LE SYSTEME DES NOMBRES EN TURC A TRAVERS LEUR ETYMOLOCIE ET LA FAÇON DE COMPTER SUR LES
DOIGTS DE LA MAIN
Dr. Mehmet BAŞTÜRK*
La façon de compter sur les doigts de la main, leur appelation ainsi que leur etymologie nous fournissent des criteres suffisants pour voir et montrer comment se construit
le systeme des nombres en turc. COrı1me on voit dans le
dessin suivant de la main gauehe1 , on commence a eompter sur les doigts depuis I'index vers l'auriculaire qui est suivi du pouce enveloppant les autres deja comptes:
kiiçükpantıak= l'auriculaire =-+= '"lÖrt. dört yüzük parmak= I'aIUlUIaire :::3='"üç
oltaparmak = leınajeur =2= *iki,illi
iŞaretparmak= j'index =1= *bir
baş parma~ == le poucc =:5=*biŞ, tıeş2
Un (Bir) : Deux solutions possibles de nature similaire
pour "bir" du turc. L'une consiste
a
mettre en valeur la fait que s'agissant de la façon de compter sur les doigts de la main et des indices morphologiques, il est en provenance de l'EGO; la raison en est que d'une part pour designer un objet en disant "ça=bu", cet objet doit se placera
portee de la vue du locuteur et que d'autre part pour la designation de ırobjetproche du locuteur et la prem~ere personne du sg; et du pl.,
*Kazım K.1.r:ıtıekirE:,."ilimF:ıküllesi Fransız Dili veEdebiyatı Egitimi BöL. Of!r. Cyesi i _C'esı parı~ JIJigısdela maingaudıeljuc I'on commenee s0uvenlaeompter 2 _Les nomsdenümbres prcec..Icsd'unasıerisquesunI Jes inseription.s de l'Orkhon.
on utilise en turc respectivement "bu", "ben" et "biz" dont l'initial "b_" se trouve egalement dans "bir".
L'autre que G. Dumezil a revelee a partir du quechua
dans Le sens de «premier-ne» consiste
a
dire que le nombre'un' signitie "premier" plutôt qu' 'un' et de ce fait il est
a
plus forte raison en provenance de I'experience de la mere dans son premier enfant, a savoir du «primo-genitus» (G. Oumezil17-37,1955).
Deux (iki, ikki) :Que la seconde consonne -k- utilisee
par certain locuteurs en cas d'insistance se retrouve egalement dans les mots indiquant les parti es doubles du corps : parmak=doigt, kulak=oreille, ayak=pied, et dans le premier suffıxe personnel du pı; montre que "iki" vis-a-vis de "bir" constitue deja une pluralite (ou une dualite).
L'autre explieation donnee est que -rk- cn armenien, "le
traitement normal de duo indo-europeen" (G. Dumezil 1955,
22), se rapproche de erku mis en paraHele semantiquement et phonologiquement avec erkar qui signifie "Jong". Cette explieation ne eonfirme que la façon de compter sur tes
doigts
a
la turque puisque le majeur correspondant a «deux»est plus "Iong" que les autres (en français le majeur).
Trois
(üç) : «üç» dont le dechiffrement n'est possiblequ'
a
partir des equations minitieusement etabıies par G.Dumezil (1955 : 31) entre ee nombre et kimsa (kinsa) du quechua. etait anciennement «yüp>. Mais il y a eu avee le temps une repereussion sur le "y" qui repond en queehua a "k". Et comme tcL «üç» ecrit avec I'initial "k" equivaut scmantiquement en turc a «küp> signifiant «fofee»: ce qui
fait que la collobaration ayec le majeur et l'index constitue une force pour tenir mieux un objet.
Quatre (dört) : Dans toutes les langues faisant partie
de la famille alta'ı'que, le seul nombre considere comme
commun (toungouze "duyin", coreen "turi", mongol "dörben" ) est dört.. Le -t- du turc repondant
a
-ç-
du quechua, qui se retrouye dans les desinenees yerbales,suffixes personnels et pronoms de i et 2 du pluriel, est la
marque aneienne mais non primiti ye du pl uriel ou colleetif du turc.
Quant aux diyers sens de la racine que I'on retrouye dans les yerbes, ce sont les suiyants : ör- «tresser, filer, tisser» (dl ou le nom de l'araignee), gör- «yoir», dör-«farfouiller», yorum- «interpreter», yor- «faire fatiguer». Dlolı deux eonel usions possi bles. Dört signifie une colleetiYite d'une part et d'autre part Ilaurieulaire (küçük
parmak) est considere eomme un objet seryant
a
«farfouiller» (l'auriculaire : le petit doigt de la main. Sa petjtesse permet de l'introduire dans I'oreille. Petit Robert).
