o f M e v la n a .
M evlâna C elâleddini R um i M evlâna D jélaleddini Roum i
The other w orks o f M ev la n a a re :
D ivan -i-K e b ir, M ecalis-i S e b ’a , Fih-i M afih , Mektu- bat-i M e v la n a , R ubailer.
M evlan a w ro te his w orks in Persian and A ra b ic , the lite ra ry and scientific lan g uag es o f the period.
The Turbeh o f M evlan a is now the Museum o f A ncient A rt. It is composed o f th ree p arts:
1 — Turbeh (M a u s o le u m ); 2 — S e m ahane (C o n venticle fo r w h irlin g d e rv is h e s ); 3 — M osque.
The Turbeh w a s built in the Seljuk p erio d. The con ven ticle and the mosque w ere ad ded in the O ttom an perio d. Th e y have been rep a ire d and some further additions h ave been m ade in late r tim es.
N o w , in the Museum, Seljuk and O ttom an w o o d carvin g , carpets, pieces o f cloth, old m anuscripts and tiles are e xh ib ite d . The Tomb o f M evlan a is under the fam ous G reen Dome (K u b b e -i H a d r a ) . Beside him, there a re the tombs o f his fa th e r, his son and various other members o f his fa m ily .
İstanbul Şehir Üniversitesi Kütüphanesi Taha Toros Arşivi