Les spécificités du secteur gazier vont influencer sa réglementation par rapport au secteur d’électricité240. Ce constat s’impose tant en droit communautaire qu’en droit algérien comme on va le voir .

La libéralisation du marché du gaz en Europe est confrontée au problème de la sécurité d’approvisionnement. Toutefois, les différences entre les deux secteurs n’a pas empêché les convergences entre leurs deux directives .En effet , la commission poursuit le même objectif en libéralisant le secteur énergétique : favoriser la concurrence des fournisseurs pour l’intérêt des consommateurs.

Le 22 juin 1998, le conseil adopta le texte de la directive « gaz »241 deux ans après celle de l’électricité. L’objectif de la directive est la création d’un marché intérieur du gaz naturel par l’établissement des règles communes à chaque pays membre. La directive prévoit une ouverture progressive du marché gazier par un corps de règles « longuement négocié par les Etats membres ». La première proposition a été écartée en raison de son caractère très libéral .Le texte proposé avait l’objectif d’introduire d’une façon très avancée la concurrence entre les fournisseurs du gaz ce qui permettait à chaque client de choisir directement son fournisseur.

La commission apporte au texte qu’elle proposé des modifications substantielles en introduisant les mesures qui concernent :

-les règles d’accès au réseau et un régime d’accès négocié,

-le renforcement des références aux obligations de service public,

237

Commission de l’aménagement régionale de l’environnement du tourisme et des transports, « Libéralisation des marchés européens de l’énergie : une position française minimaliste », adopté par le bureau du 29 juin 2000 selon la procédure d’urgence, chambre de commerce et d’industrie de Paris, p14 .

238 La loi n 2004-803 du 09 aout et la loi n 2006-1537 du 07 décembre 2006 relative au secteur de l’énergie http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000462914.

239

Ibid , p 59

240 Services publics en réseau : perspectives de concurrence et nouvelles régulations, rapport précité, p76.

241 Directive 98/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 juin 1998 concernant des règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel, Journal officiel n° L 204 du 21/07/1998 p. 0001 – 0012. http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31998L0030:FR:HTML

53

-la suppression des obligations de la gestion et des autres activités, -l’introduction d’une procédure d’appel d’offre,

- la simplification du régime d’exploitation des réseaux de transport et de distribution.

Et à l’instar des autres services en réseaux ouverts à la concurrence, la directive reconnait aux opérateurs le droit d’accès .L’article 14 de la directive prévoit deux modes d’accès pour cet accès :

-l’accès réglementé : selon lequel, les conditions d’accès sont fixées unilatéralement par l’Etat ,

-l’accès négocié consiste en revanche à laisser aux clients éligibles la possibilité de négocier les conditions d’accès .

La directive met en place un organe indépendant pour la régulation du secteur. La mission de celui-ci consiste selon son article 21 à veiller « à ce que les parties négocient de bonne foi l’accès au réseau et qu’aucune d’entre elles n’abuse de sa position pour empêcher la bonne fin des négociations »

Et tel que dans le secteur électrique, la libéralisation des activités gazières s’effectue d’une manière progressive. Le 7 éme considérant de la directive de 1998 exprime cette progressivité qui permet « une adaptation de l’industrie à son nouvel environnement, de manière simple et rationnelle et pour tenir compte des différentes structures du marché dans les Etats membres.

La directive prends en compte aussi l’objectif d’adaptation aux spécificités du secteur notamment, la nécessité de sauvegarder le service public .A ce titre, la directive dispose dans son article 3-2 que « les Etats membres peuvent imposer aux entreprises de gaz naturel dans l’intérêt économique général, des obligations de service public qui peuvent porter sur la sécurité, y compris sécurité d’approvisionnement, la régularité ,la qualité et le prix des fournitures, la protection de l’environnement (…) ces obligations doivent être définies, transparentes ,non discriminatoires et contrôlables »

Mais 05 ans après le vote de la directive, les résultats sur le terrain traduisent une disparité de situations dans les pays membres .La France enregistre un retard par rapport à ses voisins .Car, la majorité des Etats membres ont ouvert leur marché gazier au-delà du minima imposé par la directive 242 .

242 C. DESAMA , « 1990-2003 :la libéralisation du marché de l’électricité en Europe », problèmes économiques ,26 mai 2004 ,p 3

54

§3 - Transport ferroviaire.

Le transport ferroviaire est aussi concerné par le mouvement de libéralisation des services en réseaux .Le projet sera annoncé au début des années 90 (A). Il sera traduit en plusieurs étapes (B) .