Cinq (BeŞ) : Le nombre «beş» du turc que I'on a suppose emprunte au nombre "panca" d'un dialeete iranien,
cette supposition non prouyee, est
a
meme dıetre mis enparam~le plutôt ayec ba~«tete-ehef» ay ec lequel il entretient une analogie phonetique et meme semantique si lion prend dans la façon de eomptage des doigts le pouce eomme englobant les autres.
I'auriculairc=6 := *alU
I'index =9="\OkUL.dokuz
le poucc =i ()=*'>n3 Küçük parmak Yüzük parmak ()ı1lı pannak IŞaretparmak BaŞparmak
l'annulairc =7:=*yili.yedi le majeur =~:::*SC10L, sckkiz
~~
Six (Alt!) : Comme toutes les occlusiyes, -h- et -t- en quechua etant prononces spirant en fin de syllabe, G. Dumezil pensc que -ht- et -qt- sont 1I1'aboutissement de -It- et -rt-" (G. Dumezil
1954,5).
Ainsi il etablit une relation entresuqtaet I'aqta «peublo, lieu habitb> qui correspond en turc
ayurt «Iieu habite, habitation, residence».
S'il est yrai que -1- et -r- so nt d'una nature permutable, no us penson qu'il faudrait mettre «alU» p]utôt en rapport ayec les mots "artn, "artıl! et "artık" qui signifient respectiyement «derriere», «un de plus» et «reste». Ceci nous permet ainsi d'etablir une relation semantique entre ce nombre et cinq doigts de la main plutôt qu'entre le nombre
«six» et «habitation, lieu habite». D'Oıı 6 qui est deriye
a
partir de cinq doigts de la main et qui eguiyaudrait
exactement
a
« cinq plus ou cinq ajoute».Sept (yedi) : Compte tenu de I'absence de l'harmonie
yocalique de 6 et de 7 avec i et 2. on ne peut pas proposer
que 6 et 7 sont deriyes de deux premiers ordinaux et qu'ils presentent ainsi un aspect quinaire comme on le yoit par
exemple en ayınara ayant ı1influance du quechua ( en
aymara,7 et 8 sont derives respectivement de 2 et de 3, 9 est deriye de 10).
La
procedure que le turc a suivie pour I'appelation de 7 est qu'il finit par nommer lorsqu'il s'agit de l'objet 7, la raison en est que sa racine se rapproche fortement du mot "ad, id" signifiant le nom alors quc le qucchua considere I'objet 7comme pluriei avec son suffixe "-çİs" qui se retrouve
egalement dans le pluriel de la premiere et deuxieme personne.
Huİt (sekiz) : C'est dans «sekiz» de la numeration du
turc que nous trouvons j'equivaient de ce suffuxe de pluriel i_ z' qui se manifeste non seulement dans les desinences verbales, suffixes personne\s et pronoms de 1 et 2 pI. mais egalement dans plusieurs mots designant des parti es doubles
du corps : göz «oeil», diz «genou», gögüz «sein», g~niz
«fosses nazales», omuz «epaule» et ikiz «jumeau».
Neuf (dokuz) : Comme "yedi" qui est conforme dans sa
finale
a
«altı», «dokuz» est probanlement adapte lui aussia
la finale de «sekiz» en adoptant le '-z', Mais il ne faut pas voir cette conformite comme un fait accidenta\ et «dokuz«
comme un nombre margina!. Car, avec I'addition de '-z'
a
lafınale, il fünctionne de la meme façon que «sekiz», c'est-a-dire il slagit d'un dedoublemenL
Dix (on) : Le premier nom de nambre du systeme decimal de la numeration se dit en turc «on« et signifie avec I'addition de 's-'
a
la racine (son) «fin. demier, apres», ce quiConclusİon :
L'etymologie et la foçon de compter sur les doigts de la main avec 1eurs significations schematises comme suit
eompıagedes doigts dc lamain gauehc wmpıageoc'Sdoigtsdelamaindrnitc
L'inde:-; (i) ="ego» (9)=«JeJoublcmcnt» Lemajcur(2)=«pluralite, dualite» (8)o:«d6doublcmcIlt»
L'aiınulaice(3)="rorec» (7) =Koomencialurc»
L'auriculaice (4)=«coııcctiviıe Clfouil1c»(6) ::: «raJout,addition»
Lepüuce(5)= «tete,chcr» (ıo)=«lin,dernicr»
m'encouragent de noter qu'au moins en turc, la structuratİon
du systeme des nombres (inherent a des parties du corps) est fortement liee aussi bien ala façon de compter sur les doigts qu'a la fonction des doigts de deux mains de l'homme.