A - l’annonce du projet de libéralisation du transport ferroviaire

Une gestion monopolistique s’est imposée dans presque tous les pays de l’union européenne à travers un monopole intégré confié à un opérateur public . L’obligation d’assumer les missions de service public est incombée à cet opérateur, justifiant ainsi sa soumission au contrôle public 243 .Et ce n’est qu’ au début des années 1990 que la situation va changer radicalement par une politique communautaire d’introduction de concurrence, en réponse au besoin du développement du secteur ferroviaire. 244

Le choix de la concurrence comme moyen de réforme n’a rien de nouveau. Car, la logique communautaire y voyait dés le début un instrument de construction de l’intégration européenne et la croissance économique. Il s’agissait dans ce secteur de permettre aux entreprises ferroviaires de se comporter selon les règles de droit commercial.245

Il est important de noter que la libéralisation de ce secteur dans le cadre du droit communautaire n’était pas la première en Europe. La Suède entame en 1988 la première expérience de libéralisation des chemins de fer en séparant la gestion de l’infrastructure de son exploitation. Certains services régionaux sont ouverts aux opérateurs privés selon un système d’adjudication. L’exploitant retenu s’acquitte des redevances envers l’Etat pour l’utilisation de l’infrastructure. Une étape plus importante est franchie par la Suède en 1994, par une réforme votée par le parlement ouvrant à la concurrence l’exploitation du réseau ferroviaire à partir du 1er janvier 1995 pour le transport des personnes et du fret246 . En outre, la réforme prévoit la privatisation de la société nationale « Statens Jarwgar Sj » avant la fin de 1996. Cependant, le processus a été suspendu par le gouvernement social – démocrate 247

L’objectif de la libéralisation communautaire est d’organiser la concurrence dans le transport ferroviaire, en ouvrant l’accès à toute entreprise titulaire d’une licence suivant les critères communautaires dans des conditions équitables et non discriminatoires 248

243

Ibid ,117

244 La commission européenne considère que l’ouverture à la concurrence est le seule moyen de développer

le transport ferroviaire v C. SALQUE, « « La libéralisation du transport ferroviaire de passagers : un défi majeur pour la SNCF »,DA, n° 11, novembre 2009, p. p07

245 Les premiers considérants de la directive 91/440/CEE et de la directive 2001/14/CE http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A32001L0012

246 M.WALRAVE, Les réseaux de services publics dans le monde, op cit ,p 56

247 Ibidem

248P.VIEU, « Entre libéralisation et nouvelle régulation : les mutations du paysage ferroviaire français » , RFDA 2010.p 36

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L’ouverture est annoncée d’une façon limitée par la directive 91/440 .Le législateur communautaire a reconnu pour la première fois un droit d’accès au réseau ferroviaire 249

.Ce droit est limité, car le réseau n’est ouvert qu’aux Etats membres et selon des conditions strictes .En effet, pour qu’une entreprise accède au réseau d’un Etat membre autre que celui auquel elle appartient « elle doit appartenir à un groupement international ou tracter un train de transport combiné ( rail /route ) » .Et en cas de regroupement international, le droit d’accès n’est reconnu que dans les Etats où sont installées les entreprises participant au groupement . En revanche, dans les autres Etats ce groupement ne bénéficie que d’un droit de transit.

Le droit d’accès sera renforcé par l’adoption de deux directives complémentaires, l’une relative aux licences des entreprises ferroviaires (Dir 95/18/CE) 250

, et l’autre sur les redevances d’utilisation d’infrastructures (Dir 95/19/CE 251

du conseil du 19/06/1995). Théoriquement rien ne s’opposait à l’introduction de nouvelles entreprises dans le secteur ferroviaire 252 .

B - la traduction du processus de libéralisation du transport férroviaire

Le processus de libéralisation continue après la publication des livres blancs, sur une stratégie pour revitaliser les chemins de fer communautaires du 30 juillet 1996, et sur La politique européenne des transports à l’horizon 2010, du 12 septembre 2001. La concrétisation de ce programme s’effectue par trois paquets de directives en 2001, 2004, et 2007.253

La directive 2001/12/CE pose comme principe, la liberté d’accès équitable des entreprises ferroviaires au réseau Transeuropéen de fret ferroviaire RTEFF. Pour consacrer cette liberté, une obligation d’impartialité et d’indépendance de gestion du réseau dans le secteur est imposée par l’autonomie du gestionnaire du réseau par rapport aux entreprises ferroviaire, et la création d’une autorité de régulation indépendante.

Le deuxième paquet ferroviaire2002- 2004 comportant cinq directives fixe la date du premier janvier 2007 pour l’ouverture totale à la concurrence du fret domestique et «

249 Directive 91/440/CEE du Conseil, du 29 juillet 1991, relative au développement de chemins de fer communautaires. http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:31991L0440

Voir Commission des affaires européennes sur la libéralisation des transports ferroviaires dans l’union européenne , Rapport sur la libéralisation des transports ferroviaires dans l’Union européenne, sénat,2009, p12.

250 Directive 95/18/ce du conseil du 19 juin 1995concernant les licences des entreprises ferroviaires //eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/TXT/?uri=CELEX%3A31995L0018

251

Ibidem

252 N.ABOUT, « L’Europe, une base pour la SNCF » - Sénat, n° 3311995-1996, p. 9 .

http://www.senat.fr/rap/r08-220/r08-2203.html . La date de consultation 08/02/2014

253 Conseil économique et social et environnemental, Rapport présenté par J-M. GEVEAUX , l’ouverture à la

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renforce le régime des licences des entreprises ferroviaires et habilite la commission à instruire les cas de litige sur la répartition »254

Le troisième paquet ferroviaire accomplit le processus de libéralisation en ouvrant à la concurrence le fret ferroviaire international. L’ouverture de celui-ci a été programmée pour 2003. Et pour les services internationaux de voyageurs, la date est fixée au plus tard de 2010 avec possibilité de cabotage sous certaines conditions255.

La directive 2007/58/CE prévoit en outre qu’ « au cours d’un service international de transport de voyageurs, les entreprises ferroviaires ont le droit de prendre et de déposer des voyageurs dans toute gare située sur le trajet international, y compris dans des gares situées dans un même État membre » .Une seule activité n’a pas été ouverte à la concurrence, à savoir le transport interne des voyageurs.

Notons que la réglementation communautaire permet le recours à une ouverture du secteur selon le modèle de la concurrence pour le marché .C’est à dire, selon des contrats de service conférant à l’opérateur retenu le droit exclusif d’exploitation .Le règlement européen n 1370 /2007 relatif aux services publics de transport de voyageurs par chemins de fer et par route indique que ces services peuvent être fournis par une mise en concurrence 256

La France a transposé la directive 2007/ 58 CE par la loi 2009-1503 sur l’organisation de la régulation des transports ferroviaires .S’ouvre ainsi sur le territoire français la possibilité à d’autres entreprises que l’opérateur historique « SNCF » pour assurer les services de transport international de voyageurs sur le réseau ferré national »257 .

En Allemagne, le processus de la libéralisation du secteur initié par l’union européenne est engagé par l’adoption des projets de loi adoptés le 17 février 1993 pour l’application de la directive 91-440. La nouvelle loi avait comme objectif la restauration du secteur des chemins de fer sur une période allant de 1994 à 2002258

L’ouverture à la concurrence des services ferroviaires en droit communautaire ne s’est pas traduite par l’arrivée de plusieurs compagnies. Ceci s’explique en raison du coût d’entrée qui reste relativement élevé et l’intérêt limité ‘ « sauf peut être sur les niches

particulières (certes quelques opérateurs comme la Deutsche Post et BASF qui ont franchi

le pas)259.

254 Ibid

255 Ibid

256 L’article 05 du règlement européen n 1370 /2007 relatif aux services publics de transport de voyageurs par chemins de fer

257 Ibid

258 M.WALRAVE , Les réseaux de services publics dans le monde, op cit , p 59

259 Commissariat du plan Services publics en réseau Services publics en réseau : perspectives de concurrence et nouvelles régulations, rapport précité , p 138

57

Sous section2 : l’influence de l’expérience communautaire sur le droit algérien

Sous l’influence du droit communautaire, le législateur algérien engage une grande réforme de l’organisation des services en réseaux. Le terrain a été préparé à cela par la libéralisation de l’économie algérienne intervenue par une série de loi depuis la fin des années 80.

En vue d’établissement de marchés concurrentiels dans les services en réseaux, le législateur intervient non seulement pour la remise en cause du monopole public mais aussi en vue de créer des marchés concurrentiels dans certains services en réseaux . On peut distinguer dans ce processus deux grands secteurs :la libéralisation des postes et des télécommunications (§1) et la libéralisation des activités électriques et gazières (§2) . En effet, les deux secteurs constituent deux réformes traduisant le modèle de concurrence dans le marché.

§1 la libéralisation des postes et des télécommunications

La libéralisation des activités postales et des télécommunications a été effectué en droit algérien par le même dispositif juridique .Et ce contrairement à la démarche communautaire qui a prévu deux textes distincts. La loi 2000-03 met cependant en place deux régime juridiques distincts au sein du même texte prenant en compte les différences entres les deux genres d’activités.

